x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 18 juillet 2009 | Fraternité Matin

Le préfet de Man : “Nous sommes encore obligés de nous référer aux forces nouvelles”

Le représentant du chef de l’Etat se prononce sur les retombées de la visite d’état qu’il a effectuée dans sa région du 7 au 13 juin 2009. Et avoue...



M. le préfet, le Chef de l’Etat était en visite dans la région des Montagnes, du 7 au 13 juin 2009. Quelles leçons peut-on tirer de cet événement ?



La première leçon, c’est que la visite du Président Laurent Gbagbo a donné de l’espoir à l’ensemble de la population. Parce que jusque-là, certaines personnes étaient encore sceptiques lorsqu’on leur parlait de la sortie de crise. Le Chef de l’Etat a bien fait de venir avec le Premier ministre qui, à certaines occasions, a pris la parole pour rassurer la population de la région des Montagnes. Les deux principaux acteurs politiques s’étant déplacés ensemble, ayant parlé le même langage et transmis le même message à la population, il n’y a plus aucune raison d’être sceptique par rapport au contenu de l’Accord politique de Ouagadougou. Seconde leçon. La visite du Chef de l’Etat dans la région des Montagnes a davantage rassuré les populations dans la mesure où certaines personnes ne pouvaient pas venir à Man, craignant pour leur sécurité. Cette visite a redonné vie et espoir à la population parce que concernant Man, après l’intervention du porte-parole de la population et des cadres (M. Siki Blon Blaise), le Président Laurent Gbagbo a donné des instructions pour la réhabilitation des locaux du Trésor public. La commune de Man va également bénéficier de 5 km de bitume. Nous pensons que ces instructions vont rapidement se concrétiser pour davantage rassurer les populations.



Cette visite a-t-elle aussi redonné espoir aux jeunes de l’ouest montagneux ?



Concernant notre jeunesse, le constat que nous faisons est que celle-ci est quelque peu oisive. On a l’impression qu’elle attend tout des aînés, pensant qu’on doit tout lui apporter sur un plateau d’argent. Cette jeunesse n’aime pas trop travailler et n’a pas le goût de l’effort. Ce n’est pas par hasard que le Chef de l’Etat, pendant le meeting de Bangolo, l’a interpellée publiquement. Dans cette région, nous avons la chance que tout pousse de façon naturelle. Qu’il s’agisse des cultures vivrières ou pérennes. Moi aussi, j’emboîte le pas au Président pour interpeller la jeunesse de Man, afin qu’elle prépare son avenir en se mettant sérieusement au travail. Il n’y a pas seulement que le travail dans les bureaux qui procure des biens à un individu. Vous pouvez être agriculteur et avoir autant d’argent qu’un fonctionnaire, si non plus.



La passation des charges entre les préfets et les Com’zones est effective depuis plus de deux mois. Sur le terrain, qu’est-ce qui a véritablement changé à Man ?



La cérémonie unique de passation des charges à Bouaké a valu pour l’ensemble des préfets et des Com’zones. Cela signifie de façon précise qu’au niveau de Man, il n’y a pas eu de passation directe de charges entre le Com’zone et le préfet que je suis.



Quelle est donc la situation aujourd’hui?



Je dois dire que lors de la visite du Chef de l’Etat dans la région des Montagnes, la passation de service entre les préfets et les Com’zones a été l’un des principaux sujets qu’il a abordés. Le Président de la République a indiqué clairement qu’à partir de là, les préfets ont recouvré tous leurs pouvoirs. Ils sont les seules autorités légales de l’Etat. Tous les problèmes doivent dorénavant être portés à leur connaissance. Le Président a également ajouté que très bientôt, 800 éléments des Forces nouvelles et des Forces de défense et de sécurité vont être redéployés dans la région de Man pour la sécurisation des personnes et des biens. Nous pensons que la matérialisation des pleins pouvoirs du préfet ne se fera sentir qu’après cette étape. Parce que les 800 éléments constituent l’embryon de la future armée nationale. Ce sont donc les forces régulières de l’Etat. Mais le constat qu’on peut faire aujourd’hui, près d’un mois après le passage du Chef de l’Etat dans la région des Montagnes, c’est que ces soldats ne sont pas encore redéployés, de sorte qu’on peut dire que la situation n’a pas fondamentalement changé. Dès lors que nous sommes encore obligés de nous référer aux Forces nouvelles.



