Les grandes vacances sont là. Les traditionnelles émissions de vacances (Variétoscope, Podium, Wozo, Karaoké…) seront encore au rendez-vous, mais cette fois-ci avec des innovations de taille que nous explique ici M. Issa Sagaré Yeresso, inspecteur général de la RTI. Il parle aussi dans cette interview du fonctionnement de la RTI en cette période pré-électorale et surtout du temps d'antenne accordé aux partis politiques.
Pour ces vacances, quelles sont les émissions que la RTI va proposer aux téléspectateurs et aux auditeurs ?
Nous avons dans notre cahier des charges un certain nombre de missions que nous devons accomplir. Quand on sait que 60 à 65% de la population ivoirienne est composée de jeunes, il est bien évident qu'on ne peut pas ignorer cette frange de la population. Les auditeurs et téléspectateurs auront droit à leurs traditionnelles émissions de vacances. Ces émissions seront boostées par un certains nombres d'innovations que chaque équipe apportera.
Quelles sont ces innovations ?
Je préfère laisser cette tâche aux équipes de production parce qu'elles sont très jalouses de leurs innovations. Il y a une saine émulation. Il y aura du bon produit.
En dehors des émissions classiques que sont Podium, Variétoscope, Karaoké et Wozo, est-ce qu'il y aura d'autres productions?
Je sais que la Tv2 propose une émission très culturelle, très prisée qui s'appelle "Il était une fois". A la radio, il y a beaucoup d'innovations. Mais, c'est à l'intérieur des rubriques qu'il y a des nouveautés. On dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne. Il n'y a aucune salle en Côte d'Ivoire qui peut contenir l'équipe de variétoscope. Ça veut dire que ça marche. Il n'y a aucune salle en Côte d'Ivoire qui peut contenir le public de Wozo. Ça veut dire que ça marche aussi.
Vous commencez quand et quelle cible vise la RTI ?
Il faut savoir simplement que nous avons pris un peu de retard parce que nous sommes obligés de cadrer notre calendrier en fonction des vacances. Nous faisons les présélections quand les vacances ont commencé et nous essayons de faire toutes les finales quand elles prennent fin. Mais cette année, nous sommes dans une contrainte. C'est maintenant que les examens commencent, mais on ne peut pas attendre. On est obligé de faire des présélections et la rentrée, c'est le 14 septembre. Le délai est tel qu'on ne peut pas tenir dans le temps. On est obligé d'aller jusqu'au 30 septembre. Ceci dit, quand on vise la jeunesse, les gens ont tendance à se limiter aux étudiants et élèves. Or, quand vous prenez une émission comme Wozo, ce n'est pas seulement pendant les vacances qu'elle se fait. Wozo se fait toute l'année et ça ne dérange personne. ça s'appelle Awané. C'est en vacances que le nom change. Vous prenez une émission comme "karaoké", mais toute l'année, nous avons des émissions similaires. Il ne faut pas que nous vivions en autarcie. Si la RTI ne fait pendant l'année qu’un type d'émission, mais nous avons nos concurrents qui le font. Et dans les familles, on zappe et on va chez ces chaînes concurrentes extérieures. Il faut donc savoir qu'il y a une frange de jeunesse qui n'est pas forcément scolaire qui est intéressée. Quand vous prenez le concours de "Podium", les ¾ des gens qui participent ne sont pas des étudiants. Ce ne sont pas des élèves. Donc, l'un n'annule pas forcément l'autre. Nous essayons donc de tenir compte de l'avis des autorités pour cadrer avec les vacances. Sinon, notre cible, c'est la jeunesse mais aussi les adultes qui aiment la musique. Cette année, nous avons demandé au producteur délégué, Jean François Aka, dit Jeff Aka, de faire une émission glamour, de prestige. Karaoké sera prestige, glamour.
A vous entendre, la RTI va mettre à la disposition des téléspectateurs et auditeurs de nombreuses émissions. Mais, cela a un coût. Combien allez-vous débourser pour tout cela?
Le coût est très élevé. Je parle sous le contrôle de la direction financière. Je vais me limiter à quatre (04) émissions. Podium, Variétoscope, Wozo et Karaoké nous coûtent au minimum 200 millions de francs Cfa. Et c'est sans compter l'immobilisation du matériel, de l'utilisation du matériel au sol. Sans compter les ressources humaines, les charges sociales parce que quand vous prenez un réalisateur, un animateur, un technicien, un ingénieur, cela a une charge journalière, mensuelle.
Est-ce que la RTI a les moyens d'honorer toutes ces charges ?
Une télévision publique n'a jamais les moyens de sa politique, c'est clair. La télévision coûte cher. Même les télévisions privées en Europe ont une subvention. Mais nous, à la RTI, n'avons pas de subvention.
Comment vous faites alors ?
J'ai l'habitude de dire que quand vous n'avez pas de pétrole, vous devez avoir des idées. Il ne faut pas attendre parce qu'on n'a pas les ressources. On fait appel aux sponsorings, il y a des partenaires qui nous accompagnent. Et vous les découvrirez. Ils nous accompagnent et nous aussi, nous les accompagnons. Il y a le sponsoring, il y a les écrans de publicité classique. Les gens parlent de la redevance Cie. Ce n'est un secret pour personne. Notre PCA, notre DGA chargé des ressources, le DG de la RTI tout, le monde l'a décrié, la redevance, elle ne suffit pas, c'est une goûte d'eau dans un désert. Cette année, il y a de grands groupes industriels qui nous accompagnent, en plus des partenaires de téléphonie mobile.
Ces sponsors vivent grâce à de certains animateurs. Ils s'identifient à eux tout comme les téléspectateurs et les auditeurs. Est-ce que les animateurs qu'on connaît seront là cette année ou alors des changements sont prévus?
Vous venez de vous prendre dans votre propre piège. Ce ne sont pas les sponsors qui s'identifient aux animateurs. Vous avez parlé des animateurs, mais citez l'émission de la RTI. En fait, ce sont des animateurs qui finissent par leur talent par coller leur image à l'émission créée par la RTI. Oui, les mêmes presque seront reconduits puisqu'on ne change pas une équipe qui gagne. Je sais qu'il y a 2 ans, Barthélemy Inabo avait fait part de son désir d'être dans l'encadrement parce qu'à un moment, il se sentait fatigué. Mais, il se rétablit. Il est en pleine forme. Je lui avais dit à l'époque que ça ne se fait pas. On ne peut pas jeter une nouvelle animatrice en pâture. Il faut que vous soyez là pour rattraper, pour corriger certaines inexpériences. Et c'est ce qui s'est passé. Il encadre bien. Quand nous avons repris Podium, la RTI a souhaité que ce soit Didier Bléou. Vous avez vu la finale qu'il vous a donnée, une finale explosive. Wozo, c'est Baba Coul qui l'anime.
Est-ce que Tonton Bouba pourrait revenir?
Je voudrais une fois pour toutes vous dire que Tonton Bouba n'a pas à revenir. Il fait partie intégrante de la RTI, il est personnel de la RTI, il avait pris une mise à disponibilité, c'est tout. Donc, il n'y a pas de problème.
Il y a aussi le cas de Karaoké. On apprend qu'il y aura un changement au niveau de l'animation.
Je voudrais que l'on sache que nous sommes un organe public. Donc, c'est normal qu'on s'intéresse à certaines choses en interne. Mais, je voudrais vous dire qu'en matière de télévision, la RTI tout comme dans les chaînes internationales extérieures, il y a passation de témoin obligatoire. Autrefois, à la RTI, il y avait de grands animateurs. Comme Yves Zogbo, comme Paul Améwé comme Mamadou Berthé, Ahmed Touré. A la télé, vous aviez de grands animateurs, des journalistes comme Mamadou Ben Soumahoro, Serges Pacôme Aoulou et tout près de nous le talentueux Georges Taï Benson. Mais ceux-là, ils ont fait des passages de témoin sans qu'il y ait eu d'interprétations tendancieuses. C'est comme cela que sont apparus Serges Fatoh et Barthélémy Inabo qui sont tous, aujourd'hui, en train de passer petit à petit le témoin. En ce qui concerne Karaoké dont vous parlez, je voudrais vous dire que c'est Christelle Diby qui anime cette année pour des raisons simplement administratives. L'animatrice Dagnogo Christelle est en plein temps dans une entreprise autre que la RTI donc collaboratrice extérieure. Mais, l'administration nous fait savoir qu'à partir des mois d'avril, de mai, et de juin, le conseil d'administration et le comité de direction ont décidé de régulariser la situation d'un certain nombre de catégorie d'employés à la RTI. C'est-à-dire des stagiaires qui ont fait 5 ans, 10 ans ou 3 ans, doivent être régularisés après un test et une présélection. Et ceux qui avaient un contrat de prestation extérieure que nous appelons CDPE, ceux-là passeront un test et les meilleurs seront retenus. Par contre, il y avait des CDPE qui avaient une durée très longue qui d'office, par leur talent aussi, bénéficient d'un contrat à durée indéterminée, donc sont intégrés. Dans cette catégorie, il y avait Christelle Dagnogo. Donc la direction des ressources humaines nous a fait savoir qu'on ne pouvait pas les utiliser. C'est pour cela que nous avons regardé en interne et avons pris Christelle Diby. C'est la chaîne qui l'a proposée sous l'appréciation du Directeur de la première et du Directeur général adjoint chargé de la télévision et surtout, de l'équipe de production. Nous n'intervenons pas dans les choix. On vous fait savoir qu'il y a deux poids deux mesures, mais cela ne relève pas du comité des émissions de vacances. Nous sommes tenus de respecter les règles que l'administration nous dicte.
C'est dire que les émissions ne sont pas la chasse gardée des animateurs?
Pas du tout. Pas du tout! J'avais dit tout à l'heure dit que les animateurs finissent par s'identifier à leur émission c'est vrai. Je prends un exemple. Quand Fulgence Kassy créait Podium, je partageais le même bureau que lui. C'était en 1977. Mais, c'est une idée, c'est un concept. C'est en tant qu'agent de la RTI qu'il a créé cette émission. Vu son talent, ses prestations, je me demande qui aurait pu de son vivant, le remplacer sur Podium. Nul n'est irremplaçable certes, mais de son vivant au moment où il était en pleine forme, qui aurait pu le remplacer ? Par contre, si l'opportunité se présentait, la direction a le droit de regarder à l'extérieur ou à l'intérieur pour voir qui peut mieux faire, sinon faire autant. Il en est de même pour les autres émissions. Ce sont des créations qui sont faites par la RTI. Si, à un moment donné, par un concours de circonstance ou à la demande des téléspectateurs et des auditeurs, il y a nécessité de déplacer, on déplace. Ça ne nous dérange pas.
Il y a cependant une chose qui dérange les téléspectateurs. C'est le sentiment qu'ils ont qu'il y a des combines qui sont faites lors des finales de ces émissions de vacances. Il semble qu'on paye des animateurs pour positionner des groupes. Est-ce que c'est vrai ?
