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Société Publié le samedi 18 juillet 2009 | L’expression

Grossesses précoces - La tragédie des filles mères

Avec les grossesses précoces, les jeunes filles doivent, en plus des problèmes familiaux, faire face aux problèmes de santé liés à l’immaturité de leur organisme. Les parents, eux non plus, ne s’en portent pas mieux.

La démarche nonchalante et le regard rivé au sol, A. Bakayoko semble fatiguée. Elle a à peine 15 ans. Et pourtant la jeune fille porte déjà sa première grossesse. Un état qu’elle n’a pas désiré. Elle a tout juste voulu faire comme les autres, avoir un petit ami avec lequel elle allait passer du bon temps. Malheureusement, cette petite envie de faire comme ses amies l’a entrainée dans une situation qu’elle regrette amèrement. Bien que honteuse, elle a accepté de partager avec nous sa souffrance. «J’étais en classe de 4ème lorsque j’ai fait la connaissance d’un jeune homme qui se trouvait dans mon établissement. Il était en classe de seconde et, par coïncidence, se trouvait dans mon quartier. Nous traitions quelquefois mes devoirs de maison ensemble. C’est d’ailleurs ce qui nous a le plus rapprochés. C’est bien plus tard que nous sommes devenus plus intimes. Tout s’est bien passé jusqu’à ce que je remarque,
trois mois plus tard, que mes menstrues s’étaient arrêtées. J’ai gardé le secret dans un premier temps parce je redoutais sa réaction. Mais, constatant que la situation ne revenait pas à la normale, je lui ai porté l’information. Je n’aurais pas dû le faire», raconte-t-elle presqu’en larmes. A. Bakayoko est très peinée de se retrouver dans un tel état à 15 ans. «Mes parents sont aujourd’hui très déçus de moi, mais ils ne veulent pas que j’avorte. Je vais certainement accoucher pendant ces vacances et je crois que le plus dur est à venir. Je serai en classe de 3e et je vais m’occuper toute seule d’un enfant parce que mon petit ami ne le reconnaît pas», confie-t-elle. Comme elle, de nombreuses filles de son âge contractent, chaque année, des grossesses précoces et se retrouvent quasiment seules à s’en occuper. Certaines, comme Mlle B., ont le «privilège» de rester en famille malgré la colère des parents.
D’autres par contre, généralement les jeunes filles musulmanes, sont chassées de la cellule familiale. Elles sont obligées de trouver refuge, soit chez des amies, soit chez des parents éloignés. C’est le calvaire que vit actuellement Mlle D. Bintou, 17 ans à peine. Son grand-frère avec qui elle vivait l’a mise dehors dès qu’il a constaté qu’elle portait une grossesse. «Il m’a demandé de quitter sa maison. J’ai trouvé refuge dans la cour familiale de l’auteur de la grossesse, à l’insu de ses parents. Je rentrais dans la cour à partir de 22h30 mn lorsque tout le monde s’endort. Je prenais ma douche, partageais son repas qu’il emportait en chambre. Je restais alors dans la chambre qu’il partageait avec deux de ses frères jusqu’au lendemain midi. Après la cuisine, lorsque les habitants de la cour rentrent se reposer, je sors de la chambre, je prends mon bain rapidement puis je sors de la cour. J’ai dû vivre
cachée ainsi pendant une semaine avant d’être découverte. Mon beau père m’a demandée de trouver un autre refuge et je suis allée habiter avec une de mes grand-mères qui loge dans les environs du centre antituberculeux d’Adjamé. Pour l’instant, je suis sans ressources, attendant d’accoucher pour pouvoir reprendre mon petit commerce. Les enfants de la bonne dame acceptent mal ma présence dans la famille. Mais où aller? », S’interroge-t-elle. En plus de ce problème social, ces jeunes filles-mères courent des risques de santé.
Les risques sanitaires
Selon le rapport annuel du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) rendu public le jeudi 9 juillet 2009, les adolescentes qui donnent naissance à un enfant avant l'âge de 15 ans sont cinq fois plus susceptibles de mourir en couches que les femmes d'une vingtaine d'années. «70.000 jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans meurent en accouchant ou des suites de complications liées à la grossesse», relève ce rapport. Des propos qui cadrent bien avec la situation vécue en Côte d’Ivoire. Selon Dr Cissé, gynécologue, les adolescentes qui sont enceintes avant l’âge de 18 ans peuvent être sujettes à divers accidents. Elles peuvent, selon la spécialiste, souffrir d’une toxémie qui est une intoxication du milieu de la vie de la cellule qui compose les organes du corps humain, d’une pré éclampsie qui se caractérise par une hypertension artérielle et d’une protéinurie qui est une prise de poids avec œdèmes, d’une infection
urinaire qui est la colonisation des voies urinaires par des bactéries et d’ictères au cours de la grossesses et d’un décollement du placenta. «La majorité des patientes que j’ai suivies et qui ont contracté une grossesse avant l’âge de 19 ans ont eu beaucoup de problèmes. Leurs bassins sont immatures, ce qui nous amène généralement à recourir à une césarienne. Quand bien même, il y a des risques d’avoir des morts nés ou des mortalités périnatales, il peut aussi y avoir des risques d’avortements spontanés. Mais le plus grave, c’est que certaines jeunes mères ont recours à l’avortement dans des conditions déplorables avec parfois des médicaments traditionnels. Ce qui crée des risques d’infections. On est quelque fois obligé de leur enlever l’utérus. Ce qui conduit ainsi à la stérilité à vie. Les décès dus à l’éclampsie s’élèvent à 4%, aux hémorragies à 30%, aux infections à 23%, aux
avortements à 10% », déplore-t-elle. Pour le Dr A. Jacques, gynécologue-obstétricien, c’est l’ignorance et le manque d’information qui sont la cause du problème. «La majorité des jeunes filles ignorent tout de la contraception et prennent ainsi le risque de contracter des IST (Infections sexuellement transmissibles) et le VIH sida. Les parents ne pensent pas à informer les filles. Ils se disent qu’une fille de 14 ou 15 ans ne peut pas être active sexuellement. J’ai permis l’accouchement des filles de 15 ans, 14 ans et voire même 13 ans parfois et certaines étaient séropositives. On ne peut pas leur parler de contraception sans que les parents ne nous accusent de les inciter à la débauche sexuelle. C’est malheureux», fulmine-t-il. Sans pouvoir prendre le contre pied de ces accusations, les parents de leur côté vivent difficilement la situation.
Une hantise pour les parents
Si certains parents, peut-être beaucoup plus par conviction religieuse, demandent à leurs enfants de conserver ces grossesses, d’autres conseillent à leurs filles de s’en débarrasser. «Mon père est respecté dans le quartier. Il m’a ordonné d’avorter ou de quitter la maison, car il ne pouvait pas supporter la honte d’héberger une fille-mère et le regard des autres. A aucun moment, il n’a pensé à ce que je ressentais et à ma souffrance. Mon petit ami ne pouvait pas s’occuper de moi, car il était en classe de terminale. J’ai été obligée d’avorter pour poursuivre mes études », confesse C.S, 15 ans, élève en classe de 4eme N. Charles, enseignant de mathématiques ne veut pas entendre parler de grossesse chez les adolescentes. «J’ai éduqué mes deux filles de 14 et 17 ans de telle sorte qu’elles poursuivent leurs études sans s’intéresser à la sexualité. Interdiction de regarder les feuilletons présentant
des scènes obscènes et de lire des romans à l’eau de rose. Je surveille leurs entrées et sorties ainsi que tous leurs amis, pas de téléphone portable et on ne parle pas de sexe à la maison. En tout cas, j’y veille et je prie le Tout Puissant pour que cela n’arrive pas maintenant, mais quand elles seront dans leurs foyers», affirme-t-il. T. Ahmed, lui, a chassé sa fille de la maison alors qu’elle était enceinte. «C’est l’aînée de la famille et elle devait leur donner l’exemple. Elle est tombée enceinte sans penser aux sacrifices que sa mère et moi avons consentis pour elle », explique le père. Ce dernier aurait certainement voulu que sa fille soit un exemple pour la société. Mais, elle a contracté une grossesse, précocement. Un phénomène qui est courant, et avec lequel il faut compter aujourd’hui malgré le dommage que cela crée aux victimes et l’anxiété qu’il provoque chez les parents. Le malaise
malheureusement persiste.
N. M.

