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Politique Publié le jeudi 2 juillet 2009 | Le Patriote

ADO devant étudiants de Bouaké: "Je serai Président dans quelques mois"

Chers étudiants, chères étudiantes

Je suis à la fois heureux d’être là et triste de voir ce que je vois.
Je suis heureux d’être là parce que j’apprécie toujours le contact avec la jeunesse, surtout la jeunesse estudiantine. Parce que nous, nous avons été étudiant nous aussi et je dis à mes jeunes que les plus belles années de ma vie sont celles que j’ai passées sur le campus universitaire de l’université de Pennsylvanie. Je le dis très sincèrement. Bien sûr, quand on est à l’université en tout cas aux Etats-Unis, on a un blue jean toute l’année, on a des baskets toute l’année, un tee-shirt ou deux, on a bien entendu une voiture, une maison et bien d’autres choses. C’étaient des moments particulièrement heureux, parce qu’on vit avec d’autres jeunes de tous les horizons, de tous les pays. On rêve. On a le temps de se parler jusque tard dans la nuit. On découvre le monde, on découvre les autres. On peut faire tout cela parce qu’on est dans un cadre idéal. L’université de Pennsylvanie déjà à cette époque où nous y étions, pendant qu’Adama Tounkara était lui à l’université de Californie, avait un budget supérieur à celui de la Côte d’Ivoire. Ce qui montre l’intérêt que les grands pays qu’on redoute, apportent à leurs universités. Quand j’ai fini mon PHD, c’est-à-dire mon doctorat, que le Président Houphouët m’a fait appel parce que notre pays avait des difficultés, j’ai compris que le problème de notre pays était celui de la jeunesse et notamment, les problèmes de la jeunesse estudiantine. Vous l’avez dit. Certains d’entre vous étaient encore à la maternelle mais c’est une panne d’électricité qui a déclenché le problème estudiantin en février 1990 à Abidjan. C’est de là que tout est parti. Je me souviens encore que c’est un samedi matin que le Président Houphouët m’a fait venir. La ville était ce jour-là totalement déserte. J’ai alors cherché à savoir ce qui n’allait pas et très tôt, je me suis rendu compte que la jeunesse avait été délaissée. Les bourses n’étaient pas payées à temps. Il y avait même des circuits de ‘’coupeurs de routes’’ à cette époque déjà. Les aides n’arrivaient pas aux étudiants. Les logements des étudiants et les salles de classes étaient surchargés.

