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Politique Publié le lundi 6 juillet 2009 | Notre Voie

Désiré Tagro retrace la vie de Simone Ehivet Gbagbo

Le ministre Désiré Tagro a saisi l’occasion pour dévoiler la vie de l’épouse du Président Gbagbo.
Je ne m'attacherai qu'à vous présenter, autant que faire se peut et sous votre contrôle, à vos filleuls. Je vais leur dire qui est la personne à laquelle ils ont décidé durant toute leur carrière de s'identifier. Mais, je m'abstiendrais volontairement, dans mon propos, d'évoquer votre action après la prise du pouvoir parce que d'aucuns pourraient penser que tout vous a été facilité par la détention et l'exercice du pouvoir.

Commissaires et officiers de police de la promotion 2007-2009, vous avez choisi comme marraine pour parrainer la sortie de vos promotions respectives et porter son nom durant toute votre vie de policier, Madame Ehivet Simone épouse Gbagbo. Votre marraine est la fille de Ehivet Ehivet Jean, gendarme, et la fille de Aman Djaha Marthe, ménagère. Votre marraine est née le 20 juin 1949 à Moossou, à Grand-Bassam. Comme il est impossible de raconter en un discours toute la vie, j'allais dire tout le roman qu'est la vie de Simone Gbagbo, je vais mettre en évidence la militante chrétienne, la militante syndicale et la militante politique.


D'abord la militante chrétienne

En 1964, Simone Ehivet est inscrite au Collège d'orientation du Plateau en classe de 4ème lorsqu'elle adhère à la Jeunesse étudiante catholique (JEC), en sa section filles. En 1966, lorsqu'elle accède au second cycle des lycées et collèges, au Lycée classique d'Abidjan, elle est secrétaire nationale de la JEC filles de Côte d'Ivoire, fonction qu'elle occupe jusqu'en 1971, au moment de son accession à l'Université.

Depuis et ce jusqu'à maintenant, Madame Simone Gbagbo, toute épouse de Président de la République qu'elle est, accomplit ses devoirs religieux et a même installé, à la Résidence du Président de la République, une cellule de prière dont les cultes se déroulent tous les dimanches à partir de 19h. La dévotion qui l'a animée, qui l'anime et qui continue de l'animer a certainement contribué à forger la militante syndicale.


La militante syndicale

En 1974, Simone Ehivet votre marraine, obtient un CAPES de lettres modernes et est major de sa promotion. De 1974 à 1980, elle enseigne au Lycée classique d'Abidjan et milite au Syndicat national de l'enseignement secondaire de Côte d'Ivoire (SYNESCI) auquel elle adhère dès son affectation au Lycée classique. Militante convaincue, elle se porte candidate au poste de secrétaire général du SYNESCI et est battue. Elle continue tout de même à se montrer militante fervente et fait des conférences dans tout le pays pour le devenir de sa corporation.
En 1980, elle entre à l'Institut de linguistique appliquée (ILA), donc à l'Université Nationale de Côte d'Ivoire, et adhère aussitôt au SYNARES dont elle est militante de base. L'année suivante, soit en 1981, se tient le congrès du SYNARES. Le professeur Pierre Kipré est élu Secrétaire général du SYNARES et Simone Ehivet est son adjointe. En 1982, suite à une grande grève à l'Université nationale de Côte d'Ivoire, perturbation sanctionnée par une grève des étudiants et des professeurs, le secrétaire général du SYNARES, le professeur Pierre Kipré démissionne. La Secrétaire générale adjointe Simone Ehivet devient secrétaire générale. Au moment où elle devient secrétaire générale, son mari, père des jumelles auxquelles elle vient de donner naissance en juin 1981, Monsieur Laurent Gbagbo, est contraint à l'exil en mars 1982. Simone Ehivet assurera et assumera la direction du SYNARES pour maintenir ce syndicat en vie et continuer la lutte jusqu'au retour de la normalité et l'organisation d'un congrès ordinaire.
En 1986, ce congrès ordinaire a lieu et Simone Ehivet cède la place au professeur Marcel Etté qui devient secrétaire général du SYNARES. Votre marraine continue cependant de servir le SYNARES comme militante de base mais aussi comme ancienne Secrétaire générale.
Pour beaucoup, le syndicat est une voie royale pour aller en politique. J'ai du mal à en dire autant pour Simone Ehivet chez qui, le militantisme politique a précédé le militantisme syndical.


