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Politique Publié le lundi 17 août 2009 | L’expression

L’Editorial : Jackson, et le sort

Le dix août 2009, Jesse Jackson foulait le sol ivoirien. Officiellement, il venait répondre à l’invitation du Cojep, Congrès panafricain des jeunes et des patriotes, qui tenait les assises de son quatrième congrès. L’invité d’honneur du Cojep, un homme de marque de la vie publique américaine devait illuminer le ciel gris de la vie politique locale entrée déjà en campagne pour des présidentielles annoncées le vingt neuf novembre prochain. L’attente était énorme et les moyens déployés le démontrent. Bien qu’activité d’un groupement privé, le Cojep par nature et statut est une association politique comme des dizaines d’autres qui peuplent le quotidien de la Côte d’Ivoire, l’ouverture de son congrès, le onze août au Palais de la culture a eu l’insigne honneur d’une retransmission en directe sur les antennes de la télévision nationale. Pourquoi un tel privilège ? La présence du chef de l’Etat à cette cérémonie pourrait expliquer cette faveur à laquelle n’ont pas droit même les partis politiques les plus en vue du pays.. Mais la seule présence du chef de l’Etat et une volonté subséquente de vendre l’image de la Côte d’Ivoire qui renaît au reste du monde ne suffisent pas. Pour rappel, le 1er décembre 2007, les assises de l’UPF, l’Union de la presse francophone, un rassemblement au retentissement très fort dans le monde entier en présence effective de Laurent Gbagbo et sous les regards des journalistes venus des quatre coins de la planète n’ont pas retenu l’attention de la télévision nationale. L’intérêt pour le congrès du Cojep réside donc ailleurs. Entre cette organisation et le palais, les liens sont très étroits. Laurent Gbagbo, c’est bien connu, se veut, pour les élections à venir, le candidat au dessus de la mêlée. Le Fpi, son parti d’origine, se révèle alors une camisole trop étroite pour porter
ses ambitions dans une joute qui, à bien des égards, se jouera dans un mouchoir de poche. A travers le rassemblement de Blé Goudé, le patron du Cojep, et ses amis, c’est la jeunesse ivoirienne voire africaine qui vient endosser la candidature du chef de l’Etat sortant. Le show organisé à cet effet, en réalité le lancement national et international de la campagne du locataire du palais du Plateau, devait être vu de tous. Et, un mardi, jour ouvrable au cœur de la semaine, l’Etat s’est déporté à ce rendez-vous de la première importance. Le peuple, par la télévision, a été requis de suivre. Chacun était indirectement autorisé à cesser toute activité et participer à la grand’ messe du Palais de la culture. Mais, comme très souvent en pareils cas, l’espérance des stratèges du palais, grands planificateurs en réalité du jeu, a connu des couacs. Le premier est venu du discours de la figure de proue des luttes pour les droits civiques aux USA. Jesse Jackson a, en effet, refusé d’être enfermé dans le rôle de supplétif d’un camp dans la lutte politique ivoirienne. Il a n’a pas voulu adouber la candidature de Laurent Gbagbo, répétant en public comme en privé, qu’il n’est pas venu supporter un candidat mais soutenir un processus. Cette prise de position a dérouté les organisateurs qui ont vu leur principal atout dans l’opération de markéting politique prendre le large. En fin connaisseur de la scène publique et soucieux de son image de marque, l’imminent membre du Parti démocrate américain, et ancien candidat à la candidature pour la présidentielle de son pays a, en outre, élargi le cercle de ses visites aux autres chapelles politiques ivoiriennes. Jackson a rencontré la direction du Rdr et a eu un entretien téléphonique avec Konan Bédié. Question de souligner qu’il n’est à la solde de personne. Deuxième pierre dans le jardin des patriotes et du camp présidentiel. Le sort s’est, lui aussi, invité dans la danse. Et ce podium qui s’écroule avec l’auguste invité en plein meeting à Yopougon, jette un voile noir sur la sortie de cet événement politico médiatique qui se voulait grandiose. Malgré tout, le pasteur noir a appelé à des élections le 29 novembre 2009. Des élections propres et incontestables qui marqueront la renaissance du pays. Cette invitation met les Ivoiriens face à leur responsabilité. Et c’est là le principal cadeau du révérend à toute la Côte d’Ivoire.

D. Al Seni
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