Initialement prévues pour une durée de 45 jours, les opérations d'identification et d'enrôlement qui viennent de prendre fin le 30 juin dernier ont duré 10 mois. En attendant le résultat du croissement des données, les formations politiques significatives, le Pdci-Rda, le Rdr, l'Udpci, le Mfa, le Pit et le Fpi ont désormais les pieds et la tête dans les élections. Et dans 4 mois 13 jours, les Ivoiriens devront choisir entre les candidats, Henri Konan Bédié (Pdci), Alassane Dramane Ouattara (Rdr) Francis Wodié (Pit) et Laurent Koudou Gbagbo (Fpi) pour la gestion du pays après dix ans de gestion calamiteuse de la refondation. Tous ces futurs élus ont déjà désigné leurs directeurs de campagne à l'exception du Front populaire ivoirien (Fpi), parti au pouvoir. Ce jeudi 16 juillet 2009 à 17h 30 au siège dudit parti en zone 4c à Marcory, le sujet est inscrit à l'ordre du jour de la réunion décisive du secrétariat général du Front populaire ivoirien. Mais selon le quotidien pro-gouvernemental, Fraternité-Matin bien introduit au sein du parti au pouvoir, le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, pourrait, dans un futur très proche, rendre public le nom de son directeur national de campagne. Sont en lice, toujours selon Fraternité-Matin, Gervais Coulibaly, porte-parole de la présidence de la République, Coulibaly Malick, actuel directeur de cabinet adjoint après le décès de Mme Sarata Ottro Zirignon et enfin N'Dri Koffi Appolinaire, gouverneur du district de Yamoussoukro. Laurent Gbagbo qui a expliqué au président de son parti Pascal Affi N'Guessan les raisons de son choix, précise dans un courrier "qu'il a décidé de ne pas porter son choix sur un militant connu du Fpi afin de ne pas porter ombrage aux autres Ivoiriens membres du Cnrd ou de la galaxie patriotique qui ont exprimé leur volonté de soutenir sa candidature". Avouons qu'en décodant au premier degré ce message du chef de l'Etat qui travaille à sa réélection, l'homme n'a certainement pas tort. Mais à la réflexion, comment le militant traditionnel du Fpi qui a battu le pavé avec Laurent Gbagbo durant les années de braise peut s'expliquer un tel choix ? Doit-on croire qu'au Fpi, les militants convaincus, dévoués et disciplinés ne seront jamais récompensés ? Pourquoi cherche-t-on absolument à humilier Affi N'Guessan, Koulibaly Mamadou, Bohoun Bouabré, Tagro Désiré, Dano Djédjé, Assoua Adou, Abouo N'Dori et autres en allant porter un choix sur un directeur de campagne national qui n'est pas un ancien de la maison ? Certains pourraient nous rétorquer que ceci participe de la stratégie de Gbagbo. A ces derniers, on pourrait aisément faire remarquer qu'un directeur de campagne national du candidat du parti au pouvoir n'est pas n'importe qui, c'est le dernier qui insuffle la cadence de la campagne, qui distribue le rôle et choisit les hommes pour l'accompagner dans sa mission. C'est aussi lui qui tient la cagnotte de la campagne pour la distribuer aux hommes de terrain qu'il aura désignés pour le succès de sa mission. Gbagbo veut-il faire croire que dans quelques jours Affi N'Guessan, Koulibaly Mamadou ou encore Paul Antoine Bohoun Bouabré devront s'adresser à N'Dri Appolinaire, Gervais Coulibaly ou Coulibaly Malick pour recevoir les consignes de campagne du candidat du Fpi ? En décidant de porter son choix sur ce gouverneur du district de Yamoussoukro, ou sur le porte-parole de la présidence de la République, ou le directeur de cabinet adjoint de la présidence, Gbagbo ne choisit-il pas déjà son futur 1er ministre au détriment des pontes du Fpi ? Rien n'est moins sûr.
Patrice Yao
Patrice Yao