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Politique Publié le lundi 3 août 2009 | Fraternité Matin

La France fait campagne pour Gbagbo

Le scrutin du 29 novembre prochain suscite des polémiques entretenues par l’Hexagone, qui sont susceptibles de faire l’affaire du Président sortant.

Plus rien ne va entre la France et la Côte d’Ivoire. Après près de deux ans d’accalmie, consécutive au changement de Président dans l’Hexagone, c’est la poussée d’adrénaline dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Et c’est Jean-Marc Simon, nouvel ambassadeur de la France en Côte d’Ivoire qui, prenant fonction dans une atmosphère de surchauffe politique, doit bien se mordre les doigts.

Le 29 juillet, il tentait de sauver les meubles. “Sarkozy a beaucoup d’estime pour Laurent Gbagbo”, soutenait-il au sortir de l’audience que le Chef de l’Etat lui a accordée, pour tenter d’arrondir les angles et rattraper les déclarations incendiaires du Président français qui accusait Laurent Gbagbo de ne pas “être digne de confiance”. Manque de pot pour lui, le lendemain, le représentant permanent de la France à l’Onu, Jean-Maurice Ripert, jetait de l’huile sur le feu, au Conseil de sécurité, en le faisant mentir. Elargissant la part de responsabilité dans les reports des élections générales, il mettait à l’index le manque de volonté de tous les acteurs politiques ivoiriens dans “la perspective des élections qui n’en finissent pas de s’éloigner”.

Si cette situation n’est pas de nature à faciliter la tâche à l’ambassadeur français, elle fait, sans doute, l’affaire de Laurent Gbagbo. Au lendemain du sondage de l’institut Tns-Sofres - qui crée un véritable séisme sur l’échiquier politique parce qu’il montre que, contrairement aux assertions des opposants, le Président ivoirien n’est pas aussi impopulaire que l’on veut le présenter -, les autorités françaises ne s’imaginent pas que leurs sorties risquent de faire des victimes collatérales: les principaux adversaires de Laurent Gbagbo au scrutin du 29 novembre prochain, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.

Ne l’oublions pas. Depuis la présidentielle d’octobre 2000, c’est chaque fois que Laurent Gbagbo est poussé dans ses derniers retranchements que sa cote de popularité connaît une incroyable courbe ascendante. Au soir du scrutin qu’il a remporté dans les urnes, alors que le général Guéi Robert s’était autoproclamé Président de la République après avoir dissous la Commission nationale électorale (Cne) de Honoré Guié, c’est le peuple qui a contraint le chef de la junte militaire à rendre le tablier. Et dès le déclenchement de l’insurrection militaire, dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, qui s’est muée en rébellion armée, c’est encore le peuple, dans toute sa diversité et dans sa grande majorité, qui a fait bloc autour des institutions républicaines pour faire échec au putsch.

Le sentiment général est que le Président ivoirien, bête noire de la françafrique, n’est pas le préféré des anciennes puissances coloniales en général et de la France en particulier. C’est pourquoi, en oubliant sa promesse de rupture avec “les réseaux d’un autre temps” et de transparence dans les relations avec l’Afrique, Sarkozy conforte les uns et les autres dans leur conviction que Laurent Gbagbo est et reste vraiment le “candidat des Ivoiriens”, c’est-à-dire de la libération du pays des servitudes coloniales contre ceux “des étrangers”, c’est-à-dire de la recolonisation du pays.

De son côté, Henri Konan Bédié est venu apporter du grain à moudre à ceux qui pensent que le Président sortant est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. En soutenant, à Paris, les “doutes” de Sarkozy sur la volonté de Laurent Gbagbo d’aller au scrutin présidentiel alors que lui-même sait que c’est la Commission électorale indépendante (Cei, présidée par Robert Mambé Beugré, membre des instances du Pdci-Rda) qui est le maître d’ouvrage des élections en Côte d’Ivoire, le président du plus vieux parti de Côte d’Ivoire renforce cette conviction de nombreux Ivoiriens (Cf. Le Nouveau Réveil n°2.278 du 25 juillet 2009).

De ce fait, la galaxie patriotique, qui était en hibernation pour ne pas gêner la sortie de crise, s’est mise en éveil. Les “agoras” et “parlements” mobilisent leurs troupes depuis que le Président français a fait planer la menace d’une intervention militaire française pour chasser Gbagbo du pouvoir. Le Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd, rassemblement de plusieurs partis politiques, syndicats et Ong du camp présidentiel), aphone en raison de quelques frictions internes, est sorti de sa réserve pour condamner “l’attitude belliqueuse du Président Sarkozy” qui confine, selon lui, au colonialisme et au paternalisme français en Afrique. Les femmes patriotes ne sont pas en reste. Elles ont, elles aussi, fait entendre leurs voix pour mettre en garde les autorités françaises.

C’est donc le branle-bas. Qui coalise toutes les forces centripètes du camp présidentiel. En effervescence, elles se mettent, instinctivement, en ordre de bataille, pour faire triompher leur candidat: Laurent Gbagbo. Avec le coup de pouce (involontaire) de la France.

Ferro M. Bally
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