Je ne suis pas sorcier, je ne suis pas magicien. A partir de quelle preuve vous voulez que moi je dise que c'est vrai ou c'est faux. Ce que je sais, c'est que nous prenons toutes les précautions. Depuis que ces émissions existent, il y a des années où on applaudi pour dire que c'est conforme. Il y a des années où c'est décrié effectivement. Quand vous mettez un jury en place, faites lui confiance. Nous, en tant que responsables de la RTI, ne participons pas à la notation. Nous ne faisons pas un test de moralité pour sélectionner les membres du jury. On fait confiance à des gens talentueux dans leurs domaines, des anciens, des doyens, dont la moralité n'est pas mise en cause. Mais, si un jury fait un mauvais classement, il assume. De là à dire que les animateurs influencent les résultats, mais attendez, les animateurs ne participent pas à la notation. Donc, les jurés ont le devoir de défendre leur réputation et de ne pas laisser les animateurs s'immiscer. Les jurés sont autonomes. Une année, nous nous sommes aperçus effectivement que le jury n'était pas à la hauteur. C'était les demi-finales. J'ai changé tout le jury et ça chamboulé les résultats.
Qu'est-ce que la RTI propose cette année aux vainqueurs ?
Il vaut mieux ne pas en parler pour le moment.
Vous êtes inspecteur général à la RTI. Quel est exactement votre mission?
Comme son nom l'indique, je suis Directeur général adjoint chargé de l'inspection générale. Je suis là pour inspecter tout. Tout le service, et c'est ce que j'ai fait depuis qu'on m'a fait l'honneur de me mettre à ce poste. Ca dérange, mais ce n'est pas mon problème. Si j'ai une émission qui m'a été confiée par les autorités, je la fais. Je travaille avec deux (02) inspecteurs et je travaille en collaboration avec la direction de l'audit et du contrôle interne. Par conséquent, nous formons une équipe bien étoffée de 6 à 7 personnes. A la demande soit du directeur général soit du président du conseil d'administration soit du directeur général adjoint chargé des ressources, nous avons fait des misions au sein de tous les services de la RTI. Les rapports sont destinés au directeur général et au président du conseil d'administration. Et il leur appartient de les utiliser.
Selon vous, qu'est-ce qui dérange ? Le personnel vous combat ? Il est contre vous?
Ils ne sont pas contre moi. Qu'ils soient contre moi, ce n'est pas là le problème. Une inspection, ça ne fait jamais plaisir. C'est toujours mal vu en Afrique. L'inspecteur doit être neutre, il doit être objectif. L'inspection, ce n'est pas forcément en défaveur des agents.
A la RTI, des agents se plaignent du fait qu'il y a une certaine combine. Certains agents, par exemple, ne sont pas à la place où il faut. Il y en a qui travaillent plus que d'autre, certains ne viennent pas au travail. Ils font ce qu'ils veulent. On préfère certains à d'autres. Est-ce que vous, en tant qu'inspecteur, avez l'œil sur ces disfonctionnements?
On a l'œil sur ça. Dans une entreprise audiovisuelle, de radio ou de télévision, il y a toujours ce genre de spéculation. Au jour d'aujourd'hui, à la RTI, les agents ont plusieurs instances pour dénoncer ces types d'anomalies s'il en existe. Mais, je vais vous dire qu'ils ont aussi leurs syndicats qui sont autonomes et associés à tous les travaux de la direction générale. Je veux dire que ça ne tient pas debout, ceux qui disent cela, ceux qui tirent au flanc. Nous ne sommes pas dans une administration comme les autres. Tant que tu ne produis pas, tu ne fais pas de reportage en tant que technicien ou comme journaliste, tu perds le métier. Aujourd'hui, l'absentéisme n'a pas sa place à la RTI, parce qu'il y a des fiches de notation individuelle.
Est-ce que la RTI est à la disposition de tous les Ivoiriens ?
Mais, bien sûr! Ne sont satisfaits que ceux qu'un jour de diffusion ne se sont pas retrouvés. Mais, citez un seul cas d'un seul secteur où les Ivoiriens de toutes tendances ne s'expriment pas. Nous avons fait un grand effort. Prenez le journal, vous avez tous les partis politiques qui s'expriment. C'est vrai, à un moment donné de la tension, vous pensez qu'on peut donner l'antenne à tout bout de champ ? Certains venaient même pour interpeller le Président de la République, le Premier ministre ou les ministres comme s’ils étaient leur copain. Et à nous, télévision d'Etat, vous nous demandez de faire ça pendant que vous êtes au chaud dans vos salons, quand nous encaissons le courroux? Progressivement, nous avons géré l'antenne d'une manière responsable. Nous sommes partis d'abord d'une sélection. Ensuite, comme les hommes politiques de toutes les tendances ne voulaient pas entendre raison, nous avons fait des reportages muets. Quand ils vont s'insulter dans les meetings, nous ne sommes pas obligés de les passer. Nous assumons. Après, ils sont allés se plaindre dans les instances de régulation. Le CNCA nous a interpellés, nous avons dit "oui s'ils prennent la responsabilité d'avoir des langages corrects et s'ils acceptent que le reporter fasse des passages qui font l'unité et qui ne font pas cas d'insulte ou d'appel au soulèvement alors, nous passons. "Je crois que cela a porté. En même temps, nous avons mis en garde les reporters. Vous pouvez aller sur un meeting, les hommes politiques sont libres de dire ce qu'ils veulent mais vous n'êtes pas obligés de rapporter cela à l'antenne. Vous devez rapporter tout ce qui va dans le sens du rassemblement, de l'unité, de la cohésion, de la construction, de la paix et de la réconciliation. Je sais qu'il y a un leader politique qui s'est plaint parce que nous faisons un reportage PDCI, un reportage FPI, un reportage RDR, un reportage MFA, mais c'est dans le sens