Encadré : Une société malade de son système
Selon un assistant de l’Institut d’ethnosociologie de l’Université de Cocody qui a requit l’anonymat, le contexte socioculturel favorise les grossesses précoces. «On observe de plus en plus un relâchement de la cellule familiale qui a des répercussions catastrophiques sur l’éducation des enfants. L’éducation est souvent inachevée. Le sexe est à la vue et à la portée de tous», explique-t-il. Il ajoute que l’un des principaux facteurs de cette situation est l’école au niveau institutionnel et la communication avec les mass média. «Les films galvaudent le sexe et les jeunes filles s’essaient à la pratique comme elle le voit dans les films. A cela, s’ajoute le relâchement de l’éducation à l’école. Ces jeunes filles suivent beaucoup plus la mode que leurs études », explique le spécialiste. «Une société malade peut-elle donner naissance à des enfants en bonne santé ?», s’interroge le sociologue. Ce sont,
selon lui, autant de paramètres à prendre en compte dans le phénomène de plus en plus récurrent des grossesses précoces. Ces jeunes filles ne sont que le reflet de la société. Soignons donc ensemble le mal.
N.M


Election présidentielle en Mauritanie
Neuf prétendants pour un fauteuil
Neuf candidats en lice aujourd’hui en Mauritanie pour le fauteuil présidentiel occupé depuis 6 août 2008 par les militaires. Ce scrutin est présenté comme le « plus libre et ouvert » par de nombreux observateurs car aucun candidat n’est sûr de l’emporter à l’avance. Cependant, quatre parmi les neuf peuvent prétendre arriver au second tour prévu pour le 1er tour.
Les Favoris
Le général Mohamed Ould Abdelaziz
Le général « Aziz » est l’auteur du putsch qui a renversé le premier président démocratiquement élu de la Mauritanie. Il a démissionné le 15 avril pour pouvoir se présenter à l’élection du 6 juin qui, en raison du boycott projeté par l’opposition, devait lui assurer un plébiscite. Mais le général putschiste a paraphé l’accord de Dakar du 4 juin qui a repoussé le scrutin au 18 juillet avec la participation de l’opposition. L’homme du coup d’Etat est en quête d’une légitimation.
Le Colonel Elly Ould Vall
Ancien chef d’Etat putschiste, Elly Ould Vall a conduit une transition exemplaire qui a abouti à la première élection démocratique du pays. Retiré de la vie politique, il n’a annoncé sa candidature que le 4 juin à la signature des accords de Dakar. L’ancien chef d’Etat est le cousin du général Aziz avec qui il a fomenté le coup d’Etat contre Maouyia Ould Taya en août 2005.
Ahmed Ould Daddah
C’est un vieux briscard de la scène politique mauritanienne. Ahmed Ould Daddah a participé à toutes élections présidentielles à l’exception de celles de 1997. L’opposant historique a été battu au second tour en mars 2007 avec 47% par Sidi Cheick Ould Abdallahi. Il a d’abord soutenu le putsch qui a renversé ce dernier avant de rejoindre le front contre les militaires. Le leader du Rassemblement des forces démocratiques (Rfd) est présenté comme le favori parmi les civils qui briguent la magistrature suprême.
Messaoud Ould Boulkheir
Messaoud Ould Boulkheir est le candidat du Front national de la défense de la démocratie (Fndd), la coalition d’une quinzaine de partis créés après le putsch du 6 août. Ce membre de la communauté Harratine (descendants des anciens esclaves) a été ministre et président de l’assemblée nationale. Le negro-Mauritanien, qui est à sa troisième tentative, bénéficie du soutien du président déchu, Sidi Ould Cheick Abdallahi écarté de la course après le compromis de Dakar.
A côté de ces poids lourds, il y a les petits poucets qui font figure d’outsiders.
Les outsiders
Mohamed Jemil Ould Mansour
Jemil Mansour est le candidat du « Tawassoul », le seul parti islamiste autorisé à participer au scrutin. Il a fait partie du Fndd qui s’est ligué contre le putsch d’août 2008 mais s’est désolidarisé du groupe pour se porter candidat. Jemil qui participe pour la première fois à l’élection présidentielle, se présente comme un islamiste modéré..
Kane Haimidou Baba
Ce negro-Mauritanien est un transfuge du Rfd, le parti de Ould Daddah. Vice-président de l’assemblée, Kane Hamidou Baba était parmi les candidats en lice pour le scrutin du 6 juin. C’est un candidat indépendant.
Ibrahima Moctar Sarr
Ibrahima Sarr défend les couleurs de l’Alliance pour la justice et la démocratie (Ajd). Ce négro-Africain avait créé la surprise en obtenant 8% des voix à la présidentielle de mars 2007. Lui aussi devait affronter le chef de la junte au cours du scrutin du 6 juin.
Mhamamada Ould Meimou
C’est un ancien ministre qui a soutenu le putsch du général Aziz. Mhammadou Ould Meimou est présenté comme un soutien discret du chef de la junte.
Saleh Ould Hanenah
Il est le président du parti pour l’unité et le changement. Saleh Ould Hanenah est l’auteur du coup d’Etat manqué contre Ould Taya le 8 juin 2003 après lequel il a été condamné à la perpétuité. Cet ancien commandant de l’armée est entré en politique il y a quatre ans.
Nomel Essis
Voici les neuf candidats qui briguent la magistrature suprême en Mauritanie.

