Très jeunes déjà, ils se prennent, eux-mêmes, en charge en arpentant rues et ruelles de la ville à la recherche de leur pitance quotidienne. C’est le prix à payer, pour les talibés appelés ‘‘enfants mendiants’’, pour être acceptés dans le cerclé fermé des marabouts.
Quand on lui parle de la fête de Noël, de bandes dessinées à succès pour les tout petits ou de l’émission ‘‘Wozo vacances’’ sur la Première chaine de la Télévision nationale (Rti), il reste stupéfait. La bouche grandement ouverte, les yeux écarquillés, le petit Souleymane S. passe des minutes entières sans mot dire. A 12 ans, il avoue n’avoir jamais entendu parler de ces moments de joie et de bonheur pour les enfants de son âge. Sa vie est un peu particulière. Celle d’élèves marabouts, appelés communément « talibés » qui arpentent, par petits groupes, les rues de la capitale de la Vallée du Bandama, en quête de charité. Depuis environ deux ans, le petit Souley a été séparé de la cellule familiale pour apprendre la science de marabout auprès de son maître. Il confie qu’il a une existence partagée entre l’école et la mendicité. Ce 31 juillet, au centre ville, en compagnie d’autres enfants
d’infortune, ils hèlent les passants. « Y a pas école aujourd’hui. On habite ensemble chez le maître vers l’abattoir municipal. On profite de ce jour de repos (les jeudis et vendredis) pour venir demander de la nourriture, de l’argent, des vêtements», indique-t-il. Une gamelle de fortune accrochée au cou par un morceau de pagne, la chemise en haillons, une paire de sandales trouées, il parcourt, en compagnie d’autres élèves, le quartier Commerce pour quémander l’aumône. De temps en temps, ils empruntent les motos-taxis pour les longues distances. « Le conducteur nous prend 300 Fcfa la course. On monte à trois voire quatre parfois sur la même moto. Les motocyclistes sont indulgents là-dessus. Cela nous arrange, car la note à payer, est subdivisée par le nombre de passagers », note le petit mendiant. Très souvent, ils regagnent le centre ville à pieds, faute de moyens. Ce qui réduit la chance de « ratisser large »
dans les ruelles du Commerce. « Quand on se rend à pieds au centre ville, on met beaucoup de temps en route. Quand nous arrivons, il est presque midi. On a peu de temps pour nous reposer. Le soir, quand on doit rentrer, on n’a pratiquement pas grand-chose dans la poche. Sur le chemin de retour, on passe de concession en concession pour la même cause.. Il y a des jours, on rentre presque bredouilles », confie Souley qui pense que « le jour de son jour », où la chance lui sourira, n’est pas loin.
Le soleil vient à peine de se lever ce 31 juillet. Mais déjà, Souley et son groupe sont sur le terrain. Le premier passage dans l’artère principale du quartier des affaires de Bouaké leur a souri. En une heure ‘‘d’activité’’, Souley brandit fièrement deux pièces de 100 Fcfa et une pièce de 50 Fcfa. La journée, dit-il intérieurement, s’annonce bien. Les 150 Fcfa déjà récoltés représentent la part quotidienne du ‘‘grand maître’’. Ce qu’il gagnera le reste de la journée lui revient pour ses petits besoins. « C’est loin d’être une taxe à prélever obligatoirement sur nos gains journaliers. C’est un geste de reconnaissance pour prouver tout mon attachement à sa personne. Le maître est plus qu’un père pour moi », précise-t-il comme pour se dédouaner d’un devoir moral. Son berger de père, dans la zone de Raffia, vient rarement à Bouaké pour s’enquérir de sa condition de vie. Le dernier souvenir
qu’il garde de lui remonte à la dernière fête de Tabaski. Ce jour-là, son papa avait profité de ses congés annuels pour venir le voir. Le plus âgé parmi eux, Ahmadou, reconnaît également avoir des souvenirs très vagues de ses géniteurs. « J’ai bien envie de voir ma mère et les autres membres de ma famille. Surtout pendant mes moments de stress. Mais ce désir ne peut être comblé. Car, ils sont bien loin d’ici.. J’ai fini par m’habituer à leur absence. Mais quand je vois souvent d’autres enfants accompagnés de leurs mères, l’émotion m’étreint et mon cœur se fend», confie-t-il, la voix chargée d’amertume. Une lueur d’espoir éclaire son visage à l’idée que cette longue et douloureuse période de séparation tire à sa fin. « Je les ai quittés quand j’avais neuf ans. Aujourd’hui, j’en ai 14. J’ai bouclé le premier cycle de mes études. L’année prochaine, je pourrai rentrer en famille. Je serai en
mesure d’apprendre à lire et à écrire à d’autres enfants », se réconforte-t-il. Avant de revenir brusquement à sa triste condition d’enfant mendiant. Un véhicule de type 4x4 vient de stationner. La cohorte se rue sur la grosse cylindrée. C’est le premier arrivé qui a la chance de remporter la mise. Souley n’est pas aidé par son allure nonchalante. Après avoir posé les pieds à terre, le conducteur de la 4X4 sort de sa poche quelques pièces de monnaies. Les enfants se précipitent avec leur boîte qu’ils tendent à leur bienfaiteur. La scène dure quelques secondes. Le calme revient après le départ de la 4X4. Un deuxième groupe de talibés arrive dans le périmètre de la bande à Souley. Plus nombreux, on les reconnaît par la couleur et la nature de leur gamelle. De grosses boîtes de tomate accrochées au cou, ces mendiants vivent à Tollakouadiokro, un sous-quartier de Dar-es-Salam. Badara semble être le plus jeune du
nouveau groupe. Il bénéficie de la protection de son frère aîné Tiéfi. Le père est charbonnier à Broukro. « Notre mère est allée cultiver au Mali. Par jour, on peut gagner entre 200 et 300 Fcfa. On vit en groupe chez notre maître ‘‘Bouakoroba’’ ou grand père en malinké. Notre petite mère détient une caisse dans laquelle on met notre argent. Le soir, chacun lui remet une part du gain quotidien. A l’approche de chaque fête, on utilise cet argent pour payer quelques habits et de nouvelles chaussures », fait-il remarquer. Contrairement au premier groupe de talibés, Badara, Tiéfi et leurs compagnons d’école ont une autre occupation. « Les samedis et dimanches, nous aidons le maître dans son champ de maïs. C’est un vaste domaine que nous avons labouré pendant la saison sèche. Cette plantation permet au maître d’assurer la nourriture », témoigne Tiéfi. Les élèves marabouts sont aussi au service de l’épouse du
maître qu’ils appellent affectueusement « petite mère ». « Nous veillons à ce que la barrique et les autres récipients soient régulièrement pleins d’eau. Nous puisons l’eau du puits creusé dans la cour », indique-t-il.. Ce soir du 31 juillet, Tiéfi et son petit frère n’auront pas besoin de dîner à la maison. Leur gamelle étant bourrée de mélange de riz et d’attiéké. « On a été servi par une restauratrice du quartier. Ce sont les restes des repas que les clients ont abandonnés», racontent les deux talibés. Leur présence aux abords des restaurants au centre ville n’est pas du goût d’Yvonne K. Selon cette tenancière de maquis, le manque d’hygiène des talibés coupe souvent l’appétit à ses clients. « Ils sont toujours à l’affût. Pendant que le client mange, ils le fixent du regard. C’est incommodant. Le comble, c’est qu’à peine le client finit de manger, qu’ils se battent pour laper les
assiettes. J’ai beau parler, en vain», se plaint-elle. Tiéfi, Badara et les autres membres de la bande caressent un rêve : « Nous voulons devenir des marabouts pour apprendre, nous aussi, cette science à d’autres enfants qui, en retour, nous vouerons soumission et obéissance. Nous voulons faire partie de ceux qui, de part leur connaissance, seront épargnés de la colère du Tout Puissant, le jour de vérité », promettent-ils. Le chemin est encore long et exige beaucoup d’endurance et d’abnégation si on en croit Baldé, un maître marabout qui a sous sa responsabilité près de 30 talibés. « Ces jeunes se doivent d’épuiser les examens de trois différents cycles : la lecture des versets du Coran, le Livre Saint. Cette première étape peut prendre au minimum cinq ans. Le cycle suivant, moins long, s’étend sur quatre ans. Il exige beaucoup d’attention et une grande capacité de rétention. L’étudiant doit faire preuve
d’une excellente aptitude à mémoriser les textes sacrés », enseigne-t-il. Avant d’ajouter que le dernier cycle a une durée de dix ans. Il requiert, mentionne le maître marabout, plus de dévouement et d’opiniâtreté pour l’obtention du titre envié par tous les jeunes élèves marabouts.. « Outre la mémorisation, le candidat est appelé à dénombrer tous les mots contenus dans les phrases des versets. C’est extrêmement éprouvant. Je ne sais pas s’il existe ce type d’étudiant en Côte d’ Ivoire. Au Mali et au Burkina, il est fréquent de rencontrer des étudiants évoluant dans ce cycle », révèle-t-il.
