En fonction des appartenances socio-ethniques, les femmes ivoiriennes ont un faible pour un fait de société. Notamment celles de l'Ouest, taxées d'aimer les funérailles. Maître Baroan Agathe, juriste et cadre Bété, se prononce sur la question.
Est-ce un cliché de dire que la femme Bété aime les funérailles ?
Je répondrai d'une part à cette personne qu'elle est certainement de la région Bété. D’autre part, je dirai que c'est relatif de dire que la femme bété aime les funérailles. Selon qu'on place ce fait de société dans un environnement et la préférence des autres femmes par apport à cette activité dans ce même milieu-là. Aussi, ce n'est pas un cliché si celui qui en parle est du milieu. Même si cette personne vient de l'extérieur, dans la mesure où cela peut faire référence à une hiérarchie de choix par rapport à tous les groupes qui existent en Côte d'Ivoire. Autrement dit, si on prenait la femme Baoulé, Dioula et Bété, par exemple, la femme Bété serait dans tout ce groupe-là celle qui aime les funérailles. C'est une notion qui doit être relativisée puisqu'on n’a pas fait une étude par rapport à tout ce groupe-là, pour déterminer que c'est bien le cas ou pas.
Il n'y a qu'à voir le dernier vendredi du mois ou le premier du mois suivant, pour voir les convois de jeunes dames ou les cortèges de grosses cylindrées prendre la route de Gagnoa ou de Daloa.
Je suis d'avis avec vous. Mais, en fait, c'est l'homme de l'ouest qui aime ça. Cela est à préciser. Aussi, dans l'organisation sociale, en Afrique et en Côte d'Ivoire particulièrement, ce sont les femmes qui sont les plus actives à toutes les cérémonies de la vie sociale. Donc, cela est un élément qui va mettre la femme Bété plus près encore des funérailles. Etant donné que son grand groupe aime ce genre de rencontre. Que ce soit aussi bien dans l'animation en amont et qu'en aval, c'est elle qu'on va voir au premier plan. C'est ce qui fait dire que la femme Bété aime les funérailles, par rapport à toute autre activité qui a lieu dans les régions de l'Ouest.
Voulez-vous dire que c'est l'homme bété qui est très féru des funérailles qui en profite pour donner rendez-vous aux “conquêtes” ?
Ce sont des choses qui se sont greffées autour des funérailles. Avec la sonorisation et les veillées, cela a occasionné toutes les autres activités qui n'étaient pas liées par le passé, aux funérailles. A cette époque-là, à l'occasion d'un tel évènement, l'organisation était faite en fonction du sexe. Trois jours ou quatre jours selon que ce soit l'homme ou la femme. Donc les gens venaient et le troisième ou le quatrième jour, l'enterrement était fait. Tout cela se passait dans l'obscurité et n'y avait pas les orchestres et la sonorisation qu'on loue aujourd'hui, pour pouvoir faire la veillée. L'animation se faisait à la lumière de la lampe tempête autour du corps. Ce qui veut dire que la drague a changé de sens. Par le passé, pendant les quatre ou trois jours dont nous parlions plus haut, il fallait manifester son affection par rapport au mort. C'est en ce moment-là qu'il y avait les grandes roulades et les torches de feu qu'on se passait sur le corps. C'était l'occasion pour les femmes de le faire, déshabillées. Ce que nous ont raconté nos grands parents, c'est que les jeunes gens du village qui voyaient leurs sœurs venir, et comme chacune à son ami entre les hommes, on pouvait faire le choix. Rien qu'en voyant les femmes pleurer, le candidat supposé disait à son amie du village que c'est celle-là que moi je veux épouser. A cette époque, quand on prenait la femme, c'était pour la mettre à la maison et non pour jouer. Dans la région d'Issia, par exemple, ils ont une expression, pour dire qu'on va vous montrer où vous allez passer la nuit. Comme ça, vous allez donner le nom du défunt ou la défunte. Le Bété de cette époque, quand il prenait la femme, c'est pour l'épouser et non pour s'amuser.
Avec l'évolution, les choses ont dû changer ?
