Le lancement des travaux de construction de l’hôpital Moscati de Yamoussoukro et le nom du président Laurent Gbagbo, associé à cette œuvre, a encore ébranlé le PDCI et son président, Henri Konan Bédié. Le Nouveau Réveil a saisi l’occasion pour nier à Laurent Gbagbo les efforts qu’il fournit pour poursuivre les chantiers de feu Houphouet-Boigny. Le journal du PDCI prend le gros risque d’engager un débat en comparant Bédié à Gbagbo. Un exercice qui étale et ridiculise Bédié et ressort les forces de Gbagbo. «17 ans après la pose de la première pierre par Houphouet, Gbagbo lance les travaux de l’hôpital Moscati» à Yamoussoukro. Ce titre affiché par Frat-Mat, à sa grande Une, a suffi pour que le journal de Bédié, Le Nouveau Réveil tombe en transe dans sa parution de samedi dernier. Ce quotidien a essayé de donner la réplique en soutenant que l’Etat de Côte d’Ivoire n’a rien à voir avec la réalisation de cet hôpital. Encore moins Laurent Gbagbo qui est accusé de «voler» le projet d’Houphouet. Nos confrères qui disent détenir la vérité sur ce rêve d’Houphouet, relatent ce qu’ils croit être : «Le dossier de ce projet a été personnellement suivi par Henri Konan Bédié en 1996». Mais si c’est Bédié qui s’est personnellement investi dans le suivi de ce dossier, alors pourquoi un projet d’une telle envergure n’a pu sortir de terre pendant le temps que Bédié a passé au pouvoir de 1993 à 1999 ? Pendant 6 ans, qu’est-ce que N’Zuéba a pu faire de ce projet laissé par Houphouet ? En voulant défendre l’indéfendable, Le Nouveau Réveil soutient que c’est en 1996 que Bédié a pu réunir les 12 milliards FCFA, coût de l’hôpital Moscati, à partir de la vente des oeuvres d’Houphouet. Bédié plus héritier que les enfants d’Houphouet Lesquelles œuvres, poursuit Le Nouveau Réveil, se trouvaient dans les résidences d’Houphouet à Yamous-soukro, Cocody, Paris et Genève. Et ce confrère, de nous apprendre que c’est au terme d’une procédure judiciaire que les fonds générés ont été confiés à l’église parce que, explique ce support, les enfants d’Houphouet s’étaient manifestés pour partager ces fonds générés. Encore question ! Si l’Etat n’a rien à voir avec la construction de l’hôpital Moscati, à quel titre donc, Bédié se charge-t-il de vendre les œuvres d’Houphouet en vue de réunir les 12 milliards FCFA devant servir à la construction de cet hôpital ? Bédié est-il plus l’héritier d’Houphouet que les enfants matures du disparu ? Les enfants d’Houphouet savaient-ils que les œuvres de leur père devaient être vendues pour permettre la construction de l’hôpital ? Dans tous les cas, pourquoi les enfants d’Houphouet s’opposeraient-ils si auparavant Bédié a pris le soin de les informer de la destination des fonds générés par cette vente ? Autant de questions auxquelles le confrère doit répondre parce que, être le dépositaire de l’héritage d’Houphouet comme le fait croire Bédié, ne se limite pas seulement à la vente des biens de celui-ci. Si Les enfants d’Houphouet se sont opposés, sans doute c’est parce qu’ils sont persuadés que Bédié a de très mauvais rapports avec l’argent. Gbagbo a eu la volonté Ils ont eu peur, et à juste raison, que le sphinx de Daoukro ne se remplisse les poches sous prétexte que l’argent va servir à la matérialisation du projet cher au disparu. Parce que si Bédié a été chassé du gouvernement en juillet 1977 pour fait de vol et surfacturation, c’est qu’il est toujours capable du pire avec les fonds générés par la vente des œuvres d’Houphouet. Si les enfants d’Houphouet se sont opposés à la démarche de Bédié au point de s’en remettre à la justice, c’est qu’ils étaient convaincus que les 12 milliards étaient sérieusement menacés par ce grilleur d’arachides de 1977. Maintenant comment cet argent a pu être libéré pour lancer les travauax de l’hôpital sans que ces mêmes