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Société Publié le vendredi 21 août 2009 | Le Temps

La diabolisation du pouvoir dans la guerre médiatique contre le régime socialiste en Côte d’Ivoire (2)

Revenant à l'actualité, de tels propos contenus dans ce livre, inspirent trois choses : La première chose, c'est une série d'interrogations ! En effet, après plus de trois années de guerre, de telles thèses, fondées sur de faux prétextes pour justifier cette crise, peuvent-elles prospérer ? Il serait intéressant que les auteurs nous donnent leur avis ! Le temps ayant fait son effet, sont-ils encore animés par cette superbe qui leur a fait soutenir de telles explications à la crise que nous traversons ? N'y a-t-il pas quelque part des doutes sur ces affirmations et ces certitudes qui devraient, et c'est notre souhait et notre espoir à nous Ivoiriens, les pousser à revenir sur les faits, qui sont eux têtus, à la lumière de la raison et de l'objectivité, afin de trouver les vraies causes de la crise que nous vivons en Eburnie ? En tous les cas nous espérons que cela soit le cas.

La deuxième chose, c'est un constat ! Le constat que ces propos reflètent la thèse officielle de la classe politique française de droite au pouvoir qui a diabolisé le régime ivoirien et pris fait et cause pour une rébellion. Une classe politique qui s'est laissée apparemment abuser. A moins que ce ne soit elle qui ait monté cette rébellion qui est en mission, en réalité, pour ses intérêts. Dès lors cette France-là est-elle neutre pour s'interposer entre les belligérants ? La réponse, bien sûr, est non !