Tout à fait ! L'introduction de la sonorisation et des orchestres a envoyé un autre phénomène de rencontres : Celles d'amants. Le bété aimant les funérailles, ce sont les seules occasions qui peuvent le faire déplacer. Nous avons des cas palpables. Vous allez être malade chez nous, on va demander de venir surveiller le malade, vous ne trouverez personne. Mais dès qu'il s'éteint, les heures qui suivent, la cour est remplie de pleureuses. Donc l'argument qui peut faire déplacer n'importe quel Bété quelle que soit sa condition, il va se déplacer, c'est bien celle des funérailles. Aussi, dans un tel contexte, il n'y a pas un mari qui puisse retenir sa femme face à l'argument de funérailles. Le fait de remettre à sa femme des dons conséquents pour la belle famille est un élément de jauge de l'amour qu'on a pour sa femme. Si vous pleurez bien vos beaux parents, on va dire que vous aimez votre femme et vos beaux parents. Dans le cas contraire, on va vous traiter d'idiot. Rien que pour cela, des femmes ont quitté leur mari pour rester chez leurs parents parce qu'on a fait comme s'il se devait les dons coutumiers qui correspondent à l'occasion du décès d'un beau parent. Si cela n'est pas fait, la femme est autorisée d'y rester jusqu'à ce que son homme vienne s'acquitter de cette dette, avant de retourner chez lui avec sa femme.
Face à un tel tableau, que font les femmes cadres et autres intellectuelles de l'Ouest pour que les mentalités changent ?
C'est d'abord faire l'analyse de la situation, afin de savoir pourquoi les funérailles drainent tant de monde. Le premier constat que nous avons fait, c'est que les gens sont oasifs et ils ne trouvent pas d'autres occupations qui permettent de les mettre ensemble si ce ne sont pas les funérailles. En réaction, il faut trouver d'autres occupations pour rassembler ces personnes là. Ensuite, il faut les sensibiliser à trouver d'autres possibilités de rassemblement qui ne soient pas seulement autour d'un mort. Il faut réveiller les habitudes culturelles du passé. Me concernant personnellement et en collaboration avec d'autres amies, nous avons estimé qu'il faut ramener la vie dans les villages. Pour ne pas que le Bété, aie sa vie tournée que vers la mort. C'est dans ce cadre que nous avons initié un projet dénommé "villages de Côte d'Ivoire, agents pour le développement durable". Qui a pour objectif de recréer dans les villages le goût du travail communautaire, de l'entraide et de mettre en épanouissement, toutes les potentialités qui existent dans les villages. Depuis les traditions, à la culture en passant par la mise en valeur de tout ce qui existe dans les villages.
On vous voit sur le terrain, en train de récompenser de petites filles scolarisées et des coopératives de femmes. Quel message voulez-vous faire passer ?
C'est une manière d'encourager et la petite fille et les parents, à s'investir dans la scolarisation de la première citée. Toutes les femmes devraient s'y engager dans leurs activités futures. De nos jours, le crédo des femmes, c'est d'occuper, de plus en plus les postes de décisions. Mais, il n'y a pas que les postes politiques. La prise de décision commence dans le foyer. Etant mère, nous devons pouvoir tracer avec force, l'éducation que nous devons donner à la petite fille et au petit garçon pour que ces deux puissent discuter d'égal à égal, sans que l'argument du sexe ne tienne. Aujourd'hui, quand on passe les concours, on se rend compte qu'il y a plus de garçons que de jeunes filles. Pareil quand il s'agira de faire les choix. Alors que si on commençait tout cela à la base, le problème de la femme serait réglé en partie…
Quand on va dans le pays Malinké, les femmes aiment les baptêmes et les mariages. Y a-t-il une explication à cela ?
La même similitude ; donc les mêmes clichés qui font qu'on dit de la femme Bété, qu'elle aime les funérailles, se retrouve ici aussi. Comme dans la vie sociale malinké, le mariage et la naissance ont une grande importance. Ce sont ces manifestations qui réunissent non seulement les gens, mais ce sont des occasions pour voir et se faire voir. Avec les bijoux, les parures, mon boubou et ma belle voix. Donc forcément, il y a toute une industrie qui se crée autour de ces évènements-là qui donne l'impression que la vie s'arrête quand il y a un mariage ou un baptême. Parce qu'il n'y a pas d'autres éléments de réjouissance que ça. Au début, on était d'accord pour dire que le malinké avait les funérailles au moindre frais. Mais quand vous êtes dans le milieu malinké, vous trouverez que c'est faux de dire ce qu'on gagne à enterrer rapidement un corps, on le dépense dans les 7e et 40e jours. Je suis très à l’aise pour en parler parce que j'ai une partie malinké et musulmane aussi. Mon père est un Sangaré de Minignan qui est venu au sud pour rencontrer une femme Bété et comme c'est au sud qu'on se trouvait, le Bété a fini par l'emporter. C'était plus facile pour moi d'aller à Daloa que d'aller à Minignan. Comme nous l'indiquions plus haut, dans le quotidien, ce sont des faits que nous voyons constamment pour avoir vu comment le malinké ou le Bété se comportaient face aux funérailles…
Et la femme Abouré ou Adjoukrou, en un mot, les lagunaires ?
