C’est une véritable Offre publique d’achat (OPA). Le numéro un des refondateurs, Laurent Gbagbo, a mené, mène et continuera de mener contre la formation politique créée par le général Robert Guéi, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), une véritable agression. Le chef de l’Etat aurait voulu la disparition de cette formation politique qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Il ne se passe pas de jours sans que des cadres et autres responsables et militants, jadis aux premiers plans, ne trouvent des arguments pour justifier ce que tout le monde savait déjà : leur départ. La dernière- du moins pour le moment- ne date que d’avant-hier seulement. On ne sait trop pour quelles raisons, Siki Blon Blaise, l’une des têtes fortes de l’UDPCI a rompu les amarres avec son ancienne formation politique. Et de la manière la plus tonitruante qui soit. Morceaux choisis de sa déclaration publiée hier dans la presse : « (…) J’ai décidé de retirer mon soutien à Mabri jusqu’à nouvel ordre. Je ne ferai plus ce que je faisais pour lui. Je lui donnais mon appui politique, mon soutien moral et financier. Mais j’ai constaté qu’il n’en faisait pas bon usage et c’est pour cela que le parti se porte mal», s’est-il justifié depuis Man. Autres griefs évoqués, la gestion financière du parti avec l’argent que Gbagbo leur aurait donné. Qui veut noyer son chien l’accuse de rage. Dans un parti politique, il y a ce que l’on appelle, la discipline. Et le linge sale, dit-on, se lave en famille. Mais Siki Blon Blaise a préféré laver le sien sur la place publique. Comme lui, et avant lui, d’autres ont évoqué des arguments aussi fallacieux les uns que les autres pour ‘’claquer la porte’’ de la maison qu’ils ont eux-mêmes contribué à construire. Pêle-mêle on peut citer Ani Hilaire Digbeu ancien Conseiller économique et social), Doffou Kechy, Tia Monin (président du Conseil général de Biankouma), Oulé Tia Séraphin (Député) Ahipeaud Martial, Kahé Eric (ancien ministre), Daniel Boni Claverie (ancien ministre), Noutoua Youdé et bien d’autres militants au niveau de la jeunesse dont les Djè Bi Mointy et Bah Jean Enoch (actuel président du CRI). Une chose est cependant curieuse pour tous ceux qui partent de l’UDPCI. Ils ont tous crée des partis politiques et en sont tous les présidents. Certainement pour être financés eux aussi par Gbagbo. Car, en réalité, c’est bel et bien lui qui tire les ficelles de la déstabilisation de la formation politique portée sur les fonts baptismaux par l’ancien chef de la junte militaire au pouvoir de décembre 1999 à octobre 2000. Et comme en politique, tous les coups sont permis, le pouvoir ne fait pas de cadeau à Mabri. C’est sans aucun doute tout cela qui justifie les accusations et autres tentatives de d’audit que l’on entend mener à la Société nationale de transport terrestres (SONATT), qui est une société d’Etat sous la tutelle du ministère des Transports géré par le président de l ‘UDPCI, Albert Mabri Toikeusse. Cette débauche d’énergie contre le parti de Guéi se justifie par une et une seule chose. Le pouvoir veut affaiblir Mabri et son parti, les isoler afin que ceux –ci deviennent fragiles à l’approche des futures élections capitale pour tous les partis. Mais Gbagbo a un problème avec l’ouest montagneux du pays favorable à l’UDPCI. Par ces actions, il entend faire un kyste dans cette région du pays acquise au parti arc-en-ciel afin de jouer sur son terrain. Le faisant, le chef de file des frontistes fait d’une pierre deux coups. Il fragilise non seulement l’UDPCI, mais entend embrouiller le RDR et Le PDCI qui y sont tout aussi solidement implantés. Il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que la bataille pour l’ouest engagée par le parti au pouvoir n’a d’autres buts que des visées électoralistes. Qui a dit qu’en politique, on faisait la passe à l’adversaire?
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET