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Politique Publié le jeudi 3 septembre 2009 | Nord-Sud

Une étude du ministère du Plan révèle - Les Ivoiriens déçus des partis politiques

Le Bureau national de la prospective a lancé la quatrième étude prospective dénommée « Côte d'Ivoire 2040 ». C'est dans ce cadre que l'Institut national de la statistique a menée l'Enquête sur les aspirations des populations vivant dans le pays (EAPCI). Nous vous proposons des extraits du rapport rendu public hier.

Enquête sur les aspirations des populations vivant en Côte d'Ivoire
L'enquête sur les aspirations a porté sur les huit groupes de sujets suivants: la gouvernance politique, la gouvernance économique, les représentations et cohésion sociales, la gouvernance sociale et culturelle, l'aménagement du territoire et le développement régional, l'environnement et le cadre de vie, les groupes spécifiques, la crise et son impact.

1. Gouvernance politique
Cette section comporte sept sous sections pour lesquelles les résultats sont donnés successivement.

1.1 Démocratie et participation
Les enquêtés pensent que la démocratie fonctionne plutôt mal (46,6%) que bien (24,8%). Cette opinion est répandue dans les régions du Nord Ouest (70,4%), du Centre Nord (67,5%) et chez les citadins (52,3%) et s'explique par l'absence de liberté d'expression (31,9%), le non respect des droits de l'homme (28,5%), la tenue d'élections non transparentes (26,5%). Depuis 1990, la démocratie s'est dégradée pour 46,2% de la population contre 26%.
La majorité de la population (62,5%) attend des autorités politiques la réalisation du consensus national, Il en est ainsi surtout pour le Nord Est(78,7%), le Nord(74,6%), le Centre (74,3%) et l'Ouest (72,6%). Elle souhaite également la primauté de l'intérêt national (37,6%). Les aspirations relatives au consensus national n'ont pas changé depuis l'enquête sur les aspirations de 1993; il semble constituer une préoccupation permanente.

1.2 Multipartisme
Deux tiers de la population (66,3%) ne sont pas satisfaits du comportement des partis politiques contre 25,6%. Les insatisfaits se trouvent particulièrement dans la région du Nord - Est (85,1%) et parmi les personnes instruites de niveau supérieur (84,5%).
A une forte majorité (61 ,8%) les enquêtés pensent que le nombre des partis politiques doit être limité d'une centaine à environ 5 (39,5% des opinions) ou au maximum 10 (18,4%). La limitation du nombre se justifie par la nécessité et le souhait d'une entente minimale (48,9% des opinions). Les populations sont satisfaites à 66,1% contre 26,8% du rôle des partis politiques dans la sortie de crise. Le nombre pléthorique des partis politiques avait également été dénoncé en 1993.

1.3 Immigration
Les Ivoiriens (73,3%des opinions) pensent que les étrangers sont trop nombreux contre
15,2% et 10,2% pour qui leur nombre est respectivement peu élevé et pas du tout élevé.
Quant au rôle des étrangers dans la crise militaro politique actuelle, les Ivoiriens sont partagés: pour 48,8% d'entre eux ils y ont contribué contre 44,5% qui pensent le contraire.
Par ailleurs, les Ivoiriens (61,8% des opinions) désapprouvent la suppression de la carte de séjour contre 34,3% qui l'approuvent. Cette opinion était également exprimée en 1993. La désapprobation de la suppression de la carte de séjour est justifiée par le fait qu'elle faisait pendant à l'immigration incontrôlée (74,5%) et, accessoirement, limitait la forte présence des étrangers (46,9%).
Les étrangers vivant en Côte d'Ivoire disent massivement (90,5%) se sentir bien dans le pays, pour trois raisons essentielles: bonnes relations avec les Ivoiriens (36,2% des opinions), absence de problèmes d'intégration (23,6%), liberté de mouvement (18,8%), facilité de faire des affaires (10,5%).
Pour l'infime minorité d'étrangers d'avis contraire (141 personnes, soit 8,9%) leur insatisfaction vient des tracasseries administratives et policières (41,1% des opinions), de la xénophobie (20,6%), de l'exclusion (19,9%), de la mauvaise relation avec les ivoiriens (18,4%), des difficultés d'intégration (16,3%).
Il a été demandé aux étrangers les raisons de leur choix de vivre en Côte d'Ivoire. Trois raisons sont données: « mes parents vivent ici » (44,2%), « J'aime la Côte d'Ivoire » (35,7%), «Je viens chercher du travail» (27,5%). On distingue bien les descendants d'immigrés des vrais immigrés; ceux-ci ont choisi de vivre en Côte d'Ivoire les uns par amour, les autres pour les opportunités économiques:
Selon les étrangers, l'harmonie sociale pourrait être préservée par leur respect des fois ivoiriennes (36,2% des opinions), la promotion de la réconciliation (35,7%), le pardon mutuel (33,4%), la promotion des alliances entre étrangers et Ivoiriens (22,1%).

