Droit au but : réhabilitation ?

Cinq millions de francs CFA. C’est le geste que le chef de l’Etat vient de poser en faveur des…dozos. C’est une habitude que les groupes sociaux bénéficient de l’oxygène du palais, mais le don remis par Laurent Gbagbo à la confrérie des chasseurs traditionnels ne manque pas d’intérêt. Son envoyé à Korhogo pour la remise du cadeau, le Dr Coulibaly Malick, a souligné la satisfaction de son patron à l’égard des guerriers de la lumière pour leur immense travail aux côtés des Forces nouvelles pour le maintien de la sécurité et de la paix. Une reconnaissance qui tranche avec ce que l’occupant du palais pense et dit des dozos. Sous la transition militaire, Laurent Gbagbo a publiquement fustigé la présence des dozos dans les quartiers et les villages. Pas question, a-t-il dit, que des personnes autres que les forces régulières s’occupent de la sécurité. Le président du Front populaire ivoirien avait même menacé de faire arrêter et jeter en prison ces individus s’il conduisait les destinées du pays. Pendant les mois qui ont suivi le déclenchement de la rébellion armée, toute personne qui avait le malheur de porter une tenue ou des attributs rappelant le dozo signait sa condamnation à mort sur le champ. Il y a eu de nombreuses exécutions sommaires de ce genre. Certaines ont été montrées sur les écrans de la télévision nationale. Les victimes présentées comme des trophées de la lutte patriotique. Qu’est-ce qui explique alors ces baisers et ces fleurs aux dozos? Les élections à venir ! Elles sont présentées comme les plus indécises que le pays ait jamais connues. Malgré les chiffres du sondage télécommandé qui veulent faire accréditer un vainqueur avant l’heure, chaque voix va compter. Y compris les voix des dozos. Hier des parias, il faut en faire des alliés. A tout pris !

D. Al Seni