Ici, ce sont les fêtes de générations, “la fête de la nourrice” par exemple, chez les Adjoukrou. Ces cérémonies ne sont pas condamnables en elles-mêmes. Mais avec le temps, elles ont pris de l'envergure. Ce qui fait que c'est le luxe qui préoccupe l'Homme. Il faut faire mieux que celui qui a fêté avant vous. Toutes les cérémonies dont on parle, rythment la vie et c'est important qu'on les fasse. Mais, ce sont les artifices qu'on a créés autour de ces événements qui sont critiquables.
Et la femme Akan dans tout ça ?
La femme Akan dans tout ça, est un exemple à suivre pour nous qui venons de l'Ouest. C'est un problème de culture que l'Ouest n'avait pas dans sa tradition. Chez nous à l'Ouest, la femme est entretenue non seulement par les parents mais aussi par le mari. Alors que dans la culture Akan, on leur apprend dès le bas âge, à avoir une petite affaire. Pendant que l'homme fait sa plantation de culture de rente, c'est-à- dire de cacao, il aménage un petit carré pour le potager de sa femme. Les revenus de cette petite activité reviennent à l'épouse. Cette pratique n'existe pas à l'Ouest. L'effort que nous faisons, c'est de dire à la femme Bété, que ce recul de la tradition est dépassé. Nous sommes dans la modernité qui a ses contraintes. Puisque nous luttons pour l'égalité, il faut pourvoir se prendre en charge sans attendre tout du mari. Il faut dès à présent, se mettre au travail, en mettant en valeur notre terre.
Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr
Est-ce un cliché de dire que la femme Bété aime les funérailles ?
Je répondrai d'une part à cette personne qu'elle est certainement de la région Bété. D’autre part, je dirai que c'est relatif de dire que la femme bété aime les funérailles. Selon qu'on place ce fait de société dans un environnement et la préférence des autres femmes par apport à cette activité dans ce même milieu-là. Aussi, ce n'est pas un cliché si celui qui en parle est du milieu. Même si cette personne vient de l'extérieur, dans la mesure où cela peut faire référence à une hiérarchie de choix par rapport à tous les groupes qui existent en Côte d'Ivoire. Autrement dit, si on prenait la femme Baoulé, Dioula et Bété, par exemple, la femme Bété serait dans tout ce groupe-là celle qui aime les funérailles. C'est une notion qui doit être relativisée puisqu'on n’a pas fait une étude par rapport à tout ce groupe-là, pour déterminer que c'est bien le cas ou pas.
Il n'y a qu'à voir le dernier vendredi du mois ou le premier du mois suivant, pour voir les convois de jeunes dames ou les cortèges de grosses cylindrées prendre la route de Gagnoa ou de Daloa.
Je suis d'avis avec vous. Mais, en fait, c'est l'homme de l'ouest qui aime ça. Cela est à préciser. Aussi, dans l'organisation sociale, en Afrique et en Côte d'Ivoire particulièrement, ce sont les femmes qui sont les plus actives à toutes les cérémonies de la vie sociale. Donc, cela est un élément qui va mettre la femme Bété plus près encore des funérailles. Etant donné que son grand groupe aime ce genre de rencontre. Que ce soit aussi bien dans l'animation en amont et qu'en aval, c'est elle qu'on va voir au premier plan. C'est ce qui fait dire que la femme Bété aime les funérailles, par rapport à toute autre activité qui a lieu dans les régions de l'Ouest.
Voulez-vous dire que c'est l'homme bété qui est très féru des funérailles qui en profite pour donner rendez-vous aux “conquêtes” ?