1.4 Religion, politique et pouvoir
Pour la majorité des enquêtés (77,4%) il n'existe pas de problèmes religieux en Côte d'Ivoire. Cette opinion est affirmée avec force par les habitants du Centre (83,1%), du Nord-Est (82,2%), du Nord-Ouest (81,9%), du Nord (80,9%) et du Centre-Est (80%). La même opinion est exprimée par les étrangers (86%). Cette opinion était déjà exprimée en 1993. Cependant, à cette époque, les conflits religieux étaient perçus comme une source potentielle de désintégration de la société.
Une minorité (18,9%) a un avis contraire pour les raisons suivantes: la mésentente entre communautés religieuses (49,1%), les clivages entre communautés (36,8%), les problèmes de leadership entre communautés (26,2%), l'ingérence des politiques dans les domaines religieux (18%).
Quant aux rapports entre l'Etat et les religions, ils sont jugés bons (75,9% des opinions) et assez bons (14,5%); pour 4,1% ils ne sont pas bons. Pour 77,3% des enquêtés, l'Etat ne favorise pas certaines religions par rapport à d'autres. Cependant, une minorité (15%) est d'avis contraire. Pour préserver la paix sociale, il est préconisé pour l'Etat d'appliquer la loi sur la laïcité (43,3% des opinions) et pour les religieux la stricte observance de leur mission spirituelle et de normalisation de la vie publique (29,3%).

1.5 Relations avec l'ancienne puissance coloniale
Les populations se sont prononcées sur les rapports de la Côte d'Ivoire avec l'ancienne puissance coloniale; 45,2% se disent non satisfaites contre 39,8%; 14,8% ne se sont pas prononcées.
Les insatisfaits se rencontrent dans l'administration publique (59,9%), les élèves et étudiants (58,7%), les régions du Nord-Est (58 ,9%), les instruits du niveau supérieur (58,4%). Les personnes satisfaites sont les habitants du Nord (51,7%) et du Centre (50,5%). Les populations attendent de l'ancienne puissance coloniale qu'elle respecte la souveraineté de la Côte d'Ivoire. Le maintien et la consolidation des relations sont souhaitées (27,4% des opinions).

1.6 Rôle des Forces de défense et de sécurité
A la question de savoir si l'armée accomplit pleinement sa mission de défense et de sécurité contre les périls extérieurs, 61,3% des populations répondent positivement contre 31,2% qui sont d'avis contraire. Les populations du Nord (50,6%) et de l'Ouest (48,2%) sont parmi les plus sceptiques.
44,2% des enquêtés pensent que l'armée ne s'immisce pas dans le jeu politique contre 37,4%. Pour que l'armée reste hors du jeu politique, il est préconisé : la sensibilisation (50,2% des opinions), le respect des principes de la démocratie (41,7%), l'amélioration des conditions de vie des militaires (25,8%).
Contrairement à l'armée, la police ne jouit pas d'une bonne réputation. La majorité de la population (52,6%) pense qu'elle n'accomplit pas pleinement sa mission contre 39,7%. Les enquêtés souhaitent une police intègre (43,1%), professionnelle (27%), dotée de moyens conséquents (19,3%), efficace et nombreuse (14,1%).

1.7 Rôle de la justice
Le fonctionnement de la justice ne donne pas satisfaction (30,9% des opinions) alors qu'il est peu satisfaisant pour 25,2% et satisfaisant pour 29,7%. Ainsi donc une majorité est peu ou pas du tout satisfaite de la justice. 41% pensent qu'elle a évolué positivement depuis le retour du multipartisme de 1990, contre 36,8% pour qui elle a évolué négativement. Une forte proportion de la population (22,1%) ne se prononce pas.
Les populations reprochent à la justice d'être: laxiste dans ses décisions au point de constituer un frein aux investissements (69,3% des opinions), corrompue (64,7%), manipulée par les intérêts économiques (62,8%), partiale avec les pauvres et les faibles (60,5%), dépendante totalement du gouvernement (46,9%). Pour un meilleur fonctionnement de la justice, les populations prônent le respect du droit (57,5% des opinions), la lutte contre la corruption (29,8%), la transparence et la stricte rapidité des procédures (23,8%), l'évaluation régulière des professionnels de la justice et l'application effective de la sanction des fautes (22,3%).

