Le procès tant attendu du drame du 29 mars au stade Félix Houphouët Boigny a finalement débuté hier. Une bousculade avait provoqué la mort de 20 personnes et causé 132 blessés avant le début du match Côte d’Ivoire-Malawi. Vendredi, 9 prévenus ont comparu à la barre. Parmi eux, seulement trois ont été entendus. Il s’agit de Anzouan Kacou, le président du comité d’organisation des compétitions de la Fédération ivoirienne de football (Fif), Aka Fostin, l’imprimeur des tickets et Beugré Ando, le comptable de cette structure. Les débats ont débutés à 10h, dans une salle archicomble composée de parents des prévenus, des proches des victimes et des témoins. Sur 110 témoins en tout, 3 étaient présents. Les avocats de la défense étaient une dizaine. Le premier appelé à la barre est Anzouan Kacou. Vêtu d’une chemise de couleur beige et d’un pantalon Jeans, le président du comité d’organisation commence son audition par cette phrase : « Je voudrais avoir une pensée pieuse pour les victimes du drame du 29 mars ». Ensuite, Anzoua réfute les accusations d’homicide, coups et blessures involontaires, de complicité d’escroquerie et de faux et usage de faux. Il relève avoir eu des maladresses et quelques imprudences dans l’organisation du match Côte d’Ivoire-Malawi. Le procureur Diakité commence le procès par la billetterie. « 33.894 billets dont 2.298 cartes d’invitation ont été produits pour le match», affirme Anzouan. Le procureur lui rappelle alors ses premières déclarations sur une chaîne de radio internationale qui annonçaient 31.616 tickets. « J’étais paniqué, monsieur le procureur », avoue le prévenu. Avant de préciser qu’il a même fait faire un bon antidaté à Ics, la structure qui a posé les stickers sur les tickets. Cela dans le but d’harmoniser les chiffres. De même, il a fait établir par Aka Fostin une fausse facture proformat sur les tickets du match, après le drame. Facture qui a été validé par le comptable de la Fif. Sur ce point, Ando Beugré, le comptable de la Fif, qui a aidé Anzouan à établir les fausses factures note que l’ordre venait du Directeur général par intérim, Koné Ardiourma. Car, il fallait être en règle pour affronter les enquêteurs. La facture établie après le 29 mars mentionnait la date du 16 mars. En réalité, reconnaît Anzoua, il passait toutes ses commandes au téléphone. Aucun document ! Le procureur notera qu’Anzouan et Aka ont omis les documents dans leurs clauses pour pouvoir frauder sans preuve. Fraude qui a entraîné des morts. Quand le juge et le procureur insistent sur le nombre de tickets produits, Aka et Anzouan qui se tiennent à la barre avancent 33.894 tickets. Mais, il y a eu en réalité 37.000 tickets, rappelle le procureur. Comment cela se fait-il ? Anzouan note qu’il n’en sait rien cette responsabilité incombe à Aka, l’ « imprimeur ». Le procureur rappelle alors que lorsque qu’Aka a été appréhendé par les enquêteurs, il envoyait un message à M. Loba, le véritable imprimeur avec qui il sous-traitait. Le message demandait à Loba de détruire les plaques d’imprimerie pour effacer toute trace de fraude. Mais, les enquêteurs interceptent le message. Ils empêchent Loba de détruire les plaques en question. Ce sont ces preuves qui leur permettront de découvrir le chiffre de 37.000 tickets. Les tickets produit par Loba, sous la demande d’Aka sont composés comme suit: 24.000 tickets pour le virage A et B, 8.000 tickets pour le latéral A et B, 3.000 tickets pou la tribune lagunaire et 1.000 cartes d’invitation. Aka lui-même a produit 1.000 autres cartes d’invitation. Entre 33.894 et 37.000, il y a environ 3.000 tickets. Où est passé le surplus de tickets ? « Je les ai détruits », soutient mordicus Aka. Les preuves ? Le prévenus n’en a aucune. Le procureur en déduira qu’ils ont été mis en circulation. Concernant la facture produite par Aka, il précise qu’elle était de 1,896 millions de Fcfa. Une surfacturation qui ne justifiait pas le travail d’Aka. Selon Anzouan, cette surfacturation est due à des pertes qu’Aka aurait subies. Aka, lui, infirme ces propos. Anzouan, dit-il, lui a demandé d’établir une facture qui n’excéderait pas 2 millions de Fcfa. En outre, Aka pouvait écrire n’importe quel chiffre sur sa facture qui parte de 5 Fcfa à 2 millions de Fcfa. Après les calculs, on a découvert qu’en réalité, la facture ne faisait que 981.000 Fcfa. A la question de savoir comment il s’était fait passer pour un imprimeur et pour obtenir les marchés de la Fif. Aka répond : « Depuis 2008, j’ai été présenté à Anzouan par un commissaire ». C’est sur cette base que le contact a été établi. Quand on demande à Anzouan s’il savait qu’Aka n’était qu’un sous-traitant. Réponse : « Non ». Il n’a jamais mis les pieds dans le bureau d’Aka. « Mais, vu la qualité de son travail, j’estime qu’il est imprimeur », soutient-t-il.
Volet sécuritaire. Lors du match Côte d’Ivoire-Malawi, Anzouan note qu’à la réunion sécuritaire de la veille, les policiers ont vu un spécimen des tickets d’entrée. Mais, il ne leur a donné aucun spécimen. Quand on lui demande de décrire le ticket, il est confus. « Comment, reprend, le procureur, les policiers qui non pas reçu de spécimen, pouvaient reconnaître les faux tickets des vrais, alors que lui-même, ne se souvient même plus des couleurs », ajoute-t-il. Pour lui, cette défaillance est l’une des causes qui ont favorisé l’entrée au stade de plusieurs personnes munis de faux tickets. Les débats reprennent mardi.
Raphaël Tanoh
Volet sécuritaire. Lors du match Côte d’Ivoire-Malawi, Anzouan note qu’à la réunion sécuritaire de la veille, les policiers ont vu un spécimen des tickets d’entrée. Mais, il ne leur a donné aucun spécimen. Quand on lui demande de décrire le ticket, il est confus. « Comment, reprend, le procureur, les policiers qui non pas reçu de spécimen, pouvaient reconnaître les faux tickets des vrais, alors que lui-même, ne se souvient même plus des couleurs », ajoute-t-il. Pour lui, cette défaillance est l’une des causes qui ont favorisé l’entrée au stade de plusieurs personnes munis de faux tickets. Les débats reprennent mardi.
Raphaël Tanoh