Dans tous les coins de rue de la capitale économique, se découvre de façon ostensible entre les éventaires de petits commerçants, un type particulier de supports vidéo : les Cd pornographiques. Plus connus sous l’appellation Cd X. Si à leur vue ceux-ci ne suscitent pas d’émotion, il n’en demeure pas moins que ces CD et dérivés permettent à des Ivoiriens de gagner leur pitance quotidienne. Des CD très prisés A Abidjan et précisément au Plateau, un type particulier de Cd s’arrache comme de petits pains. Une variété dont l’affluence ou l’abondance sur les étaux donne tout de même à réfléchir. Ces types de disques compacts sont les CD pornographiques. En la matière, ces CD qui devraient à notre sens défrayer la chronique, se vendent comme des petits pains, au grand bonheur des commerçants qui se frottent les mains. Au Plateau, à la Sorbonne précisément, les CD pornographiques envahissent les étals. A votre passage, ceux-ci vous crèvent l’œil sans que personne, ni la brigade des mœurs – si elle existe – ne s’agite ou se bouscule pour mettre en déroute cette cynique contrebande qui sape la morale. Les vendeurs de CD pornographiques, adossés au jardin public en face des gares de taxis de Yopougon, de Treichville, de Koumassi, d’Adjamé, d’Abobo et de Marcory, affirment que l’installation de leurs étalages est « régie par la mairie du Plateau ». Selon eux, eu égard au contrôle de ladite mairie, ils disent ne pas afficher les CD pornographiques pour ne pas tomber sous le courroux des agents municipaux d’Akossi Bendjo, le maire. Dans cet espèce de ‘’No man’s Land » où tout est permis, l’on y trouve aux alentours de la Sorbonne, les CD du genre dessins animés, films américains, séries TV... Les vendeurs indiquent avoir la possibilité d’exposer autant de CD X. Puisque dans ce lieu, les agents de la mairie du Plateau n’ont pas droit de cité. Seuls les responsables de la Sorbonne sont habilités à collecter des taxes sur les différentes tablettes qui y sont dressées. Pour installer une tablette, il faut débourser 30 000 F CFA. Pour un magasin, c’est la somme de 400.000 à 600 000 F CFA. Par jour, les vendeurs sont tenus à verser 300 F CFA. Sur une tablette de Zako Désiré, gisaient entre les médicaments, des produits aphrodisiaques chinois avec des images à faire dresser les frappes des pantalons des passants, même les plus stoïques. Les âmes sensibles s’y abstenir. Des phallus avec excroissance inimaginable, des silhouettes avec des postérieurs nus ainsi que des poitrines protubérantes. On y voit de tout, sans le vouloir. On ne peut pas traverser ces étalages mystérieux sans être attiré par ces CD ‘’diaboliques’’. Il n’est pas rare de voir ou d’entendre des religieux au milieu de ces sentiers lucifériens prêcher la ‘’parole divine’’. ‘’ Ça marche bien ! », répond un vendeur d’aphrodisiaque chinois. L’homme dit gagner entre 25 000 à 30 000 F CFA par semaine. « Je vends les petits tubes à 500 F CFA l’unité, les 3 tubes à 1500 F CFA. Les vendeurs de CD pornographiques gagnent deux fois plus que nous » a-t-il admis. M. Akpa Lath Julien, vendeur de CD dans le même périmètre se dit souvent estomaqué par l’audace avec laquelle des dames viennent lui acheter des aphrodisiaques pour remettre, argumentent-elles, à leurs maris pour ‘’se remuer un peu la nuit’’. Savan Allah, artiste chanteuse ivoirienne avait déjà prévenu dans l’un de ses albums ‘’Si une femme au réveil a bonne mine, ne me demandez pas pourquoi’’. Suivez mon regard ! Dans la même veine, les jeunes vendeurs de CD pornographiques racontent: « Les gens sont intéressés par nos CD. Même, les femmes, c’est-à-dire les ‘’tanties’’. Quand elles arrivent, elles demandent de leur choisir les CD X qui puissent retarder la jouissance de leurs maris. « Cherche un bon truc-là ! », déclarent-elles avec insistance. Une fois à la Sorbonne et qu’il vous passe l’envie d’acheter un Cd pornographique sans attirer sur vous les projections, vous pouvez dire tout simplement : « Je veux un ‘’Assobaguéi » ou ‘’Wohouwa’’, qui coûte 1500 F CFA l’unité. 2 CD porno vous reviendront à 2500 FCFA. A la Sorbonne, vous serez tout de suite obnubilé par les propos dolosifs de M. Abdoulaye, un vendeur de médicaments nigérien. Il affirme détenir des potions avec des vertus thérapeutiques pouvant faire grossir l’appareil génital masculin ! A l’entendre, il a déjà fait des ‘’heureux’’ au sein de la population ivoirienne, parce que confie-t-il aisément : « J’ai déjà grossi le sexe de beaucoup d’Ivoiriens. Même les boss du pays viennent me voir et je les soigne. J’ai des clients hors de la Côte d’Ivoire qui me commandent des produits ». Sur sa table, le Nigérien a embouteillé des décoctions noirâtres qui laissent échapper des odeurs pestilentielles. Sur des petits sachets, des indications du genre pour ‘’grossir le sexe, mélanger à du beurre de karité et frotter chaque soir au coucher’’ ou bien d’autres indications. A la Sorbonne, rien ne semble choquer. Pour rassurer les passants, différentes mensurations de pénis taillés sont ostensiblement exposées. Les Ivoiriens dans la dépravation des mœurs Combien sont-ils les religieux qui ne se privent pas d’envie d’aller moisir leurs fessiers ou d’aller réchauffer les nattes et les bancs dans les mosquées et paroisses de la place ? Au regard de l’évolution fulgurante de l’apostasie, de l’incrédulité et de l’éloignement de la dilection du prochain recommandée par le christianisme, la société ivoirienne tend à s’embourber dans un cercle infernal du vice. Pour ce faire, il appert que les hommes de Dieu qui sortent des églises comme des fleurs au printemps, semblent avoir échoué dans leur mission qui est à tout le moins, l’évangélisation des âmes en vue de la création d’une société pudique et plus respectueuse des dogmes et préceptes religieux. Or, combien sont-ils les Ivoiriens qui peuvent se targuer de ne pas avoir pour péché mignon les films pornographiques ? Sont-ils nombreux ceux qui n’ont pas dans leurs téléphones portables, nouvelle génération, ou bien enregistré dans leurs ordinateurs portables ou encore dans les rayons de leurs bibliothèques - subrepticement dissimulé - des films pornographiques qui grouillent entre les autres Cd profanes et religieux ? Quel Ivoirien ne daigne pas surmonter les caprices du sommeil, tard dans la nuit, pour s’asseoir devant son téléviseur pour se délecter sans vergogne d’un film X sur les chaînes câblées qui indiquent le calibre du film : XXL ? Le moins qu’on puisse dire, est que tout semble corrompu. Du plus petit au plus grand des Ivoiriens, du plus petit croyant au plus grand bishop, tout semble aller de travers. Aujourd’hui, point n’est besoin de se lancer dans des prêches ou homélies ennuyeux aux allures de discours sibyllins. Si les comportements sociaux des adeptes ne varient pas d’un iota, il n’en demeure pas moins que les Ivoiriens sont devenus pervers. Que cela ne choque pas ! C’est la réalité ! Il faut, à toutes fins utiles, prendre garde à cette forme de délinquance sexuelle au risque qu’elle empeste les bonnes mœurs. Cette forme d’infraction est de plus récurrent dans les pays africains. Aujourd’hui, on a passé la vitesse supérieure. Des Africains vont jusqu’à faire des ébats amoureux dans des bureaux. La Côte d’Ivoire, locomotive de la sous-région, ne saurait demeurer en marge de cette nouvelle forme de criminalité. Bien au contraire, elle en donne une parfaite illustration avec « l’Affaire Cecp au Plateau ». L’on peut se réjouir de ce que ce bel exemple a été suivi par le pays frère du Sénégal où de tels actes ont aussi été signalés. Une législation appropriée et suffisante pour combattre cette nouvelle délinquance La tournure des événements se rapportant à l’intimité, nous amène à repréciser les contours et les limites de la liberté de communication, une liberté certes fondamentale et constitutionnelle mais qui s’inscrit dans la logique de l’équilibre social. Chacun de nous a la liberté d’expression, le droit de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelques moyens d’expression que ce soit. Internet est, aujourd’hui, l’un de ces moyens privilégiés et popularisés. Il n’y a qu’à voir la rapidité et la frénésie avec lesquelles certains téléchargements circulent en ce moment sur la toile pour s’en convaincre davantage. Comme pour toutes les autres libertés, comme pour tous les autres moyens de communications sociales, le respect d’autrui, de sa vie privée, de son intimité appelle quelques limites et règles de vie en commun. Aucune liberté, en effet, ne peut et ne doit être envisagée sous un angle absolu, robinsonnien. Toute liberté appelle et conditionne celle des autres. A-t-on, par exemple, mesuré les conséquences et toutes les implications sociales, éducatives salaces sur chacun de nous et sa progéniture ? A-t-on pris la juste mesure du grave et irréparable préjudice que causent, en ce moment, des téléchargements pornographiques, indécents et illégaux sur la toile ? Nous lançons un appel pressant aux pouvoirs publics et au législateur ivoirien afin que des règles soient édictées pour combattre cette nouvelle et grandissante forme de délinquance, voire de criminalité où le sexe, la vie privée, la dignité humaine sont bafoués et banalisés et, si l’on ose dire, mis à nu. A chaque époque, une réaction et une législation appropriée. A l’heure et à l’ère d’un Internet, il est impérieux que les textes suivent l’extraordinaire développement technologique afin que les individus et la société en tirent le meilleur profit et qu’ils n’utilisent pas les nouvelles technologies pour se combattre, se détruire ou s’autodétruire. Pour nous et nos enfants, il est bon que l’usage d’Internet soit reglementé et codifié. A défaut, les images, les séquences et ébats dégoulinants et dégoûtants que l’on nous sert de plus en plus sur le net, ne seront que très peu de choses à côté d’autres énormités et masturbations sans pudeur, sans retenue et sans saveur. Yao Noël, Journaliste-Juriste Chronique juridique diffusée le dimanche 21 juin 2009 sur Radio CI
Krou Patrick
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