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Art et Culture Publié le samedi 25 juillet 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton - La drague autrefois

Pour mes chroniques, tous les thèmes m’inspirent. C’est bien vrai que je suis porté essentiellement sur trois thèmes : Dieu, le pouvoir et la femme. C’est vrai aussi que les lecteurs, dans leur grande majorité, remarquent davantage tout ce qui concerne la femme. On n’a vraiment pas besoin d’avoir étudié Freud pour comprendre l’obsession de l’homme pour la femme. Et surtout la tendance de l’homme à nier cette évidence et à rejeter sur les autres leur goût prononcé de la femme pour ne pas dire du sexe. Une amie, de race blanche, aime souvent me dire qu’elle ne comprend pas la tendance des Africains à toujours voir aux autres les causes de leur malheur. Hélas, c’est de naissance. Le dimanche dernier, un ami, de couleur noire. Un homme de ce pays et senior pour ne pas dire vieux regrettait devant moi que les jeunes d’aujourd’hui ne savent plus draguer les femmes. Comme à leur temps évidemment . Hélas, c’est une erreur de toutes les générations. Chacune se croit supérieure et bien éduquée par rapport à la nouvelle ou à la suivante. A l’époque de Platon on trouvait que la jeunesse actuelle n’avait point de culture et ne respectait plus les parents. Que n’a-t-on pas dit de la jeunesse des années 60 ? Celle de l’indépendance. Les adultes désespéraient de faire de nous des « gens normaux. » Vous vous imaginez, on dansait le twist. On se coiffait en calypso. Aujourd’hui, cette génération 60, à l’instar de mon interlocuteur, ne comprend pas que des gens puissent danser le zouglou ou porter des bijoux à l’oreille en tant que garçon. Certains adultes, ils sont de plus en plus nombreux, disent que la fin du monde n’est plus loin à cause du comportement des jeunes d’aujourd’hui. A l’époque de Jésus, on parlait de la fin du monde qui était très proche. Ce qui me paraît paradoxal, c’est le silence des anciennes générations sur les prouesses technologiques des nouvelles générations. Que de découvertes et de réalisations depuis l’année 2000 ! En 1970, on était loin d’imaginer un écran plasma de télévision. C’est vraiment ringard d’avoir, aujourd’hui, un ancien écran de télévision. C’est dépassé. Mon ami senior me disait qu’autrefois on savait draguer parce que nous partions au cinéma avec les femmes. C’est vrai que le cinéma était le lieu favori de tous les dragueurs de l’époque. Les contacts physiques se nouaient rapidement dans l’obscurité de la salle. Beaucoup des hommes de notre génération ont donné leur premier bécot dans une salle de cinéma. Ah, les cinémas « Le Studio. » Je pense qu’on peut faire des thèses sur sa face visible et cachée. Les dernières rangées étaient les plus prisées. Le cinéma continue de susciter le romantisme dans les pays européens . Mais les pays africains n’ont plus de cinéma. La pauvreté a frappé dans le tas. L’insécurité a fait le reste. Le cinéma est rentré dans les maisons, à toutes les heures, avec les satellites. Le cinéma est devenu cadeau. On le regarde maintenant dans un salon. La drague a donc changé de camp. Les jeunes d’aujourd’hui ne doivent pas et ne peuvent plus suivre nos pas. Ce serait ridicule. Le monde évolue. Ce n’est qu’en classe de CM1 que mes yeux s’ouvrent aux choses de l’amour à travers un voisin. J’étais si petit par rapport à ce « colosse ». Sur le papier on avait le même âge mais physiquement et mentalement il pouvait me dépasser de dix ans. Il avait déjà mis en état de grossesse une fille de CM2. Il passait tout son temps à écrire aux filles et à recevoir leurs réponses. Il avait des cahiers de chants qu’il échangeait avec les filles. La drague à l’époque donc était d’envoyer des lettres et des cahiers de chants aux filles. Celui qui a été notre premier du CP1 au CM2 avait une femme dans son village Anoumabo. Il était trop vieux pour continuer les études malgré son intelligence. Il fallait nourrir les bébés qui venaient comme les escaliers. Quand je l’ai revu, des années plus tard, sur le Pont Félix Houphouët-Boigny, il m’a dit qu’il était manutentionnaire. Quelqu’un qui chargeait les camions de cartons. Il aurait dû mériter mieux. Mais Boudha a dit que la femme est la source de tous les maux. Elle est aussi le plus grand stimulant du cerveau. Toutes les générations ont dû jouer à l’équilibriste pour ne pas perdre le sens des réalités face à la drague. Une phrase du Président Kennedy convient parfaitement à cette situation : « Par le passé, ceux qui ont chevauché un tigre ont fini par être mangé ( par cet animal.) Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
PS : « Dois-je dire à mon meilleur ami qu’il est cocu ? » C’est le titre d’un article du journaliste William Rejault. Il est du journal Le Post. Son ami lui a demandé de l’informer si un jour il sait quelque chose concernant l’infidélité de sa femme. « Je ne veux pas être le cocu qui ignore tout. » Cet ami avait été effondré de voir son beau-frère sortir d’un hôtel avec une autre femme. Le journaliste de demander à tous s’il était possible d’informer son ami qu’il est cocu. Son ami, effectivement, l’était. Mais il ne pouvait pas lui dire la vérité. Pourriez-vous prendre ce risque ? N’essayez surtout pas. Ici, c’est l’Afrique. C’est vous-même que la femme accusera…


Par Isaïe Biton Koulibaly


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