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Politique Publié le mardi 25 août 2009 | Notre Voie

Nicolas Sarkozy : prophète ou pyromane ?

Depuis 1960 jusqu`à la mort du premier président de la République de Côte d`Ivoire, feu Félix Houphouet-Boigny, notre pays était une chasse gardée pour la France. A titre d`exemple, le président de la République ne pouvait effectuer de voyage officiel sans passer par Paris, à l`aller comme au retour. Même pour se rendre aux réunions de l`OUA devenue UA ou des Nations unies aux États-Unis, il était obligé de passer par Paris. Il donnait la primeur de ce qu`il avait appris et retenu au Chef de l`Elysée avant de s`ouvrir aux Ivoiriens. Pourquoi cela ? Cette question fera l`objet d`une prochaine réflexion. Après les élections de 2000, l`Ivoirien Koudou Gbagbo démocratiquement élu, effectue son premier voyage officiel en Italie, sans passer par Paris. S`agit-il d`un renversement de la situation ou de l`abandon d`une philosophie ? Certaines personnes mêmes non averties peuvent raisonnablement le penser. En effet, l`évolution aidant, en considération des époques, l`élu de 2000 est sensiblement différent de celui des années 1960 tant sur le plan de la conviction que sur celui de la conception. Le nouvel élu est aussi sinon plus préoccupé par la situation des Ivoiriennes et des Ivoiriens. Son souci premier est de faire en sorte que le peuple ivoirien connaisse concrètement un mieux-être. Dès cet instant, il est plus préoccupé par ce qui intéresse la Côte d`Ivoire que par tout autre pays. Les choses étant vues différemment, une guerre éclate en Côte d`Ivoire, alors même que le Chef de l`Etat commençait une visite officielle en Italie. En dépit des propositions d`un asile doré en France ou ailleurs, le président de la République, M. Koudou Gbagbo Laurent, décide de regagner son pays pour y souffrir avec son peuple. Préférant la paix à la guerre et en signe de respect pour la mémoire de feu Félix Houphouet-Boigny, il envoie M. Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social, discuter et négocier avec les rebelles, représentés par M. Soro Kigbafori Guillaume à Lomé, République du Togo, sous la direction et les conseils éclairés du président feu Etienne Eyadema. Alors que ces discussions avec les rebelles allaient produire un bon fruit, certains chef d`État africains de la mouvance France-Afrique, conseillent au président français Jacques Chirac d`inviter les belligérants à Linas-Marcous-sis (France). Effectivement, ce chef de la mouvance France-Afrique invite les rebelles en France, sans M. Koudou Gbagbo Laurent. C`est peut-être sur les conseils d`un président qu`il n`est pas nécessaire de nommer aujourd`hui, que M. Chirac a convoqué et non invité le président Gbagbo lorsque toutes les décisions avaient déjà été prises. Il n`est pas inutile, ni excessif de saluer ici, avec déférence, le courage, la bravoure et le patriotisme de M. Mamadou Koulibaly, président de l`Assemblée nationale de Côte d`ivoire, qui a refusé de figurer parmi les assassins de son pays, que dis-je, de notre pays. Les décisions de Linas-Marcoussis ont été, par la France, imposées à la Côte d`Ivoire. Un citoyen n` a-t-il pas dit : “C`est un mauvais remède, mais essayons-le “quand même” ? Cette guerre inhumaine a entraîné la répartition du pays en deux zones : la zone Nord, propriété des rebelles, et la zone du Sud, pro-gouvernementale. Les rebelles gèrent la zone Nord comme ils l`entendent, sans rendre compte à personne, nommant à de hauts postes et de hauts grades. Ils lèvent l`impôt, ils encaissent tout et disposent d`une caisse à eux, sorte de ministère de l`économie et des finances. Ne voulant pas et ne pouvant pas laisser la Côte d`Ivoire divisée avant son départ, le président Laurent Gbagbo s`est livré à toutes sortes de réflexions et analyses, lesquelles réflexions et analyses ont permis d`aboutir à l`accord de Ouagadougou. Grâce à cet accord, les élections présidentielles auront lieu. Mais à quelle date ? La date de ces élections n`est fixée ni par le président de la République, M. Laurent Gbagbo ni par le gouvernement ni par le FPI. La date de l`élection présidentielle du 29 novembre 2009 a été fixée par M. Beugré Mambé, président de la Commis-sion électorale indépendante, en abrégée CEl, et son équipe. Pour que cette date du 29 novembre 2009 soit respectée, c`est-à-dire, pour que les élections présidentielles et autres s`y tiennent, il faut et il suffit que certaines conditions soient réunies, notamment : - Le désarmement (une armée nationale unique) ; - La réunification du territoire ; - L`unicité des caisses. Toutes ces conditions sont prévues par l`Accord de Ouagadougou et ses annexes, et c`est pour rendre effective l`exécution de ces conditions que M. Soro Kigbafori Guillaume a été désigné Premier ministre de la République de Côte d`Ivoire. Il est donc à la fois étonnant et surprenant que M. Nicolas Sarkozy, président de la République de France, depuis Paris et New York, insulte la Côte d`Ivoire au motif que la date de l`élection présidentielle du 29 novembre 2009 qui serait fixée par M. Laurent Gbagbo risque de ne pas être respectée. Il faut rafraîchir la mémoire au porte-parole de nos anciens colonisateurs que ce n`est pas le président de la République qui fixe les dates des élections présidentielles en Côte d`Ivoire. Le seul organe qui en a la compétence exclusive est la Commission électorale indépendante, dite CEl, présidée par M. Beugré Mambé. Si donc le président de la République Française veut que les présidentielles se tiennent à la date indiquée, ce qui est le vœu de tous les Ivoiriens, et partant, de la communauté internationale, il lui suffit d`inviter ses protégés à faire en sorte que les conditions ci-dessus énumé-rées soient remplies. Il faut rappeler, au surplus, que les élections ne peuvent avoir lieu que lorsque la Côte d`Ivoire sera redevenue une seule et même zone de l`intégrité du territoire de 322.462 km2 de superficie. A cet égard, l`article 38 de notre constitution du 1er août 2000 mérite d`être reproduit : “En cas d`évènements ou de circonstances graves, notamment d`atteinte à “l`intégrité du territoire, ou de catastrophe naturelle rendant impossible le “déroulement normal des élections ou la proclamation des résultats, le président “de la Commission chargée des élections saisit immédiatement le Conseil “constitu-tionnel pour fins de constatation de cette situation”.
Depuis le 19 septembre 2002 jusqu`à ce jour, l`intégrité du territoire ivoirien est atteinte. Il est difficile d`y organiser des élections, alors même qu`une partie du territoire est armée. Les Ivoiriens ne sont pas habitués à prendre part aux élections en présence des armes, encore moins à en donner les résultats lorsque des doigts sont sur les gâchettes. Pour conclure, le président Nicolas Sarkozy, dont le pays fait partie des bienfaiteurs de la Côte d`Ivoire, est instamment invité à cesser d`être un pyromane et de demander à ses protégés de déposer les armes et de rentrer dans sa République. Ainsi sera sauve la paix.

Me Dago Djiriga Avocat-conseil près la Cour d`appel d`Abidjan e-mail:darimel2000@yahoo.fr
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