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Art et Culture Publié le samedi 25 juillet 2009 | Notre Voie

Dire bien

Avec l’adjectif “prêt”, c’est la rassurance

Durant ma balade linguistique du Samedi 18/07/09 (les spécialistes parlent de «revue de presse») dans le pré de l’information où les mots sont comme des fleurs qui ne se cueillent pas mais se décrivent, j’ai vu l’adjectif rassurant «prêt» égayer la Une des quotidiens Frat-Mat et Le Temps du samedi 18 et dimanche 19 juillet 2009.

Pour le premier canard cité, on lit ceci : «Croisement des données d’identification. La CEI et ses opérateurs prêts». Toujours dans le même numéro et à la page 12, il est écrit explicitement ceci : «L’INS est prêt, SAGEM est prêt». Rappelons que l’INS (Institut National des Statistiques et Sagem Security) sont les deux opérateurs techniques qui ont permis au chapeau qu’est la CEI (Commission électorale indépendante) d’organiser et de gérer non sans difficultés l’opération de l’identification de la population et le recensement électoral qui a pris fin le 30 juin 2009. Une fin difficile (tant il reste encore pas moins de deux (2) millions d’ivoiriens à enrôler) qu’il convenait de ne pas manquer ou rater, surtout quand on sait que le début de l’opération a connu des lenteurs et des tâtonnements, et qu’il a fallu aussi travailler le milieu en trouvant des solutions à tous les problèmes avoués, ce qui ne va pas sans se donner le temps, d’où les différentes prorogations… au visage de dérogation. Comme si nous n’étions pas prêts pour la tenue du scrutin présidentiel dont le premier tour est fixé au 29 novembre 2009. Dans le débat oiseux sur une nouvelle prorogation de l’opération, il me semble que l’on oublie que cette opération devait durer 45 jours et non neuf (9) mois, c'est-à-dire environ 270 jours.

Du point de vue juridique, cette opération est attaquable dans sa validité, tout simplement pour non respect du temps imparti par lequel la Primature et la CEI se trouvent liées avant d’engager l’opération.

Quel sens donnons-nous au mot «engagement» (cf. «notre total engagement dans le processus de sortie de crise», que j’entends ici et là) ? L’engagement n’est-il pas cette obligation qui est cause que l’on n’est plus en liberté de faire ce que l’on veut ? Pourquoi prenons-nous autant de liberté voire d’indifférence et d’insouciance vis-à-vis de nos engagements et devoirs de citoyens ? «Le bon esprit (ou bon sens) nous découvre notre devoir, notre engagement à le faire et s’il y a péril, avec péril», aimait dire La Bruyère (1645-1696). A méditer.

De même que rien ne va sans dire, de même l’organisation des élections ne va pas sans la sécurisation du pays. Ainsi ai-je lu à la Une du deuxième canard ceci : «Sécurisation de la Côte d’Ivoire. Déto Letto (Commandant des Forces terrestres) rassure : Nous sommes prêts» (cf. Le Temps n°1868). Traduite dans le langage des scouts, cette phrase tranquillisante donne : «Nous sommes fin prêts, toujours prêts». C’est si réconfortant d’entendre la Grande Muette parler ainsi, et c’est tant mieux.

Du point de vue étymologique, l’adjectif «prêt» est un mot du bas latin «praestus» (disponible, dévoué). Ainsi peut-on dire que de même que la CEI a désormais sous la main une base de données disponible pour le croisement (une étape aussi essentielle et déterminante que l’étape précédente), de même l’Etat a ses forces terrestres disponibles et prêtes à tout pour sécuriser le pays.

A ce stade du raisonnement l’emploi de l’adjectif «prêt» présuppose, insinue la fin d’une phase, celle de la préparation (définie du reste comme l’action de mettre quelque chose en état d’être utilisé, de former quelqu’un, ou de l’entraîner). Ce n’est donc pas un hasard si l’adjectif «prêt» a donné les dérivés que sont le nom «apprêt» sur lequel s’est formé le verbe «apprêter» (c’est-à-dire «rendre prêt», «préparer»). Et celui qui donne l’apprêt ou qui apprête s’appelle l’apprêteur. Dans ce sillon sémantico-lexical, l’on peut dire que l’INS et Sagem sont pour la CEI des «apprêteurs» (ces ouvriers qui travaillent les matières premières). Mais les choses ne s’arrêtent pas là pour cet adjectif qui rassure, rend plus sûr, donne confiance et tranquillité pour la suite.

Primo,il est la preuve que le processus de sortie de crise avance certes lentement mais sûrement. Qui a lu le naturaliste anglais Charles Darwin (1809-1882) l’anthropologue Darwin connaît sa théorie sur les changements (ou métamorphoses) non perceptibles à l’œil nu. Témoin la taille évolutive de la tortue. Nul ne sachant à quel moment une tortue passe d’une taille à une autre.

Deuzio, cet adjectif qui vient à point nommé est une gifle publique à tous ces néo-colons (voir plus bas le «gouassou» mot baoulé signifiant «supplément gratuit») qui se disent «déçus» du pouvoir ivoirien et qualifient de «promesses fallacieuses», la date du premier tour du scrutin présidentiel fixée au 29 novembre 2009. Et patati et patata. Preuve que la peur de perdre ce pays essentiel prêt à assumer ses responsabilités historiques et sa souveraineté en dehors de la mafieuse Françafrique fait délirer. Allah yé fa don ou la ! Que Dieu les rende fous pour de bon ! Amina.

Tercio et je m’arrêterai là pour ce jour, l’adjectif «prêt» (pour le croisement) fait trembler tous les fraudeurs sur la nationalité et le parti politique qui a poussé des étrangers à se faire enrôler. Dans leurs rangs, l’adjectif «prêt» crée la peur-panique, l’intranquillité. Dans l’attente de la publication de la liste électorale, ils sont tous inquiets, l’angoisse s’étant emparée de leur avenir. Ko té môgô gnini, môgô le be ko gnini… Comme quoi l’homme est son propre fossoyeur. De même l’adjectif «prêt» utilisé par le Commandant des Forces terrestres dissuade tous les ennemis de la République. Il a la force sonore d’un avertissement qui ne se dit qu’une seule fois…

Dans ce sillon, après l’étape du croisement et celle de la publication des listes électorales, on pourra dire avec assurance aux candidats : «En avant : Prêts ? Partez ! En souvenir de la formule de départ des courses à pied («un, préparez ! Deux, attention ! Trois en avant. Prêts ? Partez !»). Inch Allah ! si Dieu le veut.


Gouassou

«Relations Côte d’Ivoire-France. Sarkozy sur les traces de Chirac» (cf. Frat-Mat du 23/07/09). Et de la plus mauvaise manière. C’est Victor Hugo qui, parlant du style, disait ceci : «Un lion qui veut imiter un autre lion ne deviendra jamais qu’un singe». Sarko, un singe ? Pas si loin de là. Sur la question, ma religion est la suivante : «Chassez la bête bizarre comme la Licorne, la revoilà qui revient au galop en feignant l’homme. Comme quoi l’apparence est toujours trompeuse. Quand un journaliste m’a demandé ce que je pense de la dernière sortie verbale de Sarkozy (Gbagbo n’est pas digne de confiance, il manœuvre pour le report des élections de Novembre 2009), j’ai répondu qu’il s’agit là de l’histoire entre un grand pays (la France) avec à sa tête un petit président qui se croit nargué par un petit pays avec à sa tête un grand président qui (ne l’oublions pas) est la synthèse moderne du premier Président guinéen, Ahmed Sékou Touré qui a dit fermement «NON» au pacte colonial français et le premier Président ivoirien Félix Houphouet-Boigny (le pro-français) qui, souvenons-nous a dit de Gbagbo : «Hélas, tu me ressembles».
L’Histoire est vérité et la France apprend à ses dépens que les temps ont changé. Ainsi les chiens continueront d’aboyer, mais la caravane passera toujours son chemin. Lecteurs miens savez-vous pourquoi cela ? Tout simplement, parce que contrairement aux prières, les aboiements ne montent pas au Ciel. Dieu n’aime pas ce genre de bruits sans harmonie.

Koné Dramane direbien@live.fr
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