Ces dernières années, il était à tous les points chauds. Avec la mise à l`écart du directeur général du Budget et des Finances, Kouassi Kouamé, le gouvernement se sépare d`une pièce maîtresse dans les négociations financières multilatérales.
Kouassi Kouamé n`est plus à la Direction générale du Budget et des Finances (DGBF). Un départ réclamé par Laurent Gbagbo ? Officiellement non. Selon les autorités, M. Kouamé a préféré quitter ses fonctions à la tête de la structure étatique pour rejoindre la Banque centrale des Etats de l`Afrique de l`ouest (Bceao). Depuis août 1994, il était en détachement auprès du gouvernement ivoirien. La Banque centrale dont il est un employé aurait estimé qu`au-delà de 15 années, elle n`était plus en mesure de renouveler sa mise à disposition. «Il avait le choix entre démissionner de la Bceao et rester en fonction à Abidjan ou retourner et abandonner ses responsabilités locales. Il a décidé de partir», clame-t-on du côté du ministère de l`Economie et des Finances. Les éclairages de la Bceao sont toujours attendus. Mais selon certains de ses collègues, après l`épisode «des malversations présumées au Crou-A » dans laquelle son nom avait été mêlé, M. Kouamé était devenu presqu`un reclus même s`il donnait l`impression de tenir ferme la barre de la DGBF, et de ne pas avoir l`intention de la lâcher. Mais, derrière l’assurance se cachait un homme brisé. Pour l`ancien directeur de la prévision, la malversation présumée dont on le soupçonne n`est pas seulement une délation médiatique, mais un acharnement orchestré. Confronté à une féroce adversité de proximité, Kouassi Kouamé peine à se remettre même s`il se montre extrêmement combatif. Auditorium de la Caistab au Plateau, le 20 avril. Troisième édition du séminaire-bilan du ministère de l`Economie et des Finances. Baromètre de suivi et d`autoévaluation, la réunion rassemble la quasi-totalité des administrateurs de la gestion budgétaire et a pour objectif de faire le point de l`année écoulée, s`imprégner des nouvelles orientations afin d`assainir la gestion macroéconomique. Kouassi Kouamé sort le grand jeu. Il confectionne «un budget cohérent» au regard des avancées dans le processus de sortie de crise, le rétablissement des relations avec la communauté financière internationale. Il évoque notamment l`exécution du Programme d`assistance d`urgence post-conflit (Aupc) et la conclusion d`un programme à moyen terme, soutenu par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc). «Une vraie démarche d`expert», se souvient Laurent Abinan, ordonnateur financier. «Une grande habileté », reconnaît à mots couverts le ministre Charles Diby Koffi. Dix ans que cela dure. D`ailleurs pour la suite des négociations sur l`initiative PPTE, il a participé activement ce dossier qui n`était pas gagné d`avance. Dans les affectations et réaffectations budgétaires notamment aux secteurs sociaux, il a laissé libre cours à son savoir-faire en matière de respect de discipline budgétaire et utilisé son entregent. Le remplacement de M. Kouamé par Michel Martial Tahi est un énorme risque. Militant du Front populaire ivoirien (Fpi) M. Tahi n`est pas connu pour sa grande maîtrise des dossiers internationaux et les éventuels écarts pourraient entraîner un raidissement des partenaires multilatéraux sur le chemin du point d`achèvement.
Lanciné Bakayoko
Kouassi Kouamé n`est plus à la Direction générale du Budget et des Finances (DGBF). Un départ réclamé par Laurent Gbagbo ? Officiellement non. Selon les autorités, M. Kouamé a préféré quitter ses fonctions à la tête de la structure étatique pour rejoindre la Banque centrale des Etats de l`Afrique de l`ouest (Bceao). Depuis août 1994, il était en détachement auprès du gouvernement ivoirien. La Banque centrale dont il est un employé aurait estimé qu`au-delà de 15 années, elle n`était plus en mesure de renouveler sa mise à disposition. «Il avait le choix entre démissionner de la Bceao et rester en fonction à Abidjan ou retourner et abandonner ses responsabilités locales. Il a décidé de partir», clame-t-on du côté du ministère de l`Economie et des Finances. Les éclairages de la Bceao sont toujours attendus. Mais selon certains de ses collègues, après l`épisode «des malversations présumées au Crou-A » dans laquelle son nom avait été mêlé, M. Kouamé était devenu presqu`un reclus même s`il donnait l`impression de tenir ferme la barre de la DGBF, et de ne pas avoir l`intention de la lâcher. Mais, derrière l’assurance se cachait un homme brisé. Pour l`ancien directeur de la prévision, la malversation présumée dont on le soupçonne n`est pas seulement une délation médiatique, mais un acharnement orchestré. Confronté à une féroce adversité de proximité, Kouassi Kouamé peine à se remettre même s`il se montre extrêmement combatif. Auditorium de la Caistab au Plateau, le 20 avril. Troisième édition du séminaire-bilan du ministère de l`Economie et des Finances. Baromètre de suivi et d`autoévaluation, la réunion rassemble la quasi-totalité des administrateurs de la gestion budgétaire et a pour objectif de faire le point de l`année écoulée, s`imprégner des nouvelles orientations afin d`assainir la gestion macroéconomique. Kouassi Kouamé sort le grand jeu. Il confectionne «un budget cohérent» au regard des avancées dans le processus de sortie de crise, le rétablissement des relations avec la communauté financière internationale. Il évoque notamment l`exécution du Programme d`assistance d`urgence post-conflit (Aupc) et la conclusion d`un programme à moyen terme, soutenu par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc). «Une vraie démarche d`expert», se souvient Laurent Abinan, ordonnateur financier. «Une grande habileté », reconnaît à mots couverts le ministre Charles Diby Koffi. Dix ans que cela dure. D`ailleurs pour la suite des négociations sur l`initiative PPTE, il a participé activement ce dossier qui n`était pas gagné d`avance. Dans les affectations et réaffectations budgétaires notamment aux secteurs sociaux, il a laissé libre cours à son savoir-faire en matière de respect de discipline budgétaire et utilisé son entregent. Le remplacement de M. Kouamé par Michel Martial Tahi est un énorme risque. Militant du Front populaire ivoirien (Fpi) M. Tahi n`est pas connu pour sa grande maîtrise des dossiers internationaux et les éventuels écarts pourraient entraîner un raidissement des partenaires multilatéraux sur le chemin du point d`achèvement.
Lanciné Bakayoko
