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Économie Publié le vendredi 17 juillet 2009 | L’expression

Région des Montagnes : Le tourisme se meurt

Activité, autrefois florissante, le tourisme, depuis l’éclatement de la crise armée en septembre 2002, bat de l’aile dans la région des Montagnes. Les efforts des autorités pour relancer ce secteur restent encore timides.
La région des Montagnes a longtemps attiré les touristes curieux de découvrir ses nombreux sites attrayants et son riche patrimoine culturel. Les ponts de liane, les cascades, les masques, le beau paysage étaient les « joyaux » les plus visités. Mais cette période des vaches grasses est un lointain souvenir aujourd’hui. Le directeur régional du tourisme met ce déclin sur le compte de la guerre qui a éclaté en septembre 2002. « Avant la crise, il y avait beaucoup de choses à voir dans la région de Man. Mais lors de notre dernière visite, nous sommes rendus compte que ce patrimoine n’est plus visité », déplore Téhua Tanoh Koffi. Avant la crise en effet, il y avait trois circuits qui étaient exploités : les montagnes de Man et ses environs, le riche folklore qui part de Man jusqu’à Touba et les lianes de Man à Danané.
Le premier circuit comprend la cascade naturelle, le Mont Tonkpi appelé « La dent » de Man, la source sacrée de Dompleu, la grande mosquée et la cathédrale de Man. Le circuit traditionnel qui part de Man à Touba offre le vieux village de Biankouma, le centre artisanal de Biankouma, l’arbre bicentenaire de Toutié, le village forgeron de Zoho et la source sacrée de Silakoro à Touba qui garde malgré tout ses attraits. Il existe en outre le circuit des lianes qui part de Man à Danané composé de nombreux ponts de lianes.. Dans ce département, toutes les plantations sont au delà du fleuve Cavally. Et pour y accéder, il faut passer sur les ponts.
Créée depuis 1973, la direction régionale du tourisme de Man a bien fonctionné jusqu’à la crise de 2002 avant l’arrêt des activités. Mais depuis septembre 2007, le service a repris avec un personnel réduit qui fait de son mieux pour attirer les visiteurs. On est cependant loin de la période faste à cause du mauvais état des infrastructures d’accueil. La guerre a détruit tous les hôtels et les sites ont été endommagés faute d’entretien. Sur les 47 hôtels que comptait Man, seulement 32 sont opérationnels aujourd’hui avec une capacité de 262 chambres contre 860. Les artisans, la mosquée et la cathédrale Saint Michel avec leur architecture particulière constituent des attraits pour les visiteurs. Le véritable point d’attraction reste la cascade naturelle avec des chutes de près de 20 mètres, une piscine et un restaurant. Ce lieu est unique dans tout le pays. Le plus illustre des ponts de lianes encore opérationnels se trouve à Liépleu, dans le département de Danané. Il enjambe le fleuve Cavally au-delà duquel se trouve la quasi totalité des plantations.


L’artisanat dans l’agonie

Le ministère du Tourisme et de l’artisanat dirigé par Sidiki Konaté a décidé de créer trois villages touristiques à Bouaké, Man et Korhogo. A Man, le site qui a été trouvé à l’entrée de la ville s’étend sur une superficie de 3993 m2. Le village touristique qui y sera bâti comportera une salle polyvalente, une salle d’exposition, des ateliers d’artisans, quelques bureaux et un motel de huit chambres de haut standing. Cet espace permettra aux artisans d’exposer leurs œuvres et d’organiser périodiquement des expositions. Ce projet va donner un second souffle à l’artisanat confronté aux pires difficultés, les artisans ne pouvant écouler leurs œuvres. En janvier, un groupe de touristes italiens a visité la région. Dans le cadre de la redynamisation de cette activité, le ministre de tutelle a mis en place un comité provisoire pour le recensement de tous les artisans de la Côte d’Ivoire. « Au terme de cette
opération de recensement, les artisans vont contrôler la filière à travers la chambre des métiers », confie le directeur du tourisme et de l’artisanat de Man. Le secteur de la restauration n’est pas épargné.


Restauration : la clientèle a baissé de 60%

Les professionnels de la gastronomie n’ont pas, eux aussi, le sourire. « La restauration s’est toujours bien portée même durant la crise. Les restaurateurs se sont battus pour offrir le minimum aux clients », affirme Paye Moore, restaurateur. Les humanitaires composaient l’essentiel de sa clientèle en plus des éléments des Forces nouvelles et des forces impartiales. Paye Moore explique que la clientèle a baissé de 60% tout comme les prix (50%). « Nous avons commencé à vendre à des prix abordables pour maintenir notre clientèle. Nous n’avons pas repris les prix habituels. Le prix des repas (spécialités africaines et européennes) varie entre 2000 et 5000 Fcfa», note-t-il en déplorant le prix des denrées alimentaires. « Les produits qui viennent des pays limitrophes sont chers et souvent ils ne sont pas de bonne qualité », s’empresse-t-il d’ajouter.

Légende : Le pont de liane, un des attraits touristiques de la région, n’attire plus les visiteurs à cause de la crise.

Par Doua Ange Kady
Correspondant régional
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