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Politique Publié le lundi 6 juillet 2009 | Le Patriote

Interview / Amadou Soumahoro (SGA du RDR): “Evitons d’exposer le pays à des lendemains incertains et hasardeux”

Fin de l’identification et de l’enrôlement électoral, bruits autour du discours politique ADO. Amadou Soumahoro, Secrétaire général adjoint du RDR, chargé des Affaires politiques, monte au créneau. Entretien.

Le Patriote: L’opération d’enrôlement électoral a officiellement pris fin le 30 juin dernier. Depuis, l’on assiste à différents sons de cloche au sein de la classe politique. Certains réclament une nouvelle prolongation. Et d’autres soutiennent qu’il faut y mettre fin pour aller aux élections. Au RDR, quelle est votre position sur cette question?
Amadou Soumahoro: Au RDR, nous pensons que les audiences foraines, suivies de l’identification sont des opérations ponctuelles. Elles se font dans le cadre de la sortie de crise pour permettre à la Côte d’Ivoire d’aller à des élections transparentes et justes. Toutes choses qui doivent ramener la paix et la sérénité. Nous pensons qu’il fallait un jour arrêter les opérations d’identification, comme cela a été le cas un jour les audiences foraines. Mais, cela ne veut pas dire que l’identification ou les audiences foraines ne se reproduiront plus en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs un acte permanent et régalien de l’Etat. A tout moment, tout Ivoirien ou tout résident en Côte d’Ivoire peut se prêter à ces opérations. Depuis le 15 septembre 2008 l’identification et le recensement électoral ont été lancés par la Commission électorale indépendante (CEI) et le gouvernement. Cela fait donc aujourd’hui près de neuf (9) mois, sans compter la grande publicité faite autour de cette opération de la part, non seulement du gouvernement mais aussi des leaders politiques. En tout cas, pour ce qui concerne le RDR, nous avons toujours profité de nos manifestations pour sensibiliser nos compatriotes à aller se faire identifier. Cela été le cas pour la quasi-totalité des partis politiques. Aujourd’hui, nous pensons donc que pour pouvoir respecter la date du 29 novembre, il faudra avancer. Cette date du 29 novembre est celle-là qui a remporté le consensus de l’ensemble de la classe politique. Nous pensons que si la CEI a estimé qu’il faut arrêter le processus d’identification et d’enrôlement le 30 juin pour pouvoir respecter la date du 29 novembre, il faut donc l’arrêter.

LP: Ceux qui réclament cette prolongation soutiennent qu’avec des personnes non-enrôlées, ce serait une autre forme d’exclusion. Partagez-vous cet avis ?
A.S.: Pas du tout ! Il faut dire que ceux qui ont voulu se faire enrôler l’ont déjà fait. A moins que ceux qui poussent des gens aujourd’hui à aller se faire enrôler aient une autre idée derrière la tête. Je m’en vais vous dire que tous ceux qui ne veulent pas des élections en novembre 2009 veulent exposer le pays à des lendemains incertains et hasardeux. En effet, voyez-vous, l’opération d’identification et de recensement électoral a été lancée depuis le 15 septembre 2008. Depuis cette date, tous les Ivoiriens étaient censés se faire identifier. En tout cas, ceux de nos compatriotes qui voulaient se faire identifier l’ont fait. Même l’opération de reconstitution des registres de l’état civil a été prise en compte dans cette opération. Toutes ces phases que je cite ont connu leurs phases de rattrapage. Nous pensons maintenant qu’il faut en sortir. Ou nous voulons des élections en novembre 2009, ou nous ne voulons pas des élections en novembre 2009. Dans ce cas, il faut le dire clairement. A la limite, nous soupçonnions même des mains cachées qui manipulent des Ivoiriens pour qu’ils ne partent pas se faire identifier quand l’opération était lancée. Et c’est à la dernière minute, lorsque la CEI doit mettre fin au processus, que ces mains obscures manipulent ces personnes, les poussent à sortir pour perturber la fin de l’opération. Nous disons qu’il faut arrêter cette pratique. Il faut maintenant arrêter ce processus. La CEI doit prendre ses responsabilités. Si elle constate, selon son calendrier, que pour tenir les élections le 29 novembre, il faut arrêter l’opération d’enrôlement le 30 juin, alors, je pense que nous devons tous suivre. Le RDR partage parfaitement cette position. Il s’agit d’une opération spéciale qui doit prendre fin. Et il faut dire que cette opération lancée depuis 2008 a permis d’inscrire plus de six millions et demi d’Ivoiriens. Nous pensons que cette liste est largement suffisante pour permettre à la Côte d’Ivoire d’aller à des élections crédibles et transparentes.

LP: Vous parliez de mains obscures qui seraient derrière cette polémique. Mais, croyez-vous sincèrement à la tenue des élections le 29 novembre 2009?
A.S.: Bien sûr que nous y croyons. C’est pour cela que nous demandons à la CEI de prendre ses responsabilités. Nous croyons fondamentalement que si tout le monde est de bonne foi, et tout le monde doit être de bonne foi parce que nous aimons tous la Côte d’Ivoire et que nous laissons la CEI faire sa programmation, que les élections doivent pouvoir se tenir en novembre 2009. En plus de cela, nous tenons à ce que ces élections se tiennent en novembre 2009 parce que nous sommes convaincus que si la date du 29 novembre 2009 n’est pas respectée, si par malheur nous arrivons à reporter encore cette date, alors nous exposons le pays à tous les dangers. Et cela, le RDR n’en veut pas. Le RDR s’est inscrit fondamentalement dans le processus de paix et de réconciliation nationale. Et nous savons au RDR, que seules les élections pourront donner cette paix et cette réconciliation. Car elles donneront à notre pays, des responsables légitimes sortis des urnes. Des responsables qui auront la force et les pouvoirs nécessaires pour remettre le pays sur la voie du développement.

LP: Vous y croyez. Cependant, en observateur averti, le ministre français des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner semble, lui, ne plus trop croire quand il affirme depuis Dakar que la France est de plus en plus déçue de la situation en Côte d’Ivoire. Quel commentaire?
A.S: Le ministre Bernard Kouchner a certainement des informations que je n’ai pas. Si j’avais peut-être ces informations, certainement que j’aurais partagé son avis. Mais au vu des informations que nous, nous avons, au vu de ce que nous dit la CEI qui est quand même la structure responsable du processus électoral, nous ne voyons pas pourquoi nous ne pouvons pas croire que les élections vont se tenir en novembre 2009. L’opération des audiences foraines a déjà été faite. L’identification vient d’être bouclée. Nous aurons bientôt une liste provisoire. A partir de cette liste électorale provisoire, nous aurons une liste définitive. Et quand nous voyons le délai du 30 juin au 29 novembre, nous pensons que nous avons le temps nécessaire pour que toutes ces opérations soient respectées. Nous ne voyons pas donc pourquoi les élections ne pourraient pas se tenir en novembre.

LP: Monsieur le ministre, parlant d’élection, on parle aussi de pré-campagne. Et c’est dans ce cadre que votre président, le Dr Alassane Dramane Ouattara, revient d’une tournée de dix jours dans les régions des Lacs et de la Vallée du Bandama. Selon vous, que retenir de ce périple en plain cœur du pays baoulé ?
A.S.: Je peux vous dire que nous-mêmes, nous sommes étonnés de la pré-campagne telle qu’elle est menée présentement par le président Alassane Ouattara. C’est extraordinaire. Au RDR, cette pre-campagne est une opération très sérieuse et c’est en même temps pour nous, une fête. Et nous la menons de la manière la plus inédite. Notre président, le Dr. Alassane Dramane Ouattara a décidé de mener une campagne civilisée et très responsable. Pour lui, il s’agit de faire une campagne à la hauteur des enjeux dans notre pays. Une campagne où le président n’attaque personne. Où le président n’insulte personne. Et ce n’est pas seulement dans le pays baoulé. J’ai eu l’honneur de l’accompagner depuis qu’il a commencé ses tournées dans le Bas-Sassandra. C’est quelqu’un qui n’a pour seul ambition que de sortir la Côte d’ivoire de la crise et de la remettre sur la voie du développement. La préoccupation du Président Ouattara pendant cette période de pré-campagne c’est de dire à chaque région du pays, «voici ce que je peux faire pour vous. Voici les solutions que j’ai pour résoudre vos problèmes d’éducation, de santé, d’infrastructures, etc… ». C’est cela une campagne civilisée. Et même nos adversaires sont admiratifs devant cette manière dont notre président mène la pré-campagne. Dans le pays baoulé, vous avez constaté qu’il y a une adhésion collective, une adhésion de toutes les couches des populations de ces zones-là. Que ce soit à Toumodi, Didiévi, Yamoussoukro, Sakassou ou Bouaké, il y a eu une adhésion totale des populations à la campagne du président Alassane Dramane Ouattara. Au RDR, nous n’aimons pas l’auto-satisfaction, parce que nous voulons les choses bien faites. Et nous sommes très sereins dans ce combat politique, surtout durant cette période électorale. Vous avez vu, partout où le président est allé, partout où il s’est adressé aux populations, il y a eu une forte adhésion. Vous avez vu l’attention avec laquelle les populations écoutaient le président. Vous avez vu le sérieux avec lequel les populations lui posaient les questions. Vous avez aussi vu tout le sérieux avec lequel le président est en train de démontrer qu’on peut mener une campagne électorale étant dans l’opposition sans récrimination, sans esprit de vengeance. Et cela est tout simplement extraordinaire.

LP: Durant cette dernière tournée, le président Ouattara aurait, selon des journaux et des personnalités proches du pouvoir, soutenu ouvertement le combat de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles. Qu’en est-il exactement?
A.S: Il s’agit d’une analyse de ces personnes. Et chacun est libre de faire ses analyses et commentaire. Mais ce que je voudrais dire, c’est que le président Ouattara a une position politique qui a toujours été celle de notre parti. Il s’agit de dire que même si nous n’assumons pas la prise des armes, nous comprenons parfaitement les raisons qu’elles défendent. Et cela, nous l’assumons. Mais nous n’assumons pas la prise des armes. Il s’agit de deux choses différentes. Des Ivoiriens ont estimé que pour ce faire comprendre qu’il fallait passer par cette voie. Ils ont fait ce choix. Mais ce sont les raisons qui ont sous-entendu ce choix que nous, nous comprenons parfaitement. Nous l’avons toujours dit. Depuis 1994, le président ADO et son parti n’ont cessé d’interpeller les Ivoiriens et les gouvernants de ces époques-là sur les dangers qu’on faisait courir à la Côte d’Ivoire en développant un certain nombre de doctrines. Nous l’avons dit, mais nous n’avons pas été écoutés, nous les politiques. Certainement que ceux qui ont pris les armes ont estimé que c’était le seul moyen pour se faire entendre. Sinon le président Ouattara n’a jamais dit qu’il soutenait ou qu’il partageait la prise des armes. Il a dit qu’il comprenait les raisons pour lesquels les Forces Nouvelles ont pris les armes. Et ces raisons ont été dites officiellement par ceux-là même qui ont pris les armes. Ce sont ces raisons-là que nous comprenons. Il y a donc une nuance. Mais évidemment ceux qui disent cela, nous les connaissons. Ce sont nos adversaires politiques. Ce n’est pas la première fois, nous ne sommes donc pas surpris. Et ceci ne nous inquiète nullement.

LP: Mais selon vous, qu’est-ce qui peut expliquer une telle ‘’mauvaise lecture’’ de la part de certaines personnes sur ce qu’a dit votre président à Bouaké?
A.S : Je dirai qu’il ne s’agit pas d’une mauvaise lecture. Il s’agit plutôt de mauvaise foi de ces personnes qui accusent le président Ouattara de ceci ou de cela. Mais ce qui les amène à le faire, c’est tout simplement pace qu’elles voient en la personne du président Alassane Ouattara un adversaire redoutable. Il faut donc reprendre avec le fameux discours qui est dire que c’est ADO qui a envoyé la guerre. Chose à laquelle les Ivoiriens ne croient pas un seul instant aujourd’hui. Ce sont des thèses dépassées et comme on le dit, le disque est rayé. Qu’elles cherchent plutôt à proposer, car c’est cela que les Ivoiriens attendent aujourd’hui. Les Ivoiriens attendent des leaders politiques, ce qu’ils peuvent faire pour eux dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures, de l’emploi pour les jeunes, etc… les Ivoiriens attendent donc des solutions à leurs problèmes. Et c’est ce que nous attendons aussi de nos adversaires politiques.
Les Ivoiriens ne mangent plus à leur faim. Ils ne se soignent plus bien. C’est cela la préoccupation des Ivoiriens. Et c’est à cela qu’il faudra apporter des solutions.

LP: Vous parlez de solutions, alors que répondez-vous à ceux qui disent qu’avec le président Alassane Ouattara, ce sont des chiffres uniquement pour faire rêver les Ivoiriens?
A.S: Ceux qui le disent ne connaissent pas certainement les chiffres. Ceux qui disent cela sont certainement des littéraires. Ce sont des gens qui n’avaient jamais travaillé dans l’argent et qui, un jour, se sont brusquement retrouvés là où ils sont. Or, le président Alassane Ouattara n’a pas cessé de souligner qu’il était d’abord banquier et ensuite économiste. Qui peut contester cela? Personne ! Et nous savons les rôles du banquier et de l’économiste. L’économiste cherche les voies et moyens pour le développement et le banquier, lui, sa mission est de trouver l’argent. Et c’est ce que Ado a fait toute sa vie. Ceux qui pensent que les chiffres données par le président Ouattara sont faramineux, qu’ils sachent que ce n’est pas faramineux pour la Côte d’Ivoire. Ces chiffres ne sont pas faramineux pour le développement de la Côte d’Ivoire. Ces personnes ne savent certainement pas combien de milliards le président ADO a réuni entre 90 et 93 quand il était Premier ministre, pour redresser la Côte d’Ivoire. En trois années, sa connaissance des dossiers a abouti à plus d’investissements qu’il n’y en a eu ces dix dernières années.

DS
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