La première pierre du pont de Jacqueville a été posée mercredi dernier par le chef de l’Etat. A grand renfort médiatique, l’événement a été diffusé sur les différents médias nationaux et relayé par la presse écrite. Ainsi, selon les responsables techniques en charge du projet, le pont de Jacqueville sera livré dans vingt quatre mois soit exactement dans deux ans. Cette cérémonie fut l’occasion pour le chef de l’Etat de dire aux habitants de cette ville que l’ancien parti au pouvoir, le PDCI-RDA les a abandonnés depuis le temps colonial. « Oui, habitants de Jacqueville, depuis 1951, vous êtes devenus une presqu’île coupée de l’agglomération abidjanaise dont vous faites normalement partie. Vous avez attendu soixante ans, moi je vous demande d’attendre vingt mois ». Le caractère éminemment électoraliste de la pose de la première pierre de ce pont prend tout son sens. Laurent Gbagbo sait pourquoi, il a attendu à quelques mois de l’élection présidentielle pour donner corps à un projet ficelé depuis sous le Gouvernement ADO en 1990. De toute évidence, le chef de l’Etat ambitionne de tirer des dividendes politiques de ce projet. Le président du Conseil général de Jacqueville, Beugré Népri, en a donné le ton. « Vous avez notre soutien », a-t-il dit à l’endroit d’un Laurent Gbagbo qui n’attendait que cela. Mais entre le rêve et la réalité, il y a un grand pas à franchir. Il y a eu plusieurs premières pierres qui ont été posées sans que les projets ne connaissent un début de réalisation, c’est le cas de l’axe Boundiali-Tengrela dont le bitumage a été annoncé en fanfare en 2008. Et depuis, rien. Le leader des frontistes veut, par ces actions hautement électoralistes, se donner la carapace d’un agent de développement. Et lancer ainsi un message aux ivoiriens selon lequel, il peut développer. Ce qu’il n’a pu faire en neuf ans, malgré toute la richesse de la « Côte d’Ivoire utile » qu’il a gérée. De la pure diversion.
I. B. Kamagaté
I. B. Kamagaté