M. le préfet, on parle de plus en plus de la fin de la guerre en Côte d’Ivoire. Cela a été dit par le Président Laurent Gbagbo après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou.



Puis relayé par le Premier ministre Soro Guillaume, les cadres et les élus. Mais force est de constater qu’il y a encore des barrages de fortune des Forces nouvelles à l’entrée de



nombreux villages et sous-préfectures à Man. Y a-t-il une explication à cela ?



Ce n’est pas parce que vous constatez la présence de ces barrages qu’on ne peut pas dire que la guerre est en train de finir dans notre pays ! La guerre est terminée et nous sortons progressivement de la situation de crise. Quand vous prenez le cas de la ville de Duekoué, à l’entrée, en pleine zone gouvernementale, il y a un barrage. Cela veut-il dire que la guerre n’est pas finie ? Je pense que pour des problèmes de sécurité, il faut de temps en temps procéder à des contrôles pour rassurer la population. C’est ainsi qu’il faut interpréter la présence de ces barrages. Vous conviendrez avec moi que malgré tout, concernant notre région (Région des Montagnes), le nombre de barrages a sensiblement été réduit et les tracasseries y ont baissé d’intensité. En définitive, je pense que nous avançons véritablement vers la sortie de crise. Il ne faut pas penser qu’elle sera automatique. Il faut être patient. Avant 2007 par exemple, on ne pouvait pas venir à Man et y tenir des réunions. Aujourd’hui, vous pouvez venir et en repartir sans être inquiété. Nous sommes sur la bonne voie pour la sortie de la crise ; c’est parce que nous sommes pressés qu’il faut aller doucement. Si nous brusquons les choses, nous risquons de ne pas atteindre les objectifs visés.



Outre les barrages, il y a l’épineux problème des maisons occupées par les éléments des Forces nouvelles. Une campagne pour leur restitution est-elle envisagée ?



L’occupation des logements par les ex-combattants des Forces nouvelles dans la région est un réel problème. La région de Man a été l’une des plus touchées par la crise de septembre 2002. Beaucoup de maisons ont été détruites, particulièrement les bâtiments publics. Ceux qui ont pu être épargnés sont pour la plupart occupés par les éléments des Forces nouvelles. A plusieurs reprises, cette préoccupation a été portée à ma connaissance. J’en ai discuté avec M. Losseni Fofana, le commandant de la zone N°6 desdites Forces. Sa position est que, comme les regroupements dans les casernes ne sont pas encore effectfs, si nous envisageons de faire sortir par la force ses éléments des maisons, nous risquons d’en avoir certains dans les rues. Ce qui est très dangereux pour la sécurité des biens et des personnes.



Les fonctionnaires sont de retour dans la région des Montagnes, malheureusement on constate que leur mutuelle n’est toujours pas présente à Man. Qu’est-ce qui explique cette situation ?



A ce niveau, des démarches sont entreprises par le biais des pharmaciens et de la coordination des fonctionnaires redéployés ici. Les deux structures sont en train d’examiner la situation en vue de trouver une solution idoine.



L’absence des banques préoccupe également. A quand le retour de ces institutions financières ?



Déjà, il faut saluer la présence de la Banque atlantique à Man depuis quelque mois. Il n’y a pas longtemps, une délégation de la Biao est venue me rencontrer pour m’informer que d’ici à la fin de l’année 2009, les travaux de réhabilitation de leur agence vont reprendre. Donc il faut espérer que dans un avenir proche, le problème des banques sera définitivement réglé.



M. le préfet, avez-vous un appel à lancer à la population de la région des Montagnes ?



C’est un appel à la cohésion sociale, à la fraternité et à la convivialité que je lance. Toutes choses qui concourent à la stabilité de la société. Si nous voulons sortir définitivement du bourbier qu’est la crise que notre pays a connue, il faut que les Ivoiriens se pardonnent mutuellement. Par ailleurs, cela ne sert également à rien d’éternellement pleurer sur ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire. Il faut penser à la reconstruction du pays. Cela suppose que nous fassions des efforts pour nous remettre résolument au travail afin de ne pas hypothéquer l’avenir des générations futures.



Entretien réalisé par Honoré Droh
Correspondant régional
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