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Politique Publié le vendredi 17 juillet 2009 | Le Patriote

Visite de courtoisie, mercredi dernier à Abobo - ADO face aux chefs d’Abobo-Baoulé : “Je ne veux pas voir mon pays dans les souffrances”

Le Dr Alassane Dramane Ouattara était, le mercredi dernier, dans le village d’Abobo-baoulé, où il a été accueilli par la chefferie traditionnelle et des populations fortement mobilisées. Nous vous proposons le discours intégral du président du RDR et celui du porte-parole de la notabilité d’Abobo-baoulé, M. Yobou Nampé Clotaire.

Notabilité d’Abobo-Baoulé,
Chers frères, chères sœurs,
Je voudrais, au nom de la délégation qui m’accompagne, vous dire un grand merci. Vous dire merci de m’avoir accueilli tout à l’heure, avec autant de chaleur. Je disais au président qu’en arrivant à Abobo-Baoulé, je me croyais dans un quartier de Los Angeles (ovations nourries). Je voudrais donc féliciter tout le Conseil, toute la notabilité, tous les doyens et doyennes. Et vous dire que Abobo-Baoulé, c’est véritablement notre fierté. Félicitations à vous tous !
En arrivant ici, je me suis aussi dit, voilà ce que la Côte d’Ivoire peut offrir de meilleur. Nous pouvons offrir la sérénité, la paix, la propreté et la joie de vivre. Tout cela est à votre honneur. Je suis très fier de vous.

Je suis donc venu cet après-midi pour me présenter à vous. Ceux qui ont plus de 40 ans me connaissent certainement. Ceux qui ont un peu moins, me connaissent moins. Et surtout, quand on a été à l’ombre d’un grand homme comme le président Félix Houphouët, on passe quelque fois inaperçu. Je viens donc me présenter à vous, vous dire que je m’appelle Alassane Dramane Ouattara. J’ai été le premier et l’unique Premier ministre de notre pape Houphouët Boigny. Cela, c’était de 1990 à 1993. Beaucoup d’entre vous se souviennent qu’au début de l’année 90, déjà vers fin 89, le pays commençait à avoir des difficultés. Pour ceux qui avaient un peu argent dans leurs comptes dans les banques, se souviennent qu’ils ne pouvaient pas retirer même 10.000 ou 20.000 F. Parce qu’il y avait un assèchement financier. Les étudiants de leur côté, étaient en rébellion. Les grèves se multipliaient, avec des manifestations partout. Moi, j’étais en ce moment-là Gouverneur de la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) à Dakar. Je signais les billets tous les jours (rires !), quand notre papa m’a demandé de venir l’aider. Et beaucoup de gens m’ont dit : « Mais tu es assis sur des caisses d’argent. Qu’est-ce que tu vas faire dans leur palabre ? ». J’ai répondu que mon pays a des problèmes. Mon papa a demandé de venir l’aider. Je ne peux donc pas rester à Dakar, assis dans le confort et voir les difficultés de mon pays. C’est ainsi que je suis venu en 90. Vous savez qu’un Gouverneur est élu pour six ans. J’avais fait à peine deux ans. Mais, j’ai accepté d’abandonner mes fonctions pour venir aider le président et pour venir aider mon pays. Quand nous sommes arrivés, avec un certain nombre de nos compatriotes, nous avons travaillé. Nous avons mis le pays en marche. Nous avons eu les élections en octobre 90. Et le président qui m’avait demandé de venir pour six mois ou un an, m’a demandé de rester. Il a changé la constitution pour créer le poste de Premier ministre. Ensuite, il m’a désigné comme le premier Premier ministre depuis l’indépendance. Je vous fais ce rappel pour vous dire que je n’ai pas besoin de décrire un tableau de la situation du pays aujourd’hui. Notre pays a des difficultés. En venant ici, avant d’arriver à Abobo-Baoulé, j’ai vu l’état des routes. J’ai vu les ordures ménagères entassées partout, des trous partout. J’ai vu des jeunes gens qui se promenaient pieds nu. Manifestement, le pays a des difficultés et de très graves difficultés. Et au vu de ces difficultés, mon parti, le Rassemblement des Républicains (RDR), m’a demandé d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. J’ai accepté cette nomination. J’ai trouvé que je pouvais apporter quelque chose à mon pays. J’ai estimé que je l’avais déjà fait, il y a pratiquement 20 ans quand le pays avait des difficultés. Nous avions réussi à remettre de l’ordre dans le pays, à remettre les compatriotes au travail. Et à faire en sorte que les Ivoiriens aient confiance les uns aux autres. Ce travail terminé, le président Houphouët-Boigny étant décédé, j’ai eu plusieurs propositions de travail à Paris, à Washington, à New-York. Je suis finalement parti à Washington.

