Bonjour cher ami Laurent,
Comme promis, hier, bien que bousculé et très pris à saluer parents et amis que j`ai perdus de vue depuis des années (du côté de Man, de Bangolo et de Logoualé), je t`adresse cette seconde lettre du pays profond. La dernière puisqu`après celle-ci, je me rends dans la région des Lacs où je passerai les quelques jours de mes vacances annuelles fractionnées en dizaines. Question de me requinquer avant la grande tournée du Président Bédié dans les régions Akyé et Abbey. Peut-être même qu`au moment où tu es en train de parcourir cette lettre, je serai certainement déjà à ma dernière escale avant Abidjan. Pour répondre à ta préoccupation-inquiétude, je te rassure que j`ai décompressé un peu, j`ai bien récupéré et jusqu`à la fin de ce week-end, je serai encore plus apte pour le service. Merci de te soucier de ma situation sanitaire. Par la grâce de Dieu, je vais bien.
Cher ami Laurent,
Hier, je t`ai dépeint un tout petit peu (une caméra peut être plus précise) le triste décor dans lequel sont les villes de Bangolo, de Légoualé et de Man. Et leurs sous-préfectures nouvelles, leurs communes nouvelles et leurs villages. Je t`ai aussi dit, et ça, c`est un secret de polichinelle, nombreux sont les habitants de ces départements qui ne sont plus prêts, même les yeux bandés, à voter pour Gbagbo, parce qu`en 9 ans, disent-ils en chœur, il n`a rien fait pour eux. Au cours de sa récente visite chez eux, il leur a tout simplement demandé de prendre leur destin en main. De prendre leurs machettes et leurs dabas pour cultiver la terre, pour semer du riz. Grossomodo, Gbagbo leur a demandé de pratiquer l`autosuffisance alimentaire. De lui, ils ne doivent rien attendre. Ce message, ils l`ont compris et bien compris. Déplacés de guerre, ayant tout perdu et retournés chez eux sans toit, sans argent, même pas un grain de riz du chef de l`Etat, ils n`ont retenu que notre très cher aîné Président n`a point prêté oreille à leurs souffrances. Car, selon leurs propres termes, on ne peut pas demander à de pauvres paysans qui n`avaient déjà pas grand-chose et à qui les rebelles sont venus tout prendre, de semer le riz qu`ils n`ont pas et de faire tout autre travail de la terre sans matériel adéquat. Et oui, ils ont raison. Car dans un pays bien organisé, les gouverneurs devraient déjà (après la guerre) faire une sorte d`étude et évaluer les besoins région par région afin d`envisager le redecollage économique. Non ! Notre très cher aimé chef d`Etat, en parcourant la région des Montagnes, a vu des forêts vierges et a fait une déduction ma foi simpliste. Vous avez la terre, mettez-la en valeur et vous aurez à manger que de pleurer et de chanter "on a faim, on a faim". Pauvres parents de l`ouest ! Ils ne connaissaient pas Gbagbo. Ils découvrent qui est l`homme, actuel chef de l`Etat, différent de l`opposant qui leur a fait miroiter bien de bonnes choses. A moi, à Man, beaucoup des questions très "Frar" ont été posées sur Gbagbo.
Cher ami Laurent,
Les parents de l`ouest m`ont juste demandé de donner une réponse à ce que Gbagbo leur a dit : "comment peut-il venir ici chez nous à l`ouest nous demander de ne rien attendre de lui, de trouver à manger à la sueur de nos fronts et que dans l`autre partie du pays, il ne donne pas le même message, il ne lance pas le même appel ? Pourquoi ailleurs des convois humanitaires sont organisés (vers le nord) et vers la région du Fromager (là où il n`y a pas eu la guerre) et qu`à nous et nous seuls, les plus démunis, il demande de faire l`impossible, cultiver la terre sans matériel de travail, sans terre (les terres étaient détenues aujourd`hui par les Forces nouvelles) et sans semence ? Devons-nous attendre la mise en place des autorités de développement pour débuter ce travail d`autosuffisance alimentaire ? Pendant combien de temps devions-nous attendre et que mangerons-nous d`ici là ? Bref, le message bien pitoyable et face auquel je suis impuissant (je n`ai pu donner la moindre réponse à toutes ces questions qui m`ont été posées) ce message mérite d`être étudié très rapidement par nos autorités. Afin de juguler et d`estomper la souffrance de ces populations. A moins que véritablement, notre cher aimé chef de l`Etat ne les assimile à certains de ses citoyens qui ont aidé les ex-rebelles à s`installer dans leur région. Comme il l`a déjà dit aux populations de la grande région de la Vallée du Bandama, si mes souvenirs sont encore exacts.
Cher ami Laurent,
Je vais te quitter sur ces mots ce jour espérant te retrouver lundi (je serai à deux jours de la fin de mes vacances) pour te dire un petit mot sur le voyage que Blé Goudé compte effectuer à Toulépleu dans ma région natale dans quelque temps. Comme un cobaye, le Fpi l`envoie en mission. Il se rendra compte de la guerre de clans qui oppose les pro-Gbagbo à Toulépleu. Et puis une requête : habitue-toi désormais à m`appeler Zion Kah et non Kah Zion.