La militante politique

Lorsqu'elle arrive à l’Université d'Abidjan en 1971, Simone Ehivet votre marraine, adhère à un club. Un de ces clubs qui essaiment l'Université à cette époque et qui, bien qu'ayant une existence officielle, j'allais même dire publique, ont des objets clandestins. Il s'agit en effet de laboratoires, de centres de formation et de sélection de jeunes esprits en vue de leur cooptation dans l'Organisation.

L'Organisation avec un 0 majuscule est une structure politique clandestine d'idéologie communiste sans d'autre appellation que le mot Organisation. L'Organisation, pour continuer à l'appeler ainsi, était composée de petites cellules comprenant cinq (5) membres au maximum, encadrées par des personnes politiquement plus expérimentées dont le rôle est d'assurer et d'assumer la formation politique des membres de la cellule et de diriger leurs actions sur le terrain.

En 1973, Simone Ehivet est membre d'une de ces cellules de l'organisation dont l'encadreur s'appelle Laurent Gbagbo. En 1982, des membres de l'Organisation prennent la décision de créer le Front populaire ivoirien (FPI). Ces membres qui sont communistes parce que telle est l'idéologie de l'Organisation, créent ce parti et opèrent ainsi une triple rupture:

1- Rupture idéologique

Au contraire de l'Organisation qui est d'idéologie communiste, le parti nouvellement créé est d'idéologie social-démocrate. Le FPI est créé non pas seulement par des membres issus de l'Organisation mais aussi par des personnalités non communistes.

2-Rupture organisationnelle

Au contraire de l'Organisation qui est composée de petites cellules clandestines, le Front populaire ivoirien est une structure qui a un organigramme précis et qui, malgré le parti unique, a vocation à sortir de la clandestinité.

3- Rupture politique

Au contraire de l'Organisation qui vise l'éveil des consciences, la formation, la sélection des esprits et l'agitation politique, le Front populaire ivoirien comme tout parti politique vise à prendre le pouvoir et à l'exercer.

Cinq personnes ont pris la décision de créer en 1982 le Front populaire ivoirien. Votre marraine Simone Ehivet qui a assumé les fonctions de première secrétaire générale de ce parti en faisait partie. Elle avait pour compagnons Pascal Kokora, Emile Boga Doudou, Aboudrahamane Sangaré et bien sûr, Laurent Gbagbo. Le Front populaire ivoirien est formalisé par son congrès constitutif de décembre 1988 auquel 20 personnes ont pris part à Dabou. Immédiatement, le régime en place fait plusieurs constats s'agissant de Simone Gbagbo :

1- Elle est la secrétaire générale du SYNARES, c'est-à-dire du syndicat qui, aux yeux du pouvoir, conduit la contestation en milieu universitaire.

2- Elle est également la secrétaire générale du FPI, parti quasi clandestin créé en vue de prendre le pouvoir d'Etat et l'exercer.

3- Elle est l'épouse de Laurent Gbagbo, unique opposant déclaré au régime du parti unique.
Au plan individuel, la tâche est dure pour votre marraine de conduire en même temps le Front populaire ivoirien et le SYNARES. La tâche est d'autant plus ardue que l'individu est l'objet de harcèlements et de tracas de toute nature de la part du pouvoir. La tâche est également ardue parce que Simone Ehivet est tenue, au cours de cette période, par certains de ses amis pour une pestiférée. En effet, beaucoup l'ont abandonnée, beaucoup l'ont reniée. Mais de son propre aveu, elle a trouvé le réconfort auprès de ses camarades de lutte, mais surtout dans l'amour que ses enfants lui portaient. Il a pesé sur elle, en l'absence de son mari et de son apport financier, l'obligation de faire vivre les siens, de jouer pour eux les rôles de père et de mère à la fois. C'est justement et précisément dans cette obligation qu'elle a puisé l'énergie nécessaire pour tenir. Face aux tracas de toute nature, notamment des services de police et des services de renseignements, elle a su résister, résister seule jusqu'au retour de son mari.

