Le Faso.net - Le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire semble avoir résolument mal à sa phase de désarmement. Selon le ministre ivoirien de la Défense, Michel Amani N’Guessan, l’opération censée se terminer en fin septembre, selon le dernier accord signé en fin 2008, accusera un retard. Des engagements en vue de la réalisation du programme Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) ont toujours été pris par les protagonistes de la crise ivoirienne, mais ils n’ont jamais été tenus. L’on a l’impression d’assister à un jeu entre chat et souris, qui n’est pas fait pour favoriser le retour définitif de la paix et de la stabilité dans ce pays.
Et les mêmes raisons d’ordre matériel et financier ont toujours été avancées pour justifier les différents reports, lourds de conséquences en ce sens qu’ils déteignent négativement sur tous les autres efforts consentis pour la sortie de crise.
S’il est réaliste de reconnaître que le processus est coûteux, étant donné la somme non négligeable que nécessite le DDR pour la solde des combattants démobilisés et l’équipement des ex-rebelles à enrôler dans l’armée régulière, il n’est pas non plus exagéré de croire qu’un autre obstacle existe. Le pouvoir ivoirien à qui irait à merveille le rôle du chat semble tenir au désarmement comme à la prunelle de ses yeux, et conçoit difficilement la tenue des élections avec une armée non unifiée. Quant aux Forces nouvelles (FN), qui se voient contraintes d’adopter la vigilance d’une souris ayant déjà été témoin de la capture d’une autre, la crainte d’être confrontées à une situation embarrassante de promesses non tenues, les rend sceptiques et méfiantes.
Et à l’image de Saint Thomas, elles préfèrent voir avant de croire, c’est-à-dire être sûres de l’effectivité de leur dédommagement ou de leur réhabilitation, de même que de l’organisation d’élections transparentes. Quand on sait par ailleurs que le désarmement prend en compte le démantèlement des milices pro-Gbagbo, il y a de quoi douter de la possibilité de réaliser le DDR avant les élections. Amani N’Guessan en est-il seulement conscient, lui qui trouve la date du 29 novembre tenable malgré ce énième retard ? A moins, en tout cas que l’échéance de début novembre annoncée pour boucler l’encasernement des 5 000 éléments soit enfin la bonne, il faudra se résoudre à adopter une autre méthode. Chaque camp pourrait ainsi faire preuve de souplesse en admettant une application progressive de l’accord.
Pour permettre la tenue du scrutin, les FN, les loyalistes, la police et la gendarmerie peuvent constituer des brigades mixtes pour la sécurité du vote. Le désarmement proprement dit interviendrait alors avant l’investiture du nouveau président élu, qui disposerait de ressources humaines et d’une armée unies pour la mise en oeuvre de son programme. C’est, nous semble-t-il, un des compromis à envisager, pour que la Côte d’Ivoire prenne enfin sa place au sein du concert des nations. Mais cette option n’est possible, que si le pouvoir le veut. Car, il est écrit noir sur blanc, dans le 4e Accord complémentaire, que le désarmement doit se faire avant les élections.
Par Honoré OUEDRAOGO
Le Pays
Et les mêmes raisons d’ordre matériel et financier ont toujours été avancées pour justifier les différents reports, lourds de conséquences en ce sens qu’ils déteignent négativement sur tous les autres efforts consentis pour la sortie de crise.
S’il est réaliste de reconnaître que le processus est coûteux, étant donné la somme non négligeable que nécessite le DDR pour la solde des combattants démobilisés et l’équipement des ex-rebelles à enrôler dans l’armée régulière, il n’est pas non plus exagéré de croire qu’un autre obstacle existe. Le pouvoir ivoirien à qui irait à merveille le rôle du chat semble tenir au désarmement comme à la prunelle de ses yeux, et conçoit difficilement la tenue des élections avec une armée non unifiée. Quant aux Forces nouvelles (FN), qui se voient contraintes d’adopter la vigilance d’une souris ayant déjà été témoin de la capture d’une autre, la crainte d’être confrontées à une situation embarrassante de promesses non tenues, les rend sceptiques et méfiantes.
Et à l’image de Saint Thomas, elles préfèrent voir avant de croire, c’est-à-dire être sûres de l’effectivité de leur dédommagement ou de leur réhabilitation, de même que de l’organisation d’élections transparentes. Quand on sait par ailleurs que le désarmement prend en compte le démantèlement des milices pro-Gbagbo, il y a de quoi douter de la possibilité de réaliser le DDR avant les élections. Amani N’Guessan en est-il seulement conscient, lui qui trouve la date du 29 novembre tenable malgré ce énième retard ? A moins, en tout cas que l’échéance de début novembre annoncée pour boucler l’encasernement des 5 000 éléments soit enfin la bonne, il faudra se résoudre à adopter une autre méthode. Chaque camp pourrait ainsi faire preuve de souplesse en admettant une application progressive de l’accord.
Pour permettre la tenue du scrutin, les FN, les loyalistes, la police et la gendarmerie peuvent constituer des brigades mixtes pour la sécurité du vote. Le désarmement proprement dit interviendrait alors avant l’investiture du nouveau président élu, qui disposerait de ressources humaines et d’une armée unies pour la mise en oeuvre de son programme. C’est, nous semble-t-il, un des compromis à envisager, pour que la Côte d’Ivoire prenne enfin sa place au sein du concert des nations. Mais cette option n’est possible, que si le pouvoir le veut. Car, il est écrit noir sur blanc, dans le 4e Accord complémentaire, que le désarmement doit se faire avant les élections.
Par Honoré OUEDRAOGO
Le Pays