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Politique Publié le jeudi 9 juillet 2009 | Le Patriote

Après la rencontre RDR-Mangou - Le débat est clos

Comme l’actualité l’a laissé éclater ces derniers jours, le chef d’Etat-major de notre Armée, la traditionnelle Grande muette, est sorti de son supposé mutisme pour élever la voix. Et les dards lâchés par cette voix ont fusé tout droit en direction du président du RDR, Alassane Dramane Ouattara.
Le Général Mangou, profitant d’une de ses habituelles tournées dans les casernes de la capitale économique, a en effet, ouvertement réprimandé le chef de file des Républicains, lui reprochant des propos tenus lors de sa tournée politique dans la Vallée du Bandama. Des propos jugés par l’officier général attentatoires à l’institution militaire dont il a les commandes. «Nous leur demandons d’avoir du respect et de la considération pour les Forces de défense et de sécurité qui œuvrent chaque jour que Dieu fait pour leur sécurité, pour leur permettre de faire campagne comme ils sont en train de le faire », a alors lancé l’hôte des soldats, après une véritable volée de bois vert contre Ouattara qui aurait qualifié, au cours de son meeting de Béoumi, « d’actes honteux et stupides » les bombardements subies par les populations de Bouaké lors de l’opération « Dignité ». Et le CEMA d’enfoncer : « cela ne nous étonne guère (venant de) ceux-là mêmes (qui) sont au cœur de la crise politico-militaire que nous connaissons ». Plus qu’une allusion, l’accusation ainsi portée contre l’ancien Premier ministre ne pouvait que susciter des interrogations au sein de l’opinion : qu’est-ce que Ouattara a vraiment dit au cours de ce meeting pour mériter cette attaque en règle ? S’il l’a vraiment dit ce que lui reproche Mangou, quel intérêt espérait-il en tirer au cours d’une tournée politique qu’il a lui-même placé sous le signe de la réconciliation et la paix ? Pourquoi un homme politique de sa trempe qui, depuis l’entame de ses tournées, de San Pedro à Bouaké en passant par Sassandra, Buyo et autres, Sakassou, Toumodi, etc., a toujours loué le sens du devoir de l’Armée ivoirienne, se mettrait-il, brusquement, à vilipender cette même armée ? Quelle est cette logique qui veut qu’un homme politique qui bat campagne pour devenir le Président de la République et donc chef suprême de l’Armée, se mette à bafouer, outrager et jeter aux orties cette armée ?
En réalité, Ouattara, sans vouloir remuer le couteau dans la plaie des malentendus, qui se sont manifestement aplanis après la rencontre entre le Général et la délégation du RDR (laquelle n’a évidemment rien entrepris sans l’aval du président Ouattara lui-même), n’avait assurément pas l’intention de s’en prendre aux FDS, en tant qu’institution militaire. S’il a dénoncé la destruction du bac de Béoumi, c’est moins l’acte militaire que le manque de volonté politique pour reconstruire cet outil de développement, que le candidat du RDR tenait à condamner. Ce n’est donc pas après les FDS que Ouattara en avait. C’est de l’institution suprême du pays, la Présidence de la République, incarnée par son premier garant dont le devoir régalien est de s’atteler, après une telle crise, à redonner espoir aux populations en dotant, comme dans le cas de Béoumi, d’un nouveau bac les populations sinistrées que le patron des Républicains s’offusquait. Que le chef d’Etat-major de l’armée l’ait pris (au premier degré) en mal, est (presque) normal. L’armée, qui est, par vocation, muette n’aime pas trop entendre son nom de la bouche des civils.
C’est toute la signification qu’il faudra donner à la démarche entreprise, avant-hier, par la haute direction du RDR, dont des membres influents se sont rendus chez le Général Philippe Mangou, afin de lever, avec lui, quelques équivoques nées de certaines incompréhensions. C’est un acte d’une rare humilité dans nos pays en développement, où certains pensent que le compromis et le dialogue sont les armes des faibles.
L’humilité rend invulnérable, disait un auteur. Le RDR s’est, sans aucun doute, inscrit dans cette vérité. Et, visiblement, il n’entend pas entrer, alors là pas du tout, dans des débats aux antipodes de cette valeur. Et comme ce parti se veut humble, il ne fera rien qui puisse être présenté comme dommageable à cette réputation, qu’il veut mettre un point d’honneur à consolider pendant cette ultime phase du processus de sortie de crise. Tout ce qu’il fera donc – n’en déplaise à quelques esprits contrits – entrera dans la droite ligne de sa volonté de faire avancer la Côte d’Ivoire. Il y a donc nécessité de clore ce débat.

KORE EMMANUEL
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