Commissaires et officiers de police de la promotion 2007-2009, filleuls de Madame la Première Dame,

Lorsque Laurent Gbagbo rentre d’exil en 1988, le Front populaire ivoirien est animé par un débat. Faut-il oui ou non sortir de la clandestinité?

Simone Ehivet, secrétaire générale du parti, soutient qu'il faut sortir immédiatement de la clandestinité. Elle affirme qu'il faut mettre à profit la publication de l'ouvrage “Pour une alternative démocratique en Côte d'Ivoire”, ouvrage écrit par Laurent Gbagbo et distribué en Côte d'Ivoire par le FPI pour sortir de la clandestinité. Elle affirme qu'on ne peut valablement prendre le pouvoir tout en étant dans la clandestinité. Face à elle, la quasi-totalité des membres de la direction du parti qui soutiennent, pour leur part, qu'il est prématuré de sortir de la clandestinité et que pour sa protection même, Laurent Gbagbo doit continuer de demeurer en exil. Mais la secrétaire générale est largement mise en minorité et décide de démissionner, estimant que le parti doit être conduit par le courant majoritaire. Aboudrahamane Sangaré lui succède. C'est à lui que revient la charge de conduire le parti jusqu'au congrès constitutif de 1988 où Laurent Gbagbo lui succède.
Entre ce moment et 1990, le Front populaire ivoirien crée des journaux, les fait éditer et distribuer, notamment “l'Evènement” et “l'Alternative”. Au cours de la même période, avec ses camarades, Simone Ehivet demande la reconnaissance officielle du Front populaire ivoirien, comme parti politique légalement constitué et devant coexister sur l’échiquier politique national, aux côtés de l'ex parti unique.

Le 30 avril 1990, le multipartisme est accepté par le Bureau politique du PDCI et le 02 mai 1990, le Front populaire ivoirien est autorisé à exister. Lorsque le Front populaire ivoirien est légalement reconnu, Simone Ehivet en est la trésorière. Mais la reconnaissance nouvelle, en l'absence d'un siège du parti, l'oblige, elle et son mari, à transformer leur domicile conjugal en un siège de fortune.

Commissaires et officiers de police de la promotion 2007-2009,

L'actuelle Première Dame, votre marraine, s'investit alors à son domicile dans l'accueil des militants, leur encadrement, leur orientation, leur formation et leur organisation. Puis vient l'année 1991. Au cours de cette année, l'Université est agitée par les mouvements estudiantins. La cité universitaire de Yopougon est l'épicentre de la contestation. Dans la nuit du 18 au 19 mai 1991, l'armée, notamment la FIRPAC fait une descente nocturne à la cité universitaire de Yopougon et se livre à des excès de toute nature. La Côte d'Ivoire est consternée. Les Ivoiriens, dans leur ensemble, le Front populaire ivoirien et tous les mouvements syndicaux et des Droits de l'Homme exigent une commission d'enquête. Le Front populaire ivoirien a assis son exigence d'une commission d'enquête sur trois arguments:

1- Si les étudiants perturbent les cours et font de l'agitation, ce n'est pas à l'armée, mais à la police à qui il appartient de rétablir l'ordre.

2- Si les étudiants protestent et font de l'agitation, ce n'est pas la nuit mais la journée qu'il faut mettre l'ordre.

3- Si l'ordre doit être maintenu dans une cité universitaire ou ailleurs, ceux des agents de l'ordre qui se livrent à des excès doivent être identifiés, recherchés et poursuivis.

Le chef de l'Etat, le Président Félix Houphouet-Boigny,, accède à ces demandes et met sur pied une commission d'enquête. Ladite commission travaille d'arrache-pied, publie son rapport qui met en cause l'armée. Le Président de la République, bien qu'ayant pris acte de cette remise en cause de l'armée, refuse de la sanctionner. Le Front populaire Ivoirien et bien d'autres mouvements décident du principe d'une marche, la programment et la font, le 18 février 1992. La marche est réprimée, violemment réprimée par l'armée. Et au cours de cette répression, le secrétaire général du Front populaire ivoirien et son épouse sont appréhendés, respectivement par la gendarmerie et par l'armée. Cette différence n'est pas sans conséquence parce qu'au contraire du secrétaire général du FPI qui n'a pas été battu, votre marraine, Simone Ehivet, son épouse, a été transportée à l'état-major des armées et sauvagement battue pendant des heures. A ce jour, elle continue d'en garder les séquelles avec lesquelles elle vit.

