A la demande d`une structure proche du parti au pouvoir, le Fpi, Tns Sofres a réalisé une étude sur la popularité des responsables ivoiriens et sur les intentions de vote, dans la perspective de la prochaine présidentielle qui doit avoir lieu fin novembre. Il ressort de ce sondage que le Président Laurent Gbagbo serait très populaire auprès des jeunes urbains. Notre invité, ce matin, Emmanuel Rivière, directeur du département "Stratégies d`opinions" de Tns Sofres, répond aux questions d`Olivier Roger.
Bonjour Emmanuel Rivière. Vous avez réalisé fin juin-début juillet, en Côte d`Ivoire, un sondage politique qui montre que le Président Laurent Gbagbo est populaire. Qui sont les Ivoiriens qui plébiscitent Laurent Gbagbo?
Bonjour. 61% des personnes interrogées nous disent avoir une bonne opinion de Laurent Gbagbo, avec des différences, selon les catégories, qui font apparaître, une popularité encore plus élevée chez les plus jeunes, en particulier chez ceux dont l`âge est compris entre 18 et 24 ans. Il a également de bons scores chez les employés. Mais, ce qu`on constate, c`est qu`il y a des différences selon les régions. A Abidjan, il est un peu plus populaire que sur l`ensemble du pays. Puis, il y a des régions, notamment le sud-ouest du pays où sa popularité est plus élevée, et d`autres, moins. Mais, globalement, il y a peu d`endroits où il y a un rejet du Président Laurent Gbagbo. Même dans le nord où le rejet n`est pas massif.
La Côte d`Ivoire connaît depuis 10 ans, une crise politique et ethnique profonde. Avez- vous le sentiment, aujourd`hui, que Laurent Gbagbo est trans-ethnique, pourrait- on dire?
C`est un point intéressant de cette enquête. La dimension ethnique du vote de la popularité de Laurent Gbagbo n`a pas disparu. Mais, elle n`explique pas à 100% les comportements. Que ce soit la dimension ethnique ou celle régionale qui se superpose en grande partie d`ailleurs sur certains aspects, il a des scores qui continuent à varier fortement. On retient qu`autour de sa région d`origine, il a des scores plus élevés. Et, même si, là, la prudence statistique ne permet pas de le constater dans la structure des chiffres, on le constate dans la structure du sondage. Mais, y compris dans les zones et les ethnies, qui, a priori, ne lui sont pas favorables, on constate qu`il obtient, non seulement les bonnes opinions d`un Président, et aussi les suffrages.
Comment expliquez- vous cette popularité dans les zones où, traditionnellement, il n`a pas beaucoup de supporters?
C`est le processus de normalisation. Un chef est aussi considéré en fonction de sa politique, de ce qu`il fait; et pas uniquement en fonction d`une appartenance ethnique...
Alors, la popularité des trois grandes personnalités politiques ivoiriennes, rejaillit, bien évidemment, sur leurs partis. Notez-vous des différences en terme d`électorat en ce qui concerne le Rdr d`Alassane Ouattara, le Pdci de Henri Konan Bédié et le Fpi de Laurent Gbagbo?
On se rend compte que le Pdci a un électorat légitimiste, une bonne image au sein de l`électorat des plus âgés. Il a d`ailleurs une meilleure image que le parti de Laurent Gbagbo. Mais, ils sont proches l`un de l`autre. Alors que le Rdr est mal classé, en raison des clivages; c`est-à-dire que le Rdr a des zones de force et des zones où il est rejeté par la population. On voit qu`il a davantage de soutiens dans les zones frontalières du nord.
Peut-on dire que les militants du Rdr, les gens qui sympathisent avec cette formation
politique, sont plus fidèles que ceux des autres partis?
Sans doute qu`il y a une dimension identitaire. On constate qu`il y a de très forts niveaux de soutien, notamment dans les régions frontalières du nord du pays. Et, ailleurs, des niveaux de rejet, qui sont sans doute la trace du conflit. La question qui peut se poser, c`est de savoir s`il y a des oppositions franches et totales entre le nord et le sud du pays. Ce n`est pas totalement vrai. Parce que Alassane Ouattara a des électeurs pas trop mal répartis sur l`ensemble du pays. Laurent Gbagbo aussi. Cependant, par rapport à l`image, on constate que celle des deux partis, le Pdci et le Fpi, est plus consensuelle que celle du Rdr.
