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Société Publié le lundi 17 août 2009 | Le Nouveau Réveil

Blocage du Bts - Maurice Douho (président du Pndci): “Où sont passés les 306 millions de droit d`examen des étudiants ?”

Douho Maurice est le président du parti national démocratique de Côte d`Ivoire. Convalescent après un grave accident de la circulation, il ressent le report de l`examen du BTS comme un "assassinat" des enfants, espoir de demain. Dans cette interview, il accuse le gouvernement devant son incapacité à assurer un meilleur avenir des enfants du pays.

Le sujet qui préoccupe aujourd`hui les acteurs de l`école ivoirienne, c`est le report de l`examen du Brevet de technicien supérieur (Bts). Vous êtes parent d`élève et surtout président de parti (Parti national démocratique de Côte d`Ivoire) quel est votre sentiment sur la question ?
Je dirais que c`est regrettable qu`un gouvernement prenne des décisions impopulaires de ce genre alors que c`est des situations qui sont prévisibles. Nous ne pouvons pas comprendre que des responsables de l`éducation, du supérieur surtout, viennent à la télévision pour reporter un examen qui est prévu depuis longtemps. Et à deux jours de la composition, on vient dire que l`examen est reporté sans fixer de nouvelles dates et sans explication. Il n`y a aucune explication pour éclairer le peuple sur ce report. Et c`est ça qui nous désole.

Qu`est-ce qui explique, selon vous, ce report ?
Le gouvernement n`a pas payé les établissements privés qui doivent accueillir les centres d`examens. Il faut dire que dans toute la Côte d`Ivoire, il y en a 36, si je ne me trompe pas, les enseignants peuvent rectifier. Il y en a seulement six qui sont du public. Tout le reste est offert à l`Etat par les investisseurs de l`enseignement privé.
Il se trouve que dans ces établissements, l`Etat affecte des étudiants. Mais l`Etat n`est pas capable de payer ce qu`il doit régulièrement à ces gens qui font un boulot extraordinaire pour la formation de nos enfants. Au début des examens, chaque année, il y a toujours ce problème. Mais, c`est la malveillance de ceux qui gouvernent parce qu`un problème qui est récurrent, il faut le prévoir et le corriger d`avance. C`est ce qu`ils ne font pas. Aujourd`hui, toutes les filières sont bloquées. Ils ont fait une promesse parce que les gens ne voulaient pas ouvrir leurs établissements. Ils ont fait une promesse de sorte que les gens soient entraînés à accepter d`ouvrir leur école. Mais il se trouve qu`après les premiers examens écrits qui n`ont pas encore eu leurs oraux, l`Etat n`a pas encore tenu ses promesses, c`est-à-dire, leur payer au moins une partie de ce qu`il leur doit. Donc, tout le privé a refusé de se prêter à ce jeu. Ils ont fermé leurs établissements. Je dirais que c`est tout le Bts, mais c`est le tertiaire surtout qui n`a même pas encore fait l`écrit qui est reporté. Et ça, ce n`est pas normal. Dans un pays, on ne se comporte pas comme ça, pour "assassiner" les enfants qui sont l`espoir de demain.
On court donc vers une année sans examens de Bts. De toutes les manières, nous savons que cette année est une année blanche. Vous avez vu tous les problèmes qui se sont posés à l`université, dans les établissements avec les grèves des étudiants. D`abord au niveau des enseignements eux-mêmes, du primaire jusqu`au supérieur, il y a eu plein de grèves. Si on veut être honnête, c`est une année qui devrait être déclarée blanche. Mais, les autorités n`ont pas le courage de le faire. Les gens les aident à pouvoir corriger tout cela, mais ils continuent dans leur malveillance. Nous pensons que cette année, le Bts ne sera pas possible puisque le privé n`est pas prêt à ouvrir ses établissements. Ça, c`est la première facette. La deuxième facette concerne tous ceux qui sont intéressés par ces examens les enseignants, les correcteurs, les surveillants. Je prends le tertiaire seulement qui enregistre 38 mille candidats. Multiplions-les par 8000 francs Cfa, nous avons près de 306 millions. Et ça, aucun étudiant candidat au Bts ne peut être inscrit ou recevoir sa convocation sans avoir payé les 8000 francs. Alors, où va tout cet argent ? Et lorsque ceux qui font le boulot doivent être payés, on leur dit d`attendre un an et pourtant l`argent est là ! Que se passe-t-il pour qu`on dise à ces enseignants et à tous les acteurs des examens d`attendre un an ? Je prends un exemple : lorsqu`un ministre du gouvernement doit aller en mission, on ne lui dit pas, paye de ta poche, à ton retour, on va payer tes frais de mission. Ils sont pressés de courir pour avoir leur frais de mission avant même de prendre leur billet d`avion. Pourquoi les parents d`élèves payent-ils pour les frais d`examens et on ne peut pas payer les acteurs des examens pour que nos enfants puissent aller de l`avant ? Il faut que cette situation s`arrête ! Sinon nos enfants vont être engloutis d`année en année. Et pour des responsables d`un Etat, si on n`est pas capable de penser à l`avenir des enfants qui vont assurer la relève, alors nous n`avons pas notre raison d`être. Voilà pourquoi, nous disons que ce Bts, le gouvernement est obligé maintenant, au risque d`annuler tous les examens, de payer ce qu`il doit au privé et surtout de payer les frais qui sont dus à tous les correcteurs et surveillants. C`est d`ailleurs une obligation parce que les frais d`examens ont été bel et bien payés.

Pensez-vous que les parents d`élèves agissent dans le sens de pousser l`Etat à pouvoir prendre ses responsabilités ?
Je pense que les parents d`élèves ont démissionné. Je n`ai pas réagi face à ce qui vient de se passer. Ce qui est un danger pour les enfants. Je n`ai vu aucun responsable politique réagir face à cette situation. Quand on veut gérer un pays, c`est pour notre postérité, ce n`est pas pour notre propre perte. Alors je crois que chacun d`entre nous doit s`y mettre et nous devons pousser ce gouvernement à prendre ses responsabilités.. Il est important aujourd`hui qu`on exige de ce gouvernement à prendre ses responsabilités et d`arrêter d`engloutir nos enfants, dans des situations qui vont les perdre.
Interview réalisée par François Konan
Coll : Cinthia R. Aka
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