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Politique Publié le jeudi 6 août 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Interview / Soro Siaka (Com-secteur Sipilou): “L`APO a instauré la confiance entre les populations et nous”

Le sergent Soro Siaka, Com-secteur Sipilou, expose dans cet entretien ses attentes au moment où la Côte d`Ivoire prépare la sortie de crise par les élections.

Comment appréhendez-vous la visite du président de l`UDPCI, candidat à la prochaine présidentielle ?
Nous l`appréhendons comme un signe d`espoir surtout pour les populations. Parce que, quand un candidat d`un parti politique vient vers les populations, c`est pour demander leurs suffrages. Si elles les lui accordent, en retour, elles auront quelque chose de bénéfique. Donc nous sommes très contents pour elles.

Cela fait plusieurs années que vous contrôlez ce secteur. Peut-on savoir quel est l`environnement de cette zone aujourd`hui ?
Je peux dire que ça va. La population est calme. Surtout que nous sommes à cheval sur deux pays, la Côte d`Ivoire et la Guinée. Ça devrait être difficile, mais bien au contraire, ça va. Tout est calme.

N`est-ce pas l`effet de l`Accord politique de Ouagadougou (APO) ?
Il faut le reconnaître, l`Accord politique de Ouaga a beaucoup décrispé la situation. Il y avait un petit manque de confiance entre la population et nous. Mais quand l`Accord a été signé, beaucoup ont commencé à revenir. Les élus locaux qui ont appris la nouvelle ne se sont pas fait prier. Ils sont plus fréquents dans leurs localités. Ils multiplient les campagnes de sensibilisation des populations au retour. Nous pensons que l`APO est arrivé au bon moment. Il faut le soutenir. Parce qu`il y avait des paroles, mais il n`y avait pas encore d`acte. Tout le monde a apprécié cet accord qui est en train de nous conduire à la paix. Notre souhait est qu`on aille rapidement à la paix. Nous adhérons à cet Accord.

Est-ce-dire que vous êtes fatigués de la guerre ?
Si, nous sommes fatigués de la guerre. Il faut accompagner la paix. Il y a déjà la paix, mais il faut accompagner cette paix-là. C`est ce que nous faisons.

Quelles sont aujourd`hui vos attentes ?
Nos attentes, ce sont les élections. Il faut absolument aller aux élections. Les autres attentes seront posées au président qui sera élu. C`est lui qui aura en charge le règlement des problèmes des Ivoiriens.
Avec le retard accusé actuellement, croyez-vous à des élections le 29 novembre prochain ?
Nous y croyons. Surtout que j`ai écouté le président de la CEI la dernière fois, il l`a encore répété. Jusqu`à nouvel ordre, je crois à ces élections. Si elles n`ont pas lieu, je crois qu`il faut que chacun se calme, parce que ce n`est pas la fin du monde. Les élections visent à régler un problème. En tant qu`humains, on peut prévoir, mais c`est Dieu qui fait le reste. Donc, si elles n`ont pas lieu, on s`en remettra à Dieu.

Quelles sont vos difficultés à Sipilou ?
Nos principales difficultés demeurent les routes et l`eau. Vous l`avez vu vous-mêmes, l`état de la route laisse à désirer. Nos avons aussi un problème d`eau potable. Il y en a d`autres, mais ce sont là les principales. Comme on le dit, la route précède le développement. S`il y a la route, tout le reste suivra. Quand à l`eau, elle conditionne la santé. En temps de pluie, il peut y avoir le choléra et les autres maladies liées à l`eau. Pour aller à des élections, il faut bien que les populations se portent bien. Ici, nos populations sont sous la menace de maladies à cause de l`eau. Nous lançons donc un SOS au gouvernement.

La sécurité est-elle garantie dans cette zone frontalière de la Guinée ?
La sécurité est garantie, à part quelques petits cas de vol. Il y avait aussi les coupeurs de route, mais ce phénomène est en train de mourir lui aussi parce que nous avons pris des dispositions draconiennes notamment l`escorte des camions.

Le Centre de commandement intégré (CCI) est-il opérationnel dans votre secteur ?
Non, le CCI n`est pas encore opérationnel ici.

Avez-vous quand même été contacté dans le cadre de ce programme ?
Personnellement, non. Les responsables politiques et militaires des FN ont été contactés. Nous sommes donc partants.

Recevez-vous les émissions de la RTI ?
Non. Nous n`avons aucune image, ni de la Côte d`Ivoire, ni de la Guinée. Sauf ceux qui ont les paraboles. Sur ce plan, nous sommes enclavés. La presse écrite, elle arrive ici avec deux jours de retard.

Le redéploiement de l`administration est-il une réalité ici ?
Il manque beaucoup de fonctionnaires. J`invite donc les autorités politiques à venir reprendre leurs postes à Sipilou. Ce que nous souhaitons pour les populations de Sipilou, c`est le développement. Le collège doit être réhabilité. Il faut des enseignants pour qu`il fonctionne de façon normale. Pour ne plus que les enfants de Sipilou aillent jusqu`à Biankouma car c`est très éloigné. Nous souhaitons également qu`on affecte un médecin maintenant.

Que deviendrez-vous après la crise ?
Pendant que nous y sommes, ce que je souhaite, c`est que la paix revienne dans le pays de façon formelle. Moi-même personnellement, mon souhait est d`aller reprendre mon boulot de militaire.

Entretien réalisé à Sipilou
par José S. Koudou
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