Mahamadou Ousmane 57 ans, marabout guérisseur, est d'une moralité douteuse. Sa mauvaise foi le conduit tout droit en prison, où il devra séjourner pendant 12 mois. Assortis de 50.000 Fcfa d'amende. Il est détenu pour avoir escroqué la somme de 75.000 Fcfa à la pauvre K.M, qui pensait trouver son salut en lui confiant son problème de commerce. Heureusement qu'elle a vite compris que c'est une arnaque. Nous sommes le mercredi 15 juillet, au tribunal de Grand-Bassam. Mahamadou Ousmane est dans un ensemble chemise manche longue de couleur bleu. Le juge l'appelle à la barre. Ousmane se lève d'un air serein, entre temps l'agent de police lui enlève ses menottes. Il fixe le juge droit dans les yeux qui lui dit : «On vous accuse d'escroquerie portant sur la somme de 75.000 Fcfa ». Mahamadou Ousmane l'air étonné, nie carrément les faits. «M. le juge, moi, je suis un guérisseur. La dame est venue me voir pour un problème d'enfantement. Je lui ai pris 6.000 Fcfa plus un complet de pagne. Je lui ai donné des décoctions. Après résultats, elle devrait me donner la somme de 6.000 Fcfa », relate-t-il. Le juge lui rétorque : « La dame a déjà 3 enfants. Elle ne peut pas venir te voir pour un problème d'enfantement !». Le juge rappelle les faits juste pour rafraîchir la mémoire du détenu, qui ne semble pas être dans le bain. Mais, Ousmane ne lâche pas prise. Il persiste dans son mensonge. «Mais M. le juge c'est elle qui est venue me voir pour me parler de son problème d'enfantement ». Le juge lui demande : «Vous ne savez pas qu'elle a des enfants ? ». Le prévenu garde le silence et reprends. « M. le juge, je sais qu'elle a une petite fille, mais c'est elle, qui est venue me voir ». L'étau se resserre autour de lui. Le juge appelle la victime pour l'auditionner afin de lever tout équivoque. Dame K. M, se lève, l'air anxieux. Elle semble regretter elle-même l'acte qu'elle a posée. « Je suis vendeuse de wômi. Dans le courant du mois de juin, je suis allée voir Mahamadou, le marabout, pour qu'il fasse prospérer mon activité. Quelques jours plus tard notamment le 30 juin, il me fait appel pour me dire qu'il est capable de trouver une solution à mon problème. Qu'il me fera gagner beaucoup d'argent. Que je n'ai plus besoin de me fatiguer pour vendre du wômi, qui est pour lui, un commerce difficile. Il m'a demandé de lui remettre la somme de 75.000 Fcfa, et il me fera gagner 5 millions Fcfa. Chose à laquelle j'ai cru sans arrière pensée. Il m'a donc donné rendez-vous le lendemain matin 1er juillet. Je vais à sa rencontre pour avoir les nouvelles. On m'apprend qu'il venait de déménager le même matin. Et qu'il est parti pour une destination inconnue. Grâce aux investigations j'ai réussi à mettre la main sur lui. Il a été appréhendé le même jour à Samo au barrage de contrôle et conduit à la gendarmerie de Bonoua». Le juge s'adresse à nouveau au détenu. « Vous avez été appréhendé à Samo. Où alliez-vous ? Pourquoi ne pas attendre de finir de soigner votre patiente et vous déménagez. Vous étiez en train de fuir n'est-ce pas ? ». L'incriminé soutient : « Je me rendais à Abidjan pour aller soigner d'autres patients».Le juge : «Vous alliez pour combien de jour ? Et vous êtes parti avec plein de bagages !» Le prévenu répond : «Deux jours. Dans mes bagages, j'avais des plantes et des écorces». Le tribunal l'a condamné à douze mois fermes avec une amende de 50.000 Fcfa. En plus, il prend dix ans de privation de droit et trois ans d'interdiction sur le sol ivoirien. À sa sortie de prison, il devra rembourser la somme de 75.000 Fcfa à dame K.M.
Emmanuelle Kanga,
Correspondante régionale
Emmanuelle Kanga,
Correspondante régionale