Merci Emmanuel Rivière
NB : Edition de Rfi du jeudi 30 juillet 2009, entre 6h43 et 7h30 GMT
Bonjour Emmanuel Rivière. Vous avez réalisé fin juin-début juillet, en Côte d`Ivoire, un sondage politique qui montre que le Président Laurent Gbagbo est populaire. Qui sont les Ivoiriens qui plébiscitent Laurent Gbagbo?
Bonjour. 61% des personnes interrogées nous disent avoir une bonne opinion de Laurent Gbagbo, avec des différences, selon les catégories, qui font apparaître, une popularité encore plus élevée chez les plus jeunes, en particulier chez ceux dont l`âge est compris entre 18 et 24 ans. Il a également de bons scores chez les employés. Mais, ce qu`on constate, c`est qu`il y a des différences selon les régions. A Abidjan, il est un peu plus populaire que sur l`ensemble du pays. Puis, il y a des régions, notamment le sud-ouest du pays où sa popularité est plus élevée, et d`autres, moins. Mais, globalement, il y a peu d`endroits où il y a un rejet du Président Laurent Gbagbo. Même dans le nord où le rejet n`est pas massif.
La Côte d`Ivoire connaît depuis 10 ans, une crise politique et ethnique profonde. Avez- vous le sentiment, aujourd`hui, que Laurent Gbagbo est trans-ethnique, pourrait- on dire?
C`est un point intéressant de cette enquête. La dimension ethnique du vote de la popularité de Laurent Gbagbo n`a pas disparu. Mais, elle n`explique pas à 100% les comportements. Que ce soit la dimension ethnique ou celle régionale qui se superpose en grande partie d`ailleurs sur certains aspects, il a des scores qui continuent à varier fortement. On retient qu`autour de sa région d`origine, il a des scores plus élevés. Et, même si, là, la prudence statistique ne permet pas de le constater dans la structure des chiffres, on le constate dans la structure du sondage. Mais, y compris dans les zones et les ethnies, qui, a priori, ne lui sont pas favorables, on constate qu`il obtient, non seulement les bonnes opinions d`un Président, et aussi les suffrages.
Comment expliquez- vous cette popularité dans les zones où, traditionnellement, il n`a pas beaucoup de supporters?
C`est le processus de normalisation. Un chef est aussi considéré en fonction de sa politique, de ce qu`il fait; et pas uniquement en fonction d`une appartenance ethnique...
Alors, la popularité des trois grandes personnalités politiques ivoiriennes, rejaillit, bien évidemment, sur leurs partis. Notez-vous des différences en terme d`électorat en ce qui concerne le Rdr d`Alassane Ouattara, le Pdci de Henri Konan Bédié et le Fpi de Laurent Gbagbo?
On se rend compte que le Pdci a un électorat légitimiste, une bonne image au sein de l`électorat des plus âgés. Il a d`ailleurs une meilleure image que le parti de Laurent Gbagbo. Mais, ils sont proches l`un de l`autre. Alors que le Rdr est mal classé, en raison des clivages; c`est-à-dire que le Rdr a des zones de force et des zones où il est rejeté par la population. On voit qu`il a davantage de soutiens dans les zones frontalières du nord.
Peut-on dire que les militants du Rdr, les gens qui sympathisent avec cette formation
politique, sont plus fidèles que ceux des autres partis?
Sans doute qu`il y a une dimension identitaire. On constate qu`il y a de très forts niveaux de soutien, notamment dans les régions frontalières du nord du pays. Et, ailleurs, des niveaux de rejet, qui sont sans doute la trace du conflit. La question qui peut se poser, c`est de savoir s`il y a des oppositions franches et totales entre le nord et le sud du pays. Ce n`est pas totalement vrai. Parce que Alassane Ouattara a des électeurs pas trop mal répartis sur l`ensemble du pays. Laurent Gbagbo aussi. Cependant, par rapport à l`image, on constate que celle des deux partis, le Pdci et le Fpi, est plus consensuelle que celle du Rdr.
Merci Emmanuel Rivière
NB : Edition de Rfi du jeudi 30 juillet 2009, entre 6h43 et 7h30 GMT
