Pour la première fois, de mémoire de journaliste, c’est l’élection qui s’est déroulée le plus simplement dans l’histoire du Bureau ivoirien du droit d’auteur. La « maturité » des artistes – les électeurs – est ce qui explique le comportement nouveau dans la course à la présidence du conseil d’administration qui a pris fin le samedi 25 juillet salle Adiaffi du palais de la culture à Abidjan-Treichville par l’élection de Gadji Céli Saint Joseph. Haut les mains, le King est passé avec un score de 16 voix sur 19 votants présents dont 3 bulletins blancs avec deux absences : Coulibaly Ali, le représentant du ministère de l’Economie et des Finances et Sawegnon Gill Fabrice de Vodoo. Bien que « empêché » au moment du vote, Fabrice témoigne qu’il est favorable au président élu. Ce « comportement responsable », a expliqué Gadji, est le « retour de l’ascenseur » au chef de l’Etat, Laurent Gbagbo qui a pris, en 2005, la décision de « donner l’autonomie » du Burida aux sociétaires pour la gérer. Cette élection est donc la « matérialisation » de cette promesse mise à exécution par le ministère de la Culture et de la Francophonie, organisateur desdites élections. « Ce n’était pas facile mais, nous y sommes », s’est réjoui Gadji Céli. Là où tout le monde avait prédit une « tempête » – un « tsunami » qui a fait place au beau temps – la frange des artistes a prouvé sa « maturité ». « On a été exemplaire. On a montré l’exemple aux hommes politiques. Qu’ils prennent l’exemple sur nous », conseille le nouveau PCA. Traduisant sa reconnaissance à ceux – les artistes – qui ont mis leur confiance en lui, Gadji Céli souhaite que le conseil d’administration qu’il va présider « soit le plus exemplaire » dans un travail d’ensemble qu’il veut de « convivialité ». Montrant le chemin du travail à accomplir, Nguettia le représentant du ministre de la Culture et de la Francophonie Augustin Kouadio Komoé a rassuré que « sans diplomatie, les réformes vont prendre forme ». Entre rêve, réalité et illusion Le rêve est devenu réalité. La volonté de Dieu s’est accomplie car Gadji Céli n’exclut pas la main du Tout puissant qui lui a donné le pouvoir samedi. Un rêve qui peut devenir illusion si les artistes – les moins réalistes – croient que Dieu le père a pris fonction au conseil d’administration. Combien de fois n’a-t-on pas entendu une bonne partie des artistes dire qu’une fois leur « maison » récupérée, leur vie va changer. Loin de diriger avec une baguette magique, du travail et non des moindres attend le nouveau PCA, sociétaire au Burida depuis 1986. Comment combattre et démanteler la confrérie du mal qu’est le piratage sur les œuvres de l’esprit est encore un traumatisme pour les artistes créateurs qui voient, chaque jour, les bénéfices des fonds que génère la vente illicite de leur production dans des poches de vandales. Si les combattre relève du Burida et de la Brigade du Commissaire Ouattara issue du ministère de la Culture et de la Francophonie et, plus récemment de l’équipe Faucon mise en place par l’Unartci, tous attendent de corser leur action de lutte par l’élaboration d’une loi qui puisse condamner les pirates. Cette mission, au cœur des chantiers du nouveau PCA, est la face très bien visible des actions à mener sur le terrain que dit « maîtriser » Gadji Céli. Le Burida, reconnu seul habilité sur le territoire national à assurer l’exploitation et la protection des auteurs, cette tâche – lutte contre le piratage – si elle arrive à exécution est, sans conteste, le début d’une réintégration des créateurs dans leur droit, pour vivre de leur art. Et pourquoi pas, susciter la renaissance de certaines maisons de productions qui, à leur cops défendant, indexent le piratage, cause de leur faillite. De cela pourra suivre une nette amélioration des méthodes de répartition des droits d’auteur des artistes, autre volet des défis à relever. Pour le bien-être des sociétaires du Burida, Gadji annonce la création d’une « mutuelle » des artistes qui aura en son sein un « Fonds de prévoyance sociale ». De l’état des finances du Burida, un audit est même annoncé. Beaucoup de travail qui doit être fait dans le Burida nouveau loin d’un statut de chef de village – papa bonheur – dans lequel s’est mué Gadji pendant trois ans de mandat à l’Unartci. Le Burida qui n’est pas une maison de bienfaisance a en charge de percevoir et répartir, au profit des auteurs ou de leurs ayants-droit, des redevances provenant de l’exercice de leurs droits. Donc ayant pour objet – le Burida – de promouvoir et défendre les intérêts matériels et moraux de tous les créateurs d’œuvres de l’esprit. Vu sous cet angle, le Burida avec l’élection d’un conseil d’administration – qui met fin à une administration provisoire de deux ans – vient “changer la vie des artistes” qui voient en Gadji un rédempteur. Si le nouveau PCA annonce une politique d’ouverture, ce sera aux mêmes artistes [qui doivent produire et percevoir des droits] qui ont mis leur confiance en lui, de faciliter à Gadji PCA la tâche, à son conseil d’administration et au DG à venir, en extirpant de leur pensée que le Burida est un coffre-fort ou encore une banque où chacun vient se servir. Encore que le Burida peine à faire 50 millions de recettes par mois. Ce qu’il faut comprendre, le conseil d’administration n’a pas la gestion quotidienne mais le DG. Leurs prérogatives étant différentes. Les nouveaux administrateurs doivent tirer recettes des redevances des droits d’auteur et droits voisins perçus pour le compte des auteurs et des artistes-interprètes ou de leurs ayants-droit ; de la rémunération de la copie privée ; du produit des pénalités et indemnités, des dommages et intérêts résultant des actions judiciaires ; des intérêts de placement ; des droits d’entrée aux spectacles ; des cotisations ; subventions, dons et legs.
juniorsebane@yahoo.fr
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