Moyen-Comoé : Le roi du Djuablin déroule le tapis rouge à ADO

Le président du Rassemblement des républicains a été honoré hier par le royaume du Djuablin.

Le tapis rouge ne fait pas parti des accessoires de la royauté en Afrique. Mais avec le modernisme, ce signe d'honneur d'origine occidentale a été adopté par certaines cours royales. Hier, à Agnibilékrou, Sa Majesté Agnini Bilé 2, roi du Djuablin, a déroulé le tapis rouge au président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Dramane Ouattara. Qui y conduisait une importante délégation de sa formation politique dans le cadre de la précampagne électorale. A Agnibilékrou, à 44 km au nord-est d'Abengourou où il est arrivé sous le coup de 14 heures, Ouattara a été accueilli dans la liesse populaire. Même si cette mobilisation n'était pas comparable à celle d'Abengourou la veille, il y a eu tout de même foule. Si bien qu'un «embouteillage » a été occasionné sur l'artère menant à la Préfecture. Puis, autour du Palais royal, au quartier Agnikro. Là-bas, le portail du palais, surmonté d'un trône et d'un sabre, attributs de la royauté Akan, n'ont pas été vraiment éprouvés par les bousculades comme ce fut le cas à Abengourou. La perspicacité des forces de l'ordre a permis d'imposer un contrôle strict à l'entrée. Deux gigantesques haies humaines étaient ainsi visibles devant les lieux. La discipline était de rigueur sous l'œil de la garde royale qui a même refusé le tapis rouge à plusieurs membres de la délégation dont le Professeur Henriette Diabaté, la secrétaire générale du Rdr. En effet, les porteurs de sabres, qui avaient croisé leurs armes juste à la montée du tapis veillaient à ce que seul l'hôte de marque y ait droit. Le président du Rdr et ses proches annoncés par le tambour parleur, une fois entrés dans la cour, y ont fait un tour d'honneur à la demande de Sa Majesté. C'est après cela que les porteurs de sabres ont décroisé leurs armes ouvrant ainsi le passage à ADO et les siens jusqu'au roi. Lui, installé sur le trône regardaient ses hôtes venir. Ouattara, présenté comme «le prince de Kong» a tendu la main à Nanan Agnini Bilé 2. Lequel à son tour lui a ouvert les bras pour une accolade avant de l'inviter à s'asseoir à sa droite. A Gauche du roi a pris place, Henriette Diabaté. Les chefs de villages et la notabilité étaient réunis au grand complet. Conformément à la tradition Akan, le roi proposera de l'eau à ses visiteurs avant de leur offrir quatre bouteilles de Gin. Gîte et couverts sont ainsi symboliquement offerts. Sa Majesté Agnini Bilé 2 autorise une purification de sa cour par les Komians (exorcistes, protecteurs). Ce qui est réalisé. Les faits, gestes et désirs du roi sont traduits par son porte-canne Nanan Aka Tanoh, lui-même, drapé pour l'occasion dans un pagne à l'éffigie du candidat du Rassemblement des républicains. Fini la purification, un imam a récité des bénédictions. Et, un danseur, issu de la lignée royale a esquissé des pas de danse d'allégeance au roi. Délicate, ladite chorégraphie, une harmonie de gestes, témoignage de la vénération de Dieu et du roi, n'est dansée qu'à l'occasion des grands jours d'hommage. Un jeune neveu du roi a dansé, bien dansé au point de soulever des clameurs de satisfécit du public qui l'a porté en triomphe. Un adulte lui a succédé à travers des ondulations du corps magistralement exécutées. Lui aussi est porté en triomphe dans un tonnerre d'applaudissements. Une autre danse de réjouissance dite «Adjoua» a permis d'apprécier des filles, des pucelles (en cache-sexe pour la plupart) exhiber fièrement leurs poitrines nues sous les yeux du public. Elles disaient dans leur chant que «l'amour est le seul moyen de s'unir et de fonder un peuple soudé». Toujours en témoignage de l'hospitalité de son peuple, le roi a offert des ignames, un bélier blanc, des pagnes kita et des sandales au couple Ouattara (Mme Dominique Ouattara était absente). En reconnaissance, Alassane Dramane Ouattara a offert deux cartons de Gin à Sa Majesté. S'adressant à celui-ci, le président du Rdr a dit ceci : «Votre Majesté, je suis particulièrement ému. Mais en même temps, je ne suis pas surpris. Il y a de cela plus de quarante ans que vous m'avez adopté alors que vous-même et mon frère aîné aviez des relations professionnelles et d'amitié dans la diplomatie de notre pays. Comme beaucoup le savent, mon frère aîné Gaoussou est le chef de Kong. Je voudrais votre Majesté, vous réitérer toute ma gratitude. Vous dire que je suis touché par votre affection, ces marques d'affection que vous ne cessez de me témoigner». Pour rappel, en septembre dernier, le président du Rdr était à Agnibilékrou où il a '' sollicité les avis et conseils '' du roi avant d'accepter la demande de son parti qui a fait de lui son candidat à la présidentielle.


Bidi Ignace, Envoyé spécial