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est dans les difficultés. Et comme, je l’ai fait en 90, je viens à nouveau pour apporter ma contribution à la reconstruction de notre pays. C’est pour cela que je suis venu vous voir cet après-midi, mes chers frères et sœurs. Je suis venu vous dire que je suis candidat à la prochaine élection présidentielle (applaudissements).
Je me suis dit que c’est bon d’avoir des meetings. J’étais récemment dans le Bas-Sassandra. J’ai été à Tabou, à Sassandra, à Soubré, à San-Pédro,… Ensuite, je suis allé dans les région des Lacs et de la Vallée du Bandama. J’ai été à Toumodi, à Yamoussoukro, Didiévi, M’Bakhakro Bouaké, Béoumi, Sakassou et dans bien d’autres localités. J’y ai rencontré les notabilités comme vous. J’y ai rencontré des populations comme vous. Et je leur ai dit que je vais vers les populations pour leur dire que je suis candidat. Mais, je vais vers les populations pour leur dire aussi ce que je compte faire pour notre pays. Je ne vais pas m’asseoir à Abidjan et vous convoquer, vous demander de venir me voir. Aujourd’hui, j’ai décidé de venir vers vous à Abobo-Baoulé pur vous dire que j’ai des solutions pour les problèmes de notre pays. J’ai des solutions, d’abord parce que j’ai déjà eu à régler les problèmes de mon pays de 90 à 93, comme je l’ai dit. Quand nous sommes arrivés, il n’y avait pas d’argent dans les banques. Comme aujourd’hui, il n’y a pas d’argent dans le pays. Quand nous sommes arrivés, les étudiants et les professeurs étaient en grève. Comme aujourd’hui, c’est la même chose. Et pour cela, nous, nous avons construit deux universités, celle d’Abobo-Adjamé et celle de Bouaké. Quand nous sommes arrivés, il n’y avait pas de médicaments dans les hôpitaux. Mais en six mois, nous avons restructuré la pharmacie centrale et nous avons fait venir des médicaments, afin qu’ils soient à bas prix dans les pharmacies, dans les dispensaires et centres de santé. Quand nous sommes venus, il n’y avait pas de routes dans certaines régions. La ville d’Abidjan avait des problèmes d’infrastructures. Nous avons réparé les routes et nous avons fait de nouvelles routes.
Je fais cas de tout cela pour vous dire que j’ai des solutions aux problèmes de santé, de l’éducation, de l’eau, de l’électricité etc. Parce que ce sont des choses que j’ai déjà eu à faire dans notre pays, de 90 à 93. Et je vous demande votre soutien pour pouvoir le faire à nouveau. Pour le faire, il faut de l’argent. Il faut de l’argent, parce que si le pays à des problèmes aujourd’hui, c’est parce qu’il n’y a pas d’argent. Moi, j’ai été gouverneur. J’ai été directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI). J’ai été le seul Africain, jusqu’à présent, à avoir occupé ce poste (applaudissements dans la salle). J’ai abandonné tout cela parce que j’aime mon pays. J’aime mes compatriotes. Je ne veux pas voir mon pays dans les souffrances. Je ne souhaite pas que mon pays continue de projeter l’image que nous avons aujourd’hui. Quand je vois que Barack Obama, dont nous sommes tous très fiers, va au Ghana, mais ne vient pas en Côte d’Ivoire, ce n’est pas bon pour nous les Ivoiriens. Quand je vois que les présidents Bush et Clinton sont allés au Ghana et au Sénégal, il y a de cela quelques années, 3 ou 5 ans et que personne ne vient dans notre pays, ce n’est pas bon pour la Côte d’Ivoire. Je viens donc vous dire que j’ai des solutions pour les problèmes de notre pays. J’ai des solutions parce que j’ai déjà fait ce travail et tout le monde en a vu les résultats. J’ai des solutions, également parce que je sais comment apporter les moyens pour résoudre les problèmes de notre pays. Et je voudrais que vous sachiez qu’un pays ne peut sortir des difficultés que si ces fils et filles sont unis dans la paix. Je viens vous dire que la paix est une chose essentielle. Il y a eu des incompréhensions ici et là dans le pays, qui ont conduit à des coups d’Etat, à des coups de violence, à des choses qui ont dénaturé le tissu social de notre pays. Il faut donc qu’ensemble, nous fassions en sorte que ces choses ne se répètent plus. Il faut que la Côte d’Ivoire vive en paix et une paix définitive. Que les Ivoiriens se fassent confiance. Et que nous puissions écarter les raisons de ces difficultés. Que nous puissions nous regarder en tant que frères et sœurs, et nous dire que la Côte d’Ivoire est notre bien commun. Elle appartient à nous tous. Et nous devons tout faire pour la préserver. Nous devons faire en sorte que les blessures qu’il y a eu ne se répètent pas. J’ai eu l’occasion de dire que de nombreuses personnes ont perdu la vie pendant cette crise. Beaucoup ont perdu leurs biens ou même une partie de leur corps. Des femmes ont été souillées. Moi-même j’en ai souffert. Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai vécu, car, j’ai failli mourir pendant cette crise. Mais, ce qui est important, c’est de pardonner. C’est de se dire que si nous voulons reconstruire notre pays, si nous voulons faire en sorte que la Côte d’Ivoire reparte, que nous-mêmes nous soyons à nouveau fiers de notre pays et que les autres nous admirent comme ils nous admiraient par le passé, nous devons être ensemble. Nous devons nous faire confiance. Nous devons faire la paix et donner une paie définitive à notre pays. Je voudrais insister sur cette nécessité de la paix.
C’est aussi pour vous dire qu’une paix véritable ne pourra naître que s’il y a le pardon. Que si les uns et les autres disent que malgré ce que nous avons vécu, malgré nos êtres chers qui ont été assassinés – et certains l’ont été devant ma porte – malgré cela, que nous pardonnions. Nous pardonnions pour la Côte d’Ivoire parce que notre pays a besoin de réconciliation. En tant qu’ivoiriens, nous avons besoin de nous réconcilier. Nous avons besoin de nous mettre au travail et de construire un grand pays.