ADO raconte les événements de Février 90

Beaucoup de jeunes avaient fini leurs études mais ne trouvaient pas de travail. Les résidences universitaires étaient dans un état lamentable. Après ce constat, je me suis dit que je me donnais deux ans pour résoudre ce problème et tout ce qui se passait sur le campus universitaire. C’est ainsi que j’ai pris la décision de créer les deux universités d’Abobo-Adjamé et de Bouaké. Je disais tantôt que j’étais triste. Je suis effectivement triste de voir que ce bel outil que nous avons mis en place est dans un tel état de délabrement; essentiellement en raison de manque de moyens. Mais aussi et surtout c’est un problème de gestion. J’ai écouté avant cette rencontre, les responsables de l’administration. J’ai noté les problèmes qu’ils ont évoqués. Ces problèmes concernent les infrastructures académiques, les résidences, le problème de bourse des étudiants, des salaires des enseignants. Pour moi, la question fondamentale que vous devez vous poser est de savoir comment tout cela est arrivé. Pourquoi nous en sommes là aujourd’hui ? Vous qui êtes les étudiants et donc des intellectuels, des hommes et des femmes de connaissance, je vous invite à méditer toutes ces choses et surtout demandez-vous pourquoi en deux ans, nous avons construit deux universités et que depuis 10 ans aucune autre n’a été construite. Il y a bien certes eu la crise, mais il n’y a pas eu la crise partout dans le pays. On aurait pu construire des universités un peu partout dans le pays. Ce qui aurait résolu ces problèmes de surpeuplement, de pression. Je constate que depuis une dizaine d’années rien n’a été fait pour les enseignants et pour les étudiants. Je déplore cela. Je le déplore surtout quand j’entends les gens dire que certaines personnes ont des problèmes parce qu’en son temps, Alassane Ouattara avait fait le décrochage des enseignants. C’est vrai, je l’ai fait parce que pour moi, être leader d’un grand pays, c’est avoir la capacité de prendre des décisions difficiles à certains moments. J’ai assumé mes responsabilités de 90 à 93 et je l’assumerai à nouveau parce que j’étais tétanisé par le nombre impressionnant de jeunes qui sortaient de l’école de médecine, des grandes écoles et qui n’arrivaient pas à avoir du travail. Tout cela parce qu’il n’y avait pas de ressources. On m’a proposé de garder l’ancien système et de baisser les salaires de tout le monde. Les professeurs s’en souviennent. Pourtant, c’est la menace de la réduction des salaires qui avait conduit les gens dans les rues d’Abidjan. Dès que j’ai été nommé président du comité interministériel où j’avais sous ma responsabilité 9 ministres alors que je n’étais pas au gouvernement, j’ai dit au Président Houphouët, que ma première décision était de dire à mes compatriotes que je ne toucherai pas à leurs salaires. Et je n’ai pas touché aux salaires bien que ceci ait été fait dans des pays équivalents comme le Cameroun, le Sénégal et d’autres pays. J’ai dit à ceux qui étaient da la Fonction publique que je n’allais pas réduire leur salaire mais que j’étais obligé de recruter de nouveaux enseignants, de nouveaux médecins.
Pourquoi il y a eu le raccrochage des enseignants
En même temps, je me suis fixé un délai raisonnable pour les aligner ensuite au niveau de leurs aînés, bien entendu au départ, ils devraient être raccrochés. Je savais en tant qu’économiste que le FCFA serait dévalué et qu’un ou deux après, j’allais procéder au décrochage si j’étais encore aux Affaires. Je pense que ceux qui m’accusent d’avoir décroché ces enseignants utilisent un argument fallacieux que j’invite mes amis enseignants à comprendre. J’ai fait le raccrochage dans l’intérêt des centaines de jeunes gens que j’ai fait embaucher. Pour moi, il était important de recruter des jeunes gens, de leur donner un salaire, maigre soit-il, que de les laisser au chômage pendant des années. J’ai été étudiant comme vous. J’ai été aussi enseignant… Je connais l’esprit étudiant comme je connais l’esprit enseignant. Ce qui est important avec les enseignants qui sont des hommes de culture et de bonne foi, c’est de discuter, de discuter avec eux et de les convaincre. Il ne s’agit pas de forcer les choses. Moi je l’ai fait avec le SYNARES de Marcel Etté. C’est comme cela que nous avions progressé. Aujourd’hui, nous sommes à un carrefour où la Côte d’Ivoire a de réelles difficultés, ne nous trompons pas. C’est vrai que ces difficultés sont liées à la crise locale, donc de la guerre. Mais ces difficultés sont surtout liées à la mauvaise gestion. Les difficultés d’aujourd’hui sont dues en grande partie à la mauvaise gestion. Malheureusement, les temps à venir ne seront pas faciles à cause de la crise financière internationale qui affecte le prix des matières premières, le café, le cacao, l’huile de palme, l’hévéa …Le pétrole qui était à 35 ou 50 dollars est remonté à 70. Nous avons une crise financière qui, à n’en point douter, aura une incidence sur nos économies, étant entendu que nous devons faire des échanges avec l’extérieur. En tant qu’étudiants, vous connaissez la loi de l’offre et de la demande. Si ces pays à qui nous vendons n’ont plus d’argent pour acheter, vous êtes obligés de baisser les prix. Dans les mois à venir, les prix de ces produits vont baisser entrainant une situation encore plus difficile. Pour en sortir, il faudra de l’imagination, de l’expertise. Je continue de le dire, c’est n’est pas un apprenti économiste qui va sortir la Côte d’Ivoire de cette situation. Je pense qu’on sait bien compris. Moi, je vous dis que je prends des engagements et je les exécute. J’avais pris des engagements en 90 pour la construction des universités et j’ai fait ce que j’avais dit. Nous avons, avec une centaine de responsables de mon parti, avec des experts ivoiriens et étrangers, des amis qui ont peu plus de temps, confectionné notre projet qui sera bientôt sur le Net. (…) Je voudrais vous dire que cette université que nous avons créée était une priorité pour moi.