Ce sont des choses qui se sont greffées autour des funérailles. Avec la sonorisation et les veillées, cela a occasionné toutes les autres activités qui n'étaient pas liées par le passé, aux funérailles. A cette époque-là, à l'occasion d'un tel évènement, l'organisation était faite en fonction du sexe. Trois jours ou quatre jours selon que ce soit l'homme ou la femme. Donc les gens venaient et le troisième ou le quatrième jour, l'enterrement était fait. Tout cela se passait dans l'obscurité et n'y avait pas les orchestres et la sonorisation qu'on loue aujourd'hui, pour pouvoir faire la veillée. L'animation se faisait à la lumière de la lampe tempête autour du corps. Ce qui veut dire que la drague a changé de sens. Par le passé, pendant les quatre ou trois jours dont nous parlions plus haut, il fallait manifester son affection par rapport au mort. C'est en ce moment-là qu'il y avait les grandes roulades et les torches de feu qu'on se passait sur le corps. C'était l'occasion pour les femmes de le faire, déshabillées. Ce que nous ont raconté nos grands parents, c'est que les jeunes gens du village qui voyaient leurs sœurs venir, et comme chacune à son ami entre les hommes, on pouvait faire le choix. Rien qu'en voyant les femmes pleurer, le candidat supposé disait à son amie du village que c'est celle-là que moi je veux épouser. A cette époque, quand on prenait la femme, c'était pour la mettre à la maison et non pour jouer. Dans la région d'Issia, par exemple, ils ont une expression, pour dire qu'on va vous montrer où vous allez passer la nuit. Comme ça, vous allez donner le nom du défunt ou la défunte. Le Bété de cette époque, quand il prenait la femme, c'est pour l'épouser et non pour s'amuser.
Avec l'évolution, les choses ont dû changer ?
Tout à fait ! L'introduction de la sonorisation et des orchestres a envoyé un autre phénomène de rencontres : Celles d'amants. Le bété aimant les funérailles, ce sont les seules occasions qui peuvent le faire déplacer. Nous avons des cas palpables. Vous allez être malade chez nous, on va demander de venir surveiller le malade, vous ne trouverez personne. Mais dès qu'il s'éteint, les heures qui suivent, la cour est remplie de pleureuses. Donc l'argument qui peut faire déplacer n'importe quel Bété quelle que soit sa condition, il va se déplacer, c'est bien celle des funérailles. Aussi, dans un tel contexte, il n'y a pas un mari qui puisse retenir sa femme face à l'argument de funérailles. Le fait de remettre à sa femme des dons conséquents pour la belle famille est un élément de jauge de l'amour qu'on a pour sa femme. Si vous pleurez bien vos beaux parents, on va dire que vous aimez votre femme et vos beaux parents. Dans le cas contraire, on va vous traiter d'idiot. Rien que pour cela, des femmes ont quitté leur mari pour rester chez leurs parents parce qu'on a fait comme s'il se devait les dons coutumiers qui correspondent à l'occasion du décès d'un beau parent. Si cela n'est pas fait, la femme est autorisée d'y rester jusqu'à ce que son homme vienne s'acquitter de cette dette, avant de retourner chez lui avec sa femme.
Face à un tel tableau, que font les femmes cadres et autres intellectuelles de l'Ouest pour que les mentalités changent ?
C'est d'abord faire l'analyse de la situation, afin de savoir pourquoi les funérailles drainent tant de monde. Le premier constat que nous avons fait, c'est que les gens sont oasifs et ils ne trouvent pas d'autres occupations qui permettent de les mettre ensemble si ce ne sont pas les funérailles. En réaction, il faut trouver d'autres occupations pour rassembler ces personnes là. Ensuite, il faut les sensibiliser à trouver d'autres possibilités de rassemblement qui ne soient pas seulement autour d'un mort. Il faut réveiller les habitudes culturelles du passé. Me concernant personnellement et en collaboration avec d'autres amies, nous avons estimé qu'il faut ramener la vie dans les villages. Pour ne pas que le Bété, aie sa vie tournée que vers la mort. C'est dans ce cadre que nous avons initié un projet dénommé "villages de Côte d'Ivoire, agents pour le développement durable". Qui a pour objectif de recréer dans les villages le goût du travail communautaire, de l'entraide et de mettre en épanouissement, toutes les potentialités qui existent dans les villages. Depuis les traditions, à la culture en passant par la mise en valeur de tout ce qui existe dans les villages.
