x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mardi 25 août 2009 | Le Temps

Roger Gnohité (maire de Gagnoa) : “Entre le président Gbagbo et moi, il n`y a jamais eu de problème”

Dans cette interview, Gnohité Roger parle de ses rapports avec le Président de la République dont il est l`un des conseillers, ses rapports avec les cadres de la région, les raisons de son départ du Rdr…


Vous avez parlé des conditions d`acquisition des places au nouveau marché que vous vous apprêtez à construire. A savoir se munir d`un avis de versement qui devra être retiré dans les locaux du service technique, suivi d`un versement effectif de 15000 Fcfa à la banque atlantique de Gagnoa. Ces deux conditions sont-elles suffisantes pour avoir une place au marché ?

Le premier problème qui va se poser est celui du nombre. C`est pourquoi, nous faisons des estimations. Ce matin (vendredi), j`ai signé pour 3500 commerçants. Et ça, ce n`est que la liste de ceux qu`on a enregistré lorsque le marché a été incendié. Vous savez que Gagnoa est un centre de transbordement, c`est un grand carrefour. Les conditions qui sont posées sont des conditions de réservation des places. Le marché est un bien de la mairie. les promoteurs, les financiers ont donc besoin de rentrer dans leur fonds et c`est nous qui devons maîtriser la gestion du marché. Alors, lorsque vous avez un ouvrage comme ça en botte, ça veut dire que les promoteurs vont le gérer sur la période fixée dans la convention, avant que le bien revienne à la mairie. Mais pendant cette période, nous, nous devons avoir un droit de regard. Et ça commence par ça. Les souscripteurs, les prétendants aux places au marché, se présentent à la mairie de Gagnoa. Nous les enregistrons. L`avis de versement est un document où il y a le numéro de la place, le nom du prétendant et son activité parce que les places seront données en fonction des activités. La maquette a été présentée globalement, mais on a mis l`accent sur le vivrier, parce que c`est la condition à remplir auprès des financiers. Alors, c`est avec cet avis que le prétendant va à la banque. La banque, parce que, premièrement, tous les versements qu`on y fait sont garantis. Deuxièmement, entre le moment où l`on réserve une place et la livraison clef en main du marché ; ce qui est prévu c`est 12 mois. Mais cela peut être plus long. En reprenant votre deuxième question, à savoir si s`est la seule condition. Je dis non, parce que ce n`est pas le prix de la place. Je n`ai pas été favorable à la fixation du prix des places maintenant, car si à la finition, vous avez un coût plus élevé, le prix que vous avez donné au départ peut être complètement faux. Donc on fait une réservation. Cela nous permet de maîtriser le nombre de personnes pour ne pas prendre 5000 personnes et ne livrer que 3000 places. Lorsque le marché sera fini, les premiers qui se seront proposés pour l`acquisition, ce sont ceux qui seront inscrits. Si le prix fixé en ce moment-là, est déjà payé les 15 000 Fcfa ne peuvent pas payer la place, il faudra lui rembourser les 15 000 f ou une bonne partie des 15 000 f . C`est là que l`intervention de la banque est très judicieuse car elle peut rembourser. Or, si l`argent rentre à la mairie nous, nous le réservons au trésor. Et là, ça devient plus compliqué.


Quelle sera la différence entre l`ancien et le nouveau marché ?

Déjà, la maquette nous donne trois niveaux. Le nouveau marché de Gagnoa est un marché futuriste, parce qu`il n`a rien à voir avec l`ancien incendié. On a tenu compte justement de tout cela. Ce sera un marché à trois niveaux. Il y a des ascenseurs qui sont à l`extérieur. Et l`ascenseur ne passe pas au milieu. Il y a aussi la ventilation, l`éclairage solaire et même des portes pivotantes. Nous allons prendre une surface large. Il n a rien à voir avec l`ancien.


Vous avez dit que votre cible privilégiée, c`étaient les femmes. Pourquoi ce choix ?

C`est parce qu`il faut faire la promotion des femmes. Mais les hommes ne sont pas oubliés. C`est-à-dire, dans la conception du marché, nous avons privilégié l`autosuffisance alimentaire. Si vous avez remarqué, l`architecte n`a parlé que du vivrier. Les investisseurs veulent qu`on fasse leur promotion. A travers elles, on obtient donc deux objectifs. Respect des conditions des investisseurs et parvenir à l`autosuffisance alimentaire.


Avec la construction de ce deuxième marché, ne " défiez-vous " pas le Président de la République, quand on sait qu`il a déjà promis un autre marché à Gagnoa, qui sera construit à Barouhio ?

J`ai l`intime conviction que je serai décoré par le Président de la République si je finis la construction de ce marché. Il a demandé à chaque élu municipal de rechercher lui-même son propre financement. J`ai effectué avec certains élus locaux ivoiriens, deux missions à l`extérieur. L`une aux Etats-Unis et l`autre aux Emirats Arabes Unis en vue de rechercher des financements. Gagnoa est un carrefour. Je pense donc que avoir deux marchés d`envergure dans la ville, c`est bon pour son futur. Quant au prétexte de l`éloignement de Barouhio, je pense que cela n`est pas vrai, car la ville progresse. En plus, pour faire un grand marché comme celui que le chef de l`Etat a promis, il faut de l`espace. Et c`est vers là-bas qu`il y a de l`espace. De toutes les façons, il faut dire que le marché que je construis se fait avec sa bénédiction. Vous pensez que s`il n`était pas d`accord, j`allais continuer ? Je crois que non.


On a entendu dire qu`il y a un conflit ouvert entre le préfet de région et vous pour la construction de votre nouveau marché. Qu`en est-il exactement ?

J`ai moi aussi entendu cela. Vous savez, le préfet de région est un fonctionnaire de l`Etat. Moi, je suis un élu. Mais, il n`a jamais arrêté mes travaux. En réalité, il m`a fait venir un jour, une lettre confidentielle dans laquelle il me demandait d`arrêter les travaux. J`ai répondu à cette lettre. Mais, il a parlé de cela sur la place publique. C`est pourquoi cela a donné cette impression. Mais la mise au point a été faite dans mon discours en présence du chef de l`Etat, lors de la pose de la première pierre de l`hôpital général. Je fais une différence entre mes actions en temps que maire et ce que le préfet qui est un fonctionnaire peut poser comme acte. Il ne devrait pas être un homme politique. Mais, les hommes sont ce qu`ils sont. S`il n`est pas d`accord, vu qu`il représente mon ministre de tutelle, il peut s`opposer à mon arrêté. Si je ne suis pas d`accord, on va devant la Chambre administrative de la Cour suprême. C`est ce seul point du courrier confidentiel qui m`a fait de la peine.


Qu`en est-il du port sec à Gagnoa désormais transféré à Daloa ?

(Il marque un long silence). C`est un sujet douloureux pour moi. C`est le drame de la méchanceté dans notre région. C`était un appel d`offres de l`Office ivoirien des chargeurs. Nous étions en compétition, Soubré, Gagnoa, Yamoussoukro… et nous avons gagné, parce que nous avons fait des propositions alléchantes. 10 hectares dont 500 m le long de la route en allant à Abidjan. Pour l`Office ivoirien des chargeurs, le coût global de dédommagement des populations s`élevait à 8 millions. Nous avons également exigé l`embauche de 200 jeunes à partir des agents de maîtrise. Ensuite, une école primaire de 6 classes et un dispensaire devraient être construits. Ils ont dépêché une délégation à Gagnoa pour me remercier. Selon les envoyés du Dg, les conditions que j`ai posées s`inscrivent dans leur vision. Je me suis rendu à mon tour à Abidjan. Mon interlocuteur Lago Jonas a été envoyé hors du pays. Or, c`était lui mon interlocuteur. Au secrétariat, un agent me dit vraiment vous les Bété, ce n`est pas la peine. Tes propres frères sont venus ici pour dire de ne pas permettre la construction du port sec à Gagnoa tant que tu seras maire. Et le port sec est allé à Daloa. L`Office ivoirien des chargeurs ne m`a jamais fait de retour pour me dire qu`il ne voulait pas du contrat.


Quels sont aujourd`hui, vos rapports avec le ministre Dano Djédjé, le Pca de la Sir, Ottro Laurent et même avec vos anciens camarades du Rdr ?

Je n`ai aucun problème avec qui que ce soit. Le ministre Dano est d`abord, mon petit frère. Il est aussi le seul ministre de notre région. Alors, je lui dois ce respect aussi. Quant à Ottro Laurent, sachez qu`il est mon cousin. Et il me doit ce respect. Concernant le Rdr, je réaffirme ici que c`est ce parti qui m`a fabriqué en tant qu`homme politique. J`ai été élu maire Rdr. Et la première qualité d`un être humain, c`est d`être reconnaissant. (Il s`énerve et va chercher l`une de ses photos où il est aux côtés du président du Rdr). Cette photo a créé des problèmes entre mes frères et moi. Vous voulez que je jette cette photo ? Mais non ! Elle fait partie de mes souvenirs. Je suis rentré au gouvernement en tant que ministre du Rdr. Pis, j`ai été le seul Kapatrognoa (propriétaire terrien de Gagnoa) a avoir été ministre de la République. Donc, je dois beaucoup à ce parti. Je n`ai pas de problème avec ce parti, encore moins avec son président, le docteur Alassane Dramane Ouattara. Quand on se rencontre, on se salue. Lorsqu`il est venu ici récemment, je n`étais pas présent à Gagnoa, sinon, je serais allé à son meeting. Vous savez, la politique, ce n`est pas l`agressivité. Je pense même que c`est un problème d`éducation. Ici, à la mairie, je m`entends bien avec tous mes adjoints qui sont au Rdr. Je répète que le Rdr ne peut pas, en aucun cas, être mon ennemi. Mais, comme toute association humaine, lorsqu`à un moment donné, on n`est pas d`accord, on se sépare. Et après moi, les Zémogo sont partis. Mais, le Rdr n`est pas mon ennemi. Car la politique, ce n`est pas la guerre.


Et vos rapports avec le président Laurent Gbagbo…

Le chef de l`Etat, le président Laurent Gbagbo et moi, nous avons de très bons rapports. Certains racontent n`importe quoi, ils ne savent plus quoi dire me concernant. Le poste de conseiller, ce n`est pas par voie de concours. Si un Président de la République vous nomme son conseiller, c`est que les rapports sont bons. Si ce n`est pas le cas, il vous balaie. Le poste de conseiller est un poste de confiance. S`il y a quelqu`un qui me connaît très bien, c`est le président Gbagbo. Lui-même me l`a dit. Quand il me voit, il se rappelle sa jeunesse. A l`édition du rallye de Gagnoa en 2006, le président de la République, m`a rendu visite à la mairie où il a pris le cocktail. En présence de tous, il m`a félicité et m`a dit que comme je travaille bien, je serai toujours le maire. Après, il m`a invité à l`accompagner chez les Dakoury pour présenter les condoléances. Je lui ai dit grand frère, c`est dans mon bureau qu`on a pris le cocktail. Je vais donc rester pour nettoyer, or tous les autres se précipitaient pour aller avec le Président. Le président et moi, il n`y a pas de problème. C`est une coïncidence que quand il vient à Gagnoa, je ne suis pas là. Je suis un maire non résident. Ça aussi, ça alimente les conversations. En 2005, j`ai perdu ma mère, et je n`ai fait part, à personne. Le Président est venu aux funérailles à Barouhio. Là encore ça n`a pas plu à mes détracteurs. C`est mon esprit d`indépendance qui plait à Gbagbo.

Le Professeur Alassane Salif N`Diaye a dit une fois que certains cadres sont exclus de Gagnoa ?

Pourquoi, il peut dire cela ? Il a été maire de Gagnoa. Il faut peut-être retrouver le contexte dans lequel il l`a dit. Le Professeur Alassane Salif N`Diaye est de Gagnoa. Il est notre neveu, car sa mère est de Gagnoa. Ici, nous ne faisons pas de matriarcat, mais les neveux sont aussi importants chez nous. S`il le dit, c`est malheureux. On ne peut pas le rejeter. C`est la politique qui nous a envoyé dans ces travers idiots, mais il y a aussi ce que toi-même tu es. Vous savez, les Français, les Allemands et les Italiens sont physiquement différents, mais ils se battent depuis longtemps pour la communauté européenne. Et pourquoi, nous les nègres qui avons des éléments de ressemblances, nous établissons des différences entre nous? Si on dit des choses pareilles, alors je suis vraiment inquiet pour l`avenir. Donc, moi mes enfants qui sont métis, on dira qu`ils ne sont pas de Gagnoa alors ? Je crois qu`il faut qu`on arrête de tels raisonnements.

Interview réalisée par Charlemagne 1er,
Correspondant régional
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