Assis sur un tapis au milieu de sa cour, Baldé, le maître, tout de blanc vêtu, active le feu. Autour de lui, des enfants en pleine méditation. A l’aide de crayons taillés dans des tiges de roseaux, ils reproduisent soigneusement, à l’encre, des lettres arabes sur des supports en bois. Il est presque 11heures quand une horde de petits mendiants fait son entrée dans la cour. Ils accrochent leurs gamelles à l’une des transverses de l’appâtam. Après s’être lavé les pieds et les mains, en signe de soumission, ils s’agenouillent devant le maître pour lui signaler leur retour dans la demeure après la ronde dans la ville à la recherche du pain quotidien. « Il n’y a pas de frais d’inscription. Les parents se chargent uniquement des frais d’écolage qui s’élèvent à 100 Fcfa, payables chaque mercredi. Soit un total mensuel de 500 Fcfa. Les parents les plus éloignés, après l’admission de leurs enfants, trouvent un moyen
de me faire parvenir périodiquement cette somme. Sans oublier le contact téléphonique pour me permettre de les joindre en cas d’urgence », évoque Baldé. Les enfants se prennent, eux-mêmes, en charge. « Voilà pourquoi, explique-t-il, ils arpentent rues et ruelles de la ville à la recherche de quoi manger. » C’est le prix à payer pour être accepté dans le cerclé très fermé des marabouts.
Marcel Konan
Correspondant régional
Quand on lui parle de la fête de Noël, de bandes dessinées à succès pour les tout petits ou de l’émission ‘‘Wozo vacances’’ sur la Première chaine de la Télévision nationale (Rti), il reste stupéfait. La bouche grandement ouverte, les yeux écarquillés, le petit Souleymane S. passe des minutes entières sans mot dire. A 12 ans, il avoue n’avoir jamais entendu parler de ces moments de joie et de bonheur pour les enfants de son âge. Sa vie est un peu particulière. Celle d’élèves marabouts, appelés communément « talibés » qui arpentent, par petits groupes, les rues de la capitale de la Vallée du Bandama, en quête de charité. Depuis environ deux ans, le petit Souley a été séparé de la cellule familiale pour apprendre la science de marabout auprès de son maître. Il confie qu’il a une existence partagée entre l’école et la mendicité. Ce 31 juillet, au centre ville, en compagnie d’autres enfants
d’infortune, ils hèlent les passants. « Y a pas école aujourd’hui. On habite ensemble chez le maître vers l’abattoir municipal. On profite de ce jour de repos (les jeudis et vendredis) pour venir demander de la nourriture, de l’argent, des vêtements», indique-t-il. Une gamelle de fortune accrochée au cou par un morceau de pagne, la chemise en haillons, une paire de sandales trouées, il parcourt, en compagnie d’autres élèves, le quartier Commerce pour quémander l’aumône. De temps en temps, ils empruntent les motos-taxis pour les longues distances. « Le conducteur nous prend 300 Fcfa la course. On monte à trois voire quatre parfois sur la même moto. Les motocyclistes sont indulgents là-dessus. Cela nous arrange, car la note à payer, est subdivisée par le nombre de passagers », note le petit mendiant. Très souvent, ils regagnent le centre ville à pieds, faute de moyens. Ce qui réduit la chance de « ratisser large »
dans les ruelles du Commerce. « Quand on se rend à pieds au centre ville, on met beaucoup de temps en route. Quand nous arrivons, il est presque midi. On a peu de temps pour nous reposer. Le soir, quand on doit rentrer, on n’a pratiquement pas grand-chose dans la poche. Sur le chemin de retour, on passe de concession en concession pour la même cause.. Il y a des jours, on rentre presque bredouilles », confie Souley qui pense que « le jour de son jour », où la chance lui sourira, n’est pas loin.