L’Université de Bouaké doit être à la hauteur des grandes universités du monde

Elle le demeure toujours d’ailleurs. Je ne peux pas avoir honte quand même. Notre programme prévoit en plus des 5 milliards que vos responsables viennent de mentionner, 5 autres milliards pour que cette université soit à un standing qui soit à la hauteur des grandes universités du monde. Nous avons visité les grandes écoles de Yamoussoukro. Nous avons aussi prévu une réhabilitation de l’Institut Houphouët Boigny. A terme, il s’agira de faire de ces écoles, des écoles qui sont comme celles des grandes nations. Je ne peux réaliser tous ces projets que si vous, les jeunes, me faites confiance. Vous serrez ma priorité, parce qu’en réalité pour moi, vous êtes les meilleurs investissements. Toutes les études faites par les plus grands économistes américains montrent que le plus grand investissement, c’est l’investissement dans l’éducation. C’est dans l’éducation qu’on a le taux de rentabilité le plus élevé. Si vous investissez dans l’université, les étudiants en bénéficieront mais le pays aussi. Nous avons l’obligation de le faire. Pour moi, l’université et la jeunesse seront une priorité. Nous aurons les moyens de le faire. Je voudrais aussi, pendant que j’ai l’occasion d’être avec vous, de vous dire un certain nombre de choses. Vous lisez la presse comme moi. Des commentaires disent ‘’comment il va avoir tous ces milliards dont il parle’’ ? Je vous invite à vous souvenir de 90 à 93. Nous avons construit les deux universités. Nous avons construit une dizaine de lycées. Nous avons bitumé des routes. Nous avons couvert tout le territoire national avec la télévision nationale. Nous avons réglé le problème de l’électricité. Nous avons fait en quelques années des choses importantes qui ont coûté des centaines de milliards. Si je dis que j’investirai 10 000 milliards de FCFA en 10 ans, vous pouvez me faire confiance. Parce que les calculs sont simples. La Côte d’Ivoire a une dette extérieure de plus de 7000 milliards de FCFA. J’ai effectué des missions à Washington bien que je sois dans l’opposition pour intervenir auprès des responsables des institutions de Bretons-Wood. Si j’étais un opposant classique, j’aurai fait pression pour que mon pays ne soit pas admis au PPTE. Moi, j’aime mon pays et je sais que je serai Président de la République dans quelques mois. J’ai besoin qu’on prenne des dispositions pour effacer ces dettes. Ils m’ont dit que ces dettes ne seraient effacées qu’après des élections, quand ils auront confiance au Président qui sera élu. L’effacement de cette dette nous fera gagner 100 à 600 milliards de FCFA par an.
Ce qui contribue déjà 1/3 du financement du programme dont je viens de vous parler. Depuis le coup d’Etat, la Côte d’Ivoire n’a pas reçu d’aide ou d’investissement public. Les Etats-Unis ont une règle. Ils ne financent pas les pays qui vivent un coup d’Etat.

L’Université et la jeunesse seront ma priorité

Il y a des montagnes de financement pour la Côte d’Ivoire. Ces financements n’attendent que l’organisation d’élections démocratiques. Dès que cela sera fait, les grands pays comme les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Japon viendront rattraper le retard accumulé depuis ces dix dernières années au niveau des investissements en Côte d’Ivoire. Ces pays investissaient pas moins de 500 millions de dollars par an. Cela nous fera gagner des milliards de francs CFA. Les investissements des institutions multilatérales ou l’effacement de la dette ne suffisent pas pour régler la question de la crise. C’est surtout les investissements privés directs qui permettent la création d’entreprises pourvoyeuses d’emplois. La chose est simple. Depuis dix ans, la peur s’est installée chez les investisseurs par rapport à un régime que les uns et les autres ne considèrent pas légitime. Il faut absolument que les élections soient organisées à la date indiquée, c’est-à-dire, le 29 novembre 2009. Dès que ces élections seront organisées, vous verrez les investisseurs venir d’eux-mêmes et en grand nombre. Et surtout si le président élu a la confiance de ces derniers et s’il a aussi l’expérience de la gestion, ces investissements viendront encore plus abondamment que par le passé. Je voudrais aussi dire que l’intoxication a trop duré. Le financement de mon projet a été calculé. Nous avons fait département par département. C’est pourquoi à chaque fois que je parle, je dis voici ce que je vais faire pour tel ou tel département et ce que nous allons investir dans tel ou tel secteur et combien nous allons investir, dans l’habitat, dans l’éducation, dans la route, dans l’eau. (…). Chers étudiants, chères étudiantes, je vous remercie de m’avoir accordé de votre temps. A priori, je n’étais pas venu pour parler de politique. J’étais venu juste pour voir l’état de votre campus. Je ne suis pas resté indifférent à ce que je viens de voir. C’est pour cela que je vous ai entretenu pendant ce temps. Je le dis en toute sincérité. La Côte d’Ivoire a besoin de changement. Nous avons besoin de changement. Il faut remettre la Côte d’Ivoire à l’endroit et il faut le faire vite. Parce que plus cela dure, plus c’est vous qui payez. Il faut régler tous ces problèmes de bourse, d’aide, qui sont des problèmes simples à régler. Quand j’étais Premier ministre, il n’y avait pas ce genre de problèmes. C’est juste une question de gestion. Il est temps que les gestionnaires viennent prendre la Côte d’Ivoire en main. Je compte sur vous.
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