«(…) Le ministre de la Fonction publique et de l'Emploi invite les différents responsables du groupe Cie-Sodeci au respect de la législation du travail dans notre pays par l'annulation des décisions de licenciement des syndicalistes ainsi que l'ouverture du siège du Syndicat national du secteur de l'énergie (Synaseg) fermé nuitamment le 24 juillet 2009», a exigé jeudi à Abidjan le directeur de l'Inspection du travail, Etienne Gueu, au nom de son patron, le ministre Hubert Oulaye. Cette injonction à la limite d'une sommation a été précédée d'une sorte de réquisitoire contre les dirigeants du groupe Cie-Sodeci, accusés d'avoir pris la décision de licenciement de façon unilatérale au mépris de toutes dispositions légales en vigueur. «Non seulement, cette décision viole la convention entre la Cie et le Synaseg, selon laquelle toute modification ou tout différend qui naîtrait serait réglé d'accord parties, mais elle viole également les dispositions de l'article 85 alinéa 2 de la convention collective », explique M. Gueu. Autant dire qu'avant toute action de mutation ou de limogeage, le groupe aurait dû solliciter l'autorisation ou tout au moins l'avis de l'inspecteur du travail. « Un tel vice de forme ne saurait être toléré par le gouvernement », affirme Etienne Gueu. Il a expliqué que la demande de réintégration des syndicalistes mis à la porte formulée par le ministre Hubert Oulaye correspond uniquement à son acharnement à contraindre les dirigeants du groupe Cie/Sodeci à respecter la légalité applicable à tout employeur en territoire ivoirien. Malheureusement, reconnaît le collaborateur du ministre, l'Etat n'a ni les moyens juridiques, ni le pouvoir de coercition nécessaire pour faire plier la société de Marcel Zadi Kessi. Au demeurant, il a invoqué des diligences purement morales. «S'ils n'intègrent pas les licenciés malgré notre demande, il seront mal vus. Les gens diront que c'est une société qui ne respecte pas les lois et les travailleurs. Ce qui peut porter un coup à l'image de l'entreprise», s'est contenté d'observer M. Gueu. Par ailleurs, il s'est déclaré ahuri par les agissements des groupements professionnels et autres syndicats qui s'opposent à la réintégration de leurs collègues. «C'est une première en Côte d'Ivoire et je n'ai jamais vu ça ailleurs. Il n'appartient pas à un tiers non partie au contrat de solliciter ou d'exiger la prise de mesure disciplinaire à l'encontre d'un autre travailleur. Le faire, est un non sens du point de vue de l'éthique professionnel. C'est même, à la limite, immoral», a-t-il tranché. Certains leaders de groupements du groupe Cie-Sodeci contactés, ont décelé en ces injonctions, la preuve de la volonté des ministres Fpi d'exercer une OPA sur leurs activités. «On voit désormais très clairement le dos des nageurs », a ironisé l'un d'entre eux.
L. B.
L. B.