Un vrai coup dur pour le candidat du Rassemblement des républicains (Rdr) en tournée dans le haut-Sassandra et le Fromager. Le directeur de campagne d'Alassane Dramane Ouattara pour le Sud d'Abidjan, Ibrahim Cissé Bacongo, a bruyamment pris ses distances hier avec la campagne de son leader. Il a fermé le quartier général de Marcory et décidé de ne plus rien sponsoriser ni parrainer. Première conséquence de ce coup de sang, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique devait parrainer un match de football à Marcory. Il a appelé vers 13h pour annuler. Depuis lors, Bacongo est devenu injoignable au téléphone. De source très bien informée, la colère du ministre Bacongo est dirigée contre le secrétaire général-adjoint du parti, Amadou Gon Coulibaly. Le directeur national de campagne d'ADO est allé présider, hier, la cérémonie d'investiture de trois mouvements de soutien au candidat de la rue Lepic. Petit détail : il a omis ( ?) d'y associer le premier responsable de la zone, Ibrahim Bacongo. « Il est venu sur son terrain, a invité ses structures et n'a même pas eu la courtoisie de l'informer. Personne ne peut accepter cela. Car, c'est du mépris », a tonné au téléphone, un collaborateur du ministre de l'Enseignement supérieur. « Le clash était prévisible », a commenté un responsable de la case verte. Les deux ministres auraient déjà été proches de l'affrontement à la veille de la convention du Rdr à Yamoussoukro, l'année dernière. Une crise vite étouffée. Mais, le feu était sous la cendre. Avec comme substrat une querelle de leadership. Et, dans l'entourage du directeur de campagne d'Abidjan Sud, l'on estime que le secrétaire général-adjoint voit d'un mauvais œil la montée en puissance de M. Cissé. Rien ne semble expliquer un tel mépris pour un homme qui s'investit pleinement pour le succès de son candidat, souligne-t-on. L'on rappelle la publication d'un livre sur ADO, la création d'un espace d'échanges à Koumassi, à l'image des « agoras » du Front populaire ivoirien (Fpi), la mise à disposition d'un Qg équipé, le site internet de campagne, le groupe musical, etc. Autant d'initiatives qui auraient dû attirer la sympathie de la direction nationale de campagne. Le ministre Bacongo aurait d'ailleurs plusieurs fois saisi le patron du Rdr sur le mépris dont il était victime. Sans suite. La cérémonie d'hier a donc été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. « C'est un problème de personnes. Pour dénoncer le manque de considération d'Amadou Gon envers lui, Bacongo a décidé de se mettre de côté. Je trouve surprenant que ces deux responsables n'aient pas été capables de s'asseoir pour régler leur différend. Ils démontrent qu'ils ne sont pas dignes de gérer la Côte d'Ivoire », a tranché un membre du conseil politique du parti. « Il faut qu'ils sachent que nous ne sommes pas contents d'eux. Le Rdr ne doit pas tomber dans de la petite politique avec tous les sacrifices que les militants et les sympathisants ont consenti au cours de toutes ces années », a ajouté ce haut responsable. Aux dernières nouvelles, de grandes manœuvres étaient en cours pour emmener le ministre Bacongo à reconsidérer sa position.
Kesy B. Jacob
Kesy B. Jacob