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Politique Publié le vendredi 28 août 2009 | Le Nouveau Réveil

Des miliciens du Flgo oubliés par la refondation crient leur colère - Caïman: “Le président a dit 10 jours… mais ça fait 5 ans…”

Caïman, c`est le nom de guerre de celui qui, en compagnie d`un frère d`armes (tous deux membres du Front de libération du Grand-Ouest, Flgo), est passé à notre rédaction pour dénoncer ce qu`il appelle " l`ingratitude de ceux qui les ont envoyés au front pendant la guerre ".

Caïman, peut-on savoir les raisons de votre présence dans les locaux de " Le Nouveau Réveil " ?

Je suis venu pour adresser un message au président Gbagbo. Je précise que je suis un jeune Bété de Gagnoa. Je ne suis pas un rebelle. Je ne suis pas non plus un militant d`un parti d`opposition. Je suis 100% Fpi mais je ne peux pas accepter la médiocrité, l`ingratitude. En 2003, constatant l`avancée dangereuse de la rébellion qui occupait plusieurs régions, on nous a demandé de nous mobiliser pour aller défendre notre pays. Nous avons été rassemblés à plusieurs endroits ici à Abidjan. Certains étaient à l`Ecole de police, de Gendarmerie, d`autres à l`Ecole de la marine, au 1er Bataillon. Ce sont des cadres et des ministres de ce pays qui nous ont demandé de nous mobiliser.

De quels ministres parlez-vous ?
Il y a le ministre Douaty, le ministre Kadet Bertin, il y a des généraux. Ils sont nombreux !

Quelle est la nature de la mission qui vous a été confiée par ces autorités ?
Elles nous ont demandé d`aller défendre le pays. Nous étions dans notre groupe, au nombre de 678 éléments. Nous sommes allés au front en 2003. Certains ont rejoint le front en avion et nous, nous sommes partis en car à partir du parking de l`Université de Cocody. Quand on partait, ils nous ont donné le nom de forces spéciales. C`est arrivé sur le champ de guerre que nous avons créé le Flgo (Front de libération du Grand-Ouest).

Dans quelles zones avez-vous eu à combattre ?
D`abord, ils nous ont déposés à Guiglo parce que cette région était infestée de rebelles qui commettaient toutes sortes de crimes. Nous avons livré de terribles batailles avec la rébellion. Beaucoup de nos camarades sont tombés au cours de ces batailles. Mais nous avons réussi à nettoyer Guiglo. De Guiglo, nous avons progressé vers Bloléquin, puis à Toulepleu et d`autres départements de l`ouest.

Combattiez-vous aux côtés des forces armées nationales ?
Non, on combattait avant eux ! Nous, on nettoyait, et puis les loyalistes venaient après pour sécuriser ! Sinon, ils ne combattaient pas avec nous ! C`est pour cette raison qu`aujourd`hui, on souffre de voir que les rebelles ont tout et que nous nous sommes dans la tourmente.

Vous dites que vous avez combattu pour votre pays. Pourquoi donc cette colère?
Quand les gens ont signé les accords, nous avons replié sur Guiglo. Nous étions au poste de commandement de Guiglo où se trouvait le colonel Yedess. Et c`est de là que nous avons été ramenés à Abidjan. Ils nous ont mis au Gatl où nous avons passé 48 heures avant d`être conduits au 1er Bataillon d`infanterie. Au départ, ils nous ont dit qu`on allait faire deux semaines de recyclage pour être reversés dans d`autres unités. Mais après trois semaines, le colonel Tiémoko nous a dit qu`il avait été instruit pour nous demander de rentrer chez nous. C`est ainsi qu`ils nous ont mis dans des cars et ils nous ont déversés à Adjamé. Ils ne nous ont même pas donné, ne serait-ce que, le transport pour que nous rentrions chez nous.

Et qu`avez-vous fait à Adjamé ?
On ne savait pas où aller ! Alors, nous avons décidé d`aller à la Cathédrale au Plateau. Nous sommes restés à la Cathédrale où nous avons observé une grève de la faim pendant près de trois semaines. C`est ainsi que informé de la situation, le président Gbagbo est venu nous rencontrer et nous avons mis faim à notre mouvement.

Que vous a dit le président ?
Le président nous a fait une promesse devant le cardinal Agré. Il nous a dit : " vous avez combattu pour le pays. Certains parmi vous ont perdu la vie pour la patrie et le pays doit être reconnaissant envers vous. Mais vous ne pouvez pas rester ici indéfiniment. C`est la maison de Dieu. Si parmi vous, il y en a qui dorment dans des marchés, qu`ils retournent dans ces marchés ; s`il y en a qui dorment dans la rue, qu`ils retournent dans la rue. Donnez-moi 10 jours. 10 jours seulement pour que je trouve une solution à votre problème. ". C`est exactement ce qu`il nous a dit et il nous a remis une somme de 3 millions.

Et cela s`est passé en quelle année ?
C`était en 2004. Nous avons passé neuf mois au front. Et cela fait 5 ans que nous attendons que le président tienne sa promesse. Il a dit 10 jours, mais cela fait 5 ans.

Qu`est-ce que le président vous a promis ?
Il nous a demandé de lui donner 10 jours et qu`il allait nous envoyer à Adiaké, où nous allions subir une formation pour être intégrés dans l`armée. Mais cela fait 5 ans que nous attendons qu`il tienne sa promesse. Les 3 millions qu`il nous a remis, nous les avons partagés. Certains ont reçu 5000 F, d`autres ont reçu 2000F, moi j`ai reçu 3500 F. Voilà ce qu`ils nous ont payé pour le sacrifice que nous avons fait.

Vous dites que cela fait 5 ans que vous attendez sa promesse. Avez-vous entrepris des démarches pour le rencontrer afin de lui rappeler cette promesse ?
Nous avons tout essayé. Kadet Bertin qui nous a envoyés au front nous fuit aujourd`hui comme la peste Nous l`avons rencontré à deux reprises. Et à deux reprises, il a appelé sa garde pour nous vider de chez lui. Des gens comme Blé Goudé nous ignorent totalement aujourd`hui. Pendant qu`ils ont tout, nous on meurt de faim.

Avez-vous entendu parler du service civique ?
Oui mais ça se trouve où ? Ça commence en quelle année ? Et pendant ce temps, nous on fait quoi ? On ne peut pas nous dire, c`est votre pays que vous avez défendu donc n`attendez rien en retour ! Ça n`a aucun sens. Le président n`a-t-il pas décidé de faire engager dans la Fonction publique tous ceux qui remplissent les conditions et qui ont enseigné bénévolement dans les zones rebelles en l`absence des agents de l`Etat ? Et nous ? Qu`est-ce qu`on fait pour nous ? Pendant combien de temps allons-nous attendre pour qu`on nous prenne en compte alors que sous nos yeux, des gens qui n`ont jamais mis les pieds sur un champ de bataille sont choyés par l`Etat ?

Avez-vous un message pour le chef de l`Etat ?
Nous voulons lui demander, puisqu`il est impossible de le rencontrer à cause de ceux qui sont autour de lui, de se souvenir de la promesse qu`il nous a faite. Nous voulons lui demander de se souvenir de nous. Aujourd`hui, ceux qu`on nous a envoyé combattre c`est-à-dire les rebelles, ont tout obtenu et nous, nous n`avons rien. Ce n`est pas normal.

Réalisée par Assalé Tiémoko
Coll : Emeline Amangoua (stg)
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