de l'équilibre. Maintenant, certains nous interpellent pour dire que nous faisons trop pour le Président de la République. Mais non. Les règles de l'audiovisuel sont claires là-dessus. Il y a la loi des trois tiers. Il y a 1/3 pour le président, 1/3 pour le parlement, 1/3 pour le gouvernement. Mais, le Président de la République dans l'exercice de ses fonctions, nous sommes obligés et nous avons le devoir de le suivre. Sortons de ce cadre et considérons que nous sommes une télévision au service de l'Etat. Quand le président Félix Houphouët-Boigny était au pouvoir, la télévision n'était pas à son service ? Si on avait même la photo plus les citations, la pensée du jour, est-ce qu'on ne faisait pas des éditos, des éditions spéciales ? Il arrivait même qu'on arrêtait le journal pour attendre Joseph Diomandé. On a progressé. Lorsque le président Henri Konan Bédié est venu, la RTI était à son service. Personne ne peut le nier. Lorsque Guéï Robert est venu, on n'avait pas le choix (rire). C'était obligatoire, il n'y avait pas à discuter. Aujourd'hui, avec le président Gbagbo, on se permet même de réduire, de synthétiser. Mais, on n'a jamais d'instruction de qui que ce soit. Nous-mêmes, devons montrer que nous sommes des professionnels. Donc, la télévision est à la disposition de tout le monde. Nous faisons des émissions de débat. Chacun vient et s'exprime. Mais, quand il s'exprime, après, on accuse le journaliste. Pourquoi refusons-nous qu'on accuse le journaliste ? Celui qui vient sur le plateau est responsable de ce qu'il dit. Qu'il assume. Le débat existe mais quand vous invitez les hommes politiques tant dans l'opposition que dans le pouvoir. Ils veulent qu'on les caresse dans le sens du poil. Ce n'est pas de la télévision, ce n'est pas du débat. Ce n'est pas instructif. Il n'y a pas de tendance qu'on n'a pas invitée. Ils ont le devoir de venir s'expliquer sur la gestion.
L'année dernière, vous avez été accusé de malversations, de détournements. Jusque-là, vous vous êtes tu sur cette question. Est-ce qu'on peut savoir ce qui s'est passé exactement ?
Je pense que votre journal dans cette affaire a fait un travail objectif. Voyez-vous, quand vous confiez tout à Dieu, quand les gens veulent vous faire du tort, du mal, quand vous laissez à Dieu et que Dieu fait votre palabre, est-ce qu'on a besoin de remuer le couteau dans la plaie ? Dans un pays organisé, est-ce que vous pensez que quelqu'un qui fait ces choses on peut lui confier des responsabilités ? Moi, dès l'instant où les plus hautes autorités de ce pays m'ont dit de ne pas répondre, est-ce que vous m'avez vu répondre ? Non ! Mon DG me dit de ne pas répondre, mon PCA me dit : "ne réponds pas nous avons tous les documents mets toi au travail". Mon ministre dit : "Prends de la hauteur, ne sois pas rancunier, travaille, c'est le travail seul qui paye." A ceux qui ont fait cela par méchanceté, je pardonne sans oublier. Je me mets au travail je pardonne. Ils ont fait cela pour des raisons de poste, parce qu'à l'époque j'étais le seul DGA chargé des antennes et des infrastructures techniques. Aujourd'hui, le poste est divisé en quatre (04). Nous sommes quatre (04) directeurs généraux adjoints mais, est-ce qu'on a besoin d'aller jusque là pour atteindre la dignité de quelqu'un ? Je crois que non. Il faut laisser ceux qui ont fait ces diffamations. On est là, on se regarde. Laissons tout cela et travaillons. Les responsables m'ont confié des missions. Et ces missions nous sommes en train de les accomplir, avec l'aide de M. Brou Amessan. Quand nous venions à ces postes-là, la RTI n'était pas sur satellite. On ne passait dans aucun bouquet pendant que des pays qui sont économiquement et politiquement moins nantis que nous sont sur satellite, sont dans les bouquets. J'ai demandé à mon directeur général de me confier ce projet et il qui m'a fait confiance. Et nous sommes partis, nous avons pris notre bâton de pèlerin. Aujourd'hui, là RTI est dans le bouquet de canal + Horizon. La RTI est vue aux USA, en Asie aujourd'hui. La RTI est dans le bouquet africain en Europe. La RTI est vue sur 9, la RTI sera bientôt sur le bouquet orange. Vous savez ce que ça fait. On n'était en crise. Pour monter sur le bouquet, cela été une bataille rude. On a été combattu, très combattu, mais aujourd'hui cela a permis de faire prendre conscience à l'extérieur que l'on s'était trompé la Côte d'Ivoire. Les vraies images de la Côte d'Ivoire, les vraies activités sont vues. Dans cette affaire, ça aurait été quelqu'un d'autre, il se serait découragé. Quand vous faites quelque chose avec de bonnes intentions, Dieu vous protège. Dieu vous sauve. C'est une question de conscience professionnelle. Cet appareil là, le Bénin en a, le Togo en a, le Libéria en a, le Ghana en possède et la Côte d'IVoire n'en a pas. Je suis nommé Directeur général adjoint chargé des antennes et des infrastructures techniques. Cet appareil, la RTI le louait aux pays que je viens de citer. Vous trouvez cela normale ? Mais, la fierté ivoirienne en prend un coup. A l'occasion d'un enregistrement j'aborde le Président de la République. Mais je ne l'ai pas fais sous l'autorisation de mon Directeur général. Nous sommes partis avec une facture proformat qui a été validée par les différents responsables. Mais les gens pensent qu'on remet l'argent comme ça. Cet appareil, je peux vous dire, pour ne pas rentrer dans les détails, est venu tout neuf. Il est là et c'est ça qu'on a utilisé pour le sommet des 77 plus la Chine. C'est ça qu'on a utilisé pour les visites du Président de la République. Les appareils sont là. Rien n'a été détourné. Le plus important, on l'utilise actuellement et moi, c'est ma satisfaction.
Interview réalisée par Djè K. M
Pour ces vacances, quelles sont les émissions que la RTI va proposer aux téléspectateurs et aux auditeurs ?
Nous avons dans notre cahier des charges un certain nombre de missions que nous devons accomplir. Quand on sait que 60 à 65% de la population ivoirienne est composée de jeunes, il est bien évident qu'on ne peut pas ignorer cette frange de la population. Les auditeurs et téléspectateurs auront droit à leurs traditionnelles émissions de vacances. Ces émissions seront boostées par un certains nombres d'innovations que chaque équipe apportera.
Quelles sont ces innovations ?
Je préfère laisser cette tâche aux équipes de production parce qu'elles sont très jalouses de leurs innovations. Il y a une saine émulation. Il y aura du bon produit.
En dehors des émissions classiques que sont Podium, Variétoscope, Karaoké et Wozo, est-ce qu'il y aura d'autres productions?
Je sais que la Tv2 propose une émission très culturelle, très prisée qui s'appelle "Il était une fois". A la radio, il y a beaucoup d'innovations. Mais, c'est à l'intérieur des rubriques qu'il y a des nouveautés. On dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne. Il n'y a aucune salle en Côte d'Ivoire qui peut contenir l'équipe de variétoscope. Ça veut dire que ça marche. Il n'y a aucune salle en Côte d'Ivoire qui peut contenir le public de Wozo. Ça veut dire que ça marche aussi.
Vous commencez quand et quelle cible vise la RTI ?
Il faut savoir simplement que nous avons pris un peu de retard parce que nous sommes obligés de cadrer notre calendrier en fonction des vacances. Nous faisons les présélections quand les vacances ont commencé et nous essayons de faire toutes les finales quand elles prennent fin. Mais cette année, nous sommes dans une contrainte. C'est maintenant que les examens commencent, mais on ne peut pas attendre. On est obligé de faire des présélections et la rentrée, c'est le 14 septembre. Le délai est tel qu'on ne peut pas tenir dans le temps. On est obligé d'aller jusqu'au 30 septembre. Ceci dit, quand on vise la jeunesse, les gens ont tendance à se limiter aux étudiants et élèves. Or, quand vous prenez une émission comme Wozo, ce n'est pas seulement pendant les vacances qu'elle se fait. Wozo se fait toute l'année et ça ne dérange personne. ça s'appelle Awané. C'est en vacances que le nom change. Vous prenez une émission comme "karaoké", mais toute l'année, nous avons des émissions similaires. Il ne faut pas que nous vivions en autarcie. Si la RTI ne fait pendant l'année qu’un type d'émission, mais nous avons nos concurrents qui le font. Et dans les familles, on zappe et on va chez ces chaînes concurrentes extérieures. Il faut donc savoir qu'il y a une frange de jeunesse qui n'est pas forcément scolaire qui est intéressée. Quand vous prenez le concours de "Podium", les ¾ des gens qui participent ne sont pas des étudiants. Ce ne sont pas des élèves. Donc, l'un n'annule pas forcément l'autre. Nous essayons donc de tenir compte de l'avis des autorités pour cadrer avec les vacances. Sinon, notre cible, c'est la jeunesse mais aussi les adultes qui aiment la musique. Cette année, nous avons demandé au producteur délégué, Jean François Aka, dit Jeff Aka, de faire une émission glamour, de prestige. Karaoké sera prestige, glamour.
A vous entendre, la RTI va mettre à la disposition des téléspectateurs et auditeurs de nombreuses émissions. Mais, cela a un coût. Combien allez-vous débourser pour tout cela?
Le coût est très élevé. Je parle sous le contrôle de la direction financière. Je vais me limiter à quatre (04) émissions. Podium, Variétoscope, Wozo et Karaoké nous coûtent au minimum 200 millions de francs Cfa. Et c'est sans compter l'immobilisation du matériel, de l'utilisation du matériel au sol. Sans compter les ressources humaines, les charges sociales parce que quand vous prenez un réalisateur, un animateur, un technicien, un ingénieur, cela a une charge journalière, mensuelle.
Est-ce que la RTI a les moyens d'honorer toutes ces charges ?
Une télévision publique n'a jamais les moyens de sa politique, c'est clair. La télévision coûte cher. Même les télévisions privées en Europe ont une subvention. Mais nous, à la RTI, n'avons pas de subvention.
Comment vous faites alors ?
J'ai l'habitude de dire que quand vous n'avez pas de pétrole, vous devez avoir des idées. Il ne faut pas attendre parce qu'on n'a pas les ressources. On fait appel aux sponsorings, il y a des partenaires qui nous accompagnent. Et vous les découvrirez. Ils nous accompagnent et nous aussi, nous les accompagnons. Il y a le sponsoring, il y a les écrans de publicité classique. Les gens parlent de la redevance Cie. Ce n'est un secret pour personne. Notre PCA, notre DGA chargé des ressources, le DG de la RTI tout, le monde l'a décrié, la redevance, elle ne suffit pas, c'est une goûte d'eau dans un désert. Cette année, il y a de grands groupes industriels qui nous accompagnent, en plus des partenaires de téléphonie mobile.
Ces sponsors vivent grâce à de certains animateurs. Ils s'identifient à eux tout comme les téléspectateurs et les auditeurs. Est-ce que les animateurs qu'on connaît seront là cette année ou alors des changements sont prévus?