Et l'évolution de cette crise confirme cette négation. Aujourd'hui, ce n'est plus faire preuve de génie d'affirmer que la France est partie au conflit dans l'imbroglio ivoirien. Et donc ni moralement, ni intellectuellement, ni politiquement, ni diplomatiquement, elle n'est habilitée à devenir un agent facilitateur pour la recherche de la paix. Trop d'émotions, trop de passions, en définitive trop d'intérêts influent sur sa capacité à appréhender les solutions de sortie de crise avec sagesse !
Enfin la troisième chose, une réponse ! Celle-ci est donnée par une Française résidant en Côte d'Ivoire. Dans un article intitulé "Comment tous les hommes politiques français ont été dupés" (2), article paru dans un quotidien abidjanais. Cette dame fait une analyse tellement pertinente qu'à la lecture de cet article il est aisé de comprendre pourquoi les propos que j'ai transcrits plus haut, ont été le fait de cette duperie médiatique de grande envergure. "Il est aujourd'hui admis et reconnu par la communauté internationale, dit-elle, que la France était au courant des préparatifs du coup d'Etat de septembre 2002, et également plus que probable qu'elle l'a favorisé, sinon matériellement aidé. Pour quelles raisons les Présidents Gbagbo et Chirac n'ont-ils donc jamais pu entretenir de relations normales ? Les historiens pourront peut-être un jour expliquer cette énigme qui résulte probablement d'une multitude de facteurs divers et variés : des inimitiés personnelles aux relations économiques publiques et privées, nous pouvons tout imaginer, mais une des raisons de base doit être l'approche innovante des relations entre les deux Etats que le Président ivoirien a voulu construire : l'État français passait pour lui en quelque sorte du statut de ''grand frère protecteur'' à celui de ''simple partenaire'' mis en concurrence avec tous les autres Etats : cruel changement ! Laurent Gbagbo a sans doute voulu aller trop vite dans cette voie ; il est en fait difficile de changer des habitudes vieilles de plusieurs décennies, surtout quand elles ''profitent''". "Toujours est-il, poursuit-elle, que l'existence de cette profonde différence de vue entre les deux chefs d'Etat est une chose réelle, que tous les observateurs admettent. Mais deux questions subsistent, affirme-t-elle : ces mauvaises relations peuvent-elles, à elles seules, justifier le renversement du Président ivoirien ? Et pourquoi les socialistes français n'ont-ils pas soutenu un homme dont ils devraient a priori partager les idées généreuses et sociales ?". Elle orientera ensuite son analyse sur l'incompréhension de la réalité ivoirienne par la classe politique française (parlons plutôt d'ignorance ou de méconnaissance de la réalité ivoirienne) qui a fait croire à cette classe politique française, y compris les socialistes français plus proche idéologiquement du régime du Président Laurent Gbagbo, que celui-ci est tellement impopulaire qu'une petite rébellion suffirait à le faire éjecter du pouvoir. Elle trouve cependant des circonstances atténuantes à ces hommes politiques pour "s'être laissé abuser par des opposants ivoiriens qui rasent les murs dans leur propre pays". Et elle s'offusque en définitive de l'attitude des socialistes français qui, malgré le seul Henri Emmanuelli, ami du Président ivoirien, en minorité dans son parti, n'ont rien entrepris pour soutenir leur camarade ivoirien : "Malheureusement, écrit-elle, par le fait du hasard ou de la malchance, le principal soutien de Laurent Gbagbo au sein du Parti socialiste, son ''jumeau français'' Henri Emmanuelli, est actuellement minoritaire dans ce parti. Le jeu des divisions internes et de la politique politicienne, qui poussent les socialistes à se positionner le plus souvent les uns par rapport aux autres plutôt que sur de vraies idées, a ainsi certainement contribué à isoler Laurent Gbagbo". Si dans le fond nous sommes tous d'accord sur la dernière partie de cette analyse, comme nous le sommes pour le reste d'ailleurs, la formidable unanimité de la classe politique française de droite comme de gauche, devrait nous inviter tous à réfléchir pour trouver d'autres raisons qui nous semblent plus fiables, et qui expliqueraient cette unanimité. Ainsi saurions-nous, qu'en effet, toutes les idéologies meurent sur l'autel des intérêts nationaux, sauf pour ceux, surtout de chez nous, que la bêtise et l'ignorance empêchent de prendre en compte, dans la marche de ce monde de la globalisation, cette réalité dialectique. Il est donc clair que les raisons, qui ont poussé les assaillants à attaquer notre Pays la nuit du 18 au 19 septembre 2002, sont à chercher ailleurs que dans ces propos qui montrent bien le parti pris de ses auteurs qui ignorent la réalité ivoirienne. Il semble même que depuis la publication de cet ouvrage en 2003, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Maître Vergès, éminent avocat connu de tous, co-auteur de ce livre, tiers-mondiste convaincu, et défenseur des "causes perdues", a compris, depuis lors, que la vérité sur la guerre que l'on fait à la Côte d'Ivoire est ailleurs. Et son livre sur cette guerre, dont la publication vient d'être effective, prouve bien ce que nous disons. Ce livre intitulé "Crime contre l'humanité - Massacre en Côte d'Ivoire", mérite d'être lu par tous les Ivoiriens. Quant à mon maître et ami, le Professeur Bernard Debré, co-auteur de De la mauvaise conscience en général et de l'Afrique en particulier, sa propre histoire m'incline à dire qu'il s'est laissé abuser. Grand passionné de l'Afrique, le Professeur Debré, ancien ministre de la coopération dans le gouvernement Balladur, est l'un des rares français qui peut se prévaloir d'amitié extrêmement féconde en Afrique francophone. Professeur émérite d'urologie, il a formé beaucoup de praticiens africains qui sont devenus pour la plupart ses amis. Et je me flatte de compter parmi ce réseau de condisciples et d'amis. Cependant, pour autant qu'un homme peut changer, et cela, en fonction des objectifs qui guident son action, voici ce qu'il écrivit le 25 novembre 1999 dans le quotidien français Le Figaro, à propos de la candidature d'Alassane Ouattara, le texte est ici repris entièrement avec les interlignes telles qu'elles figurent dans cet article du Figaro : "Ingérence en Côte d'Ivoire, dit-il, exemple flagrant d'ingérence dans les affaires d'un pays africain. Au nom de quoi les occidentaux s'autorisent-ils à exiger des autorités ivoiriennes une candidature à l'élection présidentielle non conforme à la constitution ? Comme si nous étions encore à l'ère coloniale, nous versons de plus en plus dans l'ingérence. L'exemple de la Côte d'Ivoire est caractéristique. Ce Pays est l'un des plus démocratiques d'Afrique, les élections se succèdent : législatives, municipales, présidentielle. La vie économique y est intense. Abidjan est l'une des plus belles villes de ce continent. La paix et la stabilité y règnent comme dans beaucoup de villes occidentales. En un mot, la Côte d'Ivoire est un Etat de droit, avec ses forces et ses faiblesses. Voici qu'une bataille d'intellectuels surgit, telle une tempête dans un verre d'eau. Pour être candidat à l'élection présidentielle, il faut être d'origine et de nationalité ivoirienne. La belle affaire ! Est-ce normale ? Comme d'ailleurs aux Etats-Unis, comme en France, comme la logique démocratique le veut dans tous les Pays, il faut avoir la nationalité du Pays où l'on veut être candidat. Un homme d'une grande valeur, ancien Premier ministre, voudrait s'y présenter, mais il semble ne pas être ivoirien.

(A suivre)

Pr Gnagne Yadou Maurice
*Agrégé de Médecine

Directeur Stratégie et Communication Fpi
Ddc Dabou-Sikensi
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