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Politique Publié le samedi 18 juillet 2009 | Le Patriote

Interview. Youpéh Marcel (responsable de l’Updci France-Europe) - “L’Udpci n`est ni à vendre ni à marchander”


Le Patriote : La tension monte depuis quelque temps à la direction de l’Udpci. Quelle est votre réaction face à la guéguerre entre le président de votre parti et son Conseiller spécial, Siki Blon Blaise?
M. Marcel Youpéh : C’est un secret de polichinelle, les palabres entre le président Mabri Toikeusse et Blon Blaise sont vieilles de quelques années. Ce n’est pas la première fois que nous les militants, assistons à ce genre de scène au niveau de notre direction. Mais cela dit, cherchons à comprendre les tenants et les aboutissants de cette montée subite de la tension. Blon Blaise est avant tout un homme d’affaires qui se sert intelligemment de la politique pour atteindre ses objectifs. Sa préoccupation première, c’est comment profiter de la notoriété politique que lui confère aujourd’hui l’Udpci. Je rappelle qu’il est le député de Man sous-préfecture et président du Conseil général dudit département au titre du parti, et par ailleurs, Conseiller spécial chargé de la Stratégie et de la supervision des activités politiques des régions des Montagnes et du Bafing. Il a donc une stature politique qui lui ouvre bien des portes et non des moindres. Il est de notoriété publique que Siki Blon Blaise est ce rare élu de l’Udpci qui bénéficie paradoxalement des largesses du chef de l’Etat, bien qu’étant un opposant au régime Fpi. Allez-y comprendre quelque chose!

LP : Y a-t-il des risques que la rupture entre les deux hommes soit définitivement consommée?
M. M. Y. : Cette éventualité n’est pas à exclure. Je sais que depuis l’assassinat du général Guéi, le député de Man cherche désespérément à récupérer politiquement tout l’Ouest au profit du pouvoir en place. Les militants de l'Udpci ont subi toutes sortes de choses. Les tentatives de déstabilisation, la décapitation du parti ont nourri ses intentions inavouées. Heureusement que tous ces complots ourdis se sont avérés sans succès. Le parti a pu résister à toutes ces tempêtes. Comme tout parti responsable, les quelques brebis galeuses démasquées ont été tout simplement extirpées de nos rangs. Je ne préjuge pas qu’il n’y a plus de taupes et autres militants à double casquette parmi nous. Ce moment difficile que nous traversons me fait penser à une anecdote que le général Guéï n’avait de cesse de répéter. Il disait qu’il avait des «serpents dans la poche». Maintenant, nous savons aujourd’hui ceux à qui il faisait allusion.

LP : Tous les partis politiques connaissent par moments des dissensions sans que celles-ci ne soient étalées sur la place publique. Comment expliquez-vous cette médiatisation à outrance du linge sale de votre parti ?
M. M. Y. : Il est regrettable de constater que les moindres dissensions au sein de notre parti tournent très vite à des règlements de compte inexplicables au détriment des militants et du parti. Depuis l'assassinat de son fondateur, l'Udpci ne connaît que ces phases cycliques de palabres interminables. Certains héritiers pensent que notre parti est un objet de marchandage. Alors, pour fructifier leurs fortunes personnelles, ils n’hésitent pas à vendre leur âmes à vil prix et les valeurs cardinales du parti. Nous leur disons que l’Udpci n'est ni à vendre ni à marchander. Si d'aventure ce parti était à brader, l’acquéreur ne saurait être le FPI et encore moins Laurent Gbagbo. Ce parti rassemble en son sein des femmes, des hommes et des jeunes de grande valeur. Personne ne peut avoir la prétention de revendiquer la paternité de l’Udpci. Un parti politique n’appartient pas à un individu mais à ses militants. J’insiste et je persiste, l’Udpci n’appartient pas aux charognards et autres cupides qui n’ont d’yeux que pour les espèces sonnantes et trébuchantes.

LP : Cette guéguerre ne va t-elle pas finalement fragiliser davantage la région de l’Ouest dont les fils et filles sont majoritairement représentés au sein de votre parti?
M. M. Y. : Tout à fait. La région de l'Ouest souffre d’un vrai leader charismatique pour rassembler les Dan et Wè. Je pense que la récente guerre qui a décimé toute la région devrait nous interpeller tous et nous servir de leçon. Nous avons intérêt à nous entendre sur les questions essentielles pour le bien-être de la région et de la population. Je suis rassuré d’une chose, si les leaders politiques s’entredéchirent, les populations, elles, ne suivront plus ceux qui veulent les conduire vers le désastre. Sachez qu’aujourd'hui, nos populations en Côte d'Ivoire refusent d’être considérées comme du bétail électoral après tout le mal que les Refondateurs leur ont fait.

