De l’exclusivité. C’est ce qui a été donné de voir quatre jours durant le Festival de films sur les droits humains et la libre expression tenu du 9 au 12 juillet 2009 au Goethe Institut et à la cité rouge de l’Université d’Abidjan-Cocody. Armes, trafics et raison d’Etat, Manipulations sous haute tension ou encore le Tribunal Pénal International et Hissen Habré : la traque d’un dictateur, ont orienté sur les fondamentaux dudit festival qui était à sa deuxième édition, en Côte d’Ivoire. Interpeller de sorte à ce que de telles situations ne se reproduisent plus.
Ciné droit libre, au service du droit
Une vingtaine de films documentaires de réalisateurs d’ici – Idrissa Diabaté, Serge Bilé – et d’ailleurs défrichant l’histoire récente de nos sociétés et du monde sont le fruit d’enquêtes et de reportages qui relèvent des non-dits et ouvrent le débat avec journalistes, professionnels du droit et le public. Des dossiers traités qui ont soit été bouclés aux yeuw du monde soit, prennent – encore aujourd’hui – des tournures « diplomatiques » parce que complexes. Dans une Afrique déchirée par les crises, certaines puissances armées aident, sans se préoccuper des droits humains, à appuyer sur la gâchette. C’est donc avec dérision que David André et Paul Moreira, réalisateurs de « Armes, trafics et raison d’Etat » souhaitent au spectateur la « bienvenue dans la face obscure de la mondialisation : le commerce des armes ». Un commerce qui se « porte bien » car un « Salon des armes » existe même pour promouvoir ces performances technologiques destructrices. Les gros vendeurs sont les Etats-Uni, le Royaume Unis, la Russie, la France, l’Allemagne et aujourd’hui la Chine et le Brésil. Indexée par Control Arm, la Chine est accusée de prendre une part active dans la crise au Soudan et au Congo. Si l’indignation gagne le spectateur, le contrôle des armes est quasiment impossible du fait de la non maîtrise de leur flux. En face, un réseau opaque et complexe. La vente des armes nourrit les vendeurs et décime les utilisateurs. Cette impossibilité de remonter la filière avec des trafiquants qui passent ou sont passés entre les mailles des filets de leurs poursuivants a même inspiré Hollywood dans le film « Lord of war ». L’acteur Nicolas Cage joue les trafiquants – dans la réalité – Victor Bout et l’Ukrainien Leonin Minin. Leur succès : ils opèrent ou ont opéré « là où les lois sont faibles », comme en Afrique. La grande conséquence de leur activité commune, les guerres en Afrique et principalement au Congo ont fait plus de morts que les crises à travers le monde. « Personne n’en parle parce que c’est l’Afrique ». Une réalité à laquelle ne se dérobe pas Georges Ruggiu, alors journaliste animateur à la Radio Télévision Libre Mille Collines, au Rwanda, qui plaidant « coupable » avoue que le génocide « correspond à la réalité ». Epinglé par le Tribunal Pénal International, du même titre que le documentaire signé du Sénégalais Bocar Sy, Riggiu est le seul non Rwandais à avoir pris une part active dans le génocide au Rwanda. Un aveu que les organismes des droits humains à l’image de Human rights et les victimes au Tchad n’ont pas encore obtenu du président déchu Hissen Habré réfugié au Sénégal et poursuivi pour crime contre l’humanité. L’avenir rattrape le « révolutionnaire tchadien » – comme il se désigne en 1975 –, diplômé de Sciences politiques, qui ne veut pas être comparé aux révolutionnaires Castro ou Guevara. Son passage à la tête du Tchad est sombre comme ces [ses] prisons où il faisait mourir les « ennemis de Dieu et du pouvoir ». Le documentaire qui est une exclusivité à Abidjan, tout comme « Tribunal Pénal International », n’est pas connu du public sénégalais qui ne pourra le voir qu’en septembre à l’occasion du même festival. Un regard qui pourrait, sans doute, changer certaines opinions sur le cas Hissen Habré. Dix ans après sa chute, Human rights met les pieds dans ce qu’il qualifie d’«eldorado», une «mine d’or» des crimes à son actif, pendant son règne. Un « génocide » estimé à quatre mille morts. Grâce aux documents abandonnés avec grande mégarde par la DDS, la police politique au Tchad, tombés entre les mains des enquêteurs de Human rights; et le témoignage du détenu pendant quatre ans Clément Dokhot, un charnier est découvert en 91. Ginette Mgarbaye qui porte les sévices par électrocution sur son corps avec le douloureux souvenir de son accouchement – sans césarienne – en détention, est un « témoin capital ». Comme eux, plusieurs autres victimes, encore en vie, sont dans l’attente du procès de Hissen Habré. Mais « rien ne dit qu’il sera jugé » même si les Nations Unies ont demandé au Sénégal d’organiser le procès qui requiert, selon une menace du président Wade, des moyens. « Il n’est pas facile de juger un chef d’Etat », argumente le Sénégal. Un procès qui, s’il a lieu et si Hissen Habré lâche le morceau, éclaboussera plus d’un, même certains Etats et pansera les plaies de nombreux Tchadiens. Les actions pour retarder le procès Hissen Habré ne sont donc pas fortuites mais Human rights ne désespère pas. Le Festival qui a son mérite d’exister en Côte d’Ivoire qui sort de sept années de crise est une initiative de Ciné Connexion, présidé par Yacouba Sangaré, qui répercute les actions de Semfilms au Burkina Faso précurseur du Festival de films sur les droits humains et la libre expression. Si les projections ont été suivies avec grand intérêt par les étudiants, cinéphiles et certains membres d’organismes, les autorités ivoiriennes ont préféré garder une distance sans explication au festival qui a, pourtant, besoin de leur soutien pour dire le bien-fondé des droits humains dans la situation post-crise de Côte d’Ivoire.
Koné Saydoo
Ciné droit libre, au service du droit
Une vingtaine de films documentaires de réalisateurs d’ici – Idrissa Diabaté, Serge Bilé – et d’ailleurs défrichant l’histoire récente de nos sociétés et du monde sont le fruit d’enquêtes et de reportages qui relèvent des non-dits et ouvrent le débat avec journalistes, professionnels du droit et le public. Des dossiers traités qui ont soit été bouclés aux yeuw du monde soit, prennent – encore aujourd’hui – des tournures « diplomatiques » parce que complexes. Dans une Afrique déchirée par les crises, certaines puissances armées aident, sans se préoccuper des droits humains, à appuyer sur la gâchette. C’est donc avec dérision que David André et Paul Moreira, réalisateurs de « Armes, trafics et raison d’Etat » souhaitent au spectateur la « bienvenue dans la face obscure de la mondialisation : le commerce des armes ». Un commerce qui se « porte bien » car un « Salon des armes » existe même pour promouvoir ces performances technologiques destructrices. Les gros vendeurs sont les Etats-Uni, le Royaume Unis, la Russie, la France, l’Allemagne et aujourd’hui la Chine et le Brésil. Indexée par Control Arm, la Chine est accusée de prendre une part active dans la crise au Soudan et au Congo. Si l’indignation gagne le spectateur, le contrôle des armes est quasiment impossible du fait de la non maîtrise de leur flux. En face, un réseau opaque et complexe. La vente des armes nourrit les vendeurs et décime les utilisateurs. Cette impossibilité de remonter la filière avec des trafiquants qui passent ou sont passés entre les mailles des filets de leurs poursuivants a même inspiré Hollywood dans le film « Lord of war ». L’acteur Nicolas Cage joue les trafiquants – dans la réalité – Victor Bout et l’Ukrainien Leonin Minin. Leur succès : ils opèrent ou ont opéré « là où les lois sont faibles », comme en Afrique. La grande conséquence de leur activité commune, les guerres en Afrique et principalement au Congo ont fait plus de morts que les crises à travers le monde. « Personne n’en parle parce que c’est l’Afrique ». Une réalité à laquelle ne se dérobe pas Georges Ruggiu, alors journaliste animateur à la Radio Télévision Libre Mille Collines, au Rwanda, qui plaidant « coupable » avoue que le génocide « correspond à la réalité ». Epinglé par le Tribunal Pénal International, du même titre que le documentaire signé du Sénégalais Bocar Sy, Riggiu est le seul non Rwandais à avoir pris une part active dans le génocide au Rwanda. Un aveu que les organismes des droits humains à l’image de Human rights et les victimes au Tchad n’ont pas encore obtenu du président déchu Hissen Habré réfugié au Sénégal et poursuivi pour crime contre l’humanité. L’avenir rattrape le « révolutionnaire tchadien » – comme il se désigne en 1975 –, diplômé de Sciences politiques, qui ne veut pas être comparé aux révolutionnaires Castro ou Guevara. Son passage à la tête du Tchad est sombre comme ces [ses] prisons où il faisait mourir les « ennemis de Dieu et du pouvoir ». Le documentaire qui est une exclusivité à Abidjan, tout comme « Tribunal Pénal International », n’est pas connu du public sénégalais qui ne pourra le voir qu’en septembre à l’occasion du même festival. Un regard qui pourrait, sans doute, changer certaines opinions sur le cas Hissen Habré. Dix ans après sa chute, Human rights met les pieds dans ce qu’il qualifie d’«eldorado», une «mine d’or» des crimes à son actif, pendant son règne. Un « génocide » estimé à quatre mille morts. Grâce aux documents abandonnés avec grande mégarde par la DDS, la police politique au Tchad, tombés entre les mains des enquêteurs de Human rights; et le témoignage du détenu pendant quatre ans Clément Dokhot, un charnier est découvert en 91. Ginette Mgarbaye qui porte les sévices par électrocution sur son corps avec le douloureux souvenir de son accouchement – sans césarienne – en détention, est un « témoin capital ». Comme eux, plusieurs autres victimes, encore en vie, sont dans l’attente du procès de Hissen Habré. Mais « rien ne dit qu’il sera jugé » même si les Nations Unies ont demandé au Sénégal d’organiser le procès qui requiert, selon une menace du président Wade, des moyens. « Il n’est pas facile de juger un chef d’Etat », argumente le Sénégal. Un procès qui, s’il a lieu et si Hissen Habré lâche le morceau, éclaboussera plus d’un, même certains Etats et pansera les plaies de nombreux Tchadiens. Les actions pour retarder le procès Hissen Habré ne sont donc pas fortuites mais Human rights ne désespère pas. Le Festival qui a son mérite d’exister en Côte d’Ivoire qui sort de sept années de crise est une initiative de Ciné Connexion, présidé par Yacouba Sangaré, qui répercute les actions de Semfilms au Burkina Faso précurseur du Festival de films sur les droits humains et la libre expression. Si les projections ont été suivies avec grand intérêt par les étudiants, cinéphiles et certains membres d’organismes, les autorités ivoiriennes ont préféré garder une distance sans explication au festival qui a, pourtant, besoin de leur soutien pour dire le bien-fondé des droits humains dans la situation post-crise de Côte d’Ivoire.
Koné Saydoo