L'Eglise méthodiste de Côte d'Ivoire n'a pas retrouvé la paix. Les adversaires du bishop Benjamin Boni l'ont démontré hier au cours d’une conférence de presse. C'est un nouveau coup de pioche dans le fossé qui sépare les deux camps de l'Eglise méthodiste de Côte d'Ivoire. Hier, au Plateau, la branche protestante était devant la presse pour annoncer que chacun des deux groupes constitue désormais une église autonome avec son nom et son logo. C'est l'issue de la bataille juridique autour de cette crise née du changement de dénomination de l'église. Le bishop Benjamin Boni qui a opté pour l'appellation d' « Eglise méthodiste unie de Côte d'Ivoire, (Emuci) » est opposé à d'autres pasteurs qui exigent le maintien du nom « Eglise protestante méthodiste de Côte d'Ivoire (Epmci». Des doyens du corps pastoral favorables à ce principe ont effectué le déplacement pour expliquer leur position. Il s'agit des pasteurs Bertin Charles Aka Legbédji, ex-chairman (chef) du district de Dabou, Lambert Akossi N'Cho, ex-président national (1990-1998) et Emmanuel N'Dri, ex-directeur de l'Institut méthodiste de théologie d'Abidjan. Les intervenants ont égrené leurs efforts de négociation pour éviter à l'église la crise qu'elle vit aujourd'hui. Ces démarches qui ont eu lieu en 2007 avaient pour but d'attirer l'attention du président Boni sur les plaintes des pasteurs et fidèles face aux innovations qu'ils constataient. Il ressort de leur récit que le guide ne s'est pas montré disponible pour ces échanges. Les doyens voulaient surtout une analyse profonde des conséquences de la nouvelle dénomination. Pour eux, celle-ci ramène en arrière la famille méthodiste ivoirienne. « D'une église autonome et libre, nous devenons une communauté missionnaire rattachée à l'église Méthodiste unie des USA. Nous perdons du coup toute liberté juridique, théologique, relationnelle, institutionnelle…D'adultes que nous étions, nous redevenons des enfants », caricature le pasteur Emmanuel N'Drin. Avec le rattachement à l'église américaine, le premier responsable passe du statut de président démocratiquement élu et soumis à la conférence annuelle à celui d'évêque ou de bishop, élu par un collège par un collège de bishops de l'Emu et à qui revient le dernier mot en matière de décision. « Autrement dit, nous basculons du régime presbytérien (qui dépend d'un chef local) à celui d'épiscopalien (dirigé par une tête mondiale). Redevenue mineure, c'est vers l'Emu que nous devons nous tourner pour résoudre tous nos problèmes», dénonce le pasteur N'Drin. Les protestants méthodistes souhaitent que dorénavant la liberté soit laissée aux fidèles de choisir entre l'ancienne ou la nouvelle église. Ils appellent les siens à la sérénité et à la non-violence. Un appel très éloquent sur les difficultés que rencontre la médiation du chef de l'Etat.
Cissé Sindou
Cissé Sindou