Vous venez de vous prendre dans votre propre piège. Ce ne sont pas les sponsors qui s'identifient aux animateurs. Vous avez parlé des animateurs, mais citez l'émission de la RTI. En fait, ce sont des animateurs qui finissent par leur talent par coller leur image à l'émission créée par la RTI. Oui, les mêmes presque seront reconduits puisqu'on ne change pas une équipe qui gagne. Je sais qu'il y a 2 ans, Barthélemy Inabo avait fait part de son désir d'être dans l'encadrement parce qu'à un moment, il se sentait fatigué. Mais, il se rétablit. Il est en pleine forme. Je lui avais dit à l'époque que ça ne se fait pas. On ne peut pas jeter une nouvelle animatrice en pâture. Il faut que vous soyez là pour rattraper, pour corriger certaines inexpériences. Et c'est ce qui s'est passé. Il encadre bien. Quand nous avons repris Podium, la RTI a souhaité que ce soit Didier Bléou. Vous avez vu la finale qu'il vous a donnée, une finale explosive. Wozo, c'est Baba Coul qui l'anime.
Est-ce que Tonton Bouba pourrait revenir?
Je voudrais une fois pour toutes vous dire que Tonton Bouba n'a pas à revenir. Il fait partie intégrante de la RTI, il est personnel de la RTI, il avait pris une mise à disponibilité, c'est tout. Donc, il n'y a pas de problème.
Il y a aussi le cas de Karaoké. On apprend qu'il y aura un changement au niveau de l'animation.
Je voudrais que l'on sache que nous sommes un organe public. Donc, c'est normal qu'on s'intéresse à certaines choses en interne. Mais, je voudrais vous dire qu'en matière de télévision, la RTI tout comme dans les chaînes internationales extérieures, il y a passation de témoin obligatoire. Autrefois, à la RTI, il y avait de grands animateurs. Comme Yves Zogbo, comme Paul Améwé comme Mamadou Berthé, Ahmed Touré. A la télé, vous aviez de grands animateurs, des journalistes comme Mamadou Ben Soumahoro, Serges Pacôme Aoulou et tout près de nous le talentueux Georges Taï Benson. Mais ceux-là, ils ont fait des passages de témoin sans qu'il y ait eu d'interprétations tendancieuses. C'est comme cela que sont apparus Serges Fatoh et Barthélémy Inabo qui sont tous, aujourd'hui, en train de passer petit à petit le témoin. En ce qui concerne Karaoké dont vous parlez, je voudrais vous dire que c'est Christelle Diby qui anime cette année pour des raisons simplement administratives. L'animatrice Dagnogo Christelle est en plein temps dans une entreprise autre que la RTI donc collaboratrice extérieure. Mais, l'administration nous fait savoir qu'à partir des mois d'avril, de mai, et de juin, le conseil d'administration et le comité de direction ont décidé de régulariser la situation d'un certain nombre de catégorie d'employés à la RTI. C'est-à-dire des stagiaires qui ont fait 5 ans, 10 ans ou 3 ans, doivent être régularisés après un test et une présélection. Et ceux qui avaient un contrat de prestation extérieure que nous appelons CDPE, ceux-là passeront un test et les meilleurs seront retenus. Par contre, il y avait des CDPE qui avaient une durée très longue qui d'office, par leur talent aussi, bénéficient d'un contrat à durée indéterminée, donc sont intégrés. Dans cette catégorie, il y avait Christelle Dagnogo. Donc la direction des ressources humaines nous a fait savoir qu'on ne pouvait pas les utiliser. C'est pour cela que nous avons regardé en interne et avons pris Christelle Diby. C'est la chaîne qui l'a proposée sous l'appréciation du Directeur de la première et du Directeur général adjoint chargé de la télévision et surtout, de l'équipe de production. Nous n'intervenons pas dans les choix. On vous fait savoir qu'il y a deux poids deux mesures, mais cela ne relève pas du comité des émissions de vacances. Nous sommes tenus de respecter les règles que l'administration nous dicte.
C'est dire que les émissions ne sont pas la chasse gardée des animateurs?
Pas du tout. Pas du tout! J'avais dit tout à l'heure dit que les animateurs finissent par s'identifier à leur émission c'est vrai. Je prends un exemple. Quand Fulgence Kassy créait Podium, je partageais le même bureau que lui. C'était en 1977. Mais, c'est une idée, c'est un concept. C'est en tant qu'agent de la RTI qu'il a créé cette émission. Vu son talent, ses prestations, je me demande qui aurait pu de son vivant, le remplacer sur Podium. Nul n'est irremplaçable certes, mais de son vivant au moment où il était en pleine forme, qui aurait pu le remplacer ? Par contre, si l'opportunité se présentait, la direction a le droit de regarder à l'extérieur ou à l'intérieur pour voir qui peut mieux faire, sinon faire autant. Il en est de même pour les autres émissions. Ce sont des créations qui sont faites par la RTI. Si, à un moment donné, par un concours de circonstance ou à la demande des téléspectateurs et des auditeurs, il y a nécessité de déplacer, on déplace. Ça ne nous dérange pas.
Il y a cependant une chose qui dérange les téléspectateurs. C'est le sentiment qu'ils ont qu'il y a des combines qui sont faites lors des finales de ces émissions de vacances. Il semble qu'on paye des animateurs pour positionner des groupes. Est-ce que c'est vrai ?