Sauvée par la gendarmerie, elle est conduite dans le camp de la première légion de gendarmerie d'Agban où elle perd connaissance à plusieurs reprises, et devant son état de santé fort inquiétant, elle est évacuée avec certains de ses camarades, au CHU de Yopougon où des soins lui sont prodigués pendant 18 jours. Quand son état commence à s'améliorer, elle est retirée de l'hôpital et reconduite au camp d'Agban d'où elle est transférée à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA) au bâtiment des femmes.

L'histoire nous raconte qu'en 1992, lorsque Laurent Gbagbo et ses camarades ont été déférés à la MACA, l'administration pénitentiaire les a mis dans le plus simple appareil avant de leur attribuer des cellules. L'histoire raconte, cependant, que la même administration de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan n'a pas voulu répéter ce forfait s'agissant de Madame Gbagbo qui est arrivée plusieurs jours plus tard et s'est bornée à lui trouver une cellule sans autre forme de procès. La Première Dame, votre marraine, affirme que l'administration de la MACA a eu avec elle, durant tout son séjour, une attitude correcte. Elle pense même que les agents de cette administration se sont montrés à son égard, par moments, déférents.

Mais, une prison est une prison, et un emprisonnement est un emprisonnement. Aussi, l'emprisonnement s'est-il révélé difficile parce que, outre son mari arrêté et détenu en même temps qu'elle, leur fils Michel Gbagbo, venu simplement s'enquérir de l'état de ses parents arrêtés, a été lui aussi arrêté, déféré et incarcéré à la MACA. Mais la générosité, l'engagement pour les causes justes et pour la cause des démunis ont encore trahi votre marraine. En prison, à la MACA, où la grippe, la toux, la gale, le paludisme et la faim sont le lot quotidien de la plupart des prisonniers livrés à eux-mêmes et abandonnés des leurs, Madame Gbagbo a usé de sa personnalité pour intercéder auprès de l'administration pénitentiaire pour autant que faire se peut, améliorer leur sort. Elle a également utilisé au profit de ces prisonniers, l'élan de soutien et de solidarité que la détention des détenus du 18 février 1992 a provoqué en Côte d'Ivoire et qui s'est traduit par des livraisons massives de nourriture, d'eau, de médicaments pour étancher la soif et la faim de beaucoup de prisonniers retenus dans cet univers carcéral.

Je n’oublierai pas de vous dire que votre marraine a par ailleurs fondé en 1971, au moment où elle était encore étudiante, le Groupe de recherche Sur les traditions orales (GRTO) et qu'elle est docteur es-lettres de l'Université de Dakar. Elle est député d'Abobo depuis 1995, vice-présidente de l'Assemblée nationale au Cours de la législature 1995-2000, présidente du Groupe parlementaire FPI depuis 2000 et vice-présidente du Front populaire ivoirien.

Commissaire et officiers de la promotion 2007-2009,

Voici quelques tranches de la vie de la personne que vous avez sollicitée pour être l'exemple que vous voulez suivre et qui l'a accepté. Il y a en elle, le courage, la détermination, l'engagement pour la démocratie et la liberté, la rigueur, la solidarité, la générosité et une profonde croyance en Dieu. Que ces vertus qu'elle porte mais qui en réalité sont lourdes à porter pour le commun des mortels, vous servent d'exemples. Faites Vôtres ces valeurs et vous aurez mérité de porter pour votre promotion le nom de Simone Ehivet Gbagbo.

Madame la Première Dame, j'ai omis de dire que le 20 juin 2009 passé, vous avez soufflé vos 60 bougies. Au nom de la Promotion 2007-2009 des commissaires et officiers de police, au nom de toute l'Ecole nationale de Police et en mon nom personnel, je vous souhaite à nouveau un très bon anniversaire et une très bonne fête de parrainage.
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