LP : Selon vous, qu’est-ce qui justifierait l’attitude du Conseiller spécial de Mabri?
M. M. Y. : C’est l’argent. Vous savez, l'argent de Gbagbo rend fou ! Blon Blaise est devenu fou et incontrôlable devant les sept cent millions de francs Cfa promis par le président Gbagbo pour désenclaver la région. Des routes devraient être ouvertes de Danané aux villages enclavés des cantons Yacouba et s'étendre aux cantons Zarabahon de Zou à Bangolo via Kahen. Ces grands travaux lui ont été gracieusement confiés au détriment de sociétés étatiques compétentes comme l’Ageroute déjà installée à l'Ouest et plus précisément à Man où Blon Blaise est le président du Conseil général. La question qui se pose aujourd'hui : Cet argent qui sera gagné par le sieur Blon avec les matériaux du conseil général de Man supposé appartenir à l'administration de la Côte d'Ivoire ira où? Dans les caisses du Conseil Général où alors dans les caisses de l'homme d'affaires Blon? Un conseil général est subventionné par le gouvernement comme tous les autres Conseils pour le développement de leurs départements respectifs. Comment se fait-il que le Conseil général de Man supplante celui de Danané responsable de toute cette région pour aller ouvrir des routes en plein milieu de son territoire? Ou, comme il sait bien le faire M. Gbagbo "le citron pressé n'a plus de jus " il faut passer au suivant, ou, donner des leçons de courage à M. Noutoua Youdé jusque-là à l’ombre de Fologo? Seul l'avenir nous le dira à Gouessesso

LP : Que savez-vous des origines du financement de votre dernier congrès. Mabri aurait reçu le soutien financier du président Gbagbo, selon Blon Blaise.
M. M. Y. : S’il s’avère que le pouvoir a donné de l'argent pour réorganiser un parti qu'il a lui même décapité, il n'y a pas de honte à cela. Le régime Gbagbo doit beaucoup à Robert Guéi. J’aurais appris que le pouvoir aurait remis cinquante millions de francs pour suppléer les frais de notre congrès. A mes yeux, cette somme ne représente qu’une goûte d'eau dans la mer. Si le président Mabri avait demandé une somme au delà de ce montant, personne n’aurait rougi. Après tout, c'est l'argent du contribuable.

LP : De son vivant, vous étiez très proche du général Guéi. Il paraît même qu’il vous a confié des secrets d’Etat?
M. M. Y. : (Rire !!!) Si le général m’avait confié des secrets d’Etat comme vous le dites, ne comptez pas sur moi pour vous les révéler. En tout état de cause, je peux vous assurer que ce grand homme me disait d’ailleurs un jour au cours d'une petite promenade dans son domaine à Gouessesso où j'ai séjourné dans sa demeure pendant une semaine : «la confiance est un simple mot. De nos jours, faire confiance à quelqu'un, c'est lui donner une arme qu'il retournera tôt ou tard contre vous. J'ai fait confiance à des personnalités proches de moi à qui j'ai remis d’importantes sommes d'argent pour l'organisation des élections en 2000. Eh bien ! Certaines ont fortement contribué à ma chute dans le seul but de s'approprier cet argent.» A ce jour, cet argent n’a jamais été restitué ni au général ni à l’Etat de Côte d’Ivoire. Ces personnalités qui ont détourné cette manne présidentielle se reconnaîtront de toutes les façons et savent de quoi je parle. Parmi elles, je citerai le principal argentier qui a géré ce gros budget. Il s’agit du ministre Denis Bra Kanon. Paix à son âme ! Il n’est malheureusement plus de ce monde pour en témoigner. Dans cette affaire, le choix du général avait porté dans un premier temps sur la personne de M. Zadi Kessi pour gérer cette manne. Mais ce dernier avait décliné l’offre. Il avait expliqué au général qu’il ne pouvait pas cumuler la gestion publique à celle de ses responsabilités à la tête de la Cie / Sodeci. Le général avait beaucoup apprécié la sincérité et la franchise de M. Zadi Kessi. C’est d’ailleurs lui qui a recommandé le ministre Bra Konan au général. Je m’abstiens de révéler d’autres noms. Le moment viendra pour le grand déballage afin de confondre tous ceux qui ont participé aux détournements des deniers publics sous le général Robert Guéi.

LP : Au terme de cet entretien, avez-vous un appel à lancer?
M. M. Y. : Je lance un appel à tous nos braves militants, le vrai bonheur est devant vous, restez mobilisés autour du Dr Mabri Toikeusse, l’espoir de la jeunesse et l'avenir de notre grand Rassemblement, le RHDP. C'est toujours au bout de l'effort que vient la récompense.
Interview réalisée par YMA
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