Je ne suis pas sorcier, je ne suis pas magicien. A partir de quelle preuve vous voulez que moi je dise que c'est vrai ou c'est faux. Ce que je sais, c'est que nous prenons toutes les précautions. Depuis que ces émissions existent, il y a des années où on applaudi pour dire que c'est conforme. Il y a des années où c'est décrié effectivement. Quand vous mettez un jury en place, faites lui confiance. Nous, en tant que responsables de la RTI, ne participons pas à la notation. Nous ne faisons pas un test de moralité pour sélectionner les membres du jury. On fait confiance à des gens talentueux dans leurs domaines, des anciens, des doyens, dont la moralité n'est pas mise en cause. Mais, si un jury fait un mauvais classement, il assume. De là à dire que les animateurs influencent les résultats, mais attendez, les animateurs ne participent pas à la notation. Donc, les jurés ont le devoir de défendre leur réputation et de ne pas laisser les animateurs s'immiscer. Les jurés sont autonomes. Une année, nous nous sommes aperçus effectivement que le jury n'était pas à la hauteur. C'était les demi-finales. J'ai changé tout le jury et ça chamboulé les résultats.
Qu'est-ce que la RTI propose cette année aux vainqueurs ?
Il vaut mieux ne pas en parler pour le moment.
Vous êtes inspecteur général à la RTI. Quel est exactement votre mission?
Comme son nom l'indique, je suis Directeur général adjoint chargé de l'inspection générale. Je suis là pour inspecter tout. Tout le service, et c'est ce que j'ai fait depuis qu'on m'a fait l'honneur de me mettre à ce poste. Ca dérange, mais ce n'est pas mon problème. Si j'ai une émission qui m'a été confiée par les autorités, je la fais. Je travaille avec deux (02) inspecteurs et je travaille en collaboration avec la direction de l'audit et du contrôle interne. Par conséquent, nous formons une équipe bien étoffée de 6 à 7 personnes. A la demande soit du directeur général soit du président du conseil d'administration soit du directeur général adjoint chargé des ressources, nous avons fait des misions au sein de tous les services de la RTI. Les rapports sont destinés au directeur général et au président du conseil d'administration. Et il leur appartient de les utiliser.
Selon vous, qu'est-ce qui dérange ? Le personnel vous combat ? Il est contre vous?
Ils ne sont pas contre moi. Qu'ils soient contre moi, ce n'est pas là le problème. Une inspection, ça ne fait jamais plaisir. C'est toujours mal vu en Afrique. L'inspecteur doit être neutre, il doit être objectif. L'inspection, ce n'est pas forcément en défaveur des agents.
A la RTI, des agents se plaignent du fait qu'il y a une certaine combine. Certains agents, par exemple, ne sont pas à la place où il faut. Il y en a qui travaillent plus que d'autre, certains ne viennent pas au travail. Ils font ce qu'ils veulent. On préfère certains à d'autres. Est-ce que vous, en tant qu'inspecteur, avez l'œil sur ces disfonctionnements?
On a l'œil sur ça. Dans une entreprise audiovisuelle, de radio ou de télévision, il y a toujours ce genre de spéculation. Au jour d'aujourd'hui, à la RTI, les agents ont plusieurs instances pour dénoncer ces types d'anomalies s'il en existe. Mais, je vais vous dire qu'ils ont aussi leurs syndicats qui sont autonomes et associés à tous les travaux de la direction générale. Je veux dire que ça ne tient pas debout, ceux qui disent cela, ceux qui tirent au flanc. Nous ne sommes pas dans une administration comme les autres. Tant que tu ne produis pas, tu ne fais pas de reportage en tant que technicien ou comme journaliste, tu perds le métier. Aujourd'hui, l'absentéisme n'a pas sa place à la RTI, parce qu'il y a des fiches de notation individuelle.
Est-ce que la RTI est à la disposition de tous les Ivoiriens ?
Mais, bien sûr! Ne sont satisfaits que ceux qu'un jour de diffusion ne se sont pas retrouvés. Mais, citez un seul cas d'un seul secteur où les Ivoiriens de toutes tendances ne s'expriment pas. Nous avons fait un grand effort. Prenez le journal, vous avez tous les partis politiques qui s'expriment. C'est vrai, à un moment donné de la tension, vous pensez qu'on peut donner l'antenne à tout bout de champ ? Certains venaient même pour interpeller le Président de la République, le Premier ministre ou les ministres comme s’ils étaient leur copain. Et à nous, télévision d'Etat, vous nous demandez de faire ça pendant que vous êtes au chaud dans vos salons, quand nous encaissons le courroux? Progressivement, nous avons géré l'antenne d'une manière responsable. Nous sommes partis d'abord d'une sélection. Ensuite, comme les hommes politiques de toutes les tendances ne voulaient pas entendre raison, nous avons fait des reportages muets. Quand ils vont s'insulter dans les meetings, nous ne sommes pas obligés de les passer. Nous assumons. Après, ils sont allés se plaindre dans les instances de régulation. Le CNCA nous a interpellés, nous avons dit "oui s'ils prennent la responsabilité d'avoir des langages corrects et s'ils acceptent que le reporter fasse des passages qui font l'unité et qui ne font pas cas d'insulte ou d'appel au soulèvement alors, nous passons. "Je crois que cela a porté. En même temps, nous avons mis en garde les reporters. Vous pouvez aller sur un meeting, les hommes politiques sont libres de dire ce qu'ils veulent mais vous n'êtes pas obligés de rapporter cela à l'antenne. Vous devez rapporter tout ce qui va dans le sens du rassemblement, de l'unité, de la cohésion, de la construction, de la paix et de la réconciliation. Je sais qu'il y a un leader politique qui s'est plaint parce que nous faisons un reportage PDCI, un reportage FPI, un reportage RDR, un reportage MFA, mais c'est dans le sens de l'équilibre. Maintenant, certains nous interpellent pour dire que nous faisons trop pour le Président de la République. Mais non. Les règles de l'audiovisuel sont claires là-dessus. Il y a la loi des trois tiers. Il y a 1/3 pour le président, 1/3 pour le parlement, 1/3 pour le gouvernement. Mais, le Président de la République dans l'exercice de ses fonctions, nous sommes obligés et nous avons le devoir de le suivre. Sortons de ce cadre et considérons que nous sommes une télévision au service de l'Etat. Quand le président Félix Houphouët-Boigny était au pouvoir, la télévision n'était pas à son service ? Si on avait même la photo plus les citations, la pensée du jour, est-ce qu'on ne faisait pas des éditos, des éditions spéciales ? Il arrivait même qu'on arrêtait le journal pour attendre Joseph Diomandé. On a progressé. Lorsque le président Henri Konan Bédié est venu, la RTI était à son service. Personne ne peut le nier. Lorsque Guéï Robert est venu, on n'avait pas le choix (rire). C'était obligatoire, il n'y avait pas à discuter. Aujourd'hui, avec le président Gbagbo, on se permet même de réduire, de synthétiser. Mais, on n'a jamais d'instruction de qui que ce soit. Nous-mêmes, devons montrer que nous sommes des professionnels. Donc, la télévision est à la disposition de tout le monde. Nous faisons des émissions de débat. Chacun vient et s'exprime. Mais, quand il s'exprime, après, on accuse le journaliste. Pourquoi refusons-nous qu'on accuse le journaliste ? Celui qui vient sur le plateau est responsable de ce qu'il dit. Qu'il assume. Le débat existe mais quand vous invitez les hommes politiques tant dans l'opposition que dans le pouvoir. Ils veulent qu'on les caresse dans le sens du poil. Ce n'est pas de la télévision, ce n'est pas du débat. Ce n'est pas instructif. Il n'y a pas de tendance qu'on n'a pas invitée. Ils ont le devoir de venir s'expliquer sur la gestion.
L'année dernière, vous avez été accusé de malversations, de détournements. Jusque-là, vous vous êtes tu sur cette question. Est-ce qu'on peut savoir ce qui s'est passé exactement ?
Je pense que votre journal dans cette affaire a fait un travail objectif. Voyez-vous, quand vous confiez tout à Dieu, quand les gens veulent vous faire du tort, du mal, quand vous laissez à Dieu et que Dieu fait votre palabre, est-ce qu'on a besoin de remuer le couteau dans la plaie ? Dans un pays organisé, est-ce que vous pensez que quelqu'un qui fait ces choses on peut lui confier des responsabilités ? Moi, dès l'instant où les plus hautes autorités de ce pays m'ont dit de ne pas répondre, est-ce que vous m'avez vu répondre ? Non ! Mon DG me dit de ne pas répondre, mon PCA me dit : "ne réponds pas nous avons tous les documents mets toi au travail". Mon ministre dit : "Prends de la hauteur, ne sois pas rancunier, travaille, c'est le travail seul qui paye." A ceux qui ont fait cela par méchanceté, je pardonne sans oublier. Je me mets au travail je pardonne. Ils ont fait cela pour des raisons de poste, parce qu'à l'époque j'étais le seul DGA chargé des antennes et des infrastructures techniques. Aujourd'hui, le poste est divisé en quatre (04). Nous sommes quatre (04) directeurs généraux adjoints mais, est-ce qu'on a besoin d'aller jusque là pour atteindre la dignité de quelqu'un ? Je crois que non. Il faut laisser ceux qui ont fait ces diffamations. On est là, on se regarde. Laissons tout cela et travaillons. Les responsables m'ont confié des missions. Et ces missions nous sommes en train de les accomplir, avec l'aide de M. Brou Amessan. Quand nous venions à ces postes-là, la RTI n'était pas sur satellite. On ne passait dans aucun bouquet pendant que des pays qui sont économiquement et politiquement moins nantis que nous sont sur satellite, sont dans les bouquets. J'ai demandé à mon directeur général de me confier ce projet et il qui m'a fait confiance. Et nous sommes partis, nous avons pris notre bâton de pèlerin. Aujourd'hui, là RTI est dans le bouquet de canal + Horizon. La RTI est vue aux USA, en Asie aujourd'hui. La RTI est dans le bouquet africain en Europe. La RTI est vue sur 9, la RTI sera bientôt sur le bouquet orange. Vous savez ce que ça fait. On n'était en crise. Pour monter sur le bouquet, cela été une bataille rude. On a été combattu, très combattu, mais aujourd'hui cela a permis de faire prendre conscience à l'extérieur que l'on s'était trompé la Côte d'Ivoire. Les vraies images de la Côte d'Ivoire, les vraies activités sont vues. Dans cette affaire, ça aurait été quelqu'un d'autre, il se serait découragé. Quand vous faites quelque chose avec de bonnes intentions, Dieu vous protège. Dieu vous sauve. C'est une question de conscience professionnelle. Cet appareil là, le Bénin en a, le Togo en a, le Libéria en a, le Ghana en possède et la Côte d'IVoire n'en a pas. Je suis nommé Directeur général adjoint chargé des antennes et des infrastructures techniques. Cet appareil, la RTI le louait aux pays que je viens de citer. Vous trouvez cela normale ? Mais, la fierté ivoirienne en prend un coup. A l'occasion d'un enregistrement j'aborde le Président de la République. Mais je ne l'ai pas fais sous l'autorisation de mon Directeur général. Nous sommes partis avec une facture proformat qui a été validée par les différents responsables. Mais les gens pensent qu'on remet l'argent comme ça. Cet appareil, je peux vous dire, pour ne pas rentrer dans les détails, est venu tout neuf. Il est là et c'est ça qu'on a utilisé pour le sommet des 77 plus la Chine. C'est ça qu'on a utilisé pour les visites du Président de la République. Les appareils sont là. Rien n'a été détourné. Le plus important, on l'utilise actuellement et moi, c'est ma satisfaction.
Interview réalisée par Djè K. M