Le soleil vient à peine de se lever ce 31 juillet. Mais déjà, Souley et son groupe sont sur le terrain. Le premier passage dans l’artère principale du quartier des affaires de Bouaké leur a souri. En une heure ‘‘d’activité’’, Souley brandit fièrement deux pièces de 100 Fcfa et une pièce de 50 Fcfa. La journée, dit-il intérieurement, s’annonce bien. Les 150 Fcfa déjà récoltés représentent la part quotidienne du ‘‘grand maître’’. Ce qu’il gagnera le reste de la journée lui revient pour ses petits besoins. « C’est loin d’être une taxe à prélever obligatoirement sur nos gains journaliers. C’est un geste de reconnaissance pour prouver tout mon attachement à sa personne. Le maître est plus qu’un père pour moi », précise-t-il comme pour se dédouaner d’un devoir moral. Son berger de père, dans la zone de Raffia, vient rarement à Bouaké pour s’enquérir de sa condition de vie. Le dernier souvenir
qu’il garde de lui remonte à la dernière fête de Tabaski. Ce jour-là, son papa avait profité de ses congés annuels pour venir le voir. Le plus âgé parmi eux, Ahmadou, reconnaît également avoir des souvenirs très vagues de ses géniteurs. « J’ai bien envie de voir ma mère et les autres membres de ma famille. Surtout pendant mes moments de stress. Mais ce désir ne peut être comblé. Car, ils sont bien loin d’ici.. J’ai fini par m’habituer à leur absence. Mais quand je vois souvent d’autres enfants accompagnés de leurs mères, l’émotion m’étreint et mon cœur se fend», confie-t-il, la voix chargée d’amertume. Une lueur d’espoir éclaire son visage à l’idée que cette longue et douloureuse période de séparation tire à sa fin. « Je les ai quittés quand j’avais neuf ans. Aujourd’hui, j’en ai 14. J’ai bouclé le premier cycle de mes études. L’année prochaine, je pourrai rentrer en famille. Je serai en
mesure d’apprendre à lire et à écrire à d’autres enfants », se réconforte-t-il. Avant de revenir brusquement à sa triste condition d’enfant mendiant. Un véhicule de type 4x4 vient de stationner. La cohorte se rue sur la grosse cylindrée. C’est le premier arrivé qui a la chance de remporter la mise. Souley n’est pas aidé par son allure nonchalante. Après avoir posé les pieds à terre, le conducteur de la 4X4 sort de sa poche quelques pièces de monnaies. Les enfants se précipitent avec leur boîte qu’ils tendent à leur bienfaiteur. La scène dure quelques secondes. Le calme revient après le départ de la 4X4. Un deuxième groupe de talibés arrive dans le périmètre de la bande à Souley. Plus nombreux, on les reconnaît par la couleur et la nature de leur gamelle. De grosses boîtes de tomate accrochées au cou, ces mendiants vivent à Tollakouadiokro, un sous-quartier de Dar-es-Salam. Badara semble être le plus jeune du
nouveau groupe. Il bénéficie de la protection de son frère aîné Tiéfi. Le père est charbonnier à Broukro. « Notre mère est allée cultiver au Mali. Par jour, on peut gagner entre 200 et 300 Fcfa. On vit en groupe chez notre maître ‘‘Bouakoroba’’ ou grand père en malinké. Notre petite mère détient une caisse dans laquelle on met notre argent. Le soir, chacun lui remet une part du gain quotidien. A l’approche de chaque fête, on utilise cet argent pour payer quelques habits et de nouvelles chaussures », fait-il remarquer. Contrairement au premier groupe de talibés, Badara, Tiéfi et leurs compagnons d’école ont une autre occupation. « Les samedis et dimanches, nous aidons le maître dans son champ de maïs. C’est un vaste domaine que nous avons labouré pendant la saison sèche. Cette plantation permet au maître d’assurer la nourriture », témoigne Tiéfi. Les élèves marabouts sont aussi au service de l’épouse du