2. Représentations et cohésion sociales

2.1 Unité nationale
Pour 43,7% des populations l'unité nationale est effective contre 33,3% et 21% pour qui elle est, respectivement, peu et pas du tout effective. Toutefois, pour 53,8% de la population, des efforts ont été faits dans ce sens depuis l'indépendance, contre 40,2% qui ne sont pas d'accord avec cette opinion.
Ceux qui pensent qu'il ya progrès de l'unité nationale évoquent comme preuve la cohabitation entre les communautés (90,6% des opinions), l'existence d'un brassage ethnique et culturel (39,3%) et la solidarité nationale (20,2%). Pour les sceptiques de l'unité nationale, il existe des difficultés de cohabitation (39,2%), la fréquence des conflits interethniques (19,6%) et le manque de solidarité (12,2%).
La consolidation de l'unité nationale exige l'instauration d'un climat de paix, de justice et d'égalité (55,2% des opinions), la lutte contre le tribalisme (32,1%), la sensibilisation et l'éducation de la population (26,5%).

2.2 Identité nationale
Quels sont les signes distinctifs de l'ivoirien? Les populations pensent que ce sont:
l'accent (55,1% des opinions), la langue parlée (59%), l'habillement (38,3%), les habitudes culinaires (13 ,5%).
Faut-il faire la promotion de l'identité nationale? Oui pour 45%, non pour 41,9%; les populations ne tranchent pas vraiment. Quelle importance accorder à la langue parlée? La majorité (66,3% des opinions) pense qu'elle a une grande importance. Mais une majorité (57,2% des opinions contre 36,6%) estime dans le même temps qu'il ne faut pas choisir une langue et la promouvoir. II semble que le sentiment de construction nationale par la langue nationale se soit émoussé avec le temps depuis l993.

3. Gouvernance économique

3.1 Objectif et stratégie de développement
Sur l'option du libéralisme économique choisie par la Côte d'Ivoire, la majorité de la population (87% des opinions), comme déjà en 1993, pense qu'il s'agit d'un bon choix. Mais elle estime également à 75,3% qu'il y a une mauvaise gestion des deniers publics

4.4 Population et famille
S'agissant de l'âge du mariage, il apparaît que (54,7% des opinions) les gens se marient de plus en plus tôt. En réalité, l'âge légal du mariage est ignoré par la majorité de la population.
L'âge légal du mariage de l'homme à 21 ans et de la femme à 18 ans est jugé convenable, respectivement, par 51,5% et 65,3% des populations. Elles estiment que l'âge normal du mariage doit être supérieur à 21 ans pour l'homme (73,8% des opinions) et supérieur à 18 ans pour la femme (53,1%).
La légalisation de la polygamie est refusée (69,2%d'opinions favorables contre 27,7%). Le refus de la polygamie est plus important chez les femmes (76 ,6%) que chez les hommes (62,3%).Ceux qui veulent légaliser la polygamie donnent les raisons suivantes: limitation du célibat des jeunes filles (31,1% des opinions), réduction du phénomène des maîtresses (18,7%), l'assurance de la main d'oeuvre (18,6%), augmentation de la taille de la famille (18,2%). Les raisons contre la légalisation sont: éviter des problèmes familiaux (47,2%), la cherté de la vie (24,7%), le bien des enfants (6,6%).
On constate une tendance à faire de moins en moins d'enfants. Par rapport à 1993, le nombre d'enfants souhaités s'est réduit.
L'opinion dominante (58,2%) est en faveur d'une famille élargie comprenant le père, la mère les enfants et les collatéraux, contre 41,4% qui penchent pour une famille nucléaire. La population souhaite (72,7% des opinions) pérenniser la famille africaine élargie. Les raisons militant en faveur d'une famille élargie sont: la solidarité africaine (81% des opinions), le droit et les obligations culturelles (50,9%).

4.5 Emploi et revenu
Les populations disent à 91,8% qu'il est difficile de trouver un emploi. Comme en 1993, elles ne sont pas satisfaites de la situation de l'emploi. Les secteurs de l'économie à développer pour promouvoir l'emploi sont principalement: le secteur agricole (31% des opinions), le petit commerce (29,2%), l'agro industrie (18,7%), les services publics et privés (18,1%) et l'industrie manufacturière (16,8%).
La majorité des personnes (51 ,3%des opinions) qui exercent une activité rémunératrice n'arrivent pas à satisfaire leurs besoins vitaux avec le revenu qu'ils gagnent.



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