On vous voit sur le terrain, en train de récompenser de petites filles scolarisées et des coopératives de femmes. Quel message voulez-vous faire passer ?
C'est une manière d'encourager et la petite fille et les parents, à s'investir dans la scolarisation de la première citée. Toutes les femmes devraient s'y engager dans leurs activités futures. De nos jours, le crédo des femmes, c'est d'occuper, de plus en plus les postes de décisions. Mais, il n'y a pas que les postes politiques. La prise de décision commence dans le foyer. Etant mère, nous devons pouvoir tracer avec force, l'éducation que nous devons donner à la petite fille et au petit garçon pour que ces deux puissent discuter d'égal à égal, sans que l'argument du sexe ne tienne. Aujourd'hui, quand on passe les concours, on se rend compte qu'il y a plus de garçons que de jeunes filles. Pareil quand il s'agira de faire les choix. Alors que si on commençait tout cela à la base, le problème de la femme serait réglé en partie…
Quand on va dans le pays Malinké, les femmes aiment les baptêmes et les mariages. Y a-t-il une explication à cela ?
La même similitude ; donc les mêmes clichés qui font qu'on dit de la femme Bété, qu'elle aime les funérailles, se retrouve ici aussi. Comme dans la vie sociale malinké, le mariage et la naissance ont une grande importance. Ce sont ces manifestations qui réunissent non seulement les gens, mais ce sont des occasions pour voir et se faire voir. Avec les bijoux, les parures, mon boubou et ma belle voix. Donc forcément, il y a toute une industrie qui se crée autour de ces évènements-là qui donne l'impression que la vie s'arrête quand il y a un mariage ou un baptême. Parce qu'il n'y a pas d'autres éléments de réjouissance que ça. Au début, on était d'accord pour dire que le malinké avait les funérailles au moindre frais. Mais quand vous êtes dans le milieu malinké, vous trouverez que c'est faux de dire ce qu'on gagne à enterrer rapidement un corps, on le dépense dans les 7e et 40e jours. Je suis très à l’aise pour en parler parce que j'ai une partie malinké et musulmane aussi. Mon père est un Sangaré de Minignan qui est venu au sud pour rencontrer une femme Bété et comme c'est au sud qu'on se trouvait, le Bété a fini par l'emporter. C'était plus facile pour moi d'aller à Daloa que d'aller à Minignan. Comme nous l'indiquions plus haut, dans le quotidien, ce sont des faits que nous voyons constamment pour avoir vu comment le malinké ou le Bété se comportaient face aux funérailles…
Et la femme Abouré ou Adjoukrou, en un mot, les lagunaires ?
Ici, ce sont les fêtes de générations, “la fête de la nourrice” par exemple, chez les Adjoukrou. Ces cérémonies ne sont pas condamnables en elles-mêmes. Mais avec le temps, elles ont pris de l'envergure. Ce qui fait que c'est le luxe qui préoccupe l'Homme. Il faut faire mieux que celui qui a fêté avant vous. Toutes les cérémonies dont on parle, rythment la vie et c'est important qu'on les fasse. Mais, ce sont les artifices qu'on a créés autour de ces événements qui sont critiquables.
Et la femme Akan dans tout ça ?
La femme Akan dans tout ça, est un exemple à suivre pour nous qui venons de l'Ouest. C'est un problème de culture que l'Ouest n'avait pas dans sa tradition. Chez nous à l'Ouest, la femme est entretenue non seulement par les parents mais aussi par le mari. Alors que dans la culture Akan, on leur apprend dès le bas âge, à avoir une petite affaire. Pendant que l'homme fait sa plantation de culture de rente, c'est-à- dire de cacao, il aménage un petit carré pour le potager de sa femme. Les revenus de cette petite activité reviennent à l'épouse. Cette pratique n'existe pas à l'Ouest. L'effort que nous faisons, c'est de dire à la femme Bété, que ce recul de la tradition est dépassé. Nous sommes dans la modernité qui a ses contraintes. Puisque nous luttons pour l'égalité, il faut pourvoir se prendre en charge sans attendre tout du mari. Il faut dès à présent, se mettre au travail, en mettant en valeur notre terre.
Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr