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Politique Publié le mercredi 29 juillet 2009 | Le Patriote

Bruit autour des intentions de vote de la sofres - Un sondage n’est pas une élection

Tel un furoncle, le débat qui a cours en ce moment sur le sondage publié récemment par la SOFRES, n’en finit pas d’enfler. Tel un furoncle, crevez-le donc, et vous n’y verrez en dessous que du pus ! Videz ensuite le pus, et il ne restera plus qu’une petite lésion bénigne, sans gravité.
Disons-le tout net, le battage médiatique qui a lieu depuis quelques jours au sujet du sondage de la SOFRES, a deux caractéristiques : il est tout aussi purulent que puéril.
Ceux qui ont décidé de le mener et qui se recrutent dans une certaine presse plus ou moins conditionnée par le Palais, n’ont qu’un seul dessein : manipuler l’opinion en faveur du président-candidat Laurent Gbagbo. Même s’ils savent bien que ce sondage ne peut avoir qu’une portée marginale sur le débat politique en Côte d’Ivoire. Ouattara a même jugé « très amusant » l’ardeur qu’il suscite au sein du microcosme politique ivoirien.
La raison en est toute simple : un sondage n’est pas une élection. Le résultat d’un sondage n’est pas le résultat du dépouillement final d’un scrutin. La vocation de cette discipline ne saurait être plus de prédire les résultats d’une élection que d’en comprendre les tendances. En règle générale pour un homme politique, commanditer un sondage participe plus de la préparation et de la mise en place d’une stratégie de campagne que de la volonté de consolider sa force sociologique. Vous aurez beau commanditer mille sondages, ce n’est jamais qu’avec votre capacité à travailler efficacement sur le terrain, à convaincre la population par votre discours, que vous garantirez votre succès final.
On ne peut donc pas brandir les résultats d’un sondage comme on brandirait les résultats d’une élection. Surtout, à quatre mois de celle-ci. Car en quatre mois, Dieu seul sait qu’il peut s’en passer des choses. D’autant qu’il n’est pas certain que lorsqu’il sollicitait la SOFRES pour réaliser ce sondage (qui n’a porté que sur un échantillonnage de 1000 personnes « à Abidjan et hors d’Abidjan »), Gbagbo lui ai demandé de traduire le résultat de ce travail théorique en réalité matérielle sur le terrain.
Cette frénésie médiatique à laquelle les Ivoiriens assistent ces derniers jours – et qui trahit l’emballement mal contenu de Laurent Gbagbo – est d’autant plus stérile que, à la vérité, la plupart des candidats, Bédié et Ouattara en premier, ont eux aussi commandité des sondages qu’ils entendent publier au moment qu’il jugeraient politiquement opportun pour eux. Et, pour ce que nous croyons savoir, c’est un institut américain extrêmement côté dans la spécialité et commandité par le candidat du RDR qui, depuis quelques semaines seulement, a bouclé son travail sur le territoire ivoirien. Et les résultats sont de très loin différents de ceux qui font jubiler en ce moment Gbagbo et les siens. Et l’ancien DGA du FMI qui sait qu’un sondage visant à saisir des intentions de vote à une semaine d’une élection n’a rien à voir avec un sondage du même type réalisé à plusieurs mois de cette élection bien que la question posée soit identique, ne compte pas s’arrêter à ce seul travail d’évaluation.
Si, malgré tous ces « acquis », Alassane Ouattara ne s’enflamme pas comme Gbagbo, c’est qu’il a, par ailleurs, une claire conscience qu’un sondage peut s’avérer un véritable « plantage ». Dans le jargon des spécialistes de cette science, c’est une « mésaventure » assez fréquente. Les exemples d’Al Gore, chouchou des sondages lors de la Présidentielle en 2000 aux Etats-Unis mais battu par Georges Bush, celui de Balladur en France, favori des mêmes sondages en 1995 et que les Français ont boudé pour un Jacques Chirac porteur du très envoutant message de « la fracture sociale », la débâcle du très populaire Jospin face à un Jean Marie Le Pen qu’aucun sondage n’avait annoncé au second tour en 2002,etc. sont autant d’exemples qui incitent à la réserve. Et Ouattara, d’ordinaire pondéré, à la différence nette du très loquace et exubérant Gbagbo, sait très bien qu’en politique, savoir parler est une qualité, mais seul le terrain compte vraiment.
Koré Emmanuel
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