L’hebdomadaire panafricain passe au peigne fin le sondage réalisé par l’institut français TNS-Sofres qui apprécie la cote de popularité des principaux hommes politiques.
Certes, la Côte d’Ivoire n’est pas la Suède. C’est donc avec certaines précautions que l’on prendra les résultats du sondage TNS Sofres réalisé entre le 31 mai et le 16 juin à Abidjan-Lagunes et dans dix régions (sur dix-huit) de l’intérieur du pays, dont le principal résultat - Laurent Gbagbo largement en tête au premier tour de la présidentielle avec 43 % des voix - fait déjà beaucoup jaser sur les rives de la lagune Ebrié.
Des précautions, donc, dues à la composition du double échantillon (mille personnes à Abidjan et mille autres ailleurs) établi par l’institut français à partir de données locales dont le degré de fiabilité n’est pas le même qu’en Europe, même si Brice Teinturier, le numéro deux de la Sofres, qui a piloté l’équipe de vingt enquêteurs ivoiriens, estime avoir «tout fait pour s’approcher le plus possible d’une structure représentative de la population » et revendique une certaine connaissance du terrain, TNS Sofres ayant déjà travaillé à deux reprises en Côte d’Ivoire au cours de la dernière décennie.
Ce sondage ultrasensible a été réalisé, il convient de le préciser, pour le compte de Leabond Ltd, une société écran du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo. Mais rien n’agace plus Brice Teinturier que le soupçon de connivence: «Qui paye un sondage n’en commande pas les résultats. TNS Sofres est un groupe coté en Bourse, leader en France sur son créneau. Croire que nous avons pris le risque de mettre en cause notre crédibilité pour un simple contrat est à la fois faux et injurieux. »
Dont acte et, en l’absence d’informations précises sur d’autres sondages de ce type commandés par d’autres candidats à l’élection présidentielle (contactés par nos soins, les états-majors d’Henri Konan Bédié et d’Alassane Ouattara se refusent à tout commentaire sur ce point), force est de constater que cette enquête est une première.
Qu’y apprend-on? Le plus spectaculaire - les intentions de vote au premier tour - n’est pas forcément le plus significatif. Certes, Gbagbo se détache assez nettement, ce qui est une relative surprise, et la primaire entre ses deux adversaires est loin d’être jouée, ce qui ne l’est pas. Mais il s’agit d’un sondage d’avant-campagne électorale, laquelle peut fort bien faire bouger les lignes en accentuant les clivages. Plus que jamais, le second tour demeure ouvert.
Le taux de popularité élevé de l’actuel Président ivoirien est en revanche un vrai sujet d’étonnement: 61 % des sondés ont une bonne opinion d’un homme qu’on ne pensait pas aussi consensuel. Parmi eux, beaucoup de jeunes primovotants relevant d’un «stock» électoral urbain et, surtout, transethnique - une vraie nouveauté.
Cette amélioration de l’image de Laurent Gbagbo se retrouve dans celle de son parti politique. Le Fpi fait presque jeu égal avec le Pdci d’Henri Konan Bédié, lequel bénéficie toujours du respect dû à un parti d’aînés et de l’aura de feu Félix Houphouet-Boigny. Si l’on en croit le sondage, le Rdr d’Alassane Ouattara est beaucoup plus « clivant» : il suscite des adhésions et des rejets tranchés. En réalité et sous réserve de confirmation par les urnes, la lente progression d’un vote «moderne» et intercommunautaire en Côte d’Ivoire est la chance de Laurent Gbagbo, puisque c’est à lui, apparemment, que ce phénomène profite, ses concurrents ayant, eux, davantage intérêt à ce que les réflexes du vote «traditionnel» perdurent.
Si les Ivoiriens sont plutôt pessimistes sur la tenue du scrutin à la date prévue (39% sont convaincus que le vote aura bien lieu, 44 % qu’il sera une nouvelle fois repoussé), leur optimisme pour les années à venir démontre qu’ils ont surmonté la morosité qui a prévalu au cours de la dernière décennie. 81 % pensent que les choses vont en s’améliorant, ce qui ne les empêche pas d’exposer clairement leurs attentes.
Interrogés sur les domaines à améliorer en priorité, les sondés placent en tête l’emploi, suivi des soins médicaux, de la lutte contre la pauvreté, de l’état des routes et de la scolarisation. Un «top 5 » qui relègue très loin en queue de peloton des préoccupations telles que le fonctionnement de la démocratie, les relations entre Ivoiriens et les rapports avec la France. À n’en pas douter, ce sont là les vrais enjeux de l’élection. Qui, au second tour, apparaît comme le mieux à même d’y faire face et donc de l’emporter? Cette photographie indicative de l’état de l’opinion ivoirienne qu’est ce sondage TNS Sofres, aux résultats duquel J.A. a eu partiellement accès, le dit. Mais, sauf si Laurent Gbagbo se décide à la dévoiler, nous ne connaîtrons pas la réponse. «L’enquête appartient au client, lequel souhaite, pour des raisons stratégiques, en tenir une partie confidentielle», explique Brice Teinturier. Pour l’instant?
Certes, la Côte d’Ivoire n’est pas la Suède. C’est donc avec certaines précautions que l’on prendra les résultats du sondage TNS Sofres réalisé entre le 31 mai et le 16 juin à Abidjan-Lagunes et dans dix régions (sur dix-huit) de l’intérieur du pays, dont le principal résultat - Laurent Gbagbo largement en tête au premier tour de la présidentielle avec 43 % des voix - fait déjà beaucoup jaser sur les rives de la lagune Ebrié.
Des précautions, donc, dues à la composition du double échantillon (mille personnes à Abidjan et mille autres ailleurs) établi par l’institut français à partir de données locales dont le degré de fiabilité n’est pas le même qu’en Europe, même si Brice Teinturier, le numéro deux de la Sofres, qui a piloté l’équipe de vingt enquêteurs ivoiriens, estime avoir «tout fait pour s’approcher le plus possible d’une structure représentative de la population » et revendique une certaine connaissance du terrain, TNS Sofres ayant déjà travaillé à deux reprises en Côte d’Ivoire au cours de la dernière décennie.
Ce sondage ultrasensible a été réalisé, il convient de le préciser, pour le compte de Leabond Ltd, une société écran du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo. Mais rien n’agace plus Brice Teinturier que le soupçon de connivence: «Qui paye un sondage n’en commande pas les résultats. TNS Sofres est un groupe coté en Bourse, leader en France sur son créneau. Croire que nous avons pris le risque de mettre en cause notre crédibilité pour un simple contrat est à la fois faux et injurieux. »
Dont acte et, en l’absence d’informations précises sur d’autres sondages de ce type commandés par d’autres candidats à l’élection présidentielle (contactés par nos soins, les états-majors d’Henri Konan Bédié et d’Alassane Ouattara se refusent à tout commentaire sur ce point), force est de constater que cette enquête est une première.
Qu’y apprend-on? Le plus spectaculaire - les intentions de vote au premier tour - n’est pas forcément le plus significatif. Certes, Gbagbo se détache assez nettement, ce qui est une relative surprise, et la primaire entre ses deux adversaires est loin d’être jouée, ce qui ne l’est pas. Mais il s’agit d’un sondage d’avant-campagne électorale, laquelle peut fort bien faire bouger les lignes en accentuant les clivages. Plus que jamais, le second tour demeure ouvert.
Le taux de popularité élevé de l’actuel Président ivoirien est en revanche un vrai sujet d’étonnement: 61 % des sondés ont une bonne opinion d’un homme qu’on ne pensait pas aussi consensuel. Parmi eux, beaucoup de jeunes primovotants relevant d’un «stock» électoral urbain et, surtout, transethnique - une vraie nouveauté.
Cette amélioration de l’image de Laurent Gbagbo se retrouve dans celle de son parti politique. Le Fpi fait presque jeu égal avec le Pdci d’Henri Konan Bédié, lequel bénéficie toujours du respect dû à un parti d’aînés et de l’aura de feu Félix Houphouet-Boigny. Si l’on en croit le sondage, le Rdr d’Alassane Ouattara est beaucoup plus « clivant» : il suscite des adhésions et des rejets tranchés. En réalité et sous réserve de confirmation par les urnes, la lente progression d’un vote «moderne» et intercommunautaire en Côte d’Ivoire est la chance de Laurent Gbagbo, puisque c’est à lui, apparemment, que ce phénomène profite, ses concurrents ayant, eux, davantage intérêt à ce que les réflexes du vote «traditionnel» perdurent.
Si les Ivoiriens sont plutôt pessimistes sur la tenue du scrutin à la date prévue (39% sont convaincus que le vote aura bien lieu, 44 % qu’il sera une nouvelle fois repoussé), leur optimisme pour les années à venir démontre qu’ils ont surmonté la morosité qui a prévalu au cours de la dernière décennie. 81 % pensent que les choses vont en s’améliorant, ce qui ne les empêche pas d’exposer clairement leurs attentes.
Interrogés sur les domaines à améliorer en priorité, les sondés placent en tête l’emploi, suivi des soins médicaux, de la lutte contre la pauvreté, de l’état des routes et de la scolarisation. Un «top 5 » qui relègue très loin en queue de peloton des préoccupations telles que le fonctionnement de la démocratie, les relations entre Ivoiriens et les rapports avec la France. À n’en pas douter, ce sont là les vrais enjeux de l’élection. Qui, au second tour, apparaît comme le mieux à même d’y faire face et donc de l’emporter? Cette photographie indicative de l’état de l’opinion ivoirienne qu’est ce sondage TNS Sofres, aux résultats duquel J.A. a eu partiellement accès, le dit. Mais, sauf si Laurent Gbagbo se décide à la dévoiler, nous ne connaîtrons pas la réponse. «L’enquête appartient au client, lequel souhaite, pour des raisons stratégiques, en tenir une partie confidentielle», explique Brice Teinturier. Pour l’instant?