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Politique Publié le samedi 25 juillet 2009 | Notre Voie

Le président du RDR et l’argent des bailleurs de fonds : Les contradictions qui enfoncent Alassane Ouattara

Dans la tournée qu’il effectue à travers la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara promet des milliers de milliards de FCFA. D’où va-t-il tirer cet argent pour le donner quand il sera élu ? Il explique que, sur la base de la confiance, le FMI, la Banque mondiale, l’UE vont le couvrir d’argent comme un père gâte son enfant avec des bonbons. Cette option est bien en contradiction avec ce qu’il a déclaré et fait sous Houphouet-Boigny.

Les promesses de milliards du président du RDR font désormais partie du quotidien des Ivoiriens. Tous les départements de la Côte d’Ivoire qui ont eu «la chance» d’être visités par Alassane Dramane Ouattara sont arrosés de milliards. Que dis-je, de promesses de milliards au point que pour amuser la galerie, certains Ivoiriens disent souhaiter recevoir ce candidat généreux en promesses pour être aussi servis. Sur la provenance de ces milliards qu’il promet sur tout son itinéraire, le président du RDR n’a pas hésité à déclarer à M’Bahiakro, le mercredi 24 juin: «Mon rôle, c’est de trouver l’argent. Avant la politique, je suis banquier, financier et économiste». A Béoumi, il est allé plus loin : «Je sais comment on gère l’argent pour avoir été gouverneur de la BCEAO, après j’ai été DGA du FMI et là, j’ai donné de l’argent à des grands pays. Je vais chercher de l’argent pour mon propre pays pour que tous les projets soient mis en œuvre». Il poursuit : «Si on sait où trouver de l’argent, si on a la confiance de ses concitoyens, si on a la confiance des bailleurs de fonds, comme c’est mon cas parce qu’ils m’ont vu travailler avec eux pendant des années, ce projet peut être mis en œuvre après les élections».


Que de contradictions

On a bien compris Ouattara. Pour gouverner la Côte d’Ivoire et faire le bonheur des Ivoiriens, le président du RDR compte sur les bailleurs de fonds qui lui donneront de l’argent. Or, en 1990, Alassane Dramane Ouattara disait tout à fait le contraire : «La Côte d’Ivoire n’a jamais été un pays soumis à l’aide extérieure. Nous nous sommes toujours financés sans le soutien de qui que ce soit, puisque nous étions toujours en excédent depuis des années. Maintenant, nous nous retrouvons dans une situation où il faut peut-être des aides financières, mais de façon provisoire. Je ne crois pas beaucoup à l’aide. Je considère que, pour nos pays, ce n’est pas la meilleure façon de nous gérer. Cela crée forcément une mauvaise dépendance. C’est donc un apprentissage, puisque nous n’avions pas recours à ce genre d’assistance», in Jeune Afrique Economie n° 133 de juillet 1990. Comment donc après un tel discours dans lequel il se montre soucieux de l’indépendance du pays, Ouattara veuille aujourd’hui axer toute sa politique sur l’argent du FMI et de la Banque mondiale ? C’est que le président du RDR n’a pas le choix. Comme le disait un jeune ivoirien chef d’entreprise dans ces mêmes colonnes il y a peu, Ouattara n’a pas de réel avenir dans notre pays. Pour atteindre le sommet de l’Etat qu’il cherche par tous les moyens, il ne compte que sur les appuis de l’étranger. Aussi bien politiquement qu’économiquement. Il s’est tellement lié les pieds et les mains qu’il ne peut s’en défaire aujourd’hui. Car pour mettre en place un solide programme économique basé sur les ressources propres, il faut avoir la confiance totale du peuple comme c’est le cas avec Laurent Gbagbo. Dramane Ouattara, du fait de ses propres turpitudes, n’ayant pas pu établir cette confiance, se voit dans l’obligation de se tourner vers l’extérieur avec toutes les conséquences néfastes de soumission que cela suppose pour les populations.

Dans ce même entretien à Jeune Afrique Economie, à la question suivante : «Ne craignez-vous pas un coût social important puisque, d’ores et déjà, des dégraissages de la fonction publique et parapublique sont prévus ?», Ouattara a répondu : «Il y a toujours un coût social pour ce type de mesures. Mais le manque d’action ne manquerait pas de créer, à l’avenir, des coûts sociaux plus élevés encore. Si nous ne faisions rien aujourd’hui, dans quelques mois, nous ne pourrions plus payer les salaires. Dans beaucoup de pays confrontés à ce genre de situations, les autorités paient les militaires, mais pas le reste des travailleurs. Je préfère assainir. Et ceux qui sont à la marge et qui ne contribuent pas du tout à la richesse nationale seront écartés du partage de la production. Pour être récompensé, il faut produire. Nous allons encourager beaucoup de départs volontaires. Nous allons mettre l’accent sur le retour des jeunes à la terre. Ce programme est d’ailleurs en cours avec l’appui de la Banque mondiale». Noble ambition ! Mais à cette époque, l’actuel président du RDR, (appelé de la BCEAO par Houphouet-Boigny qui avait besoin d’un inconnu pour faire passer son programme), a préféré mettre les Ivoiriens à rude épreuve dans la mise en œuvre de son Programme d’ajustement structurel (PAS). Le résultat est connu. Ouattara n’a pas eu le nez creux. Des milliers d’Ivoiriens ont été ruinés ; beaucoup d’autres, et surtout les plus faibles, ont perdu leurs emplois et les enseignants ont vu leurs salaires impitoyablement divisés par deux. Comment comprendre qu’avec ce même programme endossé essentiellement aux soutiens extérieurs, ce monsieur peut promettre aujourd’hui un paradis aux Ivoiriens ? Mensonge !

A propos des appuis extérieurs sur lesquels compte le président du RDR dans sa politique, il n’y a pas longtemps, il a dit qu’il était l’un des inspirateurs de l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE). Une politique du FMI et de la Banque mondiale qui vise à effacer les dettes des pays pauvres. Mais alors qu’il dit être l’initiateur de l’effacement de la dette, il affiche dans le même temps, une ferme volonté de recourir encore aux institutions financières internationales pour bâtir son programme ? Le choix d’Alassane Ouattara est clair. Il est pour un endettement accru qui étranglera à coup sûr, à nouveau, la Côte d’Ivoire. Or, on a vu d’autres gestionnaires qui ont fait leurs preuves dans une situation de crise aiguë : le ministre Bohoun Bouabré avec le budget sécurisé, une recette qui a permis à la Côte d’Ivoire de compter sur ses propres ressources alors que le pays sortait d’une transition militaire et qu’il avait davantage besoin de tendre la main.

Il ne suffit pas à Ouattara de crier qu’il est banquier, économiste et qu’il a donné de l’argent à de grands pays de la planète. Là où les Ivoiriens l’attendent, c’est sur sa capacité à satisfaire le peuple sans hypothéquer son lendemain par un nouvel endettement.


Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr
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