Café littéraire / « L’ombre d’Imana »

Le devoir de mémoire

Le café littéraire du mercredi 8 juillet a reçu l’écrivain Véronique Tadjo pour une agape intellectuelle autour de son livre « L’ombre d’Imana » sorti en 2000 aux éditions Acte sud en France et en 2008 aux éditions Edilis en Côte d’Ivoire. « L’ombre d’Imana » est la découverte que fait l’auteur d’un pays, le Rwanda, saccagé, balafré par la guerre et les conséquences du génocide. Invitée en 1998 au Rwanda dans le cadre d’une résidence d’écrivains, Véronique Tadjo a touché du doigt les réalités de la bêtise humaine, avec son lot de vilénies et d’horreurs. Dans le livre, elle témoigne, puis donne la parole à ceux qu'elle a croisés : les prisonniers, les victimes, les femmes, les malades, les enfants perdus, les réfugiés, tout un peuple qui, aujourd'hui, raconte la douleur et la peur. « Je partais avec une hypothèse, écrit Véronique Tadjo : ce qui s'était passé nous concernait tous. Ce n'était pas
uniquement l'affaire d'un peuple perdu dans le cœur noir de l'Afrique.. Oublier le Rwanda après le bruit et la fureur signifiait devenir borgne, aphone, handicapée. C'était marcher dans l'obscurité, en tendant les bras pour ne pas entrer en collision avec le futur », écrit-elle au premier chapitre. « L’ombre d’Imana » est un « devoir de mémoire », affirme l’auteur. Elle se pose cependant plusieurs questions quant à la cause des guerres récurrentes en Afrique. « L’homme a-t-il perdu son humanité ? Faut-il désespérer de l’être humain ? Comment réduire la part d’animalité en l’homme ? Autant de pistes de réflexion qui, à défaut d’amener l’homme à changer, doivent lui permettre de se comporter avec beaucoup moins d’animalité et d’horreur. Véronique Tadjo signe avec cette œuvre un appel à la prise de conscience collective des peuples et surtout des dirigeants africains qui sont, la plupart du temps,
responsables des tueries sur le continent. De père ivoirien et de mère française, Véronique Tadjo est docteur en études afro-américaines. Elle a enseigné à l'université en Côte d'Ivoire pendant plusieurs années avant d'être amenée à vivre en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, au Kenya, puis en Afrique du Sud, à Johannesburg où elle réside actuellement. Poète et romancière, elle est aussi auteur de livres pour la jeunesse qu'elle illustre elle-même. Elle anime des ateliers d'écriture et d'illustrations de livres pour enfants dans plusieurs pays. Cette rencontre littéraire, initiée par l’association Point de lecture réunit mensuellement les amoureux du livre (universitaires, étudiants, écrivains) pour échanger sur une œuvre.

M. A.
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