Le Directeur de publication de Nord-Sud a été sommé hier de s`expliquer sur la Une de son quotidien qui affichait : «Gendarmerie et Armée : Gbagbo distribue 208 grades».
Des gendarmes ont interpellé hier le directeur de publication et gérant de votre journal, Touré Moussa. Convoqué manu-militari, il a été entendu et gardé dans les locaux de la brigade de recherche de la gendarmerie pendant plus de 7 heures (11h à 18h30). Motif de son interpellation : la publication par Nord-Sud Quotidien (NSQ) du décret N° 2009-254 du 06 Août 2009 portant «inscription au tableau d`avancement d`officiers d`active des Forces armées nationales pour l`année 2009 et promotions au titre des 1er, 2ème, 3ème et 4ème trimestre». En compagnie du Rédacteur en chef, Kesy B. Jacob, notre Dp tenait une réunion lorsqu`il a reçu la visite du chargé de communication de la gendarmerie, le Capitaine Nouko Ange. Il est surpris de constater que l`officier n`est pas seul contrairement à ses habitudes. Il est accompagné par trois autres éléments du même corps qui affichent des mines graves. «Où est Touré Moussa ? Je suis venu t`arrêter», lance-t-il. Croyant en une plaisanterie, le Dp veut le chahuter. «Je ne joue pas. Mon patron m`envoie t`arrêter. Nous vous avons toujours demandé de nous parler avant de balancer vos informations sur l`armée. Mais vous n`écoutez pas», renchérit-il. Sur ce, l`un des gendarmes s`avance et tend une convocation à Touré Moussa. L`on peut y lire qu`il est convoqué pour «affaire le concernant» dès «réception» de l`assignation. Embarqué dans son propre véhicule qu`il a fait conduire par l`un des agents de liaison du journal, et flanqué de deux gendarmes, le gérant de NSQ est conduit à la brigade de recherches au Plateau.
C`est le Colonel Gnaholé Clément qui le reçoit. Il sort l`édition de NSQ du jour dont il présente la Une en accusant sur un ton menaçant : «Vous avez des mains obscures derrière vous. Vous avez des intentions malveillantes. On est en discussion avec les FaFn (Ndlr, Forces armées des Forces nouvelles) sur les questions des grades. En publiant ça, votre intention, c`est de les révolter et les emmener à exiger aussi qu`on leur donne des grades».
Gardé pendant 6 heures
Touré Moussa lui explique calmement que connaissant suffisamment la loi, Nord-Sud ne croît pas avoir violé un interdit en publiant ce décret qui est bien tombé dans le domaine public. Le colonel lui rétorque que c`est l`opportunité de la publication du document dans le contexte actuel qu`il met en cause. Sans décolérer, il ordonne à deux éléments de conduire notre chef pour son audition. Celle-ci, conduite par le Mdl-chef Téhé Mathieu durera de 13h15 à 14h22. Avant son démarrage, le Dp a demandé à être assisté par son avocat. Ce qui a été accepté. Devant donc son conseil, Me Koné Kélé de la société d`avocat «Lex Ways», Touré Moussa est soumis à une série de questions qui tournaient essentiellement autour de 3 principales. La Première : En disant que Gbagbo «distribue» les grades, NSQ ne cherche-t-il pas à faire croire que les promotions ont été accordées sans mérite ? La deuxième : Pourquoi le journal a jugé utile de publier le décret maintenant ? La troisième : Ne cherche-t-il pas à révolter les FN ?
Sur la première interrogation, Touré Moussa explique que sémantiquement, lui ne pense pas que «distribuer des grades» signifie les «accorder sans mérite». Il rappelle qu`au théâtre par exemple, l`on parle de distribution de rôle pour dire que les textes seront dits par ceux qui sont compétents. Le Mdl tente de sortir un dictionnaire pour contredire notre chef, mais finit par abandonner.
Sur la deuxième question, le Dg insiste pour dire qu`en publiant le décret, son journal avait une seule intention. Informer les Ivoiriens sur un sujet dont l`intérêt journalistique n`est pas à démontrer. L`armée faisant partie des grandes institutions dont le fonctionnement trouve beaucoup d`intérêt aux yeux du peuple.
Sur la troisième question, il réaffirmera sa conviction qui est que la guerre est irrémédiablement terminée en Côte d`Ivoire. C`est bien fort de cela que Nord-Sud a toujours accompagné les Accords de Ouaga en produisant des séries de papiers en faveur du redéploiement de l`administration fiscale et du Centre de commandement intégré (Cci). Le journal, ajoute-t-il, n`a aucun intérêt à révolter l`un des camps ex-belligérants dans la crise ivoirienne. Car en cas de reprise de la guerre, le journal reste conscient que lui et toutes les autres entreprises de presse péricliteront. A la fin des échanges, Touré Moussa qui avait à ses côtés le Rédacteur en chef, Kesy B. Jacob a été sommé d`attendre que l`on aille rendre compte à la hiérarchie du contenu de l`audition. L`attente durera plus de 4 heures. A 18h05, il est de nouveau conduit devant le Colonel Gnaholé Clément qui annonce que l`armée a décidé de ne pas engager de poursuites. Il estime que la presse en générale «écrit trop» sur l`armée avant de souhaiter que cela cesse. «Laissez l`armée régler ses affaires», a-t-il ordonné, promettant, «si cela ne s`arrête pas» de «descendre dans (les) rédactions pour le régler».
Rappelons que lors de sa détention dans les locaux de la brigade de recherches, le Dp de Nord-Sud a reçu plusieurs visites. Dont celle du président de l`Unjci (Union nationale des journalistes de Côte d`Ivoire), Kriwa Zéli, un représentant du Conseil national de la presse (Cnp) et une délégation du Groupement des patrons de presse (Gepci) comprenant Abdoulaye Sangaré et Ousmane Sy Savané.
Djama Stanislas
Des gendarmes ont interpellé hier le directeur de publication et gérant de votre journal, Touré Moussa. Convoqué manu-militari, il a été entendu et gardé dans les locaux de la brigade de recherche de la gendarmerie pendant plus de 7 heures (11h à 18h30). Motif de son interpellation : la publication par Nord-Sud Quotidien (NSQ) du décret N° 2009-254 du 06 Août 2009 portant «inscription au tableau d`avancement d`officiers d`active des Forces armées nationales pour l`année 2009 et promotions au titre des 1er, 2ème, 3ème et 4ème trimestre». En compagnie du Rédacteur en chef, Kesy B. Jacob, notre Dp tenait une réunion lorsqu`il a reçu la visite du chargé de communication de la gendarmerie, le Capitaine Nouko Ange. Il est surpris de constater que l`officier n`est pas seul contrairement à ses habitudes. Il est accompagné par trois autres éléments du même corps qui affichent des mines graves. «Où est Touré Moussa ? Je suis venu t`arrêter», lance-t-il. Croyant en une plaisanterie, le Dp veut le chahuter. «Je ne joue pas. Mon patron m`envoie t`arrêter. Nous vous avons toujours demandé de nous parler avant de balancer vos informations sur l`armée. Mais vous n`écoutez pas», renchérit-il. Sur ce, l`un des gendarmes s`avance et tend une convocation à Touré Moussa. L`on peut y lire qu`il est convoqué pour «affaire le concernant» dès «réception» de l`assignation. Embarqué dans son propre véhicule qu`il a fait conduire par l`un des agents de liaison du journal, et flanqué de deux gendarmes, le gérant de NSQ est conduit à la brigade de recherches au Plateau.
C`est le Colonel Gnaholé Clément qui le reçoit. Il sort l`édition de NSQ du jour dont il présente la Une en accusant sur un ton menaçant : «Vous avez des mains obscures derrière vous. Vous avez des intentions malveillantes. On est en discussion avec les FaFn (Ndlr, Forces armées des Forces nouvelles) sur les questions des grades. En publiant ça, votre intention, c`est de les révolter et les emmener à exiger aussi qu`on leur donne des grades».
Gardé pendant 6 heures
Touré Moussa lui explique calmement que connaissant suffisamment la loi, Nord-Sud ne croît pas avoir violé un interdit en publiant ce décret qui est bien tombé dans le domaine public. Le colonel lui rétorque que c`est l`opportunité de la publication du document dans le contexte actuel qu`il met en cause. Sans décolérer, il ordonne à deux éléments de conduire notre chef pour son audition. Celle-ci, conduite par le Mdl-chef Téhé Mathieu durera de 13h15 à 14h22. Avant son démarrage, le Dp a demandé à être assisté par son avocat. Ce qui a été accepté. Devant donc son conseil, Me Koné Kélé de la société d`avocat «Lex Ways», Touré Moussa est soumis à une série de questions qui tournaient essentiellement autour de 3 principales. La Première : En disant que Gbagbo «distribue» les grades, NSQ ne cherche-t-il pas à faire croire que les promotions ont été accordées sans mérite ? La deuxième : Pourquoi le journal a jugé utile de publier le décret maintenant ? La troisième : Ne cherche-t-il pas à révolter les FN ?
Sur la première interrogation, Touré Moussa explique que sémantiquement, lui ne pense pas que «distribuer des grades» signifie les «accorder sans mérite». Il rappelle qu`au théâtre par exemple, l`on parle de distribution de rôle pour dire que les textes seront dits par ceux qui sont compétents. Le Mdl tente de sortir un dictionnaire pour contredire notre chef, mais finit par abandonner.
Sur la deuxième question, le Dg insiste pour dire qu`en publiant le décret, son journal avait une seule intention. Informer les Ivoiriens sur un sujet dont l`intérêt journalistique n`est pas à démontrer. L`armée faisant partie des grandes institutions dont le fonctionnement trouve beaucoup d`intérêt aux yeux du peuple.
Sur la troisième question, il réaffirmera sa conviction qui est que la guerre est irrémédiablement terminée en Côte d`Ivoire. C`est bien fort de cela que Nord-Sud a toujours accompagné les Accords de Ouaga en produisant des séries de papiers en faveur du redéploiement de l`administration fiscale et du Centre de commandement intégré (Cci). Le journal, ajoute-t-il, n`a aucun intérêt à révolter l`un des camps ex-belligérants dans la crise ivoirienne. Car en cas de reprise de la guerre, le journal reste conscient que lui et toutes les autres entreprises de presse péricliteront. A la fin des échanges, Touré Moussa qui avait à ses côtés le Rédacteur en chef, Kesy B. Jacob a été sommé d`attendre que l`on aille rendre compte à la hiérarchie du contenu de l`audition. L`attente durera plus de 4 heures. A 18h05, il est de nouveau conduit devant le Colonel Gnaholé Clément qui annonce que l`armée a décidé de ne pas engager de poursuites. Il estime que la presse en générale «écrit trop» sur l`armée avant de souhaiter que cela cesse. «Laissez l`armée régler ses affaires», a-t-il ordonné, promettant, «si cela ne s`arrête pas» de «descendre dans (les) rédactions pour le régler».
Rappelons que lors de sa détention dans les locaux de la brigade de recherches, le Dp de Nord-Sud a reçu plusieurs visites. Dont celle du président de l`Unjci (Union nationale des journalistes de Côte d`Ivoire), Kriwa Zéli, un représentant du Conseil national de la presse (Cnp) et une délégation du Groupement des patrons de presse (Gepci) comprenant Abdoulaye Sangaré et Ousmane Sy Savané.
Djama Stanislas