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Société Publié le mercredi 5 août 2009 | Nord-Sud

Dr Florent Aka Kroo (Président de l’Ordre national des médecins de Côte d’Ivoire) : “Le vrai malade ne voyage pas”

Dans la suite de notre enquête sur la vente de médicaments dans le transport en commun publiée hier, le président de l’Ordre national des médecins de Côte d’Ivoire se prononce sur ce phénomène en appelant la population à la vigilance.


Savez-vous que des médicaments sont prescrits aujourd’hui dans les véhicules de transport en commun ?

Je n’étais pas informé de cette nouvelle donne, mais, je n’en suis pas étonné. Sur le trottoir, dans certains marchés à Abidjan, les médicaments se vendent. Je ne suis pas étonné qu’en voulant montrer leur ingéniosité en marketing, ces personnes qui vendent les médicaments à la criée soient aujourd’hui dans le transport public. Ce ne sont pas des médecins, ce sont des commerçants.


Ces commerçants disent que leurs médicaments guérissent. Ils font des diagnostics sur place et proposent même des panacées contre les différents maux (ventre, de tête, de dents…).

Effectivement ces commerçants n’ont rien à avoir avec la médecine. Ils vendent leurs comprimés. Ce sont des médicaments qui, la plupart du temps, sont entrés par la fraude sur le territoire ou dérobés dans certaines officines. Puisque les pharmacies sont attaquées. Ce sont des médicaments qui ne sont pas conditionnés. Le soi-disant client se laisse avoir par ces médicaments qui sont de différentes couleurs. Il croit en celui qui vend le produit sans savoir même le nom du médicament. C’est la couleur qui l’attire. Si le client a un faible pour le bleu, il achètera tous les médicaments bleus qu’on va lui proposer. Parce qu’effectivement, le vendeur à la criée, est un commerçant. Il dit que son médicament peut soigner la prostate, le mal de ventre, la carie dentaire. On ne peut pas dire aujourd’hui que les clients potentiels de ce commerce ne sont pas informés des dangers. Mais, c’est le laxisme, la nonchalance qui explique cela.


N’est-ce pas une conséquence du coût élevé des médicaments que vous prescrivez dans les hôpitaux?

Non. Je ne pense pas que c’est parce que les médicaments sont chers. Un passager qui se trouve dans un car pour une destination n’est pas malade. Mais il se laisse aller comme quelqu’un qui voit des bonbons, des gâteaux, des sucettes qu’on vend à la criée devant les voitures. Il faut aussi qu’au niveau des clients potentiels de ce commerce l’on fasse de la sensibilisation pour leur expliquer le danger. Même les bonbons sont souvent de mauvaise qualité. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a eu des pâtes dentifrices dangereuses sur les trottoirs. Il est vrai que l’Etat doit lutter contre ce genre de chose. Mais, il ne peut pas mettre un policier ou un gendarme derrière chaque individu.


Des gens ont affirmé avoir été guéris par ces produits…

Je vous dis d’abord que ce ne sont pas des malades. Ceux qui achètent des médicaments à la criée sont comme ttout le monde. On a de temps en temps de petits maux de tête, de petits maux de ventre. Tout dépend de ce qu’on a mangé. Parce qu’un vendeur à la criée nous montre un comprimé qui a une couleur rouge ou blanche en disant que ces produits peuvent guérir, on pense qu’on doit l’acheter. Certains clients peuvent même avaler un bonbon et voir leur mal de tête disparaître. On ne peut pas dire qu’ils sont guéris. On ne peut pas parler de maladie dans ce cas.


Quelles solutions proposez-vous pour éviter le contact de la population avec ces produits?

Il revient aux propriétaires de ces véhicules de transport en commun d’agir pour empêcher ce commerce. Mais vous savez aussi que le propriétaire peut donner des directives mais le chauffeur, qui est le seul maître à bord, permettre à ces commerçants véreux d’exercer contre une petite commission. On ne peut pas mettre un gendarme dans chaque car. Il faut continuer la sensibilisation vis-à-vis des populations. Il faut sanctionner aussi ces commerçants véreux. Au niveau du ministère de la Santé, des textes sont en cours de validation pour con­trecarrer ce phénomène. Ils seront proposés au gouvernement probablement cette année. Pour le moment, nous sommes obligés de mettre en garde la population face aux dangers.


Interview réalisée par N.D.
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