enfants d’Houphouet ne s’y opposent ? Le confrère va loin en estimant que Gbagbo se met dans le manteau du continuateur d’Houphouet, alors qu’il est, selon lui, incapable d’entretenir ce qu’a laissé Houphouet avant de mourir. Les Ivoiriens pourraient bien répondre que lui Gbagbo a au moins eu la volonté de poursuivre ce que Houphouet prévoyait pour Yamoussoukro. Et demander à Bédié ce qu’il a été capable de faire dans le village natal de celui qui a façonné la Constitution pour faire de lui Bédié, président de la République. Est-ce que cette façon de défendre Bédié est la bonne? Bien sûr que non. Car, en voulant défendre Bédié, en le comparant à Gbagbo, Le Nouveau Réveil s’y prend tellement mal qu’il discrédite Bédié auprès des Ivoiriens. Ce que ce quotidien sert à ses lecteurs, n’est pas du tout de nature à rendre service à Bédié. Bien au contraire, Le Nouveau Réveil ridiculise le président du PDCI, le vétéran, doyen d’âge des candidats à la présidentielle. Son journal qui est censé le défendre, l’étale davantage. Car à notre avis Le Nouveau Réveil devait avoir honte de défendre Bédié en évoquant le nom de Yamoussoukro et en parlant de tout ce qui concerne cette ville chère à Houphouet. Pour la simple raison qu’arrivé au pouvoir avec le décès en 1993 du Vieux, Bédié a abandonné sans remord, la ville natale d’Houphouet et a froissé tous les grands chantiers que l’illustre disparu nourrissait pour son pays. Sur ce plan, comparer Gbagbo à Bédié, Le Nouveau Réveil ne fait qu’enfoncer son patron. La continuité de l’Etat Les faits sont là. Gbagbo, dans un contexte de crise, bâtit pour rendre effectif le transfert de la capitale à Yamoussoukro. La Maison des Députés, un luxueux et gigantesque complexe hôtelier de 300 chambres, livré à l’Etat le 27 mai 2006, l’Assemblée nationale, le Palais présidentiel, l’aménagement de la voie triomphale de Yamoussoukro, le prolongement de l’autoroute du Nord, l’érection de Yamoussoukro en District doté d’un budget, la présence quasi-permanente du président Gbagbo à Yamoussoukro et les nombreux départements nouvellement créés dans les alentours de cette capitale afin de consacrer des moyens conséquents au développement du District de Yamoussoukro et maintenant la construction de l’hôpital Moscati, ne sont ni une vue de l’esprit ni une opération de charme, ce n’est encore moins une simple propagande de Laurent Gbagbo. Mais bien du concret. Les Ivoiriens peuvent aller visiter les travaux de prolongement de l’autoroute du Nord. Travaux en cours depuis 2007 et conduits par la Société tunisienne de routes et bâtiment (Soroubat). Loin de nous le culte de la personnalité, personne en Côte d’Ivoire ne pouvait parier que Laurent Gbagbo aurait une ambition noble comme Houphouet pour Yamoussoukro. Cela s’appelle la continuité de l’Etat. Malheureusement, Aimé Henri Konan Bédié n’a pas compris cela. Qu’il dise ou mette un doigt sur ce qu’il a bâti à Yamoussoukro. Ses deux seuls gestes seront la nomination d’un ministre-résident à Yamoussoukro, sans le doter d’aucun moyen et le fait d’avoir empêché, de façon inélégante, Alassane Dramane Ouattara de se recueillir sur la tombe d’Houphouet à Yamoussoukro. C’était, on se souvient, le 4 septembre 1999. Et pourtant à la différence de Gbagbo qui construit Yamoussoukro en temps de crise, Bédié est arrivé au pouvoir dans une abondance économique du fait de la dévaluation. Le PDCI parlait même de pluies de milliards à cette époque. Et vite ces pluies de milliards ont séché, conduisant la Côte d’Ivoire à une asphyxie économique qui a été l’élément déclencheur du coup d’Etat qui a chassé Bédié du Palais présidentiel. Si Bédié connaissait la honte, il n’aurait jamais osé se rendre à Yamoussoukro. Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr
Société Publié le mardi 25 août 2009 | Notre Voie