maître qu’ils appellent affectueusement « petite mère ». « Nous veillons à ce que la barrique et les autres récipients soient régulièrement pleins d’eau. Nous puisons l’eau du puits creusé dans la cour », indique-t-il.. Ce soir du 31 juillet, Tiéfi et son petit frère n’auront pas besoin de dîner à la maison. Leur gamelle étant bourrée de mélange de riz et d’attiéké. « On a été servi par une restauratrice du quartier. Ce sont les restes des repas que les clients ont abandonnés», racontent les deux talibés. Leur présence aux abords des restaurants au centre ville n’est pas du goût d’Yvonne K. Selon cette tenancière de maquis, le manque d’hygiène des talibés coupe souvent l’appétit à ses clients. « Ils sont toujours à l’affût. Pendant que le client mange, ils le fixent du regard. C’est incommodant. Le comble, c’est qu’à peine le client finit de manger, qu’ils se battent pour laper les
assiettes. J’ai beau parler, en vain», se plaint-elle. Tiéfi, Badara et les autres membres de la bande caressent un rêve : « Nous voulons devenir des marabouts pour apprendre, nous aussi, cette science à d’autres enfants qui, en retour, nous vouerons soumission et obéissance. Nous voulons faire partie de ceux qui, de part leur connaissance, seront épargnés de la colère du Tout Puissant, le jour de vérité », promettent-ils. Le chemin est encore long et exige beaucoup d’endurance et d’abnégation si on en croit Baldé, un maître marabout qui a sous sa responsabilité près de 30 talibés. « Ces jeunes se doivent d’épuiser les examens de trois différents cycles : la lecture des versets du Coran, le Livre Saint. Cette première étape peut prendre au minimum cinq ans. Le cycle suivant, moins long, s’étend sur quatre ans. Il exige beaucoup d’attention et une grande capacité de rétention. L’étudiant doit faire preuve
d’une excellente aptitude à mémoriser les textes sacrés », enseigne-t-il. Avant d’ajouter que le dernier cycle a une durée de dix ans. Il requiert, mentionne le maître marabout, plus de dévouement et d’opiniâtreté pour l’obtention du titre envié par tous les jeunes élèves marabouts.. « Outre la mémorisation, le candidat est appelé à dénombrer tous les mots contenus dans les phrases des versets. C’est extrêmement éprouvant. Je ne sais pas s’il existe ce type d’étudiant en Côte d’ Ivoire. Au Mali et au Burkina, il est fréquent de rencontrer des étudiants évoluant dans ce cycle », révèle-t-il.
Assis sur un tapis au milieu de sa cour, Baldé, le maître, tout de blanc vêtu, active le feu. Autour de lui, des enfants en pleine méditation. A l’aide de crayons taillés dans des tiges de roseaux, ils reproduisent soigneusement, à l’encre, des lettres arabes sur des supports en bois. Il est presque 11heures quand une horde de petits mendiants fait son entrée dans la cour. Ils accrochent leurs gamelles à l’une des transverses de l’appâtam. Après s’être lavé les pieds et les mains, en signe de soumission, ils s’agenouillent devant le maître pour lui signaler leur retour dans la demeure après la ronde dans la ville à la recherche du pain quotidien. « Il n’y a pas de frais d’inscription. Les parents se chargent uniquement des frais d’écolage qui s’élèvent à 100 Fcfa, payables chaque mercredi. Soit un total mensuel de 500 Fcfa. Les parents les plus éloignés, après l’admission de leurs enfants, trouvent un moyen
de me faire parvenir périodiquement cette somme. Sans oublier le contact téléphonique pour me permettre de les joindre en cas d’urgence », évoque Baldé. Les enfants se prennent, eux-mêmes, en charge. « Voilà pourquoi, explique-t-il, ils arpentent rues et ruelles de la ville à la recherche de quoi manger. » C’est le prix à payer pour être accepté dans le cerclé très fermé des marabouts.
Marcel Konan
Correspondant régional