Messieurs les ministres du gouvernement ivoirien, si je regarde la Côte d’Ivoire avec vos yeux, je peux vous comprendre. Vous êtes simplement obsédés par les honneurs et vous avez une forte nostalgie de vos partis politiques respectifs. Dans un gouvernement républicain, ce n’est pas responsable. Vous êtes derrière vos bureaux en train d’orienter un plan de réformes et de travail pour vos ministères. Vous avez de la volonté, sans doute, mais pas une vraie vision de votre mission. Vous n’avez pas du tout une vraie perception d’un ministère de la République, au sens de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Messieurs les ministres du gouvernement de la Côte d’Ivoire, vous ne faites pas du bien aux Ivoiriens. Certainement messieurs les ministres, vous pensez que vous êtes éclairés par rapport aux populations ivoiriennes… vous avez tort. De Man, Issia, Adzopé, Bassam, Touba, Korhogo, Tanda, Bouaflé, les Ivoiriens savent des « choses » que vous ne savez pas. Aujourd’hui si vous ne savez pas, messieurs les ministres, la Côte d’Ivoire est un pays fragile, en pleine convoitise par les multinationales. Mais vous ne savez pas que vous devriez serrer les coudes. Au contraire, vous travaillez pour vos partis politiques respectifs. Tant pis si le ‘’navire ivoire’’ chavire avec le reste de l’équipage. Mais, les Ivoiriens sont bien informés que vous… messieurs les ministres. Aujourd’hui, les Ivoiriens savent presque tout. Il y a la radio, la télévision, la presse internationale, la technologie du cellulaire mobile. Les outils à penser et à réfléchir ont largement ouvert les portes de la Côte d’Ivoire, sur le reste de l’actualité du monde. Les Ivoiriens voyagent aussi. Messieurs les ministres, aujourd’hui, les Ivoiriens observent vos faits et gestes. Même les grandes utopies. Il y a trois ans, deux ministres de la République se sont bagarrés. Nous n’étions pas très loin de l’ère Mohamed Ali et Joe Frazié… la grande époque de la boxe américaine. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a besoin d’hommes forts, mais pas des hommes qui travaillent pour leurs tribus, pour leurs ethnies. Messieurs les ministres, chaque Ivoirien a compris que vous travaillez pour vous-mêmes. Les Ivoiriens qui, bientôt dix ans, continuent de supporter une crise militaro-politique qu’ils n’ont pas demandée ont aussi compris que la Côte d’Ivoire dont vous gérez avec mépris est aussi leur pays : le développement, l’économie, l’hospitalité, la bonne humeur sont les produits et la diversité des ministres forts et républicains des années 1960-1970-1980. Tenez, regardez les archives de ces gouvernements de la Côte d’Ivoire. Qui étaient les ministres ? Auguste Denise, Mathieu Ekra, Jean Baptiste Mockey, Nanlo Bamba, Loua Diomandé, Camille Aliali, Kouadio M’bahia Blé, Bra Kanon, Laurent Dona Fologo, Vanié Bi Tra, Ange François Barry Batesti. Des ministres puissants, parce que républicains. Des ministres respectables, dont certains ont payé par leur amour pour la Côte d’Ivoire, les errements colonialistes de l’histoire de l’indépendance de leur pays. De vrais républicains, qui ont d’une manière ou d’une autre, perpétué de par leurs actions, leur courage, l’histoire de la Côte d’Ivoire, pour s’en inspirer. Mais les ministres du gouvernement actuel de la Côte d’Ivoire, qui sont-ils ? Ce sont des fonctionnaires tout simplement qui attendent leurs salaires à la fin du mois. Ils sont très loin d’être technocrates. Et pire, ils sont nombreux qui ne savent pas l’histoire de leur pays. Quelle inquiétante réputation ! Je suis déçu des ministres ivoiriens, qui n’ont aucun véritable plan de travail. Au ministère chargé de l’Education nationale, on se sent oint d’une grâce divine ; avec 80% d’échec, le ministre ne comprend pas qu’il fait lui-même partie de l’échec et devrait même démissionner. Je suis aussi très déçu des ministres qui s’éloignent du cadre fixé par les institutions républicaines, et qui ne comprennent que le langage et les consignes de leurs partis politiques. Et pour cela, parfois messieurs les ministres, vous n’avez aucun respect pour le Président de la République, le seul élu constitutionnellement. Paradoxalement, certains ministres considèrent leur position au gouvernement, comme une ‘’cohabitation’’, et pensent qu’ils peuvent empêcher, parfois, le Président Laurent Gbagbo de faire fonctionner l’Etat de Côte d’Ivoire. En réalité, les Ivoiriens ont observé cette démence avec la paralysie, il y a quelques années, du conseil des ministres. Quelle image pour la Côte d’Ivoire, pour les ministres qui poussent les autres Ivoiriens à les suivre dans l’errement tragique de leur propre histoire. A mon avis, seul le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances Charles Diby Koffi a réussi à remettre en audience, l’influence de la Côte d’Ivoire, auprès des institutions financières. Il fallait payer correctement les fonctionnaires. Messieurs les ministres, il est temps que vous travaillez sans tricher, au risque d’être montrés du doigt comme les fossoyeurs de la dignité historique de la Côte d’Ivoire. Cela pourrait être coûteux… un jour.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël