L’article de Nord-Sud relatif à la candidature de Jacqueline Lohouess Oble est peut-être le prélude à un affrontement entre Charles Konan Banny et Guillaume Soro. Charles Konan Banny n’est pas content de Guillaume Soro, son successeur à la primature. En effet, il le soupçonne d’être derrière un article de presse publié il y a deux jours par le quotidien Nord-Sud le présentant comme le mentor de Jacqueline Lohouess Oble qui serait candidate à la prochaine présidentielle. «Je vais faire mon enquête parce que ce journal est très proche du Premier ministre Soro», affirme d’emblée Charles Konan Banny dans une interview publiée hier par Le Nouveau Réveil. Au Premier ministre qui, selon lui appelait récemment les Ivoiriens à la sérénité, Charles Konan Banny pose cette question : «comment voulez-vous qu’on soit serein quand un journal qui est proche de Soro Guillaume dit des faits de ce genre qui ne sont en vérité que mensonge ?». Et l’ex-premier ministre d’appeler son successeur à tenir parole. «Je ne le soupçonne pas, mais j’attire son attention sur le fait qu’il faut joindre l’acte à la parole», renchérit-il. «Il sait très bien que quand il était mon ministre d’Etat, un aspect important de la politique, c’est la réconciliation. C’est la réconciliation des cœurs. Et il ne peut pas y avoir réconciliation lorsqu’il y a mensonge, lorsque le mensonge continue», rappelle sèchement l’ancien Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao). Mais Charles Konan banny ne s’arrête pas à faire des leçons à ses contradicteurs. Il leur adresse une sévère mise en garde. «Je n’accepterai pas que quiconque raconte n’importe quoi (excusez-moi du terme) sur moi et sur mes positions parce qu’il y a des batailles sourdes qui seraient en train de se faire. Je ne participerai pas à cela, ni hier ni aujourd’hui, je ne vais participer à cela», tranche-t-il. Mais encore plus. «Je ne vais pas tolérer longtemps ce genre de chose», assène-t-il. Décidé à ne plus accepter un certain nombre de choses qu’il aurait subies quand il était premier ministre, Banny promet une réponse cinglante à tous ceux qui prennent désormais le malin plaisir de jouer avec ses opinions politiques. En premier lieu, Guillaume Soro. Une vieille rancune On peut le dire, Charles Konan Banny attendait une occasion pour dire ses quatre vérités à Guillaume Soro. Et le quotidien Nord-Sud lui prête le flanc. En débarquant à Abidjan un jour de décembre 2005 comme Premier ministre «nommé» par la communauté internationale, Charles Konan Banny n’a jamais imaginé qu’il s’en irait moins de deux ans plus tard comme il est parti. C’est-à-dire, sans gloire. Lui, l’homme des Français qui devait réussir là où Seydou Diarra a échoué, a gardé une dent contre Guillaume Soro, son ministre d’Etat qu’il considère comme un homme sans parole. Il n’a pas aimé que Guillaume Soro soit allé négocier avec Laurent Gbagbo dans le cadre du dialogue direct sans l’y associer alors qu’il était son patron au gouvernement. Pis, Charles Konan Banny voit Guillaume Soro comme un traître, un menteur, qui a poussé le cynisme jusqu’à faire le déplacement à Yamoussoukro pour lui réitérer son soutien alors qu’il était clair que son sort était déjà scellé. Une vraie humiliation pour celui qui a passé ses derniers mois à la primature à crier à chaque occasion qu’il n’acceptera pas d’être humilié. Charles Konan Banny considère comme un mensonge de plus le fait qu’un journal proche de Guillaume Soro fait le lien entre lui et la candidature de Jacqueline Lohouess Oble. «Et pourquoi ce mensonge en ce moment précis et précisément contre ma personne ?», s’interroge-t-il. Pour dire vrai, Banny a déjà la réponse à sa question. Pour ne pas dire que c’est Soro qui, après l’avoir évincé de la primature, le poursuit dans son dernier retranchement. Il a donc décidé de réagir. Comment ? Là réside la grande inconnue.
Augustin Kouyo
Augustin Kouyo