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Art et Culture Publié le mardi 14 juillet 2009 | Notre Voie

Alex I - Lemon (auteur de “l`enfant de Dedeku Sar” : “J`ai voulu rendre hommage à un homme de conviction qui s`est immortalisé ”

Alex I - Lemon, consultant en organisation, vient de publier un essai intutulé “L'enfant de Dedeku Sar” sur la vie du professeur Harris Mémel Fotê. Dans cette interview, l'auteur relève de façon plus explicite, les valeurs morales dont disposait l'homme et le noble combat qu'il a mené.


Notre Voie : Le jour où vous avez eu l'idée d'écrire sur la vie du professeur Harris Memel Fotê, avez-vous entretenu l'espoir de partager sa célébrité ?

Alex I - Lemon : Point du tout. On peut rêver. Mais ce genre de rêve relève de l'inconséquence. En écrivant sur la vie de Harris Memel Fotê, j'ai simplement voulu rendre hommage à un homme de conviction qui s'est immortalisé. Un homme d'une grande carrure intellectuelle pour qu'il soit connu davantage afin que son image rayonne toujours.


N.V. : Vous montrez que Harris Memel est né au champ, dans un endroit apparemment précaire (Dedeku Sar), tout comme Jésus Christ, né dans une grotte ; que voulez-vous Alex I - Lemon : Nous n'avons pas mis l'accent sur la précarité du lieu de naissance de l'enfant de Mopoyem, puisque quand il est venu au monde, à l'époque, il n'existait pas beaucoup de maternités. Nous avons plutôt retenu le symbolisme du lieu, la circonstance dans laquelle l'événement s'est produit. Autrement dit, il n'y a rien de particulièrement sacré ou mystérieux pour que l'on démontre une quelconque similitude entre la naissance de Harris Memel Fotê et Jésus Christ. Si nous y avions pensé un seul instant, nous aurions posé un acte blasphématoire. Harris Memel est né dans une plantation communautaire au moment où les gens étaient en train de travailler. Nous en déduisons que Memel venait en vue de contribuer, de façon symbolique, au développement de sa communauté. On peut dire que nous avons fait une bonne lecture puisque durant toute sa vie, Harris Memel Fotê s'est toujours préoccupé des difficultés des autres.


N.V. : Dans votre ouvrage “L'enfant de Dedeku Sar”, vous soulignez que Mopoyem, une localité de 400 âmes, est l'un de ces villages Adjoukrou ou Odjoukrou que l'industrialisation n'a fait que frôler. Pourquoi cette précision et pourquoi Odjoukrou au lieu de Adjoukrou ?

A.I-L. : Les premiers colons avaient évité de débarquer à cet endroit. C'était un site au bord de la lagune qui abritait des guerriers sentinelles. Mopoyem n'a donc pas bénéficié d'un bon concours de circonstance. Voilà pour l'histoire. Maintenant, s'agissant du terme Odjoukrou, il désigne l'homme ; l'individu. C'est la déformation de ce nom par l'administration coloniale qui a donné Adjoukrou. Il y a d'autres termes tels que Modjoukrou qui est la langue Odjoukrou et Leboutou signifie tribu. Aujourd'hui les tribus ont disparu. Elles ont fait place à la considération des espaces occupés par la collectivité. On parle alors de Lodjoukrou.


N.V. : En 1959, Harris Memel Fotê a été incarcéré par les autorités politiques ivoiriennes alors qu'il luttait pour l'autonomie des peuples africains à travers les indépendances. Que serait-il réellement passé?

A.I-L. : Harris Memel Fotê et nombre d'étudiants africains militaient au sein d'une association dénommée Fédération des étudiants de l'Afrique noire francophone (FEANF).
Ces étudiants, dont lui-même, voulaient que l'Afrique se libère du joug colonial. Dans cette perspective, le Ghana, en 1957, et la Guinée, en 1958, ont proclamé leur indépendance. La Guinée de Sékou Touré a payé au prix cher, le fait d'avoir dit non à la communauté française et opté immédiatement pour l'indépendance. En guise de châtiment, le général de Gaulle et la France ont retiré de la Guinée tous les coopérants de l'Hexagone. Devant cette situation absolument dramatique, Harris Memel Fotê et ses camarades ont pris l'engagement d'aider la Guinée à supporter ses difficultés. L'enfant de Dedeku Sar, dans l'élan de la Guinée, a battu campagne pour l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Cette démarche n'a pas plu aux autorités ivoiriennes. Il fut jeté en prison.


N.V. : A la page 79 de votre ouvrage, vous notez: “En dehors de la liberté dans le choix des textes qu'il étudiait avec ses élèves, il aimait prendre une autre liberté qui ne plaisait pas aux autorités de l'époque” : Pouvez-vous élucider ce passage?

A.I-L. : Nous avons voulu mettre en exergue, la lutte qu'a menée Memel Fotê et son ami Niangoran Bouah pour le port du pagne traditionnel.

Selon Harris Memel Fotê, le pagne est très important dans sa tradition et pourtant, a une valeur symbolique remarquable dans sa culture. Chez Lodjoukrou, le pagne sert de lien entre toutes les générations.


N.V. : Que représente l'œuvre de Harris Memel Fotê pour l'intelligenttias africaine et les générations futures ?

A.I-L. : Harris Memel Fotê était un érudit. Très brillant, très intelligent, il avait une grande capacité de travail. Memel était un modèle, une référence et savait entretenir toutes ses qualités. Il était de l'argile des hommes de conviction. Memel a réalisé une œuvre de génie dont toutes les générations doivent s'inspirer.

Interview réalisée par Azo Vauguy
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