Ton ami Zion Kah en vacances
Comme promis, hier, bien que bousculé et très pris à saluer parents et amis que j`ai perdus de vue depuis des années (du côté de Man, de Bangolo et de Logoualé), je t`adresse cette seconde lettre du pays profond. La dernière puisqu`après celle-ci, je me rends dans la région des Lacs où je passerai les quelques jours de mes vacances annuelles fractionnées en dizaines. Question de me requinquer avant la grande tournée du Président Bédié dans les régions Akyé et Abbey. Peut-être même qu`au moment où tu es en train de parcourir cette lettre, je serai certainement déjà à ma dernière escale avant Abidjan. Pour répondre à ta préoccupation-inquiétude, je te rassure que j`ai décompressé un peu, j`ai bien récupéré et jusqu`à la fin de ce week-end, je serai encore plus apte pour le service. Merci de te soucier de ma situation sanitaire. Par la grâce de Dieu, je vais bien.
Cher ami Laurent,
Hier, je t`ai dépeint un tout petit peu (une caméra peut être plus précise) le triste décor dans lequel sont les villes de Bangolo, de Légoualé et de Man. Et leurs sous-préfectures nouvelles, leurs communes nouvelles et leurs villages. Je t`ai aussi dit, et ça, c`est un secret de polichinelle, nombreux sont les habitants de ces départements qui ne sont plus prêts, même les yeux bandés, à voter pour Gbagbo, parce qu`en 9 ans, disent-ils en chœur, il n`a rien fait pour eux. Au cours de sa récente visite chez eux, il leur a tout simplement demandé de prendre leur destin en main. De prendre leurs machettes et leurs dabas pour cultiver la terre, pour semer du riz. Grossomodo, Gbagbo leur a demandé de pratiquer l`autosuffisance alimentaire. De lui, ils ne doivent rien attendre. Ce message, ils l`ont compris et bien compris. Déplacés de guerre, ayant tout perdu et retournés chez eux sans toit, sans argent, même pas un grain de riz du chef de l`Etat, ils n`ont retenu que notre très cher aîné Président n`a point prêté oreille à leurs souffrances. Car, selon leurs propres termes, on ne peut pas demander à de pauvres paysans qui n`avaient déjà pas grand-chose et à qui les rebelles sont venus tout prendre, de semer le riz qu`ils n`ont pas et de faire tout autre travail de la terre sans matériel adéquat. Et oui, ils ont raison. Car dans un pays bien organisé, les gouverneurs devraient déjà (après la guerre) faire une sorte d`étude et évaluer les besoins région par région afin d`envisager le redecollage économique. Non ! Notre très cher aimé chef d`Etat, en parcourant la région des Montagnes, a vu des forêts vierges et a fait une déduction ma foi simpliste. Vous avez la terre, mettez-la en valeur et vous aurez à manger que de pleurer et de chanter "on a faim, on a faim". Pauvres parents de l`ouest ! Ils ne connaissaient pas Gbagbo. Ils découvrent qui est l`homme, actuel chef de l`Etat, différent de l`opposant qui leur a fait miroiter bien de bonnes choses. A moi, à Man, beaucoup des questions très "Frar" ont été posées sur Gbagbo.
Cher ami Laurent,
Les parents de l`ouest m`ont juste demandé de donner une réponse à ce que Gbagbo leur a dit : "comment peut-il venir ici chez nous à l`ouest nous demander de ne rien attendre de lui, de trouver à manger à la sueur de nos fronts et que dans l`autre partie du pays, il ne donne pas le même message, il ne lance pas le même appel ? Pourquoi ailleurs des convois humanitaires sont organisés (vers le nord) et vers la région du Fromager (là où il n`y a pas eu la guerre) et qu`à nous et nous seuls, les plus démunis, il demande de faire l`impossible, cultiver la terre sans matériel de travail, sans terre (les terres étaient détenues aujourd`hui par les Forces nouvelles) et sans semence ? Devons-nous attendre la mise en place des autorités de développement pour débuter ce travail d`autosuffisance alimentaire ? Pendant combien de temps devions-nous attendre et que mangerons-nous d`ici là ? Bref, le message bien pitoyable et face auquel je suis impuissant (je n`ai pu donner la moindre réponse à toutes ces questions qui m`ont été posées) ce message mérite d`être étudié très rapidement par nos autorités. Afin de juguler et d`estomper la souffrance de ces populations. A moins que véritablement, notre cher aimé chef de l`Etat ne les assimile à certains de ses citoyens qui ont aidé les ex-rebelles à s`installer dans leur région. Comme il l`a déjà dit aux populations de la grande région de la Vallée du Bandama, si mes souvenirs sont encore exacts.
Cher ami Laurent,
Je vais te quitter sur ces mots ce jour espérant te retrouver lundi (je serai à deux jours de la fin de mes vacances) pour te dire un petit mot sur le voyage que Blé Goudé compte effectuer à Toulépleu dans ma région natale dans quelque temps. Comme un cobaye, le Fpi l`envoie en mission. Il se rendra compte de la guerre de clans qui oppose les pro-Gbagbo à Toulépleu. Et puis une requête : habitue-toi désormais à m`appeler Zion Kah et non Kah Zion.
Ton ami Zion Kah en vacances
