Nuée de gaz lacrymogène par-ci, fumée de pneus enflammés par-là. Des populations avec des projectiles en main (pierres et bouteilles) d’un côté, des forces de l’ordre matraques et morceau de bois en main. Des regards médusés, des gens qui courent dans tous les sens avec des baluchons sur la tête. C’était la débandade vu l’avancée des Caterpillar déchaînés. C’est en tout cas le moins qu’on puisse dire lors du déguerpissement des populations, hier mercredi 26 août 2009, à Yopougon-Andokoi, précisément des secteurs Krata et dépôt Sotra. Selon les propos de N’diaye Adama, Sg de l’Union nationale des garagistes de Yopougon (Unagci), les faits remontent à l’année 2007. Monsieur Andoh Essien Edmond se présente sur les lieux avec à la main un document portant le sceau du procureur de la république Daléba, qui lui donne l’autorisation de déguerpir tout ce qui se trouve sur son site. Andoh Essien Edmond leur fait parvenir une mise en demeure de déguerpissement datée du 19 juin 2009. Aussitôt, l’Unagci s’attache les services d’un avocat. Celui-ci este en justice pour réclamer l’annulation du document. Mieux, l’avocat et ses clients parviennent décrocher un arrêt de la Cour suprême N°91/CS/JP/2009 signé du président Tia Koné, qui exige systématiquement la suspension du déguerpissement. Cette affaire était en souffrance dans les tiroirs du parquet du Tribunal de première instance d’Abidjan, quand à leur grande stupéfaction, Fofana Yacouba, président de l’Unagci et les riverains se sont réveillés en sursaut par le fait du raffut orchestré par les Caterpillar. « Lorsque nous avons approché l’huissier, il nous a dit qu’il a été joint à 3h du matin par le procureur Daléba pour conduire un déguerpissement à Yopougon. Notre avocat et le président Fofana Yacouba se sont rendus au parquet pour rencontrer le procureur Daléba. On nous fait savoir que le procureur Daléba est en congé. C’est de la mauvaise foi. C’est un abus de pouvoir. C’est une mafia qui est constituée pour nous exproprier de notre site. C’est le président Félix Houphouët-Boigny qui nous a donné ce site », a déclaré le secrétaire général de l’Unagci. Avant de menacer : « seul l’Etat peut nous déguerpir du site mais à condition qu’il nous trouve un autre. C’est ce qu’a dit un de mes amis qui travaille à la présidence. Poursuivant toujours son argumentaire avec sous le bras une panoplie de documents administratifs, le Sg de l’Unagci N’diaye Adama a souligné que le document de déguerpissement produit par Andoh Essien Edmond ne concernait que les îlots 20, 21, 120, 175, et 176 qui constituent 11 ha. Tandis que le site qui abrite leurs locaux et quelques riverains, qui sont les îlots 10, 11, 12 et 13, soit 1500 m2 (62 lots) ne sont pas concernés par cette opération. Pour l’instant, les garagistes ont commis un huissier pour constater l’ampleur des dégâts afin de produire un exploit dont il communiquera copie à l’avocat des plaignants (des garagistes).
Krou Patrick
Krou Patrick