Donc chers frères et sœurs, je suis venu vous dire que j’ai une ambition pour la Côte d’Ivoire. Je l’ai prouvé de 90 à 93, auprès d’un grand homme. J’ai aussi montré ailleurs, dans la monde. Que ce soit en Afrique, que ce soit en Amérique Latine, que ce soit en Chine, que ce soit en Europe, j’ai démontré que j’avais la capacité de régler les problèmes des pays. Je ne pouvais donc pas rester insensible à cette situation de mon pays. C’est pour cela que je suis venu vers vous cet après-midi, pour vous demander votre soutien. Les élections auront lieu le 29 novembre 2009. C`est-à-dire, dans quatre mois et quinze jours (la rencontre à eu lieu le mercredi dernier, ndlr). C’est très peu de temps. Dans ces 4 mois et 15 jours, nous avons l’intention d’aller dans toutes les communes d’Abidjan, d’aller dans tous les départements de Côte d’Ivoire, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre. Cela, pour livrer ce message de paix, de pardon et de fraternité entre les Ivoiriens. Parce que nous pensons que c’est ce changement qui permettra à la Côte d’Ivoire d’aller de l’avant. Je voudrais donc compter sur vous. Je voudrais vous encourager et vous dire que Abobo-Baoulé ne sera pas oublié dans ce que nous nous comptons faire. J’aurai l’occasion d’annoncer le grand programme de réhabilitation de la ville d’Abidjan que nous allons entreprendre dès notre élection. J’ai déjà indiqué ce que nous allons faire dans la grande capitale de Yamoussoukro. Ensuite à Bouaké, qui a été dénaturé par la crise. Mais à Abidjan, vivent le tiers des populations de Côte d’Ivoire, plus de six millions d’habitants. Nous devons donc penser à Abidjan, parce qu’en réglant les problèmes d’Abidjan, nous réglons les problèmes d’un Ivoirien sur trois. Et un Ivoirien sur trois a des parents ailleurs en Côte d’Ivoire. C’est dire que nous réglons les problèmes de la majorité des Ivoiriens. Je voudrais donc vous dire que je prends l’engagement qu’Abidjan sera une priorité dans mon action. Mais pour que je parvienne à faire ce que je viens de vous élaborer, j’ai besoin de votre soutien. Donc chère notabilité, mesdames et messieurs, merci d’avoir pris le temps de venir m’écouter cet après-midi. Je sais que beaucoup d’entre vous ont des préoccupations. Vous vous demandez de quoi demain sera fait. Et que la situation telle qu’elle est peut durer dans le temps. Mais, je vous dis tout de suite, qu’elle ne peut pas durer. Qu’elle ne va pas durer. Car, avec Alassane Dramane Ouattara, nous allons changer la situation.
Merci de votre attention